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Critiques de Evie Wyld (51)
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Bass Rock

Un vent noir souffle sur les côtes déchiquetées du North Berwick en Ecosse.

Le paysage fascinant et troublant des falaises de Bass Rock a le goût des embruns et de la mort. Et quelle étrange coïncidence, je commence ma lecture en apprenant qu'un projet de loi sera déposé cet été au Parlement écossais pour innocenter les milliers de femmes accusées de sorcellerie et condamnées au bûcher entre le XVI et le XVIII ième (en Ecosse mais partout aussi dans l'Europe actuelle). Un féminicide généralisé qui ne dit pas encore son nom.



North Berwick justement. C'est le paysage sauvage, particulièrement déroutant où nous emmène Evie Wyld c'est aussi le siège malheureux de la première chasse aux sorcières en 1590.

Comme un château hanté sur ces siècles d'histoire, la demeure victorienne des Hamilton est le fantôme d'une lignée de femmes appelées à se soulever des violences domestiques et sexuelles qu'elles subissent.



C'est un roman très fort, il bouscule les repères et les liens du sang pour suivre Ruth après la deuxième guerre mondiale et Viviane aujourd'hui, liées toutes deux à la demeure comme Sarah au 18ième siècle.



J'ai beaucoup aimé ces allers-retours abrupts entre passé et présent, qui s'entrechoquent et bravent les années et les siècles à n'en plus savoir où l'on est et qui parle.

Un roman choral mais qui parle d'une seule voix de la farouche ardeur des femmes à dire non, à faire valoir leurs choix malgré les risques d'enfermement et de mort, à se défaire d'une culture qui pèse sur leurs épaules de génération en génération comme le lot des « chatouilles ». Un héritage que les femmes ne veulent plus transmettre.



Un roman hanté par le sort des femmes. Il parle des femmes sorcières d'aujourd'hui dans le sens noble du terme mais il n'est pas contre les hommes pour preuve les beaux portraits de Michaël et de Christopher. Christopher est le seul à pouvoir donner quelques clefs de compréhension et de sagesse en parlant de Ruth à Viviane. Michaël est l'homme qui répare et réconcilie, il est le lien du sang et du coeur, le grand-père de Viviane.



J'ai vraiment aimé ce roman à la fois gothique et moderne. C'est un mélange diablement attirant par son côte historique ancré dans une maison et par son regard sur la femme d'aujourd'hui dans une mise en scène haletante comme un thriller.



Un roman qui distrait sans oublier la guerre en Ukraine.



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Après le feu, un murmure doux et léger

C’est un roman complexe, qui conte le destin de trois générations d’hommes : Franck, solitaire et torturé, blessé par une rupture tumultueuse qui décide de s’exiler loin de Canberra ...



Il rejoint les paysages sauvages de la côte nord- est Australienne et vit dans la cabane fort rudimentaire où son grand- père et son père bien des années plus tôt se sont réfugiés traumatisés par les guerres : Corée puis Vietnam ....

Lors de son exil, Franck rencontrera des voisins sympathiques et se raccrochera aux éléments les plus simples de la vie pour parvenir à la sérénité....



Beaucoup d’évènements inattendus mettront de nouveau sa vie à l’épreuve,...



Comme c’est un premier roman, l’auteur si elle s’interroge sur les ressorts de la violence et ses raisons , d’un certain mutisme, le lecteur reste sur sa fin, trop de thèmes sont abordés au sein de cette fresque familiale : traumatismes liés à la guerre, conflits familiaux, hommes meurtris par leurs souvenirs , seuls , blessés ou défaits .

Maints mystères planent non aboutis ....



On referme l’ouvrage luxuriant où l’on voyage d’étroites pistes en terre aux bifurcations non indiquées, aux carrières plantées de cannes et de gommiers , de bananiers où les moustiques pullulent jusqu’aux confins de Sydney dont la banlieue regorge des odeurs de gasoil , du relent des rues noires des récentes pluies sans oublier les pannes d’essence le long de la ligne noire de la route longeant le désert ....



L’écriture est lyrique parfois, incisive et violente , poétique et descriptive comme un long film documentaire ....beaucoup d’alcool aussi....

Cet ouvrage énigmatique ressemble à un puzzle complexe, polyphonique puissant , pétri d’odeurs qui demande infiniment d'attention au lecteur ....la fin paraît un peu inachevée.

