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Critiques de Eugenio Corti (25)
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Les derniers soldats du roi

Eugenio CORTI avait 21 ans lorsqu'il fut mobilisé avec 230 000 italiens dans la campagne de Russie aux cotés de la Wehrmacht. Il a vécu la débâcle de Stalingrad durant l'hiver 1942-1943 qui couta la vie à la moitié du corps expéditionnaire et qu'il décrit dès 1947 dans un récit autobiographique « La plupart ne reviendront pas ».



En 1943, au lendemain de l'armistice du 8 septembre consécutif à l'invasion de la Sicile et la destitution de Mussolini, Eugenio rejoint le Corps Italien de Libération (CIL) engagé aux cotés des alliés et se bat jusqu'en 1945 parmi « Les derniers soldats du Roi », suite du récit précédent, publié en 1950. De Monte Cassino au réduit alpestre, ces italiens ont contribué à la libération de la Péninsule. L'armée américaine (et française) tenait le coté occidental, le long de la Mer Tyrrhénienne ; l'armée britannique le coté oriental, le long de la Mer Adriatique. Les Italiens, comme les Polonais étaient équipés par les Britanniques et ont progressé dans les Abruzzes, les Marches, libéré Macareta, et Musone.



Eugenio CORTI a vécu la libération de Rome en juin 1944, la prise de Bologne, le chaos à Milan au printemps 1945 et la démobilisation dans le Trentin.



Récit passionnant, sur un aspect souvent effacé par les historiens, qui minimisent le poids des Italiens, des Polonais et des Français dans la Guerre d'Italie, ces pages sont également une étude sur la démocratie, l'histoire de la péninsule et le destin de l'Italie. Méditation que prolonge une réflexion sur la vocation de la Pologne et de la Grèce au cours des âges et s'inscrit dans l'analyse des racines de la civilisation européenne. Ce n'est donc pas le même registre que « Rapsodie Italienne » de Jean-Pierre CABANES … génial successeur d'Alexandre DUMAS.



Ses deux récits autobiographiques ont permis à Eugenio CORTI de publier en 1983, « Le Cheval Rouge », immense fresque, qui résume l'histoire italienne entre 1940 et 1980 et se compare à « Guerre et Paix » de TOLSTOI ou « Vie et destin » de Vassili GROSSMAN.



Rejeté, comme SOLJENITSYNE, par l'intelligentsia assujettie au marxisme, Eugenio CORTI reste méconnu en occident. Il est temps de redécouvrir son oeuvre et les Editions Noir sur Blanc rééditent en ce printemps « Le Cheval Rouge » et ses 1420 pages d'Odyssée.
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Le cheval rouge

Une gigantesque fresque historique de mille cinq cent pages. La seconde guerre mondiale vécue par les italiens.

En 1940, la classe 1921 du petit village de Nomana s'apprête à partir en guerre, la majeure partie n'est pas fasciste et certains ne croient pas à cette éventualité, les étudiants partent les derniers. Certains partiront en Afrique et d'autres en Russie qui deviendra la Bérézina des italiens. Nous allons aussi découvrir la guerre en Italie qui va se retrouver divisée avec la fin du fascisme, envahie par les allemands et les alliés.

Ce livre dénonce la guerre, les idéaux politiques : fascisme, nazisme, communisme qui menés par une poignée d'hommes persuadés d'avoir raison ont mis la terre à feu et à sang. Il dénonce le communisme qui petit à petit détruit toutes les couches sociales pour n'en obtenir qu'une.

Eugenio Corti nous livre une immense réflexion sur les hommes qui deviennent pire que des bêtes, torturent, massacrent, deviennent haineux alors que d'autres s'entraident, ont un sens de l'honneur,aident les plus faibles donnant à se demander s'il n'ya pas deux sortes d'hommes. Pour l'auteur la religion est ce qui retient les hommes de toutes ces abominations. Je croyais en avoir vu beaucoup mais non, cette guerre n'a pas fini de me surprendre avec cette surenchère dans l'horreur, indicible, l'inimaginable, personne n'est épargné ni les civils, ni les soldats.

Il faut absolument lire ce roman ne serait-ce que pour réaliser à quel point ce ne fut que de la souffrance de tous côtés. de nos jours la religion a ses failles et ne trouve guère preneurs mais une spiritualité, une éthique ou la volonté de préserver la vie sont indispensables.

Ce qui me restera de la classe 1921, c'est leur désir de reconstruction du pays un peu comme si ils se reconstruisaient eux-mêmes après tout ce qu'ils ont vécus.

Une découverte de la seconde guerre mondiale sur le front est que je ne connais que très peu.



#Le cheval rouge #NetGalleyFrance

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Le cheval rouge

1400 pages! Qu'une fois lues je peux dire: trop c'est trop.



Il y a de tres beaux passages. Nombreux. Beaucoup d'eux poignants, certains ahurissants, qui glacent le sang. Mais tout le dernier tiers m'est devenu pesant.





A travers deux generations de personnages, issus d’un meme village du nord de Milan, c'est l'histoire de l'Italie de 1940 a 1970 que Corti romance.



Cela commence par la vie dans un village qui s'est un peu industrialise et vit encore pour beaucoup de petite agriculture. Les differences de classes n’alterent pas le bon voisinage. Puis l'Italie entre en guerre et les jeunes sont mobilises. Certains partiront pour l'Afrique, d'autres pour la Grece, mais le plus grand nombre rejoindra le front de l'Est, face a la Russie.



