Citations de Eric Le Nabour (164)
Nous obéissons à tout ce qui est susceptible de protéger nos intérêts particuliers ou collectifs tant que nous y trouvons notre compte. Pour le reste, nous nous arrangeons tous avec nos petits problèmes de conscience.
Coucher avec sa secrétaire, dans son monde, était non seulement prendre un risque inconsidéré, mais encore commettre un acte du plus mauvais goût. Tout compte fait, il ne lui restait plus qu’à canaliser ses pulsions vers une activité utile et innocente.
L’espoir d’être heureux un jour les rendait inattentifs à la médiocrité de leur quotidien. Mais Jeanne savait bien, au fond d’elle-même, que ce mot bonheur dont elle ignorait encore le sens exact ne correspondait pas à cet égoïsme savamment dosé, qu’il exprimait quelque chose de bien plus grand que ces aspirations de « petites gens ».
Fuir pour échapper aux coups, à la douleur atroce du « nerf de bœuf ». Fuir le temps qu’il se calme.
Nous devrions toujours avoir le courage d'affronter la vie sans nous soucier de ces convenances devant lesquelles nous acceptons malgré tout d'abdiquer notre liberté. La vie est si brève qu'elle ne devrait laisser place ni à la peur ni aux calculs mesquins. Mais un monde sans hypocrisie serait-il supportable?
Ce sont pourtant les souvenirs qui font de nous ce que nous sommes. Le passé est la seule chose qui nous permette de rester fidèles au peu que nous savons de nous.
Mieux vaut vivre dans le présent que dans ses souvenirs, surtout quand ils sont tristes.
La femme est comme une ombre, c’est un être passif. Cette passivité est ténèbres. La femme auprès de l’homme est une inconsciente à laquelle échappent même les devoirs qui devraient lui crever les yeux ; elle se distingue par les actes qui attireront le blâme sur sa tête : elle ne se rend même pas compte des choses qui feront tomber le malheur sur la tête de son mari et de ses enfants.
Il comptait sur le temps, mais le temps défaisait les choses plutôt qu’il ne les remettait en ordre.
Le passé était une chaîne, d’or ou de plomb, mais une chaîne tout de même.
La séduction était affaire de routine. C’étaient toujours le même jeu, les mêmes vieilles ficelles, le même intérêt hypocrite pour quelqu’un dont on espérait seulement qu’il ne s’épancherait pas trop dès le premier soir.
Il y avait deux sortes d’êtres dans l’existence. Il y a ceux qui vont jusqu’au bout, qui ne renoncent jamais, quel que soit le prix à payer. Et puis il y a les autres, l’immense majorité des anonymes qui trouvent que la vie est une chose qui va de soi, du berceau à la tombe. Ceux-là sont faits pour rêvasser. Ils imagineront que leur vie va changer, qu’ils pourront enfin réaliser leurs désirs les plus chers. Mais jamais ils ne s’en donneront les moyens. Ils iront picorer ici et là, comme des poules qui pataugent dans le fumier d’une cour de ferme en attendant que le coq les baise.
Pierre ne grandirait jamais. Il demeurerait cet adolescent fragile, mal dans sa peau qui, pour se donner des airs de virilité, brandissait des liasses de billets et parfois même le poing. Futile, inconscient, hâbleur, Pierre Leguenec lui apparaissait aujourd’hui comme un être sans dimension, une sorte de surface plane sans aspérités. Son charme ne s’exerçait d’ailleurs que sur les êtres de même nature et elle s’en voulait d’y avoir cédé aussi facilement.
Qui mieux qu’une femme pouvait déstabiliser un homme ? Combien de fois avait-il vu des hommes toucher le fond à cause d’elles ?
Il avait aimé jouir de ce corps tout en souplesse, abandonné au rythme chaotique de l’amour. Un corps fait pour les caresses autant que pour les morsures. Sans doute n’appartenait-elle pas à ces beautés classiques qui recueillent, sur leur simple plastique, les jugements favorables de la plupart des hommes. Mais Anna était mieux que cela : une explosion de fraîcheur et d’énergie. Elle ne se préservait pas, elle se donnait entièrement.
Il n’est pas interdit de rêver avant d’agir. Les plus grandes découvertes scientifiques se sont faites en rêve, les plus grands explorateurs ont rêvé de leurs voyages avant de prendre la mer.
Et cet air d’innocence presque enfantine qui se dégageait d’elle, accompagné d’une puissance de séduction inouïe… Cette séduction qui, même à distance, même le jour de l’enterrement de son père, l’avait happé dans un tourbillon de sensations violentes.
Resserrer les liens entre les hommes est le meilleur moyen d’éviter une nouvelle hécatombe.
Elle ne demandait plus rien, elle avait épuisé son lot de souffrance, elle était devenue vide et sans force pour la rancœur.
Au Japon, nous avons un proverbe qui dit:
Hara no dekita inai hito wa hito no ue ni tatsu koto ga dekinai,
« l'homme qui n'a pas fait son ventre ne peut pas dominer les autres ».