J’ai failli abandonner, l’intérêt se manifestant vraiment à partir de 200 pages ....

Emprunté à la médiathèque à cause du titre : roman traduit de l’anglais (Australie ) par Mireille Vignol.



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Bass Rock

3 époques, 3 femmes en butte à la malveillance des hommes.

Au XVIIIe, Sarah, 14 ans, est accusée de sorcellerie. Avec la complicité du pasteur et de son fils, elle s’enfuit de chez elle pour échapper à la vindicte des villageois .

Ruth, 2 siècles plus tard, se marie avec un veuf, père de 2 enfants, qu’elle ne connaît pas bien. Viviane, de nos jours, erre entre alcool et dépression dans sa maison de famille. Toutes 3 ont en commun un pays, l’Ecosse, un lieu, Bass Rock, et un environnement hostile dans lequel elles essayent tant bien que mal de subsister.

Avec la mer du nord en toile de fond , Evie Wyld compose une histoire de sorcière, de fantômes, de maltraitance et de condition féminine. Car si il y a bien un fait que ce roman choral démontre, c’est qu’il n’est jamais simple (ni très sécurisant) de naître femme dans un monde d’hommes.
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Bass Rock

Trois voix puis bientôt quatre, voire davantage, narrent ce livre féminin, roman d'ambiance autant victorien que romantique. Malgré cette atmosphère si particulière, imprégnée d'une discrète sorcellerie, d'une mélancolie toute écossaise, Bass Rock souffre de défauts de construction, d'un déséquilibre narratif et d'un mystère peut-être trop prégnant (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/01/11/bass-rock-evie-wyld/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Bass Rock

Mon excursion à Bass Rock me laisse perplexe !



D'un côté, j'ai aimé ce voyage dans l'Ecosse profonde des bords marins, des tourbières, des souliers crottés, des paysages sauvages et des traditions ancestrales.

J'ai aimé le chevauchement des époques, du 18ème siècle à nos jours, observant du haut de mon année 2023 ces femmes courageuses qui affrontent les humeurs des terres et la folie des hommes.

J'ai eu peur pour Sarah, cette fille de 14 ans soupçonnée de sorcellerie alors qu'au fond d'elle seule la soif de guérir et de sauver les êtres l'animait.

J'ai eu le souffle coupé en observant Ruth délaissée par son mari assoiffé de travail... (et d'un autre corps ?), agressée par les autres hommes du village sous couvert de jeux amusants et distrayants, devenue mère "par procuration" suite au décès de la première épouse de son mari.

J'ai écouté longuement les plaintes de Viviane, quadra londonienne paumée, hésitant entre bouteille et sommeil, fuite et cuite, solitude et hébétude, relation amoureuse et vie malheureuse.



A croire que les malédictions familiales traversent les générations, les lieux, les époques, les émotions, les vies.



J'ai beaucoup moins aimé les incohérences, les manques de liens, les successions de phrases sans contexte et le manque de clarté entre les chapitres qui m'ont perdue dans un labyrinthe-capharnaüm désagréable.

De nombreuses idées intéressantes truffent ce roman comme ce fantôme-fillette qui hante la maison familiale mais qui nous laisse sur le pas de la porte. On a envie qu'elle nous en dise plus, qu'elle se manifeste, qu'elle aide les vivants à trouver du sens. Mais elle reste une idée vague.

Je n'ai rien compris à l'histoire de la barque qui renferme son secret sous la complicité des femmes qui n'échangent même pas un mot.

Je me suis agacée devant le dernier chapitre qui tombe comme un cheveu sur la soupe ou presque. Veut-il me dire que je suis passée à côté de ce roman ? Est-ce une simple morale à deux balles ou un condensé de violence qui veut marquer au fer blanc le lecteur ?



Je quitte Sarah, Ruth et Vivane sans regrets mais je garde l'image des fous de Bassan, survolant Bass Rock, hurlant leur liberté infinie et plongeant dans leur garde-manger à grande vitesse. Un spectacle à couper le souffle ! Contrairement à cette lecture.

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Bass Rock

Le roman était censé raconter trois histoires de femmes à différentes périodes en Ecosse, mais ces trois parties sont traitées de façon très inégales. La partie au XVIIIème siècle est beaucoup moins développée que les autres alors que c'était celle qui avait attiré mon attention lorsque j'ai trouvé le roman en librairie. C'est assez décevant... Je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire que nous raconte Evie Wylde.