Les actions de guerre et les deboires des jeunes soldats sont rendus avec grande virulence, avec toutes les horreurs la ferocite et l’heroisme de la guerre. La campagne de Russie et la debacle de l'hiver 1942-43 surtout, avec l'atrocite de chaque petite bataille pour tenir un village ou pour arriver a sortir d’un encerclement, d'une poche, avec le desespoir qui s'empare des nombreux fuyards qui ne sont plus encadres par un quelconque commandement, mais aussi avec le devouement, la grandeur d'ame de ceux qui se sacrifient consciemment pour permettre la retraite de leurs camarades, avec l'entraide et la fraternite qui se revelent dans les moments les plus durs, tous moments detailles de facon saisissante. Je suis arrive au bas de certaines pages carrement bouleverse, prenant le temps de souffler pour la tourner. Suivent des descriptions de la vie – et la mort – dans les camps russes de prisonniers, non moins horripilantes. Et dans toutes ces situations, a travers toute cette sanguinaire barbarie, percent les essais des heros – a coup sur un hommage a beaucoup de reels veterans de la guerre – de garder un tant soit peu de leur humanite.



On sent que Corti a vecu tout cela. Qu'en fait il romance son temoignage. Comme l'avait fait avant lui Mario Rigoni Stern dans “Le sergent dans la neige". Et c'est puissant et emouvant. Dechirant.



Corti donne ensuite un apercu “relativement court" (pour un livre de plus de 1400 pages) de la guerre interne en Italie entre partisans et armee allemande d'occupation, puis passe a la reconstruction d'apres-guerre.





C'est cette derniere partie que j'ai le moins aime. Je l'ai trouvee poussive, ni les amours et les devenirs des principaux protagonistes, ni les luttes politiques de communistes et de democrates-chretiens ne m'ont interesse. Le souffle epique des deux premieres parties s'est envole. Corti s'est essouffle. De plus c'est la partie ou Corti exagere le plus dans son proselytisme chretien. Deja avant cela les bons soldats se reconnaissaient a leurs valeurs chretiennes, mais dans cette partie Corti force la dose. Il presente l'abandon de la pratique religieuse comme une decomposition culturelle et morale de l'Occident. Il n'y a que les catholiques (meme pas les protestants) qui peuvent etre bons. Tous les autres sont consciemment ou inconsciemment mauvais. Une citation? Au hasard: “Pie XII disparu, la culture catholique, au lieu de lutter contre les analyses marxistes, s’était mise à chercher avec insistance des points de convergence avec elles. Il faut dire aussi que, entre-temps, la culture européenne tout entière – à cause, surtout, de la situation analogue qui s’était créée en France, son centre incontesté – avait fait, en quelques années, de grands pas en arrière vers un état de quasi-précivilisation.” Une autre? Allons-y: “Après tout, si dans cette lutte les chrétiens avaient contre eux la bourgeoisie riche, patronne des médias, et les féroces aboiements des marxistes de toutes confessions, ils avaient avec eux la majorité du peuple sain, des personnes propres.” En pays de chretiente ceux qui ne soutiennent pas l'Eglise papale sont des malpropres (il a des mots tres durs, que je ne citerai pas, meme contre les pretres ouvriers francais). C'est enervant. En tous cas, moi ca m'a enerve.





C'est un grand livre, a n'en pas douter. Mais il est inegal, peut-etre parce qu'il est trop long, peut-etre parce que l'auteur se laisse emporter par ses convictions, en fait sa haine, non de tout ce qui n'est pas chretien, mais de tous ceux qui delaissent la chretiente de leurs ancetres. Il a eu un grand succes, tardif, en Italie, mais je ne pourrais pas, moi, le qualifier de chef-d'oeuvre, comme d'aucuns l'ont fait.

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Le cheval rouge

« Mes grands maîtres étaient Homère et encore Homère, ainsi que le plus grand de ses élèves qui était Tolstoï. Dans l’emploi de la langue, je me réfère à Manzoni. Je dois beaucoup au saint François du Cantique des créatures. Mais mon plus grand maître, ce fut avant tout le peuple, la langue de ce peuple auquel j’ai affaire chaque jour. »
 E. Corti

Ce roman historique, qui aura demandé 10 ans de travail à son auteur, est porté par un souffle épique et emporte le lecteur dans un véritable tourbillon tout en suscitant bien des réflexions. Il ne peut s’épuiser en une seule lecture et, comme il comporte 1000 pages d’une écriture serrée, il est impossible d’en montrer toutes les facettes et d’en saisir les symboles en quelques lignes sans risquer d’en affaiblir ou dénaturer la portée. J’espère parvenir quand même à donner envie de le lire.

Placé sous le signe de l’Apocalypse de Jean, il est divisé en trois volumes : Le cheval rouge (la guerre) titre de l’ensemble, le cheval livide (la faim, le froid, la mort) et l’arbre de vie .

Le point fixe, dans le déchaînement apocalyptique que vont traverser les protagonistes principaux est le village de Nomana dans la région de la Brianza et ses alentours.


François Livi nous dit dans sa postface au "Cheval rouge" : «Nomana, épicentre du roman auquel les vagues de l’histoire arrachent puis rendent les personnages principaux, n’est pas simplement un lieu permettant au narrateur de relier les événements qui se déroulent en Union soviétique, en Afrique, en Grèce, en Pologne, en Allemagne, en Italie, au monde de la province lombarde. Encore moins un microcosme qui tendrait à rapetisser, en les réécrivant sur l’échelle restreinte des perceptions locales, les drames qui traversent le monde. Le petit monde de Nomana, décrit avec un amour et une exactitude qui jaillissent de chaque page, est un gage de vérité. La transition de ce microcosme, débordant de vie, à des horizons plus larges, est naturelle et possible car dans les deux cas l’auteur est en quête d’une vérité humaine.
Ouvriers, petits entrepeneurs, paysans, d’inoubliables silhouettes féminines : tous ces personnages, ruisselants de vérité, sont décrits avec une mesure parfaite.»

