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Citations de Erich Maria Remarque (694)


C'est vrai. Beaucoup des nôtres sont couchés là. Mais, jusqu'ici, nous ne l'avions jamais aussi bien réalisé; nous étions restés tous ensemble. Les uns près des autres; nous, dans nos tranchées, eux, dans leurs fosses, séparés par quelques poignées de terre. Ils nous avaient un peu devancés, un peu seulement, puisque chaque journée voyait diminuer notre nombre et augmenter le leur. Il arrivait souvent que nous ne sachions pas si nous étions encore vivant ou déjà des leurs. Il arrivait même aussi que des obus les fissent remonter vers nous; c'étaient des os délabrés projetés en l'air, des lambeaux d'uniforme, des têtes humides, décomposées, déjà terreuses qui, arrachés par le bombardement à leurs abris effondrés, revenaient encore une fois dans la bataille.
Nous n'y trouvions rien d'effrayant, nous étions trop près d'eux pour cela...Mais maintenant , nous allons rentrer dans la vie, tandis qu'eux resteront ici...
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Nous n’avions pas encore de racines. La guerre, comme un fleuve, nous a emportés dans son courant.
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 restez ce que vous êtes, ne laissez jamais transformer en brandon de haine, la flamme chaude de votre enfance. 
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L'un des privilèges de la littérature, c'est justement de rompre le silence, de crever la carapace du conformisme, des idéologies et des mensonges politiques, de dire "je" au nom de ceux qui n'ont pas pu parler ou que personne n'a voulu entendre. cela s'appelle : cracher le morceau.
( préface de Patrick Modiano)
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- Cancer? demandai-je.
- Je hais ce mot, répliqua Hirsch. Après le mot Gestapo, c'est le mot le plus exécrable que je connaisse.
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« Quelle odeur, ici ! Ca sent comme dans un hôpital désinfecté.
-Ca sent la pauvreté, l’administration et le désespoir », dis-je.
Levin ôta ses lunettes et se frotta les yeux. « Le désespoir, demanda-t-il ironiquement, peut-il aussi avoir une odeur ?
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... un été c'est bien court ! Et la vie est courte... Mais qu'est-ce qui les rend courts ? La conscience que nous avons de leur brièveté ! Les chats ignorent que leur existence ne dure pas. Les oiseaux, les papillons, le savent-ils ? Non pas ! Ils se croient éternels car nul ne leur a dit le contraire. Pourquoi nous l'a-t-on dit à nous ?
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Nous reconnaissons les visages crispés et les casques ; ce sont des Français. Ils atteignent les débris des barbelés et ont déjà des pertes visibles. Toute une file est fauchée par la mitrailleuse qui est à côté de nous ; puis nous avons une série d'enrayages et les assaillants se rapprochent.
Je vois l'un d'eux tomber dans un cheval de frise, la figure haute. Le corps s'affaisse sur lui-même comme un sac, les mains restent croisées comme s'il voulait prier. Puis le corps se détache tout entier et il n'y a plus que les mains coupées par le coup de feu, avec des tronçons de bras, qui restent accrochés dans les barbelés.
[…]
Nous sommes devenus des animaux dangereux, nous ne combattons pas, nous nous défendons contre la destruction. Ce n'est pas contre des humains que nous lançons nos grenades, car à ce moment-là nous ne sentons qu'une chose : c'est que la mort est là qui nous traque, sous ces mains et ces casques. C'est la première fois depuis trois jours que nous pouvons la voir en face : c'est la première fois depuis trois jours que nous pouvons nous défendre contre elle. La fureur qui nous anime est insensée ; nous ne sommes plus couchés, impuissants sur l'échafaud, mais nous pouvons détruire et tuer, pour nous sauver… pour nous sauver et nous venger.
Nous nous dissimulons derrière chaque coin, derrière chaque support de barbelés et, avant de nous retirer un peu plus loin, nous lançons dans les jambes de nos assaillants des paquets d'explosions. Le craquement sec des grenades se répercute puissamment dans nos bras et dans nos jambes ; repliés sur nous-mêmes comme des chats, nous courons, tout inondés par cette vague qui nous porte, qui nous rend cruels, qui fait de nous des bandits de grand chemin, des meurtriers et, si l'on veut, des démons, — cette vague qui multiplie notre force au milieu de l'angoisse, de la fureur et de la soif de vivre, qui cherche à nous sauver et qui même y parvient. Si ton père se présentait là avec ceux d'en face, tu n'hésiterais pas à lui balancer ta grenade en pleine poitrine.