Ce n'est pas mal écrit, mais le ton est très morose, le rythme est assez lent et les héroïnes pas attachantes du tout.

Et les courts interludes entre les différentes parties sont encore plus glauques : chacun raconte un meurtre de femme. Il n'y a a priori pas de lien direct entre ces mortes et les trois héroïnes, mais cela rajoute à l'atmosphère pesante du livre.

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Bass Rock

Comme un charme d'être attiré sans savoir vraiment pourquoi, avec une traduction fine, de Mireille Vignol, qui donne l'impression de lire en anglais en saisissant toutes les nuances.

En lisant Evie WYLD je me suis d'abord rappelé ces convenances british, extérieures, farcies de discrètes pensées loufoques et excentriques.

Moins qu'un message, pourtant clair une fois la fiction goûtée, il y a là quelque chose d'indéfinissable, un mystère, une dramaturgie des faits simples et comme une simplification des faits graves.

Dans ces allers-retours dans le temps sous le même ciel qui hante je n'ai pas cherché de plan, de construction pour mener le lecteur quelque part mais fort apprécié cette façon de faire entendre les pensées et de recueillir une finesse d'observation sans effort de concentration.

C'est comme si, parfois, il me fallait simplement plisser les yeux éblouis de soleil alors qu'il fait nuit.

C'est comme si je partais en voyage en ballon en utilisant comme lest des sacs emplis de souvenirs aux odeurs envoûtantes, en prenant une bouffée d'air en prenant de la hauteur.

Je conseillerais donc de se laisser porter par le bruit de la mer et le cri des oiseaux. Des événements se produisent, et la mer continue de faire des vagues, et la vie continue de suivre les marées, et certaines falaises deviennent fadaises.
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Tous les oiseaux du ciel

Tous les oiseaux du ciel est un roman à double détente. D'un côté, l'on suit en temps réel Jake, une éleveuse de moutons vivant seule sur une petite île au large de l'Angleterre, et s'acharnant à découvrir quel individu (ou animal ?) peut bien décimer peu à peu son troupeau. C'est une femme recluse, masculine, au corps massif et qui se méfie de tout et de tout le monde. Les chapitres décrivant son quotidien isolé alternent systématiquement avec des pans de son passé australien qui nous est révélé à petites doses et, a contrario du présent, dans une chronologie inversée, comme un chemin de croix qui remonte à un acte originel brulant d'intensité. A l'opposé de son premier livre, Après le feu, un murmure doux et léger, qui était plutôt contemplatif et relativement laborieux, Tous les oiseaux du ciel monte en puissance au fil des pages pour un crescendo final dévastateur. Non sans qu'il reste une part d'une mystère sur l'état mental de son héroïne qui a traversé tant d'épreuves dont elle porte encore les stigmates sur son corps. Le style d'Evie Wyld est un mélange de poésie brute et de réalisme, sordide par moment. Au jeu des références McCarthy ou, plus lointain, Caldwell, pourraient être cités. Il y a une crudité et une toxicité constantes dans ce roman qui en rendent souvent la lecture éprouvante. Mais le récit anxiogène est terriblement addictif, non pour découvrir ce que Jake devient mais pour savoir d'où vient cette douleur et cette angoisse permanentes. Born to be Wyld !
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Bass Rock

Trois générations de femmes reliées par un lien familial en Ecosse, entre la chasse aux sorcières et la difficulté de trouver sa place pour une femme célibataire de notre époque. Un lien qui s’entortille tel un serpent venimeux, emmenant dans ses anneaux la tromperie, la veulerie et les morts mystérieuses.



"Elle m'a ensorcelé ! " hurle le jumeau Browning en retenant sa culotte. Mon père lui donne un coup de poing sous le menton qui fait claquer sa tête en arrière, puis ses jambes flanchèrent et il s'effondre. Les autres reculent d'un pas, mon père soulève la fille et la recouvre de sa robe, bien qu'elle soit déchirée, boueuse et collée à son corps. Il la charge sur son épaule pour avoir les bras libres. "Si elle est morte, je reviendrai vous couper les oreilles." XVIIIe siècle, Sarah a quatorze- ans et elle est traquée pour sorcellerie. Le pasteur du village décide de la défendre face à l’opprobre de tous. Il devra fuir, avec ses proches. Mais qui est réellement Sarah ?