Le cheval rouge débute sur une scène paisible balayée par le mouvement régulier de la faux d’un père et de son fils qui réalise qu’il va prendre la suite car le père vieillit. Cet ordre, cette paix, que les jeunes appelés vont quitter, les saisons qui se succèdent, leur famille, leur mère, une jeune femme aimée représenteront le recours vers lequel blessés, mourants ou pris dans la violence des combats ils se tourneront, au milieu des souffrances terribles que tous vont traverser. 


Mais quand les protagonistes de l’histoire retrouvent (quand ils survivent) ce vers quoi était tendue leur pensée, ce qui les a soutenus, ils ne reconnaissent plus ce qu’ils ont quitté, dont ils sont coupés par le souvenir des atrocités vues et vécues. Le monde ne sera plus jamais comme avant et le troisième volume «L’arbre de vie», s’il est celui d’une vie renaissante, annonce que même Nomana ne sera plus Nomana. La reconstruction de l’après-guerre va faire advenir un autre monde.
L’accent de vérité de ce roman est dû aussi au fait que la biographie de l’auteur se confond en grande partie avec le contenu du récit où l’on retrouve Eugenio Corti dans le personnage de Michele Tintori qui se sent écrivain mais pas assez mûr pour donner vie à un livre. Souhaitant faire des expériences et voir ce qu’est le communisme sur place, il va faire tout son possible pour aller sur le front russe où l’Italie s’engage au côté de l’Allemagne. Il y sera rudement mis à l’épreuve jusqu’à visiter, prisonnier des soviétiques, le neuvième cercle de l’enfer de Dante, plus particulièrement le XXXIII chant où Ugolin dévore ses propres enfants et où la glace est omniprésente. 


L’auteur transparaît aussi dans le personnage d’Ambrogio, fils de Gerardo Riva ouvrier devenu chef d’entreprise. Ambrogio comme ses amis Michele et Stefano va rejoindre le front russe dont il reviendra blessé.

Sans manichéisme Eugenio corti nous montre ce que les démons du totalitarisme, nazisme et communiste confondus, entraînent par leur mépris de l’homme. L’homme est dépouillé de son âme et alors on peut en faire ce que l’on veut, le tuer sans remords, le réduire en esclavage.... Reste aux victimes, à ceux qui subissent et sont témoins de toutes les exactions commises au nom de ces deux idéologies mensongères et criminelles, à tenter de comprendre et trouver un sens à cette apocalypse. Chacun va tenter de chercher, suivre même à tâtons ce qui lui est demandé ou qui lui sera révélé sans qu’il le veuille, à travers bien des souffrances. Quel sens a un destin particulier au regard de l’universel ?. 
Chacun à son humble place aura son utilité, sera choisi pour remplir une mission consciemment ou non. C’est cette valeur de chaque individu qui domine «Le cheval rouge» et donne un sens même à leur mort. L’auteur se fonde sur sa profonde foi chrétienne qui irradie tout le roman et c’est cette foi qui permet de tenir face au mal absolu qui se déchaîne. La beauté et la portée de ce roman est telle que partageant ou pas la foi de son auteur, il restera inoubliable et intemporel.

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Le cheval rouge

Me voilà à la fin d'un long voyage qui aura duré quelques semaines. Un voyage dans l'Italie des années 1940 à 1970. Dans une Europe dévastée qui nous mène en Russie, en Pologne, en Allemagne et en Grèce, mais aussi sur les côtes nord-africaines de la Méditerranée, en Libye et en Tunisie où se sont propagés les combats.



Un voyage dans une province d'Italie qu'on appelle la Brianza et son village de Nomana proche de Milan. J'y ai découvert une famille chrétienne, les Riva, des ouvriers devenus industriels, leurs enfants et notamment lors fils Ambrogio, son cousin Manno, ses camarades de la classe 21 qui seront amenés à participer à des conflits auxquels ils ne croient guère, un canon dans le dos poussé par des hommes en chemises noires. Les jeunes hommes de Nomana et des villages alentours rejoindront les différents fronts de l'axe, certain reviendrons pour affronter un autre péril, de couleur rouge celui-ci.



Après cette terrible guerre menée par nombre de dictateurs psychopathes, c'est à la lente érosion des valeurs chrétiennes que nous fait assister l'auteur, sur fond de crise économique, dans une Italie jusqu'alors ancrée dans la culture chrétienne et la ferveur religieuse. On découvre une nation qui se délite peu à peu et laisse place à une société troublée, aux courants opposés, en perte de repère et d'identité.



J'ai fait ce voyage en conduisant sur une longue route sinueuse à l'asphalte irrégulier, tour à tour bordée de prairies fertiles, de forêts inquiétantes et de désert bouleversés.



Il y a bien longtemps que je n'avais pas été autant absorbé par un ouvrage. Celui-ci captive tant par son réalisme, parfois à la limite du soutenable, que par le témoignage historique qu'il constitue. Mais aussi par la puissance de ses personnages et des sentiments qui les unissent, magnifiées par de belles histoires d'amour d'un autre temps . J'y ai découvert une nation dont je ne connaissais que peu les faits de participation aux événements tragiques qui nous ont opposés, avant de finir par nous réunir. Une oeuvre empreinte de spiritualité chrétienne sans que cela prenne le pas sur le récit et trouble l'athée que je suis.



Je ne peux que conseiller la lecture de ce formidable récit de 1100 pages qui se tournent sans effort. L'ouvrage n'est plus édité, vous le trouvez sans peine d'occasion, au prix du neuf, ne vous y attardez pas, il le vaut même avec quelques feuillets cornés et une couverture défraîchie.
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La plupart ne reviendront pas

Voilà un livre qui m'a pris au tripes pour ne plus me lâcher.



