AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Ernst Gombrich (59)


Les paysages à la mode, dans la lignée lointaine de Claude Lorrain, avaient mis au point une série de formules permettant même à un simple amateur de composer un paysage satisfaisant. Un arbre majestueux, au premier plan, devait servir de repoussoir à des lointains, s'approfondissant vers le centre du tableau. La couleur, elle aussi, était prévue et réglée : des tons chauds pour les premiers plans, des bleus pâles à l'horizon. Jusqu'aux nuages, jusqu'à la rude écorce des arbres, tout se peignait suivant des recettes éprouvées. Constable n'avait que mépris pour tous ces préjugés. On raconte qu'un ami lui ayant reproché de ne pas avoir donné à son premier plan cette tonalité dorée et chaude traditionnelle qu'il comparait à la couleur d'un violon ancien, Constable aurait pris un violon et l'aurait posé dans l'herbe, marquant ainsi avec évidence tout ce qui sépare une fraîche verdure d'une conception parfaitement conventionnelle. Constable ne se fiait qu'à son oeil.
Commenter  J’apprécie          10
Mais il nous est impossible, avec notre civilisation présente, de revenir aux formes primitives! diront à cela les artistes. Il nous est impossible d'écrire aujourd'hui des récits comme l'histoire de Joseph ou comme l'Odyssée, de composer de la musique comme celle des chansons populaires! Et cela est en effet impossible aux artistes de notre temps ; mais cela ne le sera pas aux artistes de l'avenir, qui n'aura plus la tête encombrée d'un arsenal de formules techniques, et qui, n'étant plus un professionnel de l'art, n'étant plus payé pour ses produits, ne produira de l'art que quand il s'y sentira porté par un irrésistible besoin intérieur. La différence sera donc complète, tant au point de vue de la forme que du fond, entre l'art de l'avenir et ce que nous tenons aujourd'hui pour de l'art.
Commenter  J’apprécie          32
Elles n'avaient pas pour but, comme les statues des grandes cathédrales, de proclamer de haut une vérité solennelle, mais d'éveiller la tendresse et l'amour.
Commenter  J’apprécie          41
Mais nous ne sommes toujours pas parvenus au début des temps. Cela continue pendant des millions d’années. Facile à dire ! Pourtant, réfléchis un instant. Sais-tu combien dure une seconde ? Le temps que tu comptes très vite jusqu’à trois. Et combien durent 1000 millions de secondes ? Trente-deux ans ! À toi maintenant d’imaginer combien durent 1000 millions d’années ! En ce temps-là, il n’y avait pas de grands animaux, mais uniquement des escargots et des coquillages. Et si on remonte encore plus dans le temps, on ne trouve même plus de plantes. La terre entière était « désertique et vide ». Il n’y avait rien. Pas un arbre, pas un buisson, pas une herbe, pas une fleur, pas le moindre coin de verdure.
Commenter  J’apprécie          20
[...] on n'arrive jamais au commencement des temps, car derrière chaque commencement, il y a toujours un nouveau "Il était une fois". C'est comme un puits qui n'aurait pas de fond. Ça te donne le vertige de plonger le regard vers ce fond ? À mon aussi ! C'est pourquoi nous allons jeter un papier enflammé dans ce puits infiniment profond. Il tombera lentement, descendra de plus en plus bas. Toutefois, dans sa chute, il éclairera les parois du puits. Tu le vois descendre ? Il est maintenant si loin qu’il ressemble à une étoile minuscule au milieu des ténèbres. Puis il s’amenuise encore et nous finissons par ne plus le voir.
Commenter  J’apprécie          10
Tout en faisant partie intégrante de notre environnement, elles apparaissent et disparaissent, elles sont fugitives et mouvantes, comme peut s'en rendre compte tout peintre qui tente de fixer leur image sur la toile.
Commenter  J’apprécie          40
Les gradations des ombres à leur surface nous renseignent sur leur forme, les reflets indiquent la matière, les réactions aux différentes longueurs d'ondes du spectre déterminent la couleur.
Commenter  J’apprécie          00
Pour être observateur, il faut avoir d'abord quelque chose à chercher.
Commenter  J’apprécie          00
