Citations de Elizabeth von Arnim (195)
Les livres comme les humains ont leurs idiosyncrasies, et ils ne se montrent dans toute leur beauté qu'à l'heure et à l'endroit qui leur conviennent le mieux.
Je veux rester aussi oisive que possible, pour laisser mon âme se développer tout à loisir. Personne ne sera invité à me tenir compagnie [...]. Mon bonheur sera constant puisque personne ne sera là pour le troubler. Dans la plaine, le silence règne sans partage, et les lieux de silence, je l'ai découvert, sont aussi des lieux de paix.
(p. 19 - Éd. Bartillat)
Quel exercice difficile que l'éloge ! On se donne le plus grand mal sans jamais tout à fait emporter la conviction, chacun sachant bien que la tendance naturelle des humains est de tailler des croupières aux absents.
Pas un mot déplacé, pas une manifestation d'égoïsme, rien qui ne ternisse la pureté miraculeuse de l'univers que dieu nous a donné.
Si l'on croyait aux anges, il faudrait aussi croire qu'ils nous aiment surtout quand nous sommes endormis et ne pouvons nous faire du mal. Quel soulagement de penser que toutes les vingt-quatre heures nous sommes trop las pour nous montrer désagréables !
Derrière les portes closes les lumières sont éteintes, les mauvaises langues au repos. Persécutés, persécuteurs, heureux ou malheureux, maitres, esclaves, accusés ou juges, nous redevenons tous des enfants sans défense, recrus de fatigue et silencieux.
Pour certains livres j’éprouve tant d’amitié que je ne saurais passer devant eux sans les saluer et sourire aux couvertures bien connues, dont chacune est associée à un souvenir heureux qui me la rend plus chère encore.
— Si vous restez allongée toute la journée dans la bruyère, on vous prendra pour une folle.
— Peu me chaut l’opinion du monde !
(Les fâcheux) ne manquent pas de me faire comprendre que le jardin aurait été terminé depuis bien longtemps s'ils en avaient eu le soin - alors que je suis persuadée qu'un jardin n'est jamais terminé.
La photographie – celle-ci aussi – la poursuivait. Vera et Lucy se regardèrent.
À en juger par les vêtements, elle avait dû être prise une douzaine d’années auparavant. Vera se tenait debout, dans une robe d’après-midi, à col haut ; les plis retombaient sur le tapis et les manches étaient trop larges. Elle semblait grande, et avait des doigts longs et effilés. Ses cheveux sombres étaient tirés en arrière et coiffés en chignon. Le visage était mince, on avait l’impression de n’y voir que les yeux, de grands yeux noirs qui vous fixaient, étonnés ; ses lèvres étaient légèrement crispées, comme si elle se retenait de rire.
Tous les gens d'esprit savent que le travail de la pensée est infiniment supérieur à celui du corps et donne beaucoup moins chaud. Mais pas question de faire connaître la fraîcheur de ces promenades spirituelles aux femmes et aux classes inférieures. Qu'arriverait-il si elles aussi décidaient de rester tranquilles? Non, croyances et églises leur sont absolument nécessaires, et plus elles seront simples, simplistes même, mieux nous nous porterons. La dévotion des pauvres et des mères de famille est essentielle à la liberté et au confort du reste de la société.
D'ailleurs, une épouse n'est pas une femme comme les autres. S'il est parfaitement juste, et bien agréable, que les femmes des autres soient séduisantes, les seules qualités qu'on doive admirer dans une épouse sont la douceur et la discrétion, unies à un souci constant du confort, donc du bonheur, du mari que le Ciel a eu la bonté de leur accorder.
D'ailleurs, la meilleure des femmes est celle qui ne pipe mot. Que pourrait-elle dire d'intéressant, de toute façon? On ne lui demande que d'écouter d'un air d'intelligence ce qu'il nous prend fantaisie de lui apprendre des profondes pensées qui occupent notre esprit, et de se tenir prête à nous fournir à tout instant ce dont nous pouvons avoir envie.
Le sarcasme, d'ailleurs, ne sied point à la femme. Le mot femme n'évoque-t-il pas, rien qu'à le rouler dans la bouche, douceur, légèreté, rondeur aimable? Ne s'écrase-t-il pas sous la langue comme une huile essentielle, un baume, une essence précieuse? Le sarcasme, mais c'est une taie sur l'oeil de la beauté!
Comment peut-on vivre à sa guise, je voudrais bien le savoir, lorsqu’à toute heure du jour quelqu’un est susceptible de venir demander à vous parler ? Comment lire ses livres, ou s’abandonner à ses rêves ?
Parfois il me semble avoir reçu la grâce particulière d’une propension irrésistible au bonheur. Je crois que je me sentirais toujours heureuse pourvu que le soleil brille, et que je serais parfaitement capable de m’amuser jusqu’en Sibérie si le temps y était beau.
Et parfois il avait songé que si seulement il rencontrait quelqu'un qui parlerait de ce qui le touchait ainsi, qui en parlerait avec ferveur, il ne se sentirait plus seul au monde. C'était extraordinaire à quel point on pouvait se sentir, au fond du coeur, solitaire, simplement faute d'un compagnon d'enthousiasme.
Il ne suffisait pas d'un interlocuteur; ce dont on avait besoin, c'est de quelqu'un qui partageât votre ardeur. Un compagnon d'enthousiasme, James en était ardemment convaincu devait ajouter infiniment aux joies de la contemplation. Et voilà qu'il semblait soudain qu'il en entrât un dans sa vie, venu on ne savait d'où.
Il était absurde, voire pervers, à moins d'être complètement stupide de n epas surmonter les évènements. La vie est faite pour les vivants, laissons les morts ensevelir les morts. Le présent est l'unique bien qu'un homme puisse posséder.
Les livres, comme les humains, ont leurs idiosyncrasies, et ils ne se montrent dans toute leur beauté qu’à l’heure et à l’endroit qui leur conviennent le mieux. Ainsi, s’il m’est impossible de lire Thoreau dans un salon, il serait encore plus absurde de lire La Vie de Samuel Johnson de Boswell allongée dans l’herbe près d’un étang ! (p. 28-29)
Quelle erreur de croire qu'une femme vraiment élégante faisait parade de ses beaux habits, c'étaient eux qui la promenaient et l'exhibaient à toute heure du jour et de la nuit !
Et comme il risquait de s'exposer à des commérages déplaisants s'il n'emmenait pas sa femme avec lui il s'était résolu à cette idée - n'avait-on pas souvent l'usage d'une deuxième personne lors d'un voyage à l'étranger, ne fût-ce que pour surveiller les bagages.
Elle était de ces gens que nul ne remarque dans un vernissage. Ses vêtements mités de ladrerie, la rendaient presque invisible.