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Citations de Elsa Marpeau (233)


Swann sourit. Elle ne répond rien. Georges recoiffe l’unique mèche qui couvre son crâne. Il se tend en direction de la minijupe, revient à Swann. Il se penche vers elle, soudain sérieux :

— J’espère qu’on sera un paquet, ce coup-ci. Vu la mobilisation merdique des dernières fois, ils risquent pas d’arrêter la privatisation de la fac.
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Une petite silhouette étriquée vient de se matérialiser au milieu des obstacles du chemin. Swann sursaute. Elle fait le point sur lui. C’est Georges Falguière, le directeur du département de sociologie, un ami de Samuel. Il se plante devant elle.

— On se retrouve à la manif à dix-huit heures ? Je repasse chercher ma vache et je fonce. Samuel y est déjà ?

— Non. Il a cours jusqu’à dix-huit heures.

Georges admire une fille en minijupe.

— La chatte se porte sans culotte, cette année ? Décidément, j’adore la nouvelle mode printemps-été.
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Swann ne parvient pas à bouger. Leur réalité l’éblouit. Dans le coin de cerveau où elle s’est échappée, elle continue à entendre leurs voix, mais lointaines, presque inaudibles. Un coup de poing. Swann voit la joue de Samuel se colorer de rouge. Elle pousse un cri. Samuel se défend. Le sang forme des jaillissements vermeils dans un monde devenu abstrait. Quand Samuel tombe par terre, Swann le couvre de son corps. Quelqu’un le lui raconte. Elle le pressent à cause de la contusion sur son front. Mais elle n’en a aucun souvenir. La peur a fait disjoncter sa conscience.
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Ils scrutent Samuel. Ils doivent pourtant sentir qu’il n’est pas de leur monde. Leur âge, leurs vêtements, leur allure les séparent. Ils l’interpellent :

— Hé toi, on se connaît !

— Vous vous trompez, répond Samuel.

— J’oublie jamais la gueule d’un mec qui m’a planté.

— Je ne vous ai jamais vu.

— Tu me remettrais peut-être mieux en bleu marine.
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L’agression dont ils ont été victimes, Samuel et elle, est encore trop proche. Elle ne s’en défait pas. Elle revoit les deux silhouettes. Elles s’approchent. Elles ne sont pas à dix mètres, Swann sent déjà les emmerdes. Elle est paralysée par la peur. Leurs visages massifs.
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Depuis quelques jours, elle a l’impression d’être suivie. Elle se retourne. Ce pourrait être n’importe qui, s’il y a quelqu’un. Elle se demande d’où lui vient cette impression. Quels en sont les signes concrets. Les indices. Hier, ou peut-être avant-hier, elle a entendu un bruit de pas. Des semelles souples. Un homme, certainement. Elle s’est immobilisée, les pas se sont arrêtés. Quand elle a repris sa marche, le bruit a recommencé derrière elle. Sans doute une coïncidence. Aucune raison pour qu’on la suive — elle est toujours parvenue à se fondre dans le décor.
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Elle sort de l’obscurité du labo et se perd dans le jour. Elle a mal au crâne. Des éblouissements de vitres. Les tours de Jussieu forment des cathédrales de verre géantes autour d’elle. Le sol du parvis réverbère les éclats du soleil, il glisse et brille. Elle cligne des yeux devant la netteté du dehors, celle des angles et des visages de la ville. Elle se fraie un chemin au milieu des corps. Ils sont nombreux. Des étudiants, la plupart. Ils portent des sacs en toile. Rabattent des mèches sur leur front. Leurs visages restent approximatifs. Swann les frôle, parvient à les contourner. Elle manœuvre comme dans un jeu vidéo pour éviter les obstacles humains dressés sur sa route.
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Garance Calderon reste un instant immobile devant cette ligne invisible entre la mort et le paysage.
Puis, elle la franchit.
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Elle n’est qu’à quelques centaines de mètres de chez elle.

Derrière son dos, une ombre apparaît. Elle sursaute, étonnée. Elle n’a rien entendu, elle qui a l’oreille si fine. Elle reconnaît le visage de l’homme. Il hurle :

« Je l’ai ! Elle a cru s’échapper ! Je la tiens, la putain ! »
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Lorsque le silence retombe sur la campagne, elle se redresse. Elle est née ici. Elle connaît les moindres recoins des champs, des bois, des étangs. Elle aime sentir la terre sous ses pieds, même si aujourd’hui le sol est si sec qu’il semble couvert d’une poussière d’or. Elle s’enfonce entre les arbres. Elle a prévu de contourner la ferme et de rejoindre le lac. De là, elle grimpera à un arbre pour voir s’ils ont osé entrer chez elle. Elle est désormais sur ses terres, les terres des Marceau. Elle leur a échappé.
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Les cris de la foule persistent longtemps après que ses poursuivants sont hors de vue.
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Puis, le soulagement, la fatigue et la douleur affluent d’un coup. Elle serre son pied blessé comme un nourrisson qu’on console. Elle essuie d’un revers de main la morve et les pleurs qui coulent sur son visage.
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Elle regarde passer leur défilé avec des larmes de rage.
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Et je crois que nos âmes ne pourrissaient pas moins vite.
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La seule nécessité des faits survenus au condo, c'était la chaleur et l'humidité. À cause d'elles, tout se putréfiait en accéléré. Des champignons recouvraient en une ou deux nuits nos semelles. Le cuir de nos chaussures s'usait au bout de six mois. Les toits fuyaient à cause de la violence des intempéries. Le bois de nos meubles cédait sous la température et les pluies. Le fer de nos rasoirs rouillait en quelques jours.
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À notre arrivée, quand j'ai ouvert le dossier, j'ai retrouvé toutes sortes de gravures, de croquis, de peintures. Mais plus aucune trace des écorchés. À croire que je les avais rêvés.
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Dans mes bagages, j'avais mis quelques robes minuscules, des sous-vêtements. Aucun livre, aucun objet décoratif. Juste un peigne, un coupe-ongles, une brosse à dents. Le strict nécessaire. Et un dossier intitulé : « la chair entre horreur et beauté ».
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Des images se faisaient et se défaisaient comme les nuages derrière la fenêtre de ma chambre.
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Il faisait trop chaud. Je laissais mon esprit s'égarer dans des rêveries sans suite.
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Alexandre disait que j'aurais pu écrire mes romans n'importe où. En théorie, il avait raison. Mais je n'arrivais pas à m'y mettre.
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