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Citations de Elsa Marpeau (233)


Je suis un homme minuscule, un invisible, et je ne veux pas trinquer pour les salauds qui nous regardent crever de là-haut.
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Dès le pont lui parviennent les rumeurs de la manifestation. Les cars de CRS interdisent la circulation. Swann traverse les masses en uniforme avec l"impunité de son âge, de son sexe et de sa couleur de peau. A leurs yeux, elle est du bon côté du monde. Au pire, une gauchiste tranquille; au mieux, une riveraine qui va chercher ses enfants à l'école.
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Quand ils étaient petits, l’un et l’autre avaient cette pensée magique « T’as qu’à appeler papa, il saura. » Le mantra marchait pour tous les ennuis. Un grand qui embêtait l’un ou l’autre dans la cour. Un réfrigérateur vide. Une panne d’électricité. Un orage. Et même plus tard, au début de leur vie d’adultes, ils continuaient à convoquer la divinité paternelle : un tuyau encrassé, une fuite d’eau, une recette de tartiflette, un bon bouquin à lire, le meilleur fromager de Paris… »T’as qu’à appeler papa, il saura. »
Aujourd’hui, la divinité s’est rompue avec la même facilité que le verre du pare-brise. Il n’est pas venu parce qu’il le sait aussi bien qu’elle : il ne peut rien devant sa souffrance. Son impuissance s’est révélée si brutalement, si clairement pour eux deux, qu’ils préfèrent s’éviter.
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Le temps passe et, à vos yeux, les héros deviennent des assassins.
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Alors, quand on l'aura complètement effacé de nos mémoires, le passé renaîtra de ses cendres.. Et les deux camps se dresseront l'un contre l'autre, prêts à se livrer bataille comme si rien n'était jamais advenu entre eux, leur haine et leur vigueur toutes neuves. et les vaincus se vengeront de leurs humiliations et signeront des triomphes précaires sur des corps faibles. On lapidera des femmes victimes de viol, on décapitera des journalistes, on diffusera à la télévision des images d'un carnage auquel personne ne comprendra plus rien, il y aura d'autres Hiroshima. Et les jours de colère reviendront, les heures sombres, les défaites, la liesse et la cruauté des perdants d'hier.
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Je sais, tu dois te dire que j'étais devenu fou, que c'est illégal et contraire aux libertés ou quoi. Mais je ne voulais pas être comme tous les cons, qui comprennent à qui ils ont affaire quand le type a égorgé leur famille. Je voulais anticiper, je voulais avoir deux ou trois coups d'avance sur lui.
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Au regard de la société, il commet une faute moins grande à trancher la peau d'un tueur que celle d'un honnête homme. Évidemment, il a dû s'interroger sur leurs différences : les organes de l'assassin sont-ils semblables à ceux du moine, à ceux de la vierge ? Ou peut-être savait-il déjà qu'ils se ressemblent comme des frères. Que seule l'enveloppe diffère : les rides, le froncement des sourcils, les cheveux roux, blonds ou blancs. La constitution physique crée des distinctions entre les êtres, l'âge va jusqu'à nous rendre différents de nous-mêmes mais, si noires qu'aient été nos actions, celles-ci ne s'inscrivent pas dans le secret des chairs. Elles passent, superficielles et insignifiantes, s'effacent sans laisser aucune trace.
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Les fréquentations sont provisoires, personne ne se risque à une dépense superflue de sentiments. On économise les élans du cœur. On prise l'inconstance des attachements. On forme des alliances réversibles. Si l'ennui engendre une malveillance de circonstance, la chaleur vient rapidement à bout des volontés. Elle fait régner en maîtres l'indécision et la frivolité.
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Moi, je descends tout un fleuve quand les autres, les gens sincères, commencent à peine à tremper leurs pieds dans l'eau. Je bois aux fontaines qui coulent dans ma tête, j'offre des festins imaginaires. Les oiseaux de paradis me tressent des nuages de plumes oranges et bleues. Je déverse des pluies d'or sur les mers desséchées. Les vents jouent des mélodies secrètes pour ceux que j'aime.
Je parcours un continent quand ils traversent une départementale consultable sur les plans cadastraux. Je suis riche de scènes interdites, de territoires inconnus, j'ai des des fortunes qui ne valent rien, je suis pauvre comme un roi. Avec toute leur vérité, ils vivent dans un monde étroit comme un enclos à poules.