Histoire vraie que celle de l'auteur, Eugenio Corti, qui se retrouva, mobilisé par l'armée Italienne en 1942, officier d'artillerie sur le Front de l'Est.



Stalingrad résiste et c'est la débâcle, ensuite. Les Allemands qui se croyaient victorieux se retrouvent dans la situation du chasseur chassé par son gibier.



Encerclées dans une poche aux côtés de la 298e division allemande, plusieurs divisions italiennes, désemparées, vont être anéanties par un ennemi féroce et un froid polaire.



Seule une poignée des quelque 30 000 compagnons du jeune écrivain retrouveront leur patrie...



La campagne de Russie est un des épisodes douloureux. Une génération entière a été engloutie dans cette guerre, absorbée à jamais par l'immensité russe et les camps...



C'est toute cette histoire émouvante que Corti nous raconte, me faisant crisper la mâchoire, serrer les dents, tout au long du récit.



Cette débâcle, cette fuite en arrière, sur la route que les soldats de Napoléon connaissaient pour l'avoir prise, eux aussi, Corti va la vivre dans sa chair et voir de nombreux compatriotes tomber sur le sol, dans les talus, s'endormir et ne plus se réveiller.



Bien qu'ayant combattu aux côtés des Allemands, quand ces derniers fichent le camp, ils abandonnent les Italiens, ne les laissent pas monter sur les chars, les laissent crever comme des chiens sur le bord de la route.



Je ne m'excuserai pas pour mon écart de langage parce que c'est ce qui c'est passé.



D'un autre côté, les Allemands les moins robustes, ceux qui trainent un peu la jambe furent abandonnés aussi par ceux qui ont poursuivis leur route sans un regard en arrière pour leurs camarades.



Honteux ? Lâche ? Horrible ? Dégueulasse ? Oui, et bien plus encore.



Cela m'avait choqué, à l'époque, que l'on avance sur la route sans se préoccuper des autres qui tombent ou qui ont du mal.



Pourtant, à l'heure actuelle, combien de nous tracent leur route sans se préoccuper des autres, ceux qui marchent moins vite parce qu'ils sont âgés ou dans la pauvreté ? Cela me fait froid dans le dos de penser que rien n'a changé, que les plus robustes poursuivent leur route sans même jeter un regard, tendre une main, aux plus faibles, aux plus démunis.



Dans le récit de Corti, ceux qui avançaient voulaient sauver leur peau, juste leur peau... réflexe de survie ? Oui, sans aucun doute.



Pourtant, certains se sont arrêtés et ont prêté main-forte aux autres, par solidarité. Ouf, l'être humain a encore de quoi être sauvé.



Et vous, qu'auriez-vous fait ? Ne répondez pas, vous ne le savez pas, n'ayant pas fait la campagne de Russie (et moi non plus). Peut-être aurions-nous fait comme ceux qui ont marché droit devant eux, sauvant leur peau...



Voilà pourquoi le livre m'a pris les tripes et en y repensant, elles se serrent de nouveau.



Récit bouleversant, flamboyant, un récit minutieux, insoutenable de par sa précision, et pourtant porté par une inextinguible espérance...



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Le cheval rouge

« Les brigades italiennes d’infanterie alpine sont les seules formations d’infanterie au monde qui enthousiasment vraiment un militaire. »" (Général Guderian, chef de l’état-major allemand, à la fin de la guerre) ...un général non nazi qui fut prisonnier de guerre des Américains de 1945 à 1948,puis libéré sans être inculpé de crimes de guerre. Après la Seconde Guerre mondiale, il fut nommé major-général puis inspecteur des troupes blindées dans l'armée d'Allemagne de l'Ouest.

L'image de l'armée italienne était cependant tout autre notamment en France où l'on plaisantait : « Quand l’officier italien crie : “A la baïonnette !”, tout le monde entend : “A la camionnette !” », pouvait-on entendre lors du dernier conflit mondial.

Et pourtant l'armée française n'avait pas de leçon à donner, l'histoire le prouvera en 1939.

Et j'avoue que l'image que j'avais inconsciemment de cette armée italienne était celle née des plaisanteries faites sur son compte...Et avec "Le Cheval rouge" j'ai du réviser ma copie, réviser l'image que j'en avais.

Les premières feuilles d’appel au front arrivent dans les familles, les examens scolaires ont été annulés. On parle de plus en plus de la Guerre, Le jeunes de la classe 21 se préparent dans la ville de Nomana. Ils doivent  se présenter au district militaire . Et le 10 Juin 1940  l'Italie entre en guerre. Tous les hommes doivent se rendre en rang devant la mairie, pour écouter le discours du Duce... L'Italie s'est alliée aux Allemands alors que tant d'italiens sont morts en les combattant !

L'amateur d'Histoire est ferré, il sait qu'il va passer des heures de lecture, des heures de découverte aux cotés de ces jeunes appelés. Un voyage qui mènera le lecteur en Russie; face à eux "....des hommes qui" avaient tous le crâne rasé, des faces terreuses et épouvantées, des uniformes de toile, et ils faisaient terriblement penser – comme aucune autre troupe au monde – à de la viande de boucherie." Là tant d'italiens mourront de froid sur ce front russe, alliés à l'armée nazie contre l'Armée rouge. D'autres mourront de faim et de froid dans les sinistres camps rouges. Un aspect de la Grande Histoire que je découvre. Les italiens dont on disait, sous nos cieux, qu'ils courent plus vite que les lapins, démontrent tout leur courage et leur combativité. Eugenio Corti n'a rien imaginé...il était sur ce front. Il a mis en scène tous ses copains, ceux qui, comme lui, eurent la chance  d'en revenir, ceux qui y sont restés, morts dans d'atroces souffrances, de faim, de froid, sous les coups ou fusillés et ceux qui purent en revenir.

