Citations de Elizabeth Day (60)
Un étranger. Je me demandais si je l’avais vraiment connu ou si je m’étais voilé la face toutes ces années, si je n’avais été qu’un pion dans une partie qu’on jouait avec acharnement autour de moi sans que j’en aie conscience.
J’avais l’impression d’avoir passé toute ma vie jusqu’à présent à mettre la mauvaise clé dans une serrure et là, enfin, je venais de trouver la bonne, les crans métalliques coulissaient avec une précision magnifique dans les abîmes de mon être.
Peut-être avait-il oublié que je le connaissais par cœur. Il faut dire que j'avais depuis longtemps appris à décrypter les expressions de son visage.
Tu ne sais pas quoi? Ce que tu fais ici? Ma foi, moi non plus. Pas un mot pendant toutes ces années et voilà que tu débarques la bouche en coeur, tout content de toi, avec ta nouvelle épouse qui a l'air de penser que le soleil brille par ton cul, et qu'est-ce que je suis censée faire? Te faire un gros câlin et te dire que tout va bien dans le meilleur des mondes. N'y compte pas fils.
A son arrivée, Lucy me sourit et je me rappelle avoir ressenti un intense soulagement de voir qu'elle m'aimait toujours. Dans l'esprit de Lucy, j'étais toujours l'homme qui l'avait embrassée devant chez elle, l'homme qu'elle voulait faire monter dans son appartement, l'homme qu'elle respectait, qu'elle aimait vraiment bien et avec qui elle avait envie de passer du temps. Dans son esprit, j'étais le bon Martin Gilmour. Le Martin Gilmour que je désirais être.
J'ai regardé le cadre au-dessus de la cheminée. Une de ces publicités touristiques des années 50 : une scène peinte où l'on voit une voiture jaune rouler dans les contreforts alpins avec, tout en bas, "Suisse" en lettres rouge et en gras.
" Vous l'avez délibérément choisie pour sa neutralité? "
- Pardon, de quoi parlez-vous, Lucy?
- L'affiche. La Suisse. Elle est célèbre pour sa neutralité.
Comme tous les bons thérapeutes doivent l'être."
Les gens adorent parler, aime répéter Cathy. Dès qu’ils aperçoivent un micro, ils sont prêts à te déballer toute leur vie. C’est moins cher qu’une thérapie.
C'était l'un des best-sellers de l'été, le genre de livre dont tout le monde sait déjà tout avant même de l'avoir lu...
Pour faire partie des chanceux, il faut être né parmi eux. Et pour les autres ? Vous pouvez passer votre vie à essayer.
Il me fallut quelques minutes pour obtenir satisfaction. C’est le problème avec la nonchalance. Elle demande des efforts épuisants.
Nous avons tellement envie de nous croire pleins d’empathie, comme si verser des larmes prouvait notre noblesse d’âme et notre humanité. En vérité, notre sentimentalisme est un égoïsme. Nous pleurons parce que nous voulons qu’on nous voie pleurer.
Mais l’argent a un pouvoir narcotique. Il vous fait planer. Oublier vos appréhensions.
Lorsque Ben décidait que quelque chose était cool,ça l'était,et quand il changeait d'avis,ça ne l'était plus.Il avait ce don.
Plus tard dans la vie,je me suis aperçu qu'il est utile d'observer de l’extérieur. Ça laisse de l'espace pour écouter,examiner et comprendre.Et une fois qu'on comprend une dynamique de groupe,on peut la contrôler sans que personne ne le soupçonne.
....Il y a en lui un vide dont elle connait la forme, mais ignore ce qu'il remplace. Pourtant, maintenant que tout deux se regardent dans les yeux, Esme se sent brusquement entière. Elle comprend ce que chacun reconnait en l'autre. C'est un sentiment de honte.
[...] Ben Fitzmaurice continuera à être adoré de tous.
C'est le problème avec le charme. Il permet d'échapper à des tas de choses. Il vous évite d'avoir à développer un caractère fort : personne ne pense à en chercher un. Les gens sont trop occupés à savourer l'attention que vous leur portez, avec votre aura.
Ils sont trop impressionnés.
… lorsque leurs parents traversent une période difficile. S’ils envisagent de se séparer, par exemple. De divorcer. Les adolescentes sont extrêmement sensibles. Rien ne leur échappe.
Toutes les femmes de chambre ont le même problème avec ces hommes d’affaires obsédés par le sexe, sans parler des étrangers venus à Londres retrouver leurs maîtresses.
On ne devient un vendeur efficace qu’en apprenant d’abord à se vendre soi-même.
La bonté, la prévoyance, la générosité humaine dont fait preuve cet établissement, qui appartient tout de même à un groupe mondial, lui feraient presque verser quelques larmes de reconnaissance. Howard a toujours été un sentimental : les publicités télévisées d’associations caritatives montrant des enfants au regard de chien battu sur leurs lits d’hôpitaux lui donnent facilement les larmes aux yeux. Dans le cas présent, le fait que Tanya se souvienne de son nom (un acte simple, mais appréciable) lui prouve qu’il est bien la personne qu’il croit, que son statut d’important homme d’affaires est un fait reconnu.