« La voix de ma mère dans ma tête : "Pourquoi toutes ces femmes essaient de ressembler à des cerfs éblouis par des phares ? Pourquoi tous ces hommes veulent se donner l'air de rire trop fort en public ?" » Viviane, de nos jours, se voit chargée d’aller vider la maison familiale. Le passé et ses mystères reviennent à la surface. Retour sur sa mère, Bernadette, prise sous l’aile protectrice de Ruth...



"Tu connais la fourchette d'âge des femmes le plus souvent tuées par des hommes ?

- Non.

- Trente- six à quarante- cinq ans. Tu sais pourquoi ?

- Pas la moindre idée."

Elle se rapproche et je sens son haleine- outre le vin et le tabac, elle refoule quelque chose d'autre, aigre et vieux. "Parce qu'ils ont fini de procréer avec nous, mais qu'on est encore baisables." Viviane va rencontrer une femme aussi « borderline » qu’elle, Maggie. Ce personnage charismatique va apporter une dose de féminisme mais aussi de magie au récit.



Au final, un roman plein de promesses, mais que j’ai trouvé mal écrit (à moins qu’il ne soit mal traduit). Il faut vraiment bien se concentrer pour comprendre tous les implicites du texte et se situer dans les différentes sphères temporelles. Les idées sont pourtant très originales, l’intrigue possède un réel intérêt et les personnages de Ruth et Maggie sont bien élaborés. Mais mon avis reste mitigé.

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Bass Rock

Je referme la dernière page de ce livre avec un ressenti assez mitigé : si certains aspects de ce roman m'ont plu, d'autres m'ont un peu perdue.

Nous suivons dans cette histoire trois femmes à trois époques différentes, mais toujours en Ecosse, avec comme toile de fond Bass Rock, un îlot rocheux. Chacune d'elles a été malmenée par la vie, par les hommes, et elles tentent à leur manière de résister et de trouver une certaine paix.

J'ai rapidement été prise par le récit de chacun des parcours et ai apprécié la plume d'Evie Wyld. Toutefois, j'ai eu du mal à cerner certains personnages, et plus particulièrement celui de Viviane. A l'inverse, le portrait dressé par l'auteur de Ruth m'a beaucoup plus touchée : plus de détails nous sont apportés, nous permettant de mieux appréhender sa vie et ses sentiments.

J'aurai également apprécié qu'il y ait plus de "liant" entre nos personnages : on sait qu'il y a un rapport entre eux, mais qui n'est pas plus exploité que cela, ce que j'ai trouvé dommage. En effet, tout au long de ma lecture, marquée par une aura de mystère, de sorcellerie et de fantômes, je me suis demandée où voulait nous conduire l'auteur et ai cherché un sens au roman. Finalement, je pense que l'auteur a surtout voulu mettre l'accent sur la difficulté de naître femme, peu importe les époques.

Je remercie Babelio et les éditions Actes Sud pour l'envoi de ce roman dans le cadre de l'opération Masse Critique, qui même s'il n'a pas été un coup de cœur, me rend curieuse de découvrir un autre roman d'Evie Wyld.
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Bass Rock

Trois femmes, trois époques différentes mais une même région , l’Écosse, et surtout des femmes aux prises avec la violence protéiforme des hommes.

Que ce soit Sarah, jeune femme accusée de sorcellerie au XVIII ème siècle, Ruth qui endosser le rôle de mère de substitution auprès de deux orphelins après avoir épousé leur père, vétéran de la seconde guerre mondiale, ou , plus proche de nous, Viviane qui peine à trouver sa place et à faire face à ses émotions, elles doivent affronter un mode où les hommes imposent leur pouvoir, par des mots,  ou de la pure violence, allant jusqu'au féminicide., le tout dans l'indifférence quasi générale.

Heureusement, la solidarité féminine ,mais aussi celle de certains hommes ayant dû affronter eux aussi des traumatismes ,vient alléger cette atmosphère souvent lourde. 

Une construction juste parfaite fait qu'on ne se perd jamais au fil du texte et des  époques et l'autrice a le chic pour rendre cette violence sourde dans les rapports sociaux dont les femmes ont été et sont encore souvent victimes. Quelques esprits viennent pimenter le tout avec un grand naturel et l'on prend beaucoup de plaisir à dévorer ce roman aux personnages très attachants.

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Tous les oiseaux du ciel

Jake, jeune fille masculine, se retrouve sur une île britannique au large de l'Australie. Elle fuit son passé qui nous est livré en flash-back.



