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Citations de Eric Reinhardt (782)


On est tous divisés, on est intérieurement plusieurs personnes contradictoires qui se combattent ou dont les intérêts se contredisent, on est tous amenés à jouer des rôles qui en définitive sont les facettes d'une vérité unique qu'on passe son temps à intérioriser, à travestir, à protéger du regard d'autrui et finalement à trahir, parce qu'on a honte de s'avouer aussi complexe, pluriel, tiraillé, contradictoire et donc essentiellement indéfini, alors que c'est précisément notre force.
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Bénédicte avait besoin, pour vivre, d'être dépendante affectivement. Moyennant quoi elle pouvait trouver la force d'être seule, voire solitaire, sauvage au quotidien. C'est ce que son mariage lui a procuré, être dépendante affectivement. Mais comme elle ne l'aimait pas, dès qu'elle a été mariée elle s'est inventée qu'elle était amoureuse de son mari...
Elle avait oublié que cet amour était un mensonge, pour la bonne et simple raison que ce mensonge était devenu la réalité sur laquelle elle bâtissait sa vie.
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C’est qu’aujourd’hui je suis heureuse, indescriptiblement, si vous voulez savoir. Notre rencontre, dans ma vie bien rangée, c’est un peu comme une révolution : ces sourires sont des débordements populaires, c’est la liesse, je ne peux pas les empêcher d’éclater, ils sont comme des clameurs, j’adore cette sensation. Ces sourires ne m’appartiennent pas, la magie de ce moment ne m’appartient pas non plus, je le sais, je le sens. Cette journée est miraculeuse, elle ne reviendra pas, c’est certainement la dernière journée heureuse de toute ma vie. Je suis en train de flamber intégralement : en même temps que cette journée irréelle se déroule, je me consume de bonheur tout entière, mais vraiment tout entière, de l’intérieur, vous comprenez ? Je suis en train de brûler de joie, de l’intérieur, intégralement. Quand je partirai d’ici, il ne restera plus rien qu’un petit tas de cendres.
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Le jour de leur mariage, Bénédicte a enfin consenti à me parler, brièvement, en une phrase, de leur couple. Elle m'a dit, je m'en souviens au mot près: il m'a proposé quelque chose, et je l'ai suivi. Dans l'état de fragilité où elle était alors, envisager de rester seule éventuellement quelques années était au-dessus de ses forces.
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Cette rupture, pour ma jumelle, a été un cataclysme. Commencer sa vie d'adulte sur un échec, une méprise, une trahison de cette ampleur était la pire épreuve qu'elle pouvait se voir imposer, elle la grande idéaliste. Avoir été trompée par le réel, et par les apparences, avec une telle effronterie, et d'une manière aussi cinglante, lui avait fait perdre instantanément toutes ses illusions - elle me disait qu'elle ne parviendrait plus à y croire, plus jamais, elle le savait. Surmonter cette déconvenue lui paraissait au-dessus de ses forces. Pour elle, la fête était finie, finie pour toujours.
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Si, pour montrer qu'elle était dans les meilleures dispositions à son égard, et que Christian n'était plus qu'un souvenir répudié, Bénédicte Ombredanne posait une main sur sa peau, il sursautait avec la même récalcitrante vivacité que si cette main avait été électrifiée.
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Elle comprit pendant ce trajet que le monde se divisait en deux catégories antinomiques. Ce fut pour elle une illumination : une découverte. Non pas les riches et les pauvres, les dominants et les dominés, ceux qui ont le pouvoir et ceux qui ne l'ont pas. Ça, ce sont des catégories secondaires, bien visibles, non essentielles, quasiment anecdotiques, dont la première des raisons d'être est d'occulter la véritable partition de la réalité. Non, le monde se divise entre ceux qui vivent l'urgence et la beauté suffocante d'une folle passion - et ceux qui ne vivent pas l'urgence et la beauté suffocante, étourdissante, obsessionnelle, d'une folle passion.
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Les choses modernes ne me touchent pas. Pour être ému, j'ai besoin que ça soit ancien, avec un imaginaire d'un autre siècle, de préférence assez lointain. Pareil pour les gens : je les préfère quand ils ont l'air de s'être évadés d'une autre époque, les gens que je rencontre".
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[L'animal] est mort mais il ne le sait pas encore. (Moi je suis morte amoureuse - mais je le sais déjà.).
