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Citations de Eugène Delacroix (421)


6 octobre. — La Desdémone, la Femme à la rivière, la Lélia[1] feront mieux ainsi (en petite dimension). Quant aux autres, la plus grande dimension sera le mieux.

— Le charme particulier de l’aquarelle, auprès de laquelle toute peinture à l’huile paraît toujours rousse et pisseuse, tient à cette transparence continuelle du papier ; la preuve, c’est quelle perd de cette qualité quand on gouache quelque peu ; elle la perd entièrement dans une gouache. Les peintures flamandes primitives ont beaucoup de ce charme : l’emploi de l’essence y contribue en éloignant l’huile.

Delacroix avait écrit lui-même à l’encre sur le bois du châssis de ce tableau : Lélia dans la caverne du moine, devant le corps de son amant (George Sand). (Voir Catalogue Robaut, n os 1032, 1033.)
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5 octobre. — Prêté à Villot le numéro de la Revue où est l’article de Gautier sur Töpffer.

— Villot venu me voir ; nous avons parlé du procédé de la figure de l’Italie[1].

J’ai été reprendre mon travail pour la première fois, depuis le 12 septembre. Je suis satisfait de l’effet de cette figure. Toute la journée, j’ai été occupé, et très agréablement, d’idées et de projets de peintures relatives à cela. J’ai peint en quelques instants la petite figure de l’homme tombé en avant percé d’une flèche.

Il faudrait faire ainsi des tableaux esquisses qui auraient la liberté et la franchise du croquis. Les petits tableaux m’énervent, m’ennuient ; de même les tableaux de chevalet, même grands, faits dans l’atelier ; on s’épuise à les gâter. Il faudrait mettre dans de grandes toiles, comme Cournault me disait qu’était la Bataille d’Ivry de Rubens, à Florence, tout le feu que l’on ne met d’ordinaire que sur des murailles.

La manière appliquée à la figure de l’Italie est très propre pour faire des figures dont la forme serait aussi rendue que l’imagination le désire, sans cesser d’être colorées, etc.

La manière de Prud’hon s’est faite en vue de ce besoin de revenir sans cesse, sans manquer à la franchise. Avec les moyens ordinaires, il faut toujours gâter une chose pour en obtenir une autre ; Rubens est lâché dans ses Naïades, pour ne pas perdre sa lumière et sa couleur. Dans le portrait de même : si l’on veut arriver à une extrême force d’expression et de caractère, la franchise de la touche disparaît, et avec elle la lumière et la couleur. On obtiendrait des résultats très prompts et jamais de fatigue. On peut toujours reprendre, puisque le résultat est presque infaillible.

La cire m’a beaucoup servi pour cette figure, afin de faire sécher promptement et revenir à chaque instant sur la forme. Le vernis copal peut remplir cet objet ; on pourrait y mêler de la cire.

Ce qui donne tant de finesse et d’éclat à la peinture sur papier blanc, c’est sans doute cette transparence qui tient à la nature essentiellement blanche du papier… L’éclat des Van Eyck et ensuite de Rubens tient beaucoup sans doute au blanc de leurs panneaux.

Il est probable que les premiers Vénitiens peignirent sur des fonds très blancs ; leurs chairs brunes ne semblent que de simples glacis laqueux sur un fond qui transparaît toujours. Ainsi, non seulement les chairs, mais les fonds, les terrains, les arbres, sont glacés sur fond blanc, dans les premiers flamands, par exemple. Se rappeler dans la Nymphe endormie[2] que j’ai commencée ces jours-ci, et à laquelle j’ai travaillé devant Soulier et Pierret, aujourd’hui dimanche, quel a été l’effet du rocher, derrière la figure et le terrain, ainsi que le fond de forêt, après que je l’eus glacé de laques jaunes et de vert malachite, etc., sur une préparation blanche que j’avais remise sur l’ancien affreux rocher de terre d’ombre, etc.

Dans les anciens tableaux flamands sur panneaux et faits de la sorte en glacis, l’aspect roussâtre est manifeste. La difficulté consiste donc à trouver une convenable compensation de gris, pour balancer le jaunissement et l’ardent des teintes.