L'histoire est bien menée et bien malin qui devinerait ce qui s'est réellement passé avant que l'auteur ne nous donne la clé de son récit.



Et c'est ma foi une lecture attachante, que j'ai menée d'un trait, tant j'étais curieuse de découvrir où l'auteur allait me mener. Pas mal du tout.
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Tous les oiseaux du ciel

Jake White est une femme entre deux âges, bourrue et solitaire, qui possède un élevage de moutons sur une île perdue , soumise au froid et aux intempéries, de l' archipel britannique.Au fil des chapitres, à la façon d' une douche écossaise, le lecteur va progressivement découvrir le passé traumatisant auquel elle a tenté d' échapper en s' exilant si loin de sa terre natale , de la fournaise du bush australien.Un récit fort , âpre, prenant , avec des qualités de narration certaines.
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Bass Rock

Composé de trois récits imbriqués, Bass Rock, le roman de Evie Wyld, semble exprimer une rage froide envers les hommes qui, de tous temps, ont fait preuve de violence envers les femmes. Le livre aurait été largement plus efficace et digne d'intérêt s'il avait fait preuve d'un minimum de subtilité et ne ressemblait pas à un réquisitoire qui n'admet presque aucune nuance. Par ailleurs, sa construction, en 3 époques distinctes, parait totalement artificielle et entretient une certaine confusion pour le lecteur qui ne déchiffre qu'au bout d'un certain temps dans quelle histoire il se trouve. Entre la fille accusée de sorcellerie au 17ème siècle (l'épisode le plus mal raconté), la femme qui a épousé un type exécrable au lendemain de la seconde guerre mondiale (il la trompe, la bat, la viole et veut l'enfermer dans un asile) et enfin, à l'époque contemporaine, une autre femme, alcoolique, régulièrement aux prises avec la cruauté masculine, la romancière accumule les atrocités. Comme si ce n'était pas suffisant, elle ajoute, à la fin de chaque partie, un compte-rendu glacial d'une abomination perpétrée à l'encontre d'une femme anonyme. On a bien compris l'intention mais l'essentiel, à savoir une empathie pour ces malheureuses héroïnes, n'y est pas, comme si Evie Wyld s'était laissée aveugler par sa colère en insistant sur leur statut de victimes et en renonçant à nous rendre ces femmes brisées proches et attachantes par le combat qu'elles mènent pour rester des êtres humains.










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Tous les oiseaux du ciel

Chapitres impairs (écrits au passé) : la vie de Jake, Australienne émigrée, éleveuse de brebis sur une île britannique, dans une solitude choisie mais qui semble assez paranoïaque.

Chapitres pairs (écrits au présent) : Jake avant, en Australie, travaillant comme tondeuse de moutons dans une "station", un élevage géant. Puis arrivant en quête d'emploi à la station. Puis isolée dans une ferme moribonde en compagnie d'Otto... Ces chapitres remontent à l'envers le fil de son histoire.

La narration est extrêmement bien maîtrisée, les chapitres devenant de plus en plus courts au fur et à mesure que se dénoue le suspense qui planait sur la vie de Jake. Que fuit-elle ? de quoi a-t-elle si peur ? Pourquoi est-elle si seule ?

Le personnage cabossé de Jake est assez fascinant : une femme forte et obstinée, capable de gérer sa ferme et de soulever une brebis comme vous attraperiez un chaton... mais aussi une personne très jeune, blessée, hantée par des souvenirs traumatiques qui se révèlent à tout petits pas... à la recherche d'une impossible rédemption.

Une héroïne qui me restera longtemps en mémoire.

Traduction irréprochable de Mireille Vignol.

LC thématique de mai 2022 : "Nos amis les bêtes"
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Bass Rock

Une découverte et une très belle écriture dans un souffle romanesque indiscutable. Voici une histoire sur plusieurs générations de femmes au bord d'une mer du Nord hostile et d'un îlot comme un monolithe sacrificiel.

Ce roman raconte donc la vie de femmes et leurs rapports avec les hommes, mais pas que. Il raconte aussi la violence de l'internement quand une femme ne cochait pas les cases "opérationnelle", le fait que selon la doxa humaine si la femme subit des violences ce souvent qu'elle l'accepte aussi : elle n'a qu'à partir (ce n'est pas ma pensée personnelle). Qu'est ce qui se cache derrière la consommation d'alcool ou de médicaments, quel est le poids de la douleur que porte certaines femmes pour permettre à d'autres qu'elle de déployer leurs ailes ?

