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Citations de Ernst Wiechert (231)


LE BUFFLEBLANC OU DE LA JUSTICE DIVINE

Bien avant le temps où le drapeau de l'occident chrétien apparut sur les rivages de l'Inde,un garçon vint au monde dans un petit village ,au bord du Gange.Et ses parents l'appelèrent Vasudeva.
Rien d'extraordinaire n'avait marqué cette naissance,sinon que les gémissements de la mère furent soudain recouverts par le hurlement d'épouvante du doyen du village.
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Et dans des époques comme celle-ci, un pasteur ne doit pas trôner au-dessus de ses ouailles, dans une chaire surélevée et toute sculptée, il doit rester au milieu d'elles. Il doit être le plus pauvre, comprenez-vous, Monsieur le Baron ? Le plus pauvre de tous. (...) Il faut qu'il marche nu-pieds, s'il veut qu'on croie que le Christ allait pieds nus. Il faut qu'il passe pour un fou, s'il veut qu'on croie à la sagesse proclamée il y a deux mille ans. Autrement, il échouera, Monsieur le Baron, il échouera. Même si son église est pleine.
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Le prêtre déclara que Dieu lui- même les avait réunis.Les prêtres ont coutume de dire ces choses,mais souvent la volonté divine ne se manifeste que bien plus tard: chez les enfants,ou même chez les petits enfants,à la troisième où à la quatrième génération.Il arrive que cette révélation jaillisse comme une flamme s'élève d'un toit ,brillante et terrifiante,dans la nuit obscure; il arrive aussi qu'ellese borne à un sourire énigmatique le jour des noces d'argent,à une larme qui perle lorsque s'élève une chanson évocatrice des jeunes années,à une ride qui ne s'efface pas d'un visage qui déjà repose dans le cercueil.( Page 5).
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Lorsqu'une époque est malade et n'a pas assez de travail pour toutes les mains, c'est une nouvelle exhortation qu'elle nous adresse, l'exhortation de travailler avec nos cœurs, au lieu d'y employer nos mains. Et je ne connais pas encore d'époque qui n'ont pas eu d'emploi pour tous les coeurs.
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Non, on n'avait pas encore connu toutes les épreuves quand on avait connu la guerre et la mort, en soldat gardant l'honneur (...).
Et même à l'âge de vingt ans on devait déjà avoir entendu dire que l'épreuve de la vie est plus difficile que toutes les guerres du monde (pages 568-569).
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...Amédée se leva en souriant et posa des partitions sur le pupitre.
--Cela me ferait plaisir , dit-il , de jouer avec vous 《l'ultime》.
Ses frères le regardèrent , puis ils obéirent. Ils se rappelaient tous deux ce que l'《 ultime》 désignait dans leur langage.Il y avait plus de dix ans qu'ils ne l'avaient joué.
L'《 ultime》 était le larghetto du dernier concerto pour piano écrit par Mozart. Amédée l'avait transposé pour leurs instruments. Ce n'était qu'un moyen de fortune , mais il lui avait semblé que ce qui était immortel restait immortel, même si on ne le jouait que sur une feuille de tilleul.
A ses yeux c'était la suprême réussite d'un homme que le doigt de Dieu avait touché. Ou d'un homme qui essaie de parler tout bas avec son Dieu.Cela ne pouvait s' écrire que lorsqu'on croyait voir pour la dernière fois le soleil couchant, sous les premières ombres des dernières ténèbres, mais il fallait que la rougeur du soir fût plus forte que l'ombre.
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Notre aristocratie s' est amollie, vois tu, elle est devenue trop sensible.Il y a trop longtemps que nous portons des gants.
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《Elle sortit la main de sous son fichu noir et montra la porte de l'église. Celle-ci était dans l ' ombre.
《 Je levai les yeux, et je vis, maître. Un homme était accroché à la porte de l'église. Il était cloué dessus, sa tête pendait.j'ai dû crier, car elle secoua la tête.
《 - Il ne faut pas crier, dit-elle. Il n'a pas crié, lui.C'est notre pasteur.Je ne peux pas le descendre de là, il est gelé.
《 Le chien hurlait et je tremblais, maître. Sous ma peau de loup, je tremblais.