J’avais eu une idée de tout cela dans l’esquisse que j’ai faite, il y a quelque dix ans, de Femmes enlevées par des hommes à cheval[3], d’après une estampe de Rubens ; comme elles sont, il n’y manque que quelque gris. Il n’est même pas possible que les fonds, les draperies ne participent entièrement à l’exécution des chairs, quand on les exécute par glacis sur des fonds blancs. Le disparate est insupportable d’une autre manière. Il me semblait, après avoir modelé cette Nymphe avec du blanc pur, que le fond qui était derrière, fond de rochers faits avec des tons opaques comme dans une peinture ébauchée dans le système de la demi-teinte locale, n’était pas le fond qui convenait, mais qu’il fallait un ton clair de draperies ou de murailles : j’ai donc couvert de blanc ce rocher ; et quand ensuite je me suis avisé d’en faire un autre rocher avec des tons aussi transparents que possible, la chair a pu s’accorder avec cet accessoire ; mais il m’a fallu repeindre de même la draperie, le terrain et le fond de forêt.

Hémicycle d’Attila.
Voir même sujet, Catalogue Robaut, no 789.
Delacroix fait sans doute allusion ici au tableau de Rubens qui se trouve à la Pinacothèque de Munich et qui est connu sous le nom d’Enlèvement des filles de Leucippe.
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2 octobre, — Prêté à Soulier petite esquisse, d’après Rubens, de la vie de Marie de Médicis, la Paix mettant le feu à des armes… des monstres sur le devant, la Reine dans le fond entrant dans le temple de Janus.
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26 septembre. — M. Cournault[1] me dit avoir vu à Alger un ouvrier, qui taillait des morceaux de cuir ou d’étoffe pour des ornements, regardant avec grande attention un bouquet de fleurs pour le guider. Ils ne doivent probablement qu’à l’observation de la nature l’harmonie qu’ils savent mettre dans les couleurs. Les Orientaux ont toujours eu ce goût ; il ne paraît pas que les Grecs et les Romains l’aient eu au même degré, à en juger par ce qui reste de leurs peintures.

— Mlle de Rosier venue. Chopin ensuite.

Cournault fut un des légataires de Delacroix.
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25 septembre. — Les Nymphes de la mer détellent les coursiers du Soleil.
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24 septembre. — Lenoble emporte quatorze actions de Lyon et six du Nord pour faire les versements. Comme les actions seront dorénavant au porteur, il les fera conserver sous mon nom, dans la caisse de l’agent de change.
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22 septembre. — Aujourd’hui, j’ai été me promener à l’église Saint-Denis ; j’ai revu auparavant le groupe du Puget.
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20 septembre. — Essayer de prendre du chocolat avec du café : deux ou trois cuillerées de café dans une tasse de chocolat comme à l’ordinaire.
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19 septembre. — Je vois dans les peintres des prosateurs et des poètes. La rime les entrave ; le tour indispensable aux vers et qui leur donne tant de vigueur est l’analogue de la symétrie cachée, du balancement en même temps savant et inspiré qui règle les rencontres ou l’écartement des lignes, les taches, les rappels de couleur, etc. Ce thème est facile à démontrer, seulement il faut des organes plus actifs et une sensibilité plus grande pour distinguer la faute, la discordance, le faux rapport dans des lignes et des couleurs, que pour s’apercevoir qu’une rime est inexacte et l’hémistiche gauchement ou mal suspendu ; mais la beauté des vers ne consiste pas dans l’exactitude à obéir aux règles dont l’inobservation saute aux yeux des plus ignorants : elle réside dans mille harmonies et convenances cachées, qui font la force poétique et qui vont à l’imagination ; de même que l’heureux choix des formes et leur rapport bien entendu agissent sur l’imagination dans l’art de la peinture. Les Thermopyles de David sont de la prose mâle et vigoureuse, j’en conviens. Poussin ne réveille presque jamais d’idée par d’autres moyens que la pantomime plus ou moins expressive de ses figures. Ses paysages ont quelque chose de plus ordonné, mais le plus souvent chez lui comme chez les peintres que j’appelle des prosateurs, le hasard a l’air d’avoir assemblé les tons et agencé les lignes de la composition. L’idée poétique ou expressive ne vous frappe pas au premier coup d’œil.
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18 septembre. — M. Laurens[1] venu ce matin ; il me vante beaucoup Mendelssohn.

La peinture est le métier le plus long et le plus difficile : il lui faut l’érudition comme au compositeur, mais il lui faut aussi l’exécution comme au violon.