Et en Italie, les familles attendent "les disparus étaient peut-être cent mille [..]et ils ne pouvaient pas s’être tous volatilisés. Beaucoup, « forcément », devaient être prisonniers, et, une fois la guerre finie, les prisonniers retournent chez eux. Mais pourquoi, demandait la femme, s’il en était ainsi, n’écrivaient-ils pas ? Et puis l’habituelle, la lancinante question : pourquoi ceux qui avaient été faits prisonniers en Afrique écrivaient ?"

Difficile de résister à cette armée rouge, ceux qui étaient pris savaient qu'ils étaient promis à une mort  quasi certaine de faim et de froid. Les pages sont parfois insoutenables. Mais ces combats en Russie ne font pas l'essentiel du livre. Loin de là. Rares sont les prisonniers qui reviennent de Russie. L'un d'eux pèse 37 kg. 

Ceux qui eurent la chance de ne pas être faits prisonniers purent revenir en Italie...combattre l'armée allemande..Les alliances avaient changé. Là, les discussions entre les rares qui reviennent de Russie et les communistes qui n'y ont jamais mis les pieds deviennent impossibles

Les Italiens doivent dorénavant combattre les Allemands qui occupent l'Italie, libérer leur pays et faire face, en même temps, aux réactions des communistes italiens, purs et durs qui idolâtrent le Petit Père des peuples. Eugenio Corti était l'un d'eux, aux côtés de rares copains, partis comme lui, l'un de ceux qui s'engageaient pour construire l'Italie d'après la guerre, l'Italie contemporaine.

Ce pavé de plus de 1400 pages est passionnant car Eugenio Corti y rassemble ses souvenirs, ses engagements d'Homme, depuis la fin des années 30 jusqu'aux scooters des années 60-70....les souvenirs d'un homme libre qui a toujours conservé un regard critique et totalement indépendant face aux événements auxquels il fut confronté, et qui nous transmet un regard méconnu  sur les combats et engagements de cette armée italienne au cours de la deuxième guerre mondiale.
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Le cheval rouge

1245 pages d’une écriture petite et serrée… La lecture de ce livre m’aura pris très exactement un mois, du 1er au 31 mars. Une lecture au long cours, donc, et il faut y être prêt avant de se lancer dans ce livre. La question est alors, le jeu en vaut-il la chandelle ? L’éditeur présente ce livre comme un nouveau Tolstoï. Moi qui avait adoré Guerre et Paix, je ne pouvais qu’être sensible à ce genre d’argument. Et puis je dois bien avouer que l’implication de l’Italie dans la seconde guerre mondiale m’est particulièrement inconnue, ce livre était donc un bon moyen de remédier un tant soit peu à cette lacune. Je me suis donc lancée, après que l’éditeur m’ait gracieusement envoyé ce livre via netgalley.

Je me suis alors retrouvée dans le village de Nomana, non loin de Milan, en mai 1940, entourée de différents jeunes gens de la classe 21, la première qui allait partir à la guerre. Eugenio Corti nous présente une Italie fasciste par défaut, militariste par ordre. Et les jeunes partent, les uns après les autres. Beaucoup iront sur le front russe, qui fut une déconfiture totale pour l’armée italienne et une hécatombe pour les soldats. C’est en particulier la retraite de l’hiver 1942-1943 qui est décrite en détail, lorsqu’un grande partie des force italiennes lancée dans la bataille se retrouve encerclée dans une poche et ne peut fuir qu’à pied. Beaucoup n’en réchapperont pas, quelques uns pourront rentrer, d’autres seront faits prisonniers et affronteront un nouveau lot de terribles épreuves.

Les épreuves de la captivité, ainsi qu’une incursion sur le front albanais puis sur la reconquête de l’Italie face aux Allemands forment la grande partie de la deuxième partie. D’ailleurs, voir, à partir de l’été 1943, l’Italie changer de camp et voir tout à coup dans l’allié allemand tout puissant un occupant, a quelque chose d’assez fascinant. Si l’Italie est entrée tard dans la guerre, elle signe tôt sa reddition, mais n’en finit pas de sortir de la guerre. C’est aussi le temps de l’attente pour les familles restées au pays, le temps des doutes et de l’angoisse.

Enfin, dans une dernière partie, l’auteur évoque, bien plus rapidement, les premières décennies d’après guerre. Les rescapés de la classe 21 ont mûri et doivent faire face à de nouveaux défis, la reconstruction économique d’abord, politique aussi, puis les changements d’une société qui, comme dans le reste de l’Europe occidentale est en pleine mutation.



Le propos est intéressant, il m’a fait découvrir beaucoup d’aspects de l’histoire italienne moderne que je ne connaissais pas. Mais la lecture fut, je dois l’avouer, assez difficile. J’ai trouvé que l’œuvre manquait d’unité, avec d’un côté les épisodes de la guerre, décrits avec une minutie presque clinique (mais en même temps avec très peu d’événements tragiques qui se déroulent sous les yeux du lecteur. Pendant une assez longue première partie, les personnages semblent comme arriver après les horreurs, après les morts, et pendant longtemps, la guerre n’est présente que comme en creux). Puis, après la guerre, des événements qui sont survolés, mais cette fois, avec une pesanteur dans l’écriture qui confine à l’obsession.

La première partie est difficile à lire, à moins d’aimer la littérature de guerre dans ce qu’elle a de plus frustre, la seconde partie est un pensum. On comprend très vite la thèse de l’auteur : l’anti-communisme et les valeurs chrétiennes comme rempart absolu contre tous les dévoiements de la société moderne, comme summum de la civilisation. On en arrive à des absurdités, avec les personnages chrétiens qui sont bons et beaux et les autres qui, immanquablement, vieillissent mal et ont des mœurs peu recommandables. Voir dans la morale chrétienne l’alpha et l’oméga de la morale tout court et de la civilisation, c’est vraiment pesant au bout d’un moment et rend le livre plus que répétitif.