Ce texte sent l'eau de mer, le varech, le cri des mouettes, le vent qui souffle sur une plage et des dunes froides. Il ne sent pas l'huile solaire, les pins parasol et le bruit. C'est comme un coeur battant, celui de la maison, hantée par ses morts et l'odeur du feu de cheminée qui lutte contre le délitement des éléments naturels hostiles, mais moins hostiles que l'homme. Je vais aller à la découverte des précédents textes de cet auteur. J'ai bizarrement pensé à "Rebecca" de Du Maurier durant tout le texte et à Virginia Woolf "La promenade au phare" et "Les vagues", Virginia dont le nom apparaît quelquefois dans le roman sans que j'y ai retrouvé un personnage portant ce nom.
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Tous les oiseaux du ciel

Il nous faut du temps pour se situer …

Une île loin de tout …

L’Australie, mais l’Australie perdue, celle qu’on ne visite guère, trop loin de tout, trop loin de la civilisation, trop loin des hommes … on se retrouve perdu au bout du temps, au milieu de rien.

C’est troublant, on n’a guère de repères et comme de plus la narration n’est pas chronologique on doit reconstituer l’histoire.



Il nous faut du temps pour entrer dans l’histoire …

Pour s’attacher à ces gens si éloignés de tous nos standards … les hommes et les brebis … les hommes et leurs chiens … une femme perdue au milieu de cet univers.

Petit à petit on comprend que l’histoire est racontée à l’envers, nous ne comprendrons la vie de Jake que dans les dernières pages.

Un roman triste où les erreurs du passé se paient chères, très chères et où les protagonistes rêvent encore et toujours de remonter le temps pour vivre une autre vie que celle qu’ils ont subie.
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Bass Rock

Écosse, XVIIIe siècle, Sarah est recueillie par le pasteur du village alors qu’elle est traquée pour sorcellerie par certains habitants. Une seule issue possible : la fuite. Alors qu’ils se retrouvent chassés comme du gibier, ils courent pour leur vie au travers de la forêt. Le pouvoir des femmes a toujours fait peur, leur beauté aussi. Alors, pour expliquer leurs faiblesses et écarts de conduite, les hommes tuent. « Sorcière ! » scandent-ils pour ne pas avoir à avouer leurs fautes.



Juchée face à l’île de Bass Rock, une grande demeure familiale est mise en vente. Toujours debout, malgré l’hostilité des éléments, elle garde en mémoire les séquelles du passé. Les cicatrices de toutes ces femmes y ayant vécu, frappées non pas par les déchaînements météorologiques, mais par les hommes qu’elles ont côtoyés, parfois aimés, mais trop souvent subis.



Il y a Ruth, d’abord, qui, « sur le tard », épouse Peter, veuf, vétéran de la Seconde Guerre Mondiale et père de deux enfants. Alors qu’elle pensait que son quotidien morne et sans avenir était derrière elle, elle se retrouve rapidement délaissée par son mari, dont les voyages d’affaires à Londres se font de plus en plus fréquents et imprévisibles. Elle qui a, d’après son entourage, pourtant tout pour être heureuse, a besoin de plus. A commencer par un mari présent, qui ne lui reprocherait pas ses moindres faits et gestes ; ainsi qu’un enfant. Elle les aime, ses beaux-fils. Seulement voilà, elle voudrait se sentir mère. Complètement, irrémédiablement et de façon légitime. Et puis, il y a cette présence sournoise et étrange qui rode dans la maison. Ruth la sent, la voit, même, parfois. Une jeune femme qui semble perdue, accablée. Un fantôme du passé, emmurée dans la demeure. Heureusement qu’il y a Betty, leur femme de maison, qui deviendra très rapidement essentiel à son quotidien et à son équilibre. Avec elle, elle a le sentiment d’appartenir, d’être entière et comprise. Sans compter que cette dernière ramène bientôt Bernadette, sa nièce dont la mère a été internée et qui se retrouve sans aucun repère. En elle, Ruth voit une jeune fille qu’elle pourrait, peut-être, considérer comme sa fille. Enfin.