Il est difficile de savoir si Delacroix veut parler ici de Joseph-Bonaventure Laurens, littérateur et compositeur français, né en 1801, ou de son jeune frère Jules Laurens, peintre lithographe et graveur, né à Carpentras en 1825 ; car le compositeur s’occupait beaucoup de peinture, et le peintre, de musique. Jules Laurens, qui était entré en 1844 à l’École des beaux-arts, se fixa ensuite définitivement à Carpentras.
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5 septembre 1847

5 septembre. — Travaillé dans la journée à rajeunir une petite esquisse de Mater dolorosa faite alors pour M. D…

Le soir, chez Mme Marliani. Le pauvre Enrico est bien mal. Il y avait là une femme aimable, Mme de Barrère, qui parle bien de tout, sans sentir la pédante.

— Leroux[1] a décidément trouvé le grand mot, sinon la chose, pour sauver l’humanité et la tirer du bourbier : « L’homme est né libre », dit-il, après Rousseau. Jamais on n’a proféré une pareille sottise, quelque philosophe qu’on puisse être.

Voilà le début de la philosophie chez ces messieurs. Est-il dans la création un être plus esclave que n’est l’homme ? La faiblesse, les besoins, le font dépendre des éléments et de ses semblables. C’est encore peu des objets extérieurs. Les passions qu’il trouve chez lui sont les tyrans les plus cruels qu’il ait à combattre, et on peut ajouter que leur résister, c’est résister à sa nature même. Il ne veut pas non plus de la hiérarchie en quoi que ce soit ; c’est en quoi il trouve surtout le christianisme odieux ; c’est, à mon sens, ce qui en fait la morale par excellence : soumission à la loi de la nature, résignation aux douleurs humaines, c’est le dernier mot de toute raison (et partant soumission à la loi écrite, divine ou humaine).

Pierre Leroux.
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2 septembre. — Travaillé à la Chambre.

Je ne sortirai pas, je crois, de cet Attila et de son cheval.

— Fait route dans l’omnibus avec deux religieuses : cet habit m’a imposé au milieu de la corruption générale, de l’abandon de tout principe moral ; j’ai aimé la vue de cet habit qui impose au moins à celui ou celle qui le porte le respect absolu, du moins en apparence, des vertus, du dévouement, du respect de soi et des autres.

— Mornay venu dans la journée.

— Je n’ai pas eu le courage de sortir le soir et me suis couché de bonne heure.
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30 juillet. — Revenu à Paris ce jour-là et retourné le soir.
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20 juillet. — Jour de mon départ pour Champrosay, où je vais passer plus de quinze jours. Reçu le matin même la lettre où Mme Sand me parle de sa querelle avec sa fille.

Chopin venu le matin, comme je déjeunais après être rentré du Musée où j’avais reçu la commande de la copie du Corps de garde[1]. Il m’a parlé de la lettre qu’il a reçue ; mais il me l’a lue presque tout entière depuis mon retour. Il faut convenir qu’elle est atroce. Les cruelles passions, l’impatience longtemps comprimée s’y font jour ; et, par un contraste qui serait plaisant, s’il ne s’agissait d’un si triste sujet, l’auteur prend de temps en temps la place de la femme et se répand en tirades qui semblent empruntées à un roman ou à une homélie philosophique.

— Le matin au Louvre, chez M. de Gailleux[2], qui m’a demandé la répétition du Corps de garde[3].

— Je me suis occupé pendant ce séjour de Lara, Saint Sébastien et Arabes jouant aux échecs[4].

— Vieillard venu me surprendre un jour avant dîner. Nous avons passé un bon après-dîner.

Toile exposée au Salon de 1847. Appartient au duc d’Aumale. (Voir Catalogue Robaut, nos 492 et 105.)
M. de Cailleux, ancien directeur des Musées. C’est lui qui, après avoir vu l’esquisse des Croisés à Constantinople, s’efforça de faire comprendre à Delacroix que le Roi désirait un tableau « qui n’eût pas l’air d’être un Delacroix ». (Notes de Riesener. Voir Introduction à la Correspondance, p. xxiii.)
Toile de 0m,51 × 0m,65, exposée au Salon de 1848. Appartient à Mme Delessert. Une variante est datée de 1858 (toile de 0m,62 × 0m,50.)
Voir Catalogue Robaut, passim.
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11 juillet. — Remarquer combien la prétendue civilisation émousse les sentiments naturels. Hector dit à Ajax, livre VII, en cessant le combat : « Déjà la nuit est avancée, et nous devons tous obéir à la nuit, qui met un terme aux travaux des hommes. »
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10 juillet. — Le cousin Delacroix[1] venu dans la journée : sa vue m’a fait plaisir. Il passe ici une huitaine. Chopin est venu pendant qu’il y était.