A signaler aussi, que ce roman est en fait en grande partie autobiographique. On retrouve beaucoup d’Eugenio Corti dans deux des principaux personnages du roman : le jeune Ambrogio Riva, fils d’un industriel du textile (comme Corti) qui a une conception trèèèès paternaliste de son rôle et son ami Michele Tintori, qui se porte volontaire pour le front russe (comme Corti) et qui devient écrivain au retour de la guerre, basant son œuvre sur une dénonciation inlassable du communisme et sur une défense incessante des valeurs catholiques. L’épisode sur la pièce de théâtre écrite par Tintori (Eugenio Corti en a écrit une, Procès et mort de Staline) est d’ailleurs intéressante (bien que pesante à lire) pour voir comment cet homme voit le monde ligué contre lui, lui qui a raison contre tous. On dirait un peu la mauvaise foi de Rousseau dans Les Confessions, pas une mauvaise compagnie certes, mais pas pour les bonnes raisons…).



En définitive, je suis contente d’avoir fait cette lecture, d’y avoir appris beaucoup de choses, mais je ne peux pas la recommander, car elle me semble trop pesante (toujours ce mot qui revient), d’une honnêteté intellectuelle discutable et j’espère qu’il existe d’autres livres sur cette période qui sont plus agréables à lire pour le même résultat.

A noter, cependant, que ce livre est un succès de librairie en Italie, et ce depuis sa sortie en 1983. Je pense que des Italiens, ou des personnes connaissant mieux la société italienne que moi, voient peut-être plus dans ce livre que je ne suis capable de le faire. Un livre que je ne peux donc pas déconseiller, mais que j’accompagnerais d’une mise en garde, que l’on sache dans quoi on met les pieds avant de se lancer dans cette course de fond...
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La plupart ne reviendront pas

On dit bruler en enfer. C’est faux, l’enfer est le froid, le froid russe, celui de la guerre sur le front de l’est. L’auteur y raconte les souffrances et l’agonie des milliers d’Italiens pris dans la nasse d’un encerclement par l’armée rouge. Les obus, les katiouchas tuent, blessent, mutilent. Le froid tue les corps et les âmes. Les corps des morts deviennent statues de glace aux formes grossières, les blessés, les gelés sont abandonnés faute de pourvoir les évacuer. La barbarie russe vient en écho de la barbarie allemande, massacre des prisonniers, abandon… Mépris des Allemandes pour les Italiens, traités en laissés pour compte. Les encore vivants passent, indifférents, à côté de ces sinistres balises qui jalonnent par milliers leur repli désespéré. Le sang coule, gèle immédiatement, laissant rapidement des trainées noires où ont coulé des flots rouges ne se tarissant jamais. Sans doute un des récits les plus prenants et émouvants des ouvrages de ce type.
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Le cheval rouge

En terminant ce livre, j'ai l'impression d'avoir lu une oeuvre majeure. En termes de volume ( cela ressemble plus à un parpaing qu'à une brique) mais aussi en termes de valeur littéraire.

Une comparaison avec "Vie et destin" de V. Grossman ou «  Guerre et Paix » peut être tentée selon moi.

On y suit des copains de la même région, embrigadés bon gré mal gré, avec des attentes différentes dans l'armée italienne. On se déplace avec eux sur le front russe, en Libye ou en Grèce, on en suit un dans les camps de prisonniers en Russie de même que nous les accompagnons à leur retour en Italie dans la grande région du Pô. Beaucoup n'en reviendront pas d'ailleurs.

C'est une véritable fresque historico-sociologico-économico-politico et philosophique. Un pan en partie autobiographique de l'histoire italienne s'étendant de la seconde guerre mondiale au milieu des années '70.

Une écriture précise, soignée, avec des changements de rythme, le tout pour offrir un souffle et une puissance incroyables.

Il faut s'économiser pour tenir la longueur. Mais en cette période confinement si vous avez l'envie d'une lecture impressionnante et instructive il faut y aller. Il faut s'économiser car le souci d'une écriture précise entraîne quelques longueurs notamment dans les descriptions de batailles. Mais c'est un détail. Il faut aussi accepter le postulat manichéen de l'auteur selon lequel le christianisme et le seul rempart contre le communisme ( mais cela s'explique sans doute par son histoire personnelle).
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Le cheval rouge

1400 pages! Trop court en temps de confinement! A condition d'être passionné pour la période 39-45 et jusqu'en 1975.Un chef d'œuvre . Une très belle écriture.Le souffle de Vassili Grossmann: " Vie et Destin. Une autobiographie originale: les différents héros de ce roman,( basé sur des recherches d'archives historiques approfondies), présentent des tranches de vie vécues par l'auteur italien Eugenio Corti (1921-2004).

Vous allez découvrir l'Histoire de l'Italie, à travers les histoires personnelles et familiales de jeunes de la classe 1921,originaires des villages autour de Milan: le fascisme, l'enrôlement dans l'armée allemande, les batailles et les camps en Russie, les fronts en Albanie, Tunisie, Grèce, les partisans dans la résistance ,puis , le rôle de la Démocratie Chrétienne face au partis communiste et socialiste lors de la reconstruction et du miracle italien.

La culture chrétienne de l'auteur apparaît dans toutes les scènes , mais avec tolérance , il émaille ses pages de réflexions humanistes, intelligentes sans dogmatisme.Il s'adresse discrètement au lecteur, nous interpelle sur les comportements humains, sur la bonté, l'altruisme, et sur les ravages des grandes idéologies ,le nazisme et le communisme.L'ecriture est belle, l'auteur au milieu de pages dramatiques, nous offre des scènes bucoliques, oiseaux, rivières, neige et montagnes.