《 - Va, maintenant, dit-elle.C'est sous cette croix qu'il grandira.Il faut qu'un village ait des enfants, sinon Dieu efface son nom.
《 - Viens avec nous! Implorai-je, pour l'amour du Christ, viens avec nous!
《 Mais elle se voila la face. Je ne pouvais plus rien voir de son visage.Le chien hurlait.
《 Alors je m'en allai, maître . Avec mon ombre.
Il se tut et ses yeux clairs regardèrent fixement le feu qui s ' eteignait.
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(...), mais il se disait qu'il ne suffit pas quelquefois, de passer toute sa vie avec la Bible et la parole divine entre les mains pour être touché par le souffle du Christ. Il y avait sûrement là, chez les gens d'Eglise comme en son propre état d'éducateur, bien des choses laissant profondément à désirer et dont les enfants et tout le pays ne pouvaient que pâtir.
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Ils avaient choisi choisi un passage très lent et très solennel de Mozart et ce fut pour tous les auditeurs un spectacle inoubliable que celui des trois frères assis sur l'estrade, devant leurs pupitres surmontés de bougies, dont la lumière tombait sur leurs visages minces et graves.Ils n'avaient pas regardé leurs partitions; sans se voir, leurs yeux s' étaient tournés vers un lointain, qui devait être peuplé de visions muettes, celles du destin. Ils avaient une manière à eux de tirer l'archet sur les cordes et de s' offrir mutuellement cette mélodie simple et grave, qui semblait tissée de fils d'or et qui se défaisait pour se renouer de nouveau.Une manière à eux d'écouter leurs instruments, mais sans changer d'attitude, comme pour rendre simplement ce qu'une voix lointaine leur soufflait, de présenter leurs vies parallèles et unies avec autant de naturel que tous les jours ,avec cet air distant, derrière lequel ils se retranchaient toujours du reste du monde.On eût dit qu'il émanait d'eux un charme qui agissait sur toute la salle, sur le coeur le plus banal, le plus vulgaire, car chacun sentait que ce n'était pas seulement la mélodie du grand défunt qui le prenait dans ses lacs, mais la pureté et le naturel de ces jeunes âmes qui le bouleversaient. Leur vie était aussi étrange et singulière que l'avaient été l'existence et la fin de leur père, mais elle était à l'abri de la curiosité et de la raillerie car ils se présentaient comme un triptyque d'église, et la main qui avait peint ces figures ne pouvait être qu'une main pieuse.
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Elle savait qu'il ne lui serait pas répondu, qu'il n'y avait de réponse que dans les contes. Et pourtant elle restait encore là, parce que sa tête reposait si tranquillement contre la paroi de l'étable, tandis que dans ses yeux s'infiltrait si profondément la lumière de la lune.
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Peut être bien Stilling n 'était -il pas ce qu 'on appelle un bon maître, s 'élevant de degré en degré, d après un plan modeste, tenant toujours un regard scrutateur fixé sur son disciple marchant vers un objectif limité et uniquement vers lui, laissant à d 'autres mains plus qualifiées tout ce qui dépassait cet objectif. Il s' était si souvent tu, durant sa vie. Il avait dû, quarante ans durant, parler comme un enfant, afin d 'être compris des enfants. Et maintenant il était comme en proie à une sorte d 'ivresse, l'ivresse de l 'Hermite qui pouvait étaler ses trésors, qui prononçait la formule magique sous laquelle s' illuminaient les jeunes yeux de Jons. Il lui était permis de donner à pleines mains, au lieu de thesauriser. Il s' élevait à grands coups d'ailes au dessus des états et des mers et il avait conscience de ne pas avoir perdu sa vie, mais de lui voir porter des fruits tardifs, qui entre ces jeunes mains se transformeraient en bienfaisante nourriture.
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Il avait fermé les yeux pour ne pas voir le mal sur cette terre, et c'est ainsi que le mal l'avait trouvé, sans défense.
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Il était seul. Le temps était sans doute venu, où l'homme devrait apprendre à être seul. La terreur lui avait enseigné sa solitude. Toutes les mains qui l'avaient protégé jusqu'alors avaient péri, toutes les consolations, toutes les certitudes. L'homme s'était montré capable des dernières scélératesses. Il était devenu assassin, sans colère, sans intérêt profond. Assassin par jeu, avec le sourire. Et de l'autre côté étaient les victimes. Entre les deux, il n'y avait rien.