Quelques décennies plus tard, Viviane arrive dans la maison de son enfance. Alors qu’elle vient pour faire le point sur les biens de son aïeule, Ruth, elle trouve dans la maison un refuge loin de son quotidien londonien. Loin des hommes et de ses relations toxiques. Au fil de ses pérégrinations entre les murs de la demeure familiale, elle se remémore des bribes du passé et commence à entrevoir, à la lumière d’éléments nouveaux, de possibles nouvelles pistes de compréhension de l’histoire de ses aïeux. Et toujours cette présence au sein des murs…



Porté par une prose énigmatique et ensorcelante, ce récit relate l’Histoire qui se répète, inlassablement : l’asservissement des femmes par l’homme et leurs désirs. Et toujours, cette sororité qui éclot dans les moments les plus sombres, comme un antidote à la toxicité de certains hommes.



C’est beau et brillant, d’une grande finesse psychologique et allégorique. Bref, c’est un récit à ne pas manquer !


Lien : http://www.lecoindeschroniqu..
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Bass Rock



Il y a une atmosphère particulière dans ce roman. On sent le malaise mais il est difficile à identifier de par le fait que l’histoire est partagée sur trois époques au départ d’un même endroit ; l’îlot de Bass Rock en Écosse.

Ce que j’attendais : une ode aux femmes, différentes, incomprises, bafouées mais fortes, celles qu’on appelle sorcières quand l’homme se sent dépassé par elles.

Ce que j’ai lu : une diatribe contre les hommes, tous mauvais, tous perfides, menteurs, brutaux, calculateurs et violeurs. Une vie difficile lorsque l’on naît femme, comme une condamnation à perpétuité de notre sexe.

L’homme est toxique et la femme est victime… vraiment ??? Est-ce la le résumé de notre société ?

J’ai eu du mal à relier les différents personnages entre eux au début, tant leur époque est différente, tant l’auteure cultive cette ambiance brumeuse dans son roman saupoudré de sorcellerie et de fantômes. Au final, j’ai peu compris Viviane cette quadragénaire paumée qui revient dans la maison familiale le temps de la vendre, elle végète comme un mollusque, on a envie de la secouer. J’ai eu un peu de compassion pour Ruth, épouse d’un vétéran de la Seconde Guerre Mondiale, propulsée belle-mère de deux garçon qu’elle connaît peu, qu’elle n’arrive pas à réellement protéger. Ruth, tellement abandonnée à son sort par son époux toujours « en voyage d’affaires », les nerfs fragiles, proie facile luttant contre les embruns de sa vie. Et je n’ai vraiment pas cerné Sarah, cette jeune fille traquée pour sorcellerie au XVIII siècle, elle ne m’a pas touchée.

C’est un rendez-vous raté pour moi, en attendais-je plus ? je l’ai peut-être pris pour un autre.

Après avoir croisé la route de la troublante Maren dans Les Graciées, la bouleversante Agnès dans Hamnet, je voulais des femmes vaillantes, irréductibles et guerrières, maîtresses de leur destin.

Je prévois de lire Les Sorcières de Sealsea et Les Sorcières de Pendle qui traitent également de destins de femmes et de sorcellerie.
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Tous les oiseaux du ciel

Après Bass Rock, j'avais hâte de retrouver la plume d'Evie Wyld et je n'ai pas été déçue ! J'ai trouvé ce roman très différent de Bass Rock mais tout aussi envoûtant.



Jake s'occupe de ses moutons sur une île en Grande-Bretagne. Qui est-elle ? Comment est-elle arrivée là ? Qui s'attaque à ses moutons ? Que fuit-elle ?

Autant de questions dont les réponses arriveront petit à petit, entraînant parfois d'autres questions.



J'ai retrouvé dans Tous les oiseaux du ciel une atmosphère qui s'infiltre en vous pour ne plus vous lâcher. Il se dégage de ce roman une odeur de soufre, une impression prégnante de doute et de peur, à l'image de l'état d'esprit de Jake.

Cette sensation ne m'a pas quittée de toute ma lecture et m'a poursuivie encore plusieurs jours après.



Le cheminement du roman, au fil des souvenirs de la jeune femme, nous emmène d'Australie à une île isolée de Grande-Bretagne ; les recoupements et liens nous interpellent, attirent notre attention. C'est peu dire que j'ai aimé me laisser prendre dans cette construction brillante et tortueuse.



Pour terminer sur une impression très personnelle, le dernier tiers du roman a éveillé en moi le souvenir de Débâcle de Lize Spit, un roman qui m'a marquée durablement.
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