Roman peu connu, vraiment injustifié ! Allez, plongez, vous en ressortirez grandi!!
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La plupart ne reviendront pas

Du blanc, de la neige, le froid, la faim... Corti nous montre ce qu'est vraiment la guerre et l souffrance de ces hommes sur le front russe. La détermination de l'auteur lui a permis de survivre à cet enfer blanc. Corti est un héros de guerre et un héros de la littérature. Sobre et digne. Précis et vrai.
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Le cheval rouge

« Dans la vie, il faut pourtant le dire, la tragédie, la comédie et la farce s’entremêlent continuellement «  c’est le constat que fait Eugenio Corti dans ce roman- fleuve écrit à la gloire des soldats italiens ( et surtout des chasseurs alpins) envoyés par ordre de Mussolini sur le front russe( Opération Barbarossa) et en Afrique du Nord ( bataille d’El Alamein) et «  dont bien peu reviendront. ». Mais ici la «  Comedia del Arte » est absente et

nous ne sortons pas indemnes de la lecture de ces pages bouleversantes où la barbarie insoutenable laisse place à l’amour pur et sublimé par des vertus chrétiennes salvatrices. L’auteur effectue une véritable catharsis en dénonçant toutes les dictatures : le fascisme, le nazisme et surtout le communisme qui ont asservi l’homme et lui ont enlevé toute dignité.

Le village de Nomana en Lombardie est le havre de paix de tous ces personnages si attachants dont la foi inébranlable au sein de familles unies par des liens ancestraux leur permettent d’affronter toutes les épreuves de la vie et même de faire tourner une petite entreprise.

Corti dénonce dans ce roman la perversion des esprits par les idées marxistes qui détachent l’être humain des vertus chrétiennes , seules capables , selon lui, d’éviter la décadence de notre civilisation.
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Le cheval rouge

Trente ans d'histoire de l'Italie de 1938 à 1968 racontés en trois temps, à travers les vies d'hommes et de femmes ordinaires de la province de Brianza, particulièrement de la petite ville de Nomana issue de l'imagination de l'auteur. Cette immense épopée de plus de mille pages est avant tout le témoignage de Eugenio Corti que l'on reconnaitra dans les personnages d'Ambrogio Riva et de Michele Tinto.



Les titres des trois parties du roman sont tirés de l'Apocalypse de Saint Jean, Eugenio Corti est un catholique fervent et son regard est celui d'un chrétien qui traverse le fascisme, la guerre et les troubles politiques avec comme fil conducteur la foi et l'église catholique.

Si sa croyance ne trouble pas les deux premières parties du roman, il en va autrement avec la dernière qui décrit les soubresauts politiques italiens de l'après-guerre qui furent violents et parfois proches de l'insurrection. La vision catholique de Corti va déclencher contre lui l'hostilité de l'intelligentsia marxiste qui, comme en France, avait pris le pouvoir intellectuel. Il est vrai que par moment la foi du charbonnier de Corti pèse sur son jugement mais on a tellement subi l'inverse que l'on peut accepter cette compréhension différente des évènements.



La première partie ‘Le cheval rouge' celui qui dans l'apocalypse enlève la paix de la terre, rassemble des jeunes gens de Nomana qui vont partir à la guerre sur ordre de Mussolini. Dans la Brianza le fascisme n'a pas beaucoup pris, les habitants sont attachés au catholicisme et considèrent que c'est une parenthèse qu'il faut supporter, comme ils sont légalistes ils prennent l'uniforme mais sans enthousiasme pour certains, avec l'envie d'aventure ou la curiosité, comme Michele Tinto qui veut aller se battre en Russie pour voir de ses yeux le communisme en action. Pour ceux qui rejoignent les Alpini, les divisions alpines ce sera la Russie, pour les autres les sables de la Lybie. Dans tous les cas pour être les supplétifs des divisions allemandes, en étant mal équipés et peu motivés.



Le cheval livide de la deuxième partie est celui qui selon l'apocalypse apportera la famine la terre. Les soldats italiens, emportés dans la défaite allemande, vont subir les affres des armées battues sans avoir vraiment combattu pour celle d'Afrique, avec vaillance mais sans espoir pour celle de Russie.

Michele Tinto qui aura vu le communisme à l'oeuvre dans les campagnes russes affamées par Staline va, à son tour, découvrir la faim infligée par les soviétiques aux prisonniers italiens et côtoyer les zeks des camps politiques. A ce stade l'oeuvre de E.Corti est à ranger auprès des plus grands : Soljenitsyne, Chalamov ou Grossman. le périple des prisonniers italiens en Sibérie c'est l'enfer de Dante, des hommes atteignent le sommet du courage et le summum de la bassesse. Quelquefois des gestes d'une incroyable fraternité illuminent les ténèbres.



Enfin la troisième partie, celle de l'Arbre de vie dont les feuilles doivent guérir les nations, voit revenir une poignée de rescapés à Nomana. Les pleurs de joie des rescapés et de leurs familles ne peuvent couvrir les larmes des parents de disparus et celles de ceux qui ne retrouvent pas les êtres aimés dont ils ont rêvé pendant la tourmente. Puis la vie reprend Ambrogio bien que fragile se démène pour que l'usine de son père embauche ceux qui doivent revenir à la vie, Michele lui veut témoigner, l'écrivain qu'il rêvait d'être a son sujet, raconter la réalité du système soviétique et le calvaire de ses frères d'armes. Dans l'Italie d'après-guerre où idéologiquement le marxisme a gagné et où l'église catholique se libéralise sa tâche sera difficile.