Nous pensons aujourd'hui différemment. Nous ne voyons rien d'inférieur dans un travail manuel quel qu'il soit et nous savons de plus qu'un oeil exercé et une main sûre ne suffisent pas à peindre un bon portrait ou un bon paysage. Mais chaque époque, y compris la nôtre, et chaque société ont leur préjugés en matière d'art et de goût. L'intérêt d'examiner ces idées, que les hommes les plus intelligents du passé considéraient comme allant de soi, est justement d'apprendre par là à nous analyser nous-mêmes.
Commenter  J’apprécie          30
Le Christ a prêché aux pauvres, aux affamés, aux affligés, et la pauvreté, la faim, la détresse n'ont certes rien de particulièrement beau. Encore faut-il s'entendre, évidemment, sur le sens du mot beauté. Un enfant trouvera le bon visage ridé de sa grand-mère plus beau que les traits réguliers d'une jolie femme, et cela n'est-il pas tout à fait naturel?
Commenter  J’apprécie          83
On croit connaître cet homme. Certains portraits d'autres maîtres sont remarquables par la façon dont ils résument un rôle et une fonction. Mais même les plus grands d'entre eux nous font penser à des rôles de personnages de roman ou de théâtre. Ils sont véridiques et impressionnants, mais nous sentons qu'ils montrent seulement un aspect d'un être complexe. Même La Joconde ne devait pas toujours sourire. Mais, devant les portraits de Rembrandt, nous sommes en présence de véritables être humains, nous percevons leur chaleur, leur besoin de sympathie, et aussi leur solitude et leurs souffrances. Ces regards pénétrants et sérieux, que nous connaissons si bien par les autoportraits de Rembrandt, devaient être capables de scruter directement le coeur humain.
Commenter  J’apprécie          12
Nous avons dit déjà que des Anglais, tombés sous le charme des paysages de Lorrain, essayèrent de transformer des paysages de leur pays jusqu'à les faire ressembler aux inventions du peintre. Un parc, un paysage faisant penser à Claude Lorrain, ils le considéraient comme "pittoresque", comme participant aux prestiges de la peinture. Plus récemment, nous nous sommes habitués à qualifier ainsi non seulement des palais en ruine ou des couchers de soleil héroïques, mais aussi des choses toutes simples telles qu'un voilier ou un moulin à vent. À y bien regarder, des peintres tels que de Vlieger ou van Goyen en sont sans doute la cause. Ce sont eux qui nous ont appris à découvrir le "pittoresque" dans les choses les plus familières.
Commenter  J’apprécie          01
Claude Lorrain a ouvert les yeux des hommes aux sublimes beautés de la nature et, pendant plus d'un siècle, c'est à travers ses chef-d'oeuvre que les voyageurs regardèrent les paysages. Si un paysage leur rappelait Lorrain, il était beau et valait qu'on s'y arrêtât. De riches Anglais allèrent plus loin et voulurent modeler sur les visions de Claude Lorrain le site où ils vivaient, le parc qui entourait leur demeure. Aussi pourrait-on dire que bien des coin charmants de la campagne anglaise devraient être signés de ce peintre français qui choisit de vivre en Italie et sympathisa avec la doctrine de Carrache.
Commenter  J’apprécie          21
De fait, nous trouvons dans ses écrits ces quelques mots : "Le soleil ne bouge pas", qui indiquent que Léonard avait pressenti les théories de Copernic et de Galilée, théories qui devaient provoquer les persécutions dont ce dernier fut l'objet.
Commenter  J’apprécie          30
Mais dans leur amour un peu maniaque de la "réalité", ce n'est pas seulement l'exécution rapide et sommaire qui choque beaucoup de gens. Ils sont bien davantage heurtés par des oeuvres qu'ils considèrent comme dessinées d'une façon incorrecte, et cela particulièrement lorsqu'elles se rattachent à une époque relativement récente, époque où l'artiste "aurait dû en savoir plus long". En fait, il n'y a nul mystère dans ces déformations de la nature qui reviennent si souvent sur le tapis dans les discussions sur l'art moderne. Quiconque a vu un dessin animé ou simplement des caricatures sait bien qu'il est souvent juste de dessiner les choses différemment de ce qu'elle paraissent, de les modifier, de les déformer d'une manière ou d'une autre. Si Mickey Mousse ne ressemble pas à une vrais souris, à la manière d'une photographie d'un album de famille, qui songerait à s'en plaindre? Aussi bien, ceux qui se laissent aller au charme des créatures de Walt Disney ne songent guère à l' "Art". En regardant ses films, ils