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Citations de Fernand Braudel (125)


Ce sont ces marées, ces flux profonds du passé de la France que j’essaie de détecter, de suivre, pour juger de la façon dont ils se jettent dans le temps présent, comme les fleuves dans la mer. […] Une nation ne peut être qu’au prix de se chercher elle-même sans fin, de se transformer dans le sens de son évolution logique, de s’opposer à autrui sans défaillance, de s’identifier au meilleur, à l’essentiel de soi, conséquemment de se reconnaître au vu d’images de marque, de mots de passe connus des initiés (que ceux-ci soient une élite, ou la masse entière du pays, ce qui n’est pas toujours le cas). Se reconnaître à mille tests, croyances, discours, alibis, vaste inconscient sans rivages, obscures confluences, idéologie, mythes, fantasmes… En outre, toute identité nationale implique, forcément, une certaine identité nationale, elle en est comme le reflet, la transposition, la condition.
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Je crois l'humanité plus qu'à moitié ensevelie dans le quotidien. D'innombrables gestes hérités, accumulés, pêle-mêle, répétés infiniment jusqu'à nous, nous aident à vivre, nous emprisonnent, décident pour nous à longueur d'existence.
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Rome victorieuse, la Méditerranée continue d’être elle-même. Diverse selon les lieux et les âges, elle reste de toutes les couleurs imaginables, car rien, en cette mer d’antique richesse, ne s’efface sans laisser de trace ou sans revenir, un jour ou l’autre, à la surface. Mais en même temps le Mare Nostrum, dans la mesure où des siècles paisibles y multiplient les échanges, tend vers une certaine unité de couleur et de vie. Cette civilisation en train de se construire est le grand personnage à distinguer entre tous les autres.
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Le drame des cités grecques, c’est un peu celui des villes de la Renaissance italienne. Aucune – ni Florence, ni Venise, ni Gênes, ni Milan – n’a su, n’a pu faire l’unité de l’Italie. Athènes, en 404, ouvre ses portes à Lysandre. Mais ni la victoire de l’anachronique Sparte, ni la Thèbes éphémère d’Épaminondas ne sauront, elles non plus, construire une unité grecque. Le terme d’un tel processus, c’est l’arrivée du Barbare, du Macédonien. Tout l’a préparée de fort loin.
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C’est en Grèce d’abord, écrit Louis Gernet, que se sont dessinés les cadres de la réflexion philosophique, et c’est un lieu commun d’observer que la position des problèmes essentiels n’a pas tellement changé depuis.
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Ouvrons ce chapitre par un dialogue fictif entre celui qui dit oui et celui qui dit non – celui qui croit et celui qui ne croit pas à la « Grèce éternelle ».
L’un dit : « Pourquoi revenir sans cesse aux lumières du passé grec ? » Elles ne sont aveuglantes que regardées de trop près. Or tout historien doit prendre du recul, conserver ses distances. [...]
L’autre, qui aime la Grèce de plain-pied, qui y habite en esprit sans se croire pour autant étranger à son propre temps, réplique : « Il n’y a pas d’histoire inactuelle. » Ce mot magnifique de Louis Gernet peut se traduire : la Grèce antique reste vivante, l’homme grec témoigne pour une certaine humanité de base qui a peu varié au cours des âges.
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Créateurs essentiels de la première Italie, les Étrusques ne sont pas des colonisateurs comme les autres. Furent-ils même des colonisateurs ? Ils posent un problème passionnant, obscur malheureusement. Malgré le progrès des connaissances, rien ne dit que le mystère s’éclaircira un jour tout à fait.
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La géographie, en l’occurrence, est un outil merveilleux d’explication, à condition de ne pas la charger d’un déterminisme élémentaire. Elle clarifie, elle pose les problèmes ; elle ne les résout pas. L’homme et l’histoire suffisent déjà à tout compliquer, à tout brouiller.
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Mais en ces époques lointaines le langage essentiel des civilisations se situe de toute évidence sur le plan religieux. La mythologie mésopotamienne ou hittite, les poèmes d’Ugarit donneraient d’innombrables exemples de contaminations étranges. Dieux et mythes se déplacent, en même temps que les biens culturels les plus ordinaires, d’un pays à l’autre du Proche-Orient.
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En Crète, les drames ne manquent pourtant pas, toujours les mêmes : palais détruits, reconstruits, détruits, reconstruits encore ! Jusqu’aux disparitions finales. Sur la date, les causes de ces catastrophes, les spécialistes sont rarement d’accord. Mais elles ne peuvent être que de deux sortes : ou ce sont les dieux et la nature qui en portent la responsabilité, ou simplement les hommes et les violences de la guerre.
