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Critiques de Fernando Vallejo (31)
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Le feu secret

Fernando Vallejo, en récidiviste transgressif, propose ce deuxième volet d'une autobiographie romancée au souffle puissant et à l'écriture volontiers inventive.

Dans cette autofiction furieusement acerbe qui alterne entre les villes de Medellín et Bogotá des années 60, cités réputées pour leur haut degré de criminalité et de trafic en tous genre, l'auteur met en scène un adolescent homosexuel qui croise le chemin violent de la marginalité, de bars en bars, d'expériences en transgressions sulfureuses, de rencontres baroques en initiations crépusculaires, dans une société colombienne en totale déliquescence où la violence est banalisée, mais toujours dominée par des valeurs bourgeoises patriarcales.

D'une grande diversité lexicale et montrant combien l'auteur est érudit, avec quelques saillies ici ou là d'arrogance élitiste, Le feu secret pose certes un regard lucide et blasphématoire sur un pays au bord du cataclysme, pulvérisant les tabous sexuels et sociaux.

Tout le récit égrène avec obsession la vieille blessure de l'expatriation de Fernando Vallejo réfugié aux Etats Unis puis au Mexique, fuyant une Colombie homophobe à l'époque et fermée à toute production artistique critique.

Dans la pure lignée inépuisable de l'écrivain maudit mais habitant les quartiers chics de Mexico, tout est prétexte pour l'auteur à dézinguer les institutions colombiennes et les piliers traditionnels de sa société : famille, Eglise classe politique, Etat, tous collaborateurs de la corruption, les rendant responsables du chaos, en cultivant un art consommé de la provocation et de l'injure : le moteur littéraire de Vallejo est parfaitement huilé.



Même en dehors de sa littérature, Fernando Vallejo fonctionne à la provocation façon seconde nature, mais en rempart suffisamment ironique pour brouiller les pistes, le protégeant finalement de tout jugement. Parfois appelé le Céline colombien (je reconnais qu'il use des mêmes stratagèmes intellectuels et des mêmes échappatoires), Fernando Vallejo déteste le réalisme magique et Gabriel Garcia Marquez (alors qu'il en reprend souvent les procédés allégoriques dans ses livres), et fustige Balzac et Flaubert dont la littérature est du commérage. D'un autre côté ils sont tous morts : il n'y aura pas de droit de réponse des fustigés. S'il est célinien c'est par sa fascination du fascisme puisqu'il est dithyrambique à propos du très conservateur ancien président Laureano Gómez, aux nombreuses sympathies d'extrême droite et au régime d'une violence inouïe (le père de l'auteur en était déjà un soutien inconditionnel). Fernando Vallejo n'en est pas à un paradoxe près. Et puis on dira que c'est de la provoc hein.



A force d'obsessions structurelles, on finit dans la posture littéraire, à force de posture on termine dans le maniérisme et à force de maniérisme on finit par faire salon, ce lieu étant tout sauf un centre de transgressions, mais un cénacle de l'adoubement. Et Fernando Vallejo a été adoubé par la critique la plus bourgeoisement institutionnalisée. Pendant qu'on s'accoquine à trinquer de champagne à la réussite littéraire de l'auteur hérétique, la Colombie continue de rater sa transition et ne se porte pas mieux, sauf du côté du budget consacré à la militarisation de sa police.
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La Vierge des tueurs

C'est une histoire ordinaire des rues de Medellin que nous raconte Fernando.

Celle de son histoire d'amour avec Alexis, un sciaire - un de ces jeunes garçons tueurs à gages qui vivent à cent à l'heure, le temps d'exécuter leurs contrats, jusqu'au jour où ils sont eux-même le contrat...



J'ai beaucoup aimé cette conversation de café avec l'histoire que nous raconte l'auteur, avec une prose qui suinte la rage au bout de chaque lettre. Une histoire qui nous rappelle que la vie est éphémère et en attrape certains dans un cercle vicieux où chacun sait que la mort peut venir n'importe quand. Mort qui sera elle aussi éphémère, car les matchs de foot prennent le dessus.