Mais toi, tu n'es pas comme eux. Je l'ai vu tout de suite. Pas comme ton mari et ses amis, plongés dans la fosse à réel. La réalité est souvent une charretière, tu ne trouves pas ?
Toi, tu connais des mondes où ils n'iront jamais. Des lieux dont ils n'osent pas rêver.
Je mens pour mentir. Parce qu'il y a un moment où mentir est une politesse.
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Si la Joconde avait eu des cheveux d’or, l’eût-on ainsi distinguée ?
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La beauté du petit matin, les reflets sur le lac, tout cela n'existait que parce que la mort brillait au bout de nos fusils, et il ne fallait pas la semer au hasard, il fallait être attentif, parcimonieux, faire des économies de carnage.
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Le cours des choses était immuable, il était cousu d’évènements minuscules qui, dans leur alternance même , se répétaient à l’infini. Ma vie était tissée dans ce motif repris à l’identique. Pas de trou , pas d’accroc , rien qui différenciait un jour d’un autre .
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Rien n'était comme avant. Mars avait été sublime. En mai, il avait plu sans arrêt, une petite pluie fine, tenace, une pluie salope qui vous trempe sans arroser la terre, à croire qu'elle s'est juré de vous glacer les os sans jamais atteindre le sol, de vous briser en deux sans faire pousser les semailles. Je savais qu'un jour, la planète se vengerait de nous autres, qui lui vidangions les tripes sans discontinuer, mais j'avais imaginé une vengeance plus grandiose, plus décisive. Un truc sec comme un couperet. Une météorite. Un cyclone, à la rigueur. Mais pas ce dérèglement poussif, ce brouillage lent et méticuleux de ce qui jusque-là faisait la chair de nos existences.
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Je regardais mon fils, il semblait heureux, le monde formait un bouclier épais, vaste et profond autour de nous, une ceinture d’arbres, de feuilles, et même au-dessus du lac, on n’apercevait pas le ciel, tant les saules plongeaient de nos têtes jusqu’à l’eau leurs branches. Et moi qui ne flairais pas le danger.
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Garance Calderon reste un instant immobile devant cette ligne invisible entre la mort et le paysage.
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Elle ne se rappelait plus depuis combien de temps elle les craignait. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne. Elle se revoyait à six ans, ravie parce qu’une « grande » de CM1 l’avait prise sous sa protection. Pourtant elle n’était pas battue, pas même harcelée. Alors de quoi fallait-il être protégée ?
Elle craignait la cruauté des autres – physique mais surtout mentale. Aujourd’hui encore. Elle ne comprendrait jamais ceux qui n’ont pas peur, ceux qui n’y pensent pas, ceux qui ont confiance. Derrière chaque visage, elle imaginait l’abîme de noirceur. La main de celui qui appuie sur le bouton pour déclencher la décharge électrique dans l’expérience de Milgram. Quelle confiance ? Confiance en quoi, si n’importe qui, soumis à un ordre, est prêt à vous torturer jusqu’à la mort ? Depuis la découverte de la Solution finale, de Dachau, d’Auschwitz, de Buchenwald, de Ravensbrück, de Belzec, de Sobibor, de Treblinka, qui pouvait encore croire en l’humanité ? Une espèce qui non seulement massacre toutes les autres mais se détruit elle-même doit être évitée à tout prix. Il ne s’agit pas de cultiver son jardin, mais d’y dresser des murs, des barricades, pour se mettre à l’abri.
Aucune bête aussi féroce. Aucun animal plus cruel.
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Le verbe « emmerder » réveilla tout à fait Alex de sa stupeur. C’était lui, c’était vraiment lui. Elle l’avait vu à la télévision, elle se rappelait ses célèbres envolées contre « les connards de tout poil et autres abrutis congénitaux ». Ce registre familier, parfois vulgaire, en contraste avec le style lyrique et sobre de ses romans.
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Il est si difficile, en voyant les vieillards d'aujourd'hui, d'imaginer les meurtriers d'hier !
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Je mens parce que tout le monde ment. Regarde Cendrars. Il a fait un poème de milliers de vers sur le Transsibérien. Et il n'a jamais pris le Transsibérien !
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Les méchants sont méchants tout le temps et que deux et deux font quatre.
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