Elle pousse un soupir exaspéré, pire que si je lui avais réclamé une dissertation sur l influence de Nietzsche dans l œuvre d Albert Camus, avant de m affirmer qu elle ne connaît pas et de recoller son truc dans l oreille.
- Attends, t'es sérieux ? Tu crois vraiment à son histoire de pavés de mai 68 ?
- Je ne l'exclus pas en tout cas.
- C'était il y a cinquante ans, bordel !
- Raison de plus, c'est un anniversaire.
C’est une femme qui m’accueille. Mauvaise nouvelle. Mes relations avec mes congénères étant déjà compliquées, c’est évidemment pire avec le sexe opposé. Mais bon, elle a plus de cinquante ans et n’est pas très séduisante dans sa robe de laine grise et sa veste de tailleur noire. Je devrais réussir à conserver mes moyens. En revanche, elle était déjà derrière son bureau qui m’était masqué par un reflet sur la vitrine. Il est fort possible qu’elle m’ait déjà vu passer et repasser et me prenne pour un demeuré.
" Le brigadier-chef Guillot s’écarta pour laisser passer son collègue du « quai », lui signifiant d’une mimique qu’elle n’avait peut-être pas besoin d’assister au spectacle une fois de plus. Il s’approcha en prenant garde de ne pas plus polluer la scène et se pencha au-dessus du conteneur.
Le corps d’un homme d’une bonne cinquantaine d’années, entièrement dévêtu, reposait sur quelques sacs-poubelle et autres immondices. Une luxueuse serviette de cuir était pudiquement posée sur son bas-ventre."
Le patron savait visiblement rester discret et ne cita aucun nom, mais il semblait beaucoup s'amuser du fit que son auberge soit devenue un lieu privilégié pour de grosses fortunes et quelques célébrités. A l'entendre, il n'avait rien fait pour cela, ce que Guilhem avait un peu de mal à croire, mais mettait ça sur le compte de ces pauvres Parisiens qui aimaient tellement se prendre pour des paysans le temps d'un week-end.
Sachez tout d’abord qu’au théâtre, la couleur verte est proscrite. Ne me demandez pas pourquoi… Je sais qu’on parle parfois de la mort de Molière, qui aurait été habillé en vert lorsqu’il s’est effondré sur scène. On évoque aussi l’époque où les théâtres étaient éclairés au gaz, à cause de la flamme verdâtre qui donnait mauvaise mine aux comédiens. Mais tout ça est évidemment invérifiable.
Je repense au roman écrit par mon voisin. Je n’ai pas retenu le titre et n’ai pas dû atteindre le premier tiers, mais il me semble que cette fontaine était un élément important du décor. Le héros venait y lire avec sa copine, où quelque chose comme ça.
« Polyphème surprenant Galatée dans les bras d’Acis »
Je n’ai peut-être rien compris à son roman, mais je souviens parfaitement de l’histoire de cette fontaine. Comme je le faisais systématiquement gamin, j’avais appris par cœur la plaque explicative posée devant, lors de la même sortie scolaire. On avait sans doute fait le tour dans l’autre sens puisque c’était avant de finir dans le bassin.
Le major Caillat est l'homme du "trot" depuis plus de vingt ans. Il connaît tout le monde, toute le monde le connaît et je crois bien que les chevaux le reconnaissent aussi...
- Et puis;pour tout te dire, je ne vois pas comment un canasson pourrait être à l'origine de la mort de trois personnes!
- Je te rassure, ce n'est pas lui qui les a tuées.
Arrivé à destination, il se précipita dans la salle de bains et remercia la providence que sa femme ait eu ce séminaire à animer, à Dijon. Cela les avait contraints à confier leurs deux fils à ses beaux-parents et il lui restait jusqu’au lendemain pour récupérer des heures pénibles qu’il venait de vivre. Il pourrait alors retrouver sa petite famille à qui, comme d’habitude, il se garderait bien de raconter quoi que ce soit.