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L’eau salée est en retard sur les miracles de l’eau douce des fleuves. C’est la domestication du Nil, du Tigre, de l’Euphrate qui est responsable de l’Égypte et de la Mésopotamie, ces monstres économiques, culturels et déjà politiques avant même le IIIe millénaire.
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Certes, les plantes, les animaux, les hommes ont souffert de ces colères climatiques, toujours de longue durée. Mais l’homme a une « tendance à l’insoumission » et tous les êtres vivants réagissent, s’adaptent souvent tout en narguant les contraintes, voire déménagent et le tour est joué.
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Sur l’immense passé de la Méditerranée, le plus beau des témoignages est celui de la mer elle-même. Il faut le dire, le redire. Il faut la voir, la revoir. Bien sûr, elle n’explique pas tout, à elle seule, d’un passé compliqué, construit par les hommes avec plus ou moins de logique, de caprice ou d’aberrance. Mais elle resitue patiemment les expériences du passé, leur redonne les prémices de la vie, les place sous un ciel, dans un paysage que nous pouvons voir de nos propres yeux, analogues à ceux de jadis. Un moment d’attention ou d’illusion : tout semble revivre.
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En ce sens ce livre est tonique. Il n’est pas le fruit d’un étranger au monde préhistorique et antique mais d’un vieil amoureux de la Méditerranée qui en dévoile pour nous les balbutiements enrichis d’un savoir encyclopédique. Des pages qui, à travers des peintures de mégalithes, de pyramides, de temples grecs ou de basiliques se découpant dans une lumière d’azur, nous renvoient l’image d’un passé éternellement présent.
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On a fini par croire, à tort ou à raison, que les échanges ont eu, en eux-mêmes, un rôle décisif, équilibrant, qu'ils égalisent par la concurrence les dénivellations, ajustent l'offre et la demande, que le marché est un dieu caché et bénévole [../..] il y a là une part de vérité, une part de mauvaise foi, mais aussi d'illusion. Peut-on oublier combien de fois le marché a été tourné ou faussé, par les monopoles de fait ou de droit? Et surtout, il importe de souligner que le marché, entre production et consommation, n'est qu'une liaison imparfaite, ne serait-ce que dans la mesure où elle reste partielle.
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“En Occident, bien que les succès d’individus isolés ne soient pas rares, l’histoire répète sans fin la même leçon, à savoir que les réussites individuelles doivent presque toujours s’inscrire à l’actif de familles vigilantes, attentives, acharnées à grossir peu à peu leur fortune et leur influence. Leur ambition est assortie de patience, elle s’étale sur la longue durée (…) c’est mettre en vedette ce que nous appelons en gros, d’un terme qui s’est imposé tardivement l’histoire de la bourgeoisie, porteuse du processus capitaliste, créatrice utilisatrice de la hiérarchie solide qui sera l’épine dorsale du capitalisme.”
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Après la géographie, la sociologie et l'économie, la psychologie nous oblige à une dernière confrontation. A cette différence près que la psychologie collective n'est pas une science aussi sûre d'elle, aussi riche de résultats que les sciences de l'homme mises jusqu'ici en cause. Elle s'est rarement aventurée sur les chemins de l'histoire.
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Cicéron en témoigne, le peuple n’est pas un simple agrégat d’individus, c’est un groupement uni par un consentement juridique et pour l’utilité commune.
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Sur l'immense passé de la Méditerranée, le plus beau témoignage est celui de la mer elle-même. Il faut le dire, le redire. Il faut la voir, la revoir. Bien sûr, elle n'explique pas tout, à elle seule, d'un passé compliqué, construit par les hommes avec plus ou moins de logique, de caprice ou d’aberrance. Mais elle restitue patiemment les expériences du passé, leur redonne les prémices de la vie, les place sous un ciel, dans un paysage que nous pouvons voir de nos propres yeux, analogues à ceux de jadis.
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Dans ce livre, les bateaux naviguent ; les vagues répètent leur chanson ; les vignerons descendent des collines des Cinque Terre, sur la Riviera génoise ; les olives sont gaulées en Provence et en Grèce ; les pêcheurs tirent leurs filets sur la lagune immobile de Venise ou dans les canaux de Djerba ; des charpentiers construisent des barques pareilles aujourd'hui à celles d'hier.
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