laissent à la porte les préjugés dont ils aiment à s'encombrer lorsqu'ils visitent une exposition d'art contemporain. Et si un artiste moderne se permet de dessiner quelque chose à sa façon, il sera vite considéré comme un barbouilleur incapable. Pourtant, quoi que nous pensions des artistes modernes, nous pouvons en tout cas leur accorder le minimum de savoir nécessaire pour réaliser un dessin "correct". S'ils s'en écartent, ils ont pour cela leur raisons, et ces raisons s'apparentent à celles d'un Disney ou de tel ou tel caricaturiste. La planche 11 montre une illustration d'une Histoire naturelle illustrée par un des plus grands artistes contemporains, Pablo Picasso. Personne ne songerait à critiquer cette charmante image d'une poule et de ses poussins. Mais pour dessiner un jeune coq (pl. 12), Picasso ne s'est pas contenté du simple rendu de la silhouette de l'animal. Il a voulu mettre en relief son caractère son caractère agressif, son insolence stupide. En somme, il a eu recours aux procédés de la caricature. C'est bien une caricature qu'il a faite, et d'une force singulière. Aussi, lorsqu'une peinture ou un dessin ne nous paraît pas correct, nous devrions toujours nous poser deux questions. D'abord, l'artiste n'a-t-il pas eu ses raisons d'apporter quelque modification aux apparences? Sur ce chapitre, les choses nous paraîtront de plus en plus claires à mesure que nous suivrons le récit de l'évolution des arts. D'autre part, avant de condamner une oeuvre pour son dessin incorrect, il faut encore nous demander si nous sommes bien sûrs d'avoir raison, si nous sommes bien sûrs que le peintre a tort. Nous avons tous tendance à décider sans aucune réflexion que les choses "sont, ou ne sont pas, comme ça".
Commenter  J’apprécie          50
Le véritable artiste est celui qui dialogue avec son oeuvre; l'imposteur dialogue avec le public.
Commenter  J’apprécie          53
Ce livre a pour vocation de retracer l'histoire de l'art et ses règles de la préhistoire à nos jours. Il est illustré à chaque page.
J'y ai beaucoup appris. Présentation très claire.
Commenter  J’apprécie          20
Le besoin constant de révision n'est-il pas précisément un des stimulants essentiels dans l'étude du passé ?
Commenter  J’apprécie          180
A la vérité « l’Art » n’a pas d’existence propre. Il n’y a que des artistes. En des temps très lointains, ce furent des hommes qui, à l’aide d’un morceau de terre colorée, ébauchaient les formes d’un bison sur les parois d’une caverne : dans l’intervalle, ils ont fait pas mal de choses. Il n’y a aucun inconvénient à nommer art l’ensemble de ces activités, à condition toutefois de ne jamais oublier que le même mot recouvre cent choses diverses, se situant différemment dans le temps et dans l’espace, à condition aussi de bien comprendre que l’Art pris comme une abstraction, l’Art avec un grand A, n’existe pas.
Commenter  J’apprécie          90
Dans une lettre d'Arles, Van Gogh parle de ces instants où les émotions sont si fortes qu'on travaille comme sans s'en apercevoir, où les touches se suivent d'une façon cohérente comme les mots d'une phrase ou d'une lettre. La comparaison est révélatrice. A de tels moments, Van Gogh peignait comme d'autres écrivent. De même que l'écriture d'une lettre, enregistrant le geste de son rédacteur, peut nous révéler qu'il était alors sous le coup d'une forte émotion, de même la touche de Van Gogh nous révèle quelque chose de son état d'esprit.
Commenter  J’apprécie          200



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ernst Gombrich (1174)Voir plus

Quiz Voir plus

Un extrait de poème (avec un indice) pour trouver l'auteur.

Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ? Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ? Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ; Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement Dans la même prison le même mouvement. Accroupis sous les dents d'une machine sombre, Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre, Innocents dans un bagne, anges dans un enfer, Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer. Indice : Esmeralda

Jacques prévert
Victor Hugo
Ronsard
Paul fort

11 questions
172 lecteurs ont répondu
Thèmes : amour fouCréer un quiz sur cet auteur

{* *}