Chapitre VI.
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Sur une table quelconque, des gens, que personne de nous ne connaît, signent un écrit et, pendant des années, voilà que notre but suprême devient ce qui, en temps normal, est l'objet de l'abomination universelle et du châtiment le plus énergique.
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Et, je le sais, tout ce qui maintenant, tant que nous sommes en guerre, s'enfonce en nous comme des pierres, se ranimera après la guerre et alors seulement commencera l'explication, - à la vie, à la mort.
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Ces premières minutes avec le masque décident de la vie ou de la mort: le tout est de savoir s'il est imperméable. J'évoque les terribles images de l'hôpital: les gazés qui crachent morceau par morceau , pendant des jours, leurs poumons brulés.
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Nous avions dix-huit ans et nous commencions à aimer le monde et l'existence; voilà qu'il a fallu faire feu là-dessus. Le premier obus qui est tombé nous a frappés au cœur. Nous n'avons plus aucun goût pour l'effort, l'activité et le progrès. Nous n'y croyons plus; nous ne croyons qu'à la guerre.
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Les voilà donc.Et ils veulent recommencer à nous instruire.On se rend compte à leur mine qu'ils sont prêts à sacrifier quelque chose de leur importance. Mais que pourraient -ils bien nous apprendre?Nous connaissons maintenant la vie mieux qu'eux.nous avons acquis un autre savoir,un savoir dur,sanglant,cruel,impitoyable même. C'est nous aujourd'hui qui pourrions les instruire;mais qui en aurait envie! (P146-147)
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C'est un ordre qui a fait de ces formes silencieuses nos ennemis;un autre ordre pourrait maintenant faire d'elles nos amis.Sur une table quelconque,des gens que personne de nous connait,signent un ecrit et,pendant des annees,voila que notre but supreme devient ce qui,en temps normal,est l'objet de l'abomination universelle et du chatiment le plus energique
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"Quand nous partons, nous ne sommes que de vulgaires soldats, maussades ou de bonne humeur et, quand nous arrivons dans la zone où commence le front, nous sommes devenus des hommes-bêtes"
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Je vous le dis, que des animaux fassent la guerre, c’est la plus grande abomination qui soit!
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[A propos des prisonniers russes]
C'est un ordre qui a fait de ces formes silencieuses nos ennemis ; un autre ordre pourrait maintenant faire d'elles nos amis. Sur une table quelconque, des gens, que personne de nous ne connaît, signent un écrit et, pendant des années, voilà que notre but suprême devient ce qui, en temps normal, est l'objet de l'abomination universelle et du châtiment le plus énergique. Qui pourrait donc se reconnaître dans tout cela, en voyant ici ces hommes tranquilles, aux visages d'enfants et aux barbes d'apôtres ? Tout caporal est pour les recrues et tout professeur pour les collégiens un ennemi pire qu'ils ne le sont pour nous. Et, cependant, nous tirerions encore sur eux, et eux sur nous, s'ils étaient libres.
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Ah! Au front, c'était plus simple. Là-bas, il suffisait d'être vivant pour que tout aille bien!
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«Payer l'héroïsme de quelques uns de la misère de millions d'autres, c'est trop cher!»
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Je suis jeune, j'ai vingt ans ; mais je ne connais de la vie que le désespoir, l'angoisse, la mort et l'enchaînement de l'existence la plus superficielle et la plus insensée à un abîme de souffrances. Je vois que les peuples sont poussés l'un contre l'autre et se tuent sans rien dire, sans rien savoir, follement, docilement, innocemment. Je vois que les cerveaux les plus intelligents de l'univers inventent des paroles et des armes pour que tout cela se fasse de manière encore plus raffinée et dure encore plus longtemps. Et, tous les hommes de mon âge, ici et de l'autre côté, dans le monde entier, le voient comme moi ; c'est la vie de ma génération, comme c'est la mienne. Que feront nos pères si, un jour, nous nous levons et nous nous présentons devant eux pour réclamer des comptes ? Qu'attendent-ils de nous lorsque viendra l'époque où la guerre sera finie ? Pendant des années nous n'avons été occupés qu'à tuer ; ça été là notre première profession de l'existence. Notre science de la vie se réduit à la mort. Qu'arrivera-t-il donc après cela ? Et que deviendrons-nous ?

Chapitre X.
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