Le reproche que l'on peut faire à Eugenio Corti est de n'avoir pas su couper dans son immense récit, trop de longueurs affaiblissent l'ensemble. Certes un témoignage se doit d'être complet mais en l'occurrence beaucoup de passages de la vie familiale à Nomada sont inutiles, dans son souci de magnifier la vie familiale Corti en fait trop.

A l'inverse les passages loin du village sont forts voire inoubliables, la langue de Corti est simple mais élégante, ce n'est pas un grand styliste mais la précision et le rythme de son écriture conviennent au récit.

Le Cheval Rouge est bien sûr proche du sergent dans la Neige de M.Rigoni Stern, à la différence que Stern est concis et peu politique mais l'émotion est identique devant la souffrance des hommes qui périssent dans une guerre qui n'est pas la leur, où ils n'ont rien a défendre.

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Les derniers soldats du roi

Suite à la tragédie vécue en Russie au sein du contingent italien intégré à la Wehrmacht, l’auteur narre ses combats au sein du “Comité de libérationˮ, contre les Allemands, parmi les troupes anglo-américaines, en 1944-1945.il n’est pas tendre pour ses compatriotes et leurs compétences militaires ! Ses observations sur les différences de mentalités avec les Anglo-saxons signent un regard acéré et objectif. Le sort des Polonais de l’armée Anders, survivants du Goulag, l’émeut d’autant plus qu’il devine ce qui arrivera avec l’arrivée des soviétiques dans leur pays…Au cours de sa “remontéeˮ de la péninsule, il se fait reporter en livrant au lecteur une description fine et sans complaisance des villes et villages, de l’extrême pauvreté, de l’arriération des campagnes. On peut lui reprocher son côté “cul-béniˮ, mais cela devait être la norme à cette époque. Un grand récit de guerre, de lucidité, de compassion et de triste réalisme.
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La plupart ne reviendront pas

En décembre 1942, Eugenio Corti, l’auteur du Cheval Rouge a 21 ans. Officier d’artillerie dans l’armée italienne au sein de la division Pasubio il subit l’opération Saturne lancée par les Russes et visant à encercler les Allemands et leurs alliés. Eugenio va passer environ un mois dans une poche, encerclé par l’ennemi, aux prises avec le terrible hiver russe.

Nous ne sommes pas là face à un récit de bataille classique, nous sommes là face au témoignage d’un jeune catholique qui se demande ce qu’il fait au côté des Allemands. Nous sommes face à un gamin qui voit ses amis mourir de froid ou dans les combats et qui pourtant ne perd pas espoir et essaye vaille que vaille de s’en sortir.

L’auteur ne tente pas de se donner la part belle, il n’essaye pas de se dédouaner ou au contraire de s’héroïser, il livre simplement les faits à la manière dont il se souvient. Ce n’est pas à proprement parler un journal de guerre écrit au jour le jour, mais Eugenio Corti a commencé sa rédaction lors d’un séjour à l’hôpital suivant l’épisode relaté dans La plupart ne reviendront pas. Parfois poignant, parfois émouvant, toujours juste cet ouvrage nous livre foule de détails sur la perception des Allemands par les Italiens et sur le traitement infligé aux Italiens par leurs « amis » allemands. Il est intéressant de voir comment une alliance, conclue entre deux dictateurs, se passe dans les faits quand la seule chose qui compte est de sauver sa peau, celle des ses amis puis celle de ses compatriotes en priorité.

Si je ne devais retenir qu’une anecdote de ce livre ce serait celle-ci : encerclé par les Russes, affamé, frigorifié, un soldat jette ses armes et se tient debout à côté de ses camarades pour les encourager. Il ne s’agenouille pas sous les balles, il ne cherche ni à s’abriter ni à fuir. Quand on lui somme de se mettre à couvert et qu’on lui demande des explications il est étonné qu’on puisse le voir et lui parler. Devant tout ce qu’il a subi il est persuadé qu’il est déjà mort et que, devenu fantôme, il ne peut plus rien faire d’autre que d’encourager ses amis.

Prévoyez une couverture lors de votre lecture, au-delà de la mort, le froid est omniprésent tout au long des pages de ce témoignage de première main.

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La plupart ne reviendront pas

Toujours fan inconditionnelle d'Eugénio Corti, j'ai été passionnée par ce récit véridique de la débacle allemande et italienne sur le front de l'Est.
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La plupart ne reviendront pas

Témoignage très rude, très touchant, d'un officier italien pris dans la tourmente du front russe. 30 000 partis, 4000 revenus. 28 jours dans une poche du front russe, avec les allemands.



La faim, le froid, la mort partout autour. Ses Prières. Sa détresse.



Un parti pris littéraire très simple, bien écrit mais très simplement, aucune envolée patho-philo-littéraire sur la guerre.



Des faits. Réels et terribles.



J'ai beaucoup pensé à Kaputt et à l'ouest rien de nouveau en le lisant.
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Le cheval rouge

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Le cheval rouge

Bonsoir les amis ,

Le cheval rouge de Eugéno Corpi est un roman historique passionnant.

Nous commençons l'histoire en 1942 en Italie. Mussolini s'engage auprès des allemands.

Nous suivons deux jeune italiens mobilisés pour cette guerre mais ils sont anti chemises noires.

Des détails pour moi inconnus qui m'ont aidés à comprendre cette guerre d'un point de vue autobiographique , certes , mais très intéressante.

"Le cheval rouge suit la destinée de jeunes italiens engagés dans l'armée de Mussolini, patriotes et hostiles au fascisme. Certains mourront sur le front russe ou au mont Cassin , d'autres témoigneront de la barbarie nazie et communiste, d'autres encore s'engageront dans la reconstruction politique de l'Italie après guerre."
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