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Mais tout cela est muet, remue, mais se tait. Tout serait plus simple et plus facile, s'ils hurlaient, si l'on entendait monter des jurons et s'abattre des imprécations. Mais ils restent muets, et leur haine est dangereuse comme la haine des muets qui ne se soulage pas dans les cris mais seulement dans le sang.
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Et peut-être le baron Amédée était-il celui qui regardait la vie en face avec le plus d'espoir, quand il s'attardait le soir sur le pas de sa porte, où il avait poussé son vieux fauteuil tout tailladé. Il n'avait pas perdu une femme ni des enfants, mais d'eux tous, c'était lui qui avait vu de plus près la violence, la hache et le visage méconnaissable de l'homme. C'était lui qui avait été le plus profondément déçu et le plus profondément humilié. Peut-être aussi le plus haï.
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....Cette situation durait encore quand on enterra Michaël dans le cimetière du village .Comme le pasteur ,atteint d'un coup de sabre sur la porte de l'église ,avait dû rester chez lui,ce fut le maître d'école Elwenspok qui,selon la vieille coutume du pays ,prononça le discours funèbre.......

.....-- Ce n'est pas pour la patrie ,dit-il ,que ce noble jeune homme est tombé ,ce n'est pas pour l'empereur,ni un trône ou un autel de ce monde: il est tombé pour l'agneau du pauvre dont il est parlé dans la bible.Mais dans l'agneau du pauvre se trouvent comprises toutes les patries et toutes les couronnes de cette terre; car la plus grande chose qui puisse arriver à un pâtre, en ce monde ,c'est de mourir pour la bête la plus chétive de son troupeau .Dans cette jeune existence,continua -t-il ,se trouve magnifiquement réuni tout ce que d'autres n'acquièrent qu'après soixante -dix à quatre -vingts ans : le combat ,l'amour et une mort héroïque.Moi,qui suis un vieillard,je reconnais ,au bord de cette tombe,que je dois à cet enfant le doux soleil qui éclaira tardivement le soir de ma vie.Quant au pays allemand sur lequel pèse aujourd'hui inexorablement le sombre nuage de la guerre,il n'est pas possible que Dieu l'ait voué à la ruine,puisque ce même Dieu a donné aux plus pauvres et aux plus humbles de ses enfants une âme ardente et lumineuse comme celle de ce jeune pâtre. Devant cette tombe ,je ne ferai donc qu'une prière : puisse l'âme de ce mort vivre à jamais sur le village,comme la patrie toute entière ! Alors peut-être arrivera -t-il par surcroît ,en des temps très lointains,que le souffle d'âmes pareilles pénètre tous les pays et aide à établir le règne de celui que l'on a appelé l'Agneau de Dieu.( Page 70/71).
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Ecoute-moi, l’interrompit Vasudeva, et laisse-moi parler, je t’en prie. Le pouvoir ne rassasie pas. Seuls les Dieux sont rassasiés parce qu’ils ont tout. Et toi, tu n’as pas tout. Aucun homme n’a tout. Tu as beaucoup, mais c’est toujours peu, car tu luttes contre moi pour obtenir plus. Tu voudrais que je t’adore ? Tous ceux que tu voies t’adorent, avec leur front dans la poussière et aux lèvres ce que tu veux entendre. Et c’est à cela que je reconnais ton impuissance. Tu ne peux me forcer, tu peux seulement me tuer. Mais sur mon cadavre, tu pleureras, car à chaque battement, tu sauras qu’autrefois vivait quelqu’un devant qui tu étais moins qu’un mendiant.
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C'est, disait-il, une loi de toute vie : des commencements semblables mènent à des fins différentes; mais préserver ce qu'il y a de premier dans le monde est une noble tâche, surtout dans un temps où les villes grandissent sans cesse et où, sans arrêt, la machine détruit ce que la main de l'homme avait mis des milliers d'années à apprendre ou à acquérir. Et toujours, ajoutait-il à voix basse, toujours les solitaires furent enveloppés d'une gloire et d'une grâce particulières, parce qu'ils étaient ceux qui étaient demeurés les plus humains.
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quand on a peur on est plus sur de soi dans le mal que dans le bien .
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