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Voilà à quel miracle elle aspirait chaque jour, voilà l'urgence à laquelle l'avait durablenment rappelée la lecture de mon roman : retrouver son propre éclat, le retrouver au plus profond d'elle-même comme le marcheur déshydraté découvre l'éblouissement d'un spectacle mìrifique sous le plancher d'une vieille auberge, au coeur même de la roche. C'est cet impératif qui doit filigraner nos pensées tandis que le temps passe, que nos journées s'effritent, que nous voyons des silhouettes inconnues s'agiter dans la rue (et parfois désirables, désirables ne serait-ce que métaphysiquement, en raison de notre solitude, a précisé Bénédicte Ombredanne), tandis que tombe la pluie et qu'on s'absorbe dans l'examen de son reflet dans les vitres d'un autobus, un reflet indulgent. Cet autobus nous ramène à la maison dans la même nuit épaisse, violente, glaciale, aveugle, d'octobre, de novembre, de décembre, d'hiver, de froid, mouillée, fouettante, jour après jour, soir après soir, janvier, février, mars, année après année, dans la même nuit cinglante que si cet autobus nous arrachait à notre réalité pour nous conduire à travers l'obscurité vers une région inconnue, aux confins du reel, exactemnent comme un bateau dans les embruns d'une mer hostile, une mer hostile mais attirante. Attirante ? Vous me demandez, Éric, pourquoi je trouve cette mer hostile attirante ? Je vais vous dire : en raison de ces lointaines profondeurs invisibles, noires, épaisses, où peuvent s'entendre les échos de nos rêves. Rien n'est pire que le dur des surfaces planes, que le tangible des surfaces dures, que l'obstacle des écrans qui se dressent, sauf si des films y sont projetés. Je préfère le profond, ce qui peut se pénétrer, ce en quoi il est envisageable de s'engloutir, de se dissimuler: l'amour et les forêts, la nuit, l'automne, exactement comme vous. Claquemurées dans la résignation depuis tellement d'années, ses ambitions pour le bonheur ses ambitions d'adolescente avaient beau avoir été violentées par la vie, elle les avait ranimées récemment : elle réclamait dès lors de chaque journée qu'elle lui prodigue une minute iradiante, une heure miraculeuse, une enclave d'émerveillement, un grand soupir extatique oublieux des tristesses de l'existence. Malheureusement, la réalité n'est pas tellement généreuse avec ceux qui réclament d'être enchantés.
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Oui, c'était bien ça qui était en train de se produire dans son existence: en même temps qu'elle retrouvait la valeur essentielle d'une simple feuille de papier, la rayonnante valeur de sa personne se laissait de nouveau percevoir, sa saveur, ce par quoi elle se définissait comme un être distinct des autres, unique, indicible, estimable, au fond d'elle-même. elle réapprit à s'aimer: d'abord timidement, comme en tâtons, sans trop y croire, puis d'une manière de plus en plus affirmée à mesure que les jours s'écoulaient, et que les pages qu'elle écrivait s'accumulaient.
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Je me demande quelle est cette force qui me jette primairement dans ses bras, cette même force qui faisait rayonner mon plexus solaire dans la galerie marchande lorsqu'il m'a adressé la parole pour la toute première fois.
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Je connaissais par coeur, l'aspiration qui venait de me saisir, je savais qu'elle avait pour objet cet ailleurs indiscernable qui miroitait dans mes rêves depuis toujours, "il se trouve que depuis quelques jours je vivais dans l'espoir que la réalité s'entrouvre pour me laisser passer, avant de se refermer derrière moi".
J'étais littéralement dominé par l'intuition qu'il pouvait se passer quelque chose - et cet espoir suffisait à me rendre heureux.
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Il se disait pour se rassurer qu'il est bien plus aisé d'aborder une inconnue au bras d'une très vieille dame qu'une jeune femme seule. Mais en même temps, si l'amorce ne produit pas l'effet escompté, si la conversation ne s’enclenche pas immédiatement de façon naturelle et joyeuse, en particulier avec la très vieille dame, que faire ensuite, que tenter d'autre pour informer la plus jeune qu'elle lui plaît, et qu'il aimerait la revoir ?
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Chez les enfants, il y a une part connue, sur laquelle on peut agir, et une part inconnue qu'il faut savoir respecter, dont on doit pouvoir se dire, en tant qu'éducateur, qu'elle ne vous appartient pas, qu'elle doit demeurer en dehors de votre champ d'intervention. Et ma sœur, ses enfants, elle voulait qu'ils soient comme elle avait décidé  qu'ils devraient être, y compris leur part inconnue. Sur cette question, elle se trompait, elle partait d'un mauvais postulat : ça ne marche pas comme ça.
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Tu peux laisser passer ton destin sans t'en apercevoir. Ton destin il s'arrête sous tes yeux deux minutes comme un train - et comme un con tu regardes ton avenir sans comprendre qu'il faut vite monter dedans avant qu'il ne reparte.
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C'est la plus belle chose que ce livre lui avait permis de comprendre, le fait qu'il soit possible d'inventer sa propre vie et qu'elle soit belle.
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Moi quand je rencontre un vrai souci, je saute dedans comme un enfant dans une flaque d'eau et je rigole d'en être éclaboussé. Se relativiser soi-même c'est essentiel.
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Chez les enfants, il y a une part connue, sur laquelle on peut agir, et une part inconnue qu'il faut savoir respecter, dont on doit pouvoir se dire, en tant qu'educateur, qu'elle ne vous appartient pas, qu'elle doit demeurer en dehors de votre champs d'intervention.
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Elle aimait ça conduire la nuit, surtout sur autoroute. Mais elle aurait préféré que ce soit pour s’éloigner, partir, rêver plutôt que pour salir et répudier la femme lumière qu’elle avait été pendant les six premières heures, la clore. C’est ce qu’elle allait devoir faire, elle le savait, à moins de tout avouer dès son arrivée.
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