Citations de Ernest Hemingway (1287)
Une fille entra dans le café et s'assit, toute seule, à une table près de la vitre. Elle était très jolie, avec un visage aussi frais qu'un sou neuf, si toutefois l'on avait frappé la monnaie dans de la chair lisse recouverte d'une peau toute fraîche de pluie, et ses cheveux étaient noirs comme l'aile du corbeau et coupés net et en diagonale à hauteur de la joue.
Soyez amoureux.
Crevez-vous à écrire.
Contemplez le monde.
Écoutez de la musique et regardez la peinture.
Ne perdez pas votre temps.
Lisez sans cesse.
Ne cherchez pas à vous expliquer.
Écoutez votre bon plaisir.
Taisez-vous.
Le vieux savait qu'il irait très loin, il laissait derrière lui le parfum de la terre ; chaque coup de rame l'enfonçait dans l'odeur matinale et pure de l'océan.
Pourquoi les vieux se lèvent toujours tôt ? C’est-y pour avoir des jours plus longs ?
- Avez-vous quelque chose à faire en ce moment ?
- Non.
- Venez pêcher avec moi.
- Je peux disposer d'une heure.
C'est toujours comme ça. On meurt. On ne comprend rien. On n'a jamais le temps d'apprendre. On vous pousse dans le jeu. On vous apprend les règles et, à la première faute, on vous tue. Ou bien vous êtes tués sans raison. Mais vous finissez toujours pas être tué. Ça, vous pouvez y compter. Un peu de patience et votre tour viendra
Il n'a y a pas d'ami aussi fidèle qu'un livre.
Il n’y a rien d’autre que maintenant. Il n’y a ni hier, certainement, ni demain non plus. Quel âge faut-il que tu atteignes avant de savoir ça ? Il n’y a que deux jours. Eh bien, deux jours, c’est ta vie, et tout ce qui s’y passera sera en proportion. C’est comme ça qu’on vit toute une vie en deux jours. Et si tu cesses de te plaindre et de demander l’impossible, tu auras une bonne vie.
(p.192)
Autre aspect intéressant de la guerre : elle constitue pour le naturaliste l'unique occasion d'observer la mort des mules. En vingt ans de vie civile, je n'avais jamais vu de mule morte et j'avais commencé à douter que ces animaux fussent mortels. Il m'était arrivé de me croire en présence de mules mortes, mais de plus près, ces animaux s'avérèrent bien vivants et ne devaient leur aspect de cadavre qu'à leur état de repos absolu. Mais à la guerre, ces animaux succombent exactement comme les plus communs et les moins robustes des chevaux.
Deux êtres qui s’aiment, qui sont heureux et gais et font du bon travail, séparément ou ensemble, attirent les autres aussi immanquablement qu’un phare puissant va attirer la nuit les oiseaux migrateurs.
Les gens que j’aimais et ne connaissais pas allaient dans les grands cafés pour s’y perdre et pour que personne ne les remarque, et pour y être seuls, et pour y être ensemble.
Et même si le printemps finissait toujours par revenir, il était terrifiant de penser qu’il avait failli succomber.
Poème
Le seul homme que j'ai jamais aimé
Dit au revoir
Et s'en alla
Il fut tué en Picardie
Par une journée ensoleillée.
"Toutes les armées sont pareilles..."
Toutes les armées sont les mêmes
La publicité est la renommée
L'artillerie fait le même vieux bruit
La bravoure est un attribut des garçons
Les vieux soldats ont tous les yeux fatigués
Tous les soldats entendent les mêmes vieux mensonges
Les cadavres ont toujours dessiné des mouches
C'est pas le moment de penser à ce qui te manque. Pense plutôt à ce que tu peux faire avec ce qu'il y a.
L'homme n'est pas fait pour la défaite. L'homme peut être détruit, mais pas vaincu.
Il n'y a jamais de fin à Paris et le souvenir qu'en gardent tous ceux qui y ont vécu diffère d'une personne à l'autre. Nous y sommes toujours revenus, et peu importait qui nous étions, chaque fois, ni comment il avait changé, ni avec quelles difficultés - ou qu'elle facilité - nous pouvions nous y rendre. Paris valait toujours le déplacement, et on recevait toujours quelque chose en retour de ce qu'on lui donnait.
Le seul homme que j’aie aimé
M’a dit adieu
Et puis s’en est allé
On l’a tué
En Picardie d’un coup de feu
Par un beau jour ensoleillé.
Paris, autour de 1922
(p.83)
L’époque aurait voulu que nous chantions
Et nous coupa la langue.
L’époque aurait voulu que nous coulions
Et enfonça la bonde.
L’époque aurait voulu que nous dansions
Et nous colla des pantalons de fer.
Et l’époque finit par recevoir
La sorte de merde qu’elle voulait avoir.
Paris, 1922
(p.76)
Toutes les armées sont les mêmes
La publicité et la gloire
Et l’artillerie fait toujours le même bruit
La valeur est le propre des jeunes soldats
Les vétérans, eux, ont tous des yeux las
On sert aux soldats les mêmes mensonges louches.
Et les cadavres attirent toujours les mouches.
Paris, autour de 1922.
(p.66)