Fait la Madeleine dans le tableau susdit.

Se rappeler l’effet simple de la tête : elle était ébauchée d’un ton très gris et éteint. J’étais incertain si je la mettrais dans l’ombre davantage, ou si je mettrais des clairs plus vifs : j’ai légèrement prononcé nonce ces derniers sur cette masse, et il a suffi de colorer avec des tons chauds et reflétés toute la partie ombrée ; et, quoique le clair et l’ombre soient presque de même valeur, les tons froids de l’un et chauds de l’autre suffisent à accentuer le tout. Nous disions avec Villot, le lendemain, qu’il faut bien peu de chose pour faire de l’effet de cette manière. En plein air surtout, cet effet est des plus frappants ; Paul Véronèse lui doit une grande partie de son admirable simplicité.

Un principe que Villot regarde comme le plus fécond, c’est celui de faire détacher les objets un peu foncés sur ceux qui sont derrière, par la masse de l’objet et dans l’ébauche par le ton local établi dès le principe. Je n’en comprends pas l’application autant que lui. A rechercher.

Véronèse doit aussi beaucoup de sa simplicité à l’absence de détails qui lui permet l’établissement du ton local, dès le commencement. La détrempe l’a forcé presque à cette simplicité. La simplicité dans les draperies en donne singulièrement à tout le reste. Le contour vigoureux qu’il trace à propos autour de ses figures contribue à compléter l’effet de la simplicité de ses oppositions d’ombre et de lumière, et achève et relève le tout.

Paul Véronèse n’affiche pas, comme Titien, par exemple, la prétention de faire un chef-d’œuvre à chaque tableau. Cette habileté à ne pas faire trop partout, cette insouciance apparente des détails qui donne tant de simplicité est due à l’habitude de la décoration. On est forcé dans ce genre de laisser beaucoup de parties sacrifiées.

Il faut appliquer surtout à la représentation des natures jeunes ce principe du peu de différence de valeur des ombres par rapport aux clairs. Il est à remarquer que plus le sujet est jeune, plus la transparence de la peau établit cet effet.

Le cousin Delacroix habitait à Ante, près Sainte-Menchould. Il est l’auteur de divers ouvrages de poésie.
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9 juillet. — Travaillé au Christ au tombeau.

— À Passy, vers trois heures et demie. Mme Delessert part lundi pour Plombières ; je l’avais revue à Vincennes, à la soirée du Prince, deux ou trois jours auparavant. C’est en revenant de cette course à Passy que j’ai rencontré Scheffer jeune, rue Blanche, qui m’a fait une plaisanterie au sujet d’une rose que j’avais à la main.
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1er juillet. — À la Chambre le matin. — Séance chez Chopin à trois heures. Il a été divin. On lui a exécuté son trio, puis il la exécuté lui-même et de main de maître.

— Grzimala nous a fait dîner avec une petite femme de sa connaissance, qui va aux Eaux-Bonnes.
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30 juin. — Triqueti[1] venu dans la journée. Nous devons aller lundi chez le duc de Montpensier.

Mme de Forget venue me prendre vers quatre heures et demie pour aller à Monceaux ; nous nous sommes promenés, après dîner, aux Champs-Élysées.

Vu son ancienne pension sur le quai[2] et la maison de Riesener ; elle est encore pleine de maçons.

Baron de Triqueti, peintre et sculpteur, né en 1802, mort en 1874. Son œuvre est importante et remarquable.
Le quai du Cours-la-Reine.
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29 juin 1847

29 juin. — Travaillé à la Chambre et dîné chez moi avec Soulier, Villot, Pierret. Bonne soirée.

J’ai mis quelque ordre dans mes croquis aujourd’hui et hier.

— Repris du goût pour l’allégorie de la gloire. Ugolin[1], etc. — Saint-Marcel[2] venu dans la journée.

Delacroix l’avait vendu 1,200 francs à M. Tesse, qui le revendit peu après 3,000 francs.
Saint-Marcel, un des élèves de Delacroix, qui fréquentait son atelier. Né vers 1815, mort vers 1890, à Fontainebleau. Saint-Marcel fut un très remarquable dessinateur et peintre paysagiste. Delacroix lui a emprunté parfois des études de figures d’après nature pour les dessiner à son tour suivant son propre sentiment.
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