Oubliez votre confort quotidien, vous qui vous apprêtez à lire ce roman. Ici, plus de règle, plus de notion du Bien et du Mal, pas de moralité, pas d'entraide, pas de solidarité. Seul compte une loi : tuer ou être tué, avec une variante : voler ou se faire voler. On est loin, très loin même, des discours révolutionnaires ou solidaires comme chez Luis Sepulveda.



Une rage et une violence extrême cathartique et rédemptrice à la fois. Bienvenue en Amérique latine, et bienvenue à Medellin, là où l'enfer est sur terre et la religion donne de quoi se distraire entre deux tueries en promettant un ailleurs plus paisible.



Un voyage dont on ne revient pas indemne, bien que j'ai préféré la première moitié à la seconde.
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Mi hermano el alcalde

Prix Romulo Gallegos 2003 pour ce roman, Fernando Vallejos que l'on a parfois surnommé le Louis Ferdinand Céline Sud-Américain décrit avec sa rage coutumière sa Colombie et ses habitants. Rien ni personne ne trouve grâce à ses yeux, suivant un schéma rédactionnel guidé par une haine indiscriminée. Cependant, avec humour et une langue riche, il nous emmène dans un village de montagne entouré de fincas où son frère sera élu maire et, chose rare, tiendra toutes ses promesses électorales (écrit à partir d'un fait réel, son frère ayant vraiment été maire du village de Tamesis)
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Et nous irons tous en enfer

Le narrateur protagoniste est de retour à Medellin, sa ville natale, pour accompagner l’agonie de son frère Dario, atteint du sida et homosexuel comme lui. Leur ancienne complicité renaît et ils se remémorent leur passé familial : une mère tyrannique, un père asservi.

Fernando Vallejo assure une réelle continuité avec ses œuvres précédentes, autant par les références autobiographiques que par les traits stylistiques récurrents, en particulier une violence verbale qui atteint ici son apogée. La cible de cette diatribe est la mère, surnommée la folle, dépourvue de sentiment maternel, sorte de Folcoche de Bazin. Après avoir engendré une multitude d’enfants, elle crée autour d’elle un monde de chaos et de mort. Cette génitrice au recours permanent à l’injure semble être le modèle qui conduit le narrateur à adopter le même comportement verbal. Ce combat du narrateur contre sa génitrice s’accomplit au travers de l’apologie de l’homosexualité et de la prostitution, antithèse de la folie reproductrice de la mère.

Mais la folie n’est pas seulement familiale, la mère est aussi le symbole de la folie collective de la Colombie : même volonté d’imposer sa volonté par la force, même obsession religieuse à se reproduire, même chaos mortifère. Le roman devient un monologue avec la mort puis une voix d’outre-tombe, autant celle d’un narrateur révolté que celle d’un peuple. Ou comment régler de façon baroque ses comptes avec l’existence, où vie et mort sont un même déterminant.
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La Vierge des tueurs

À Medellin, en Colombie, « les sicaires sont des enfants ou de jeunes garçons de douze, quinze ou dix-sept ans, comme Alexis, mon amour. » (p. 11) De retour dans son pays pour y mourir, le narrateur est un grammairien qui s’éprend follement d’un superbe gamin, prostitué et assassin. Sept mois durant, le couple arpente la ville, court les églises et commence à tuer à l’envi. Alexis est aussi violent qu’innocent : « Il comprend seulement le langage universel des coups. Cela fait partie de sa pureté intouchée. » (p. 33) Dans l’âme du jeune homme se mêlent la candide spontanéité de l’enfant et le froid détachement du tueur à gages. Le grammairien et le beau sicaire forment un couple fatal qui s’exalte dans une hécatombe amoureuse. Revolver à la main et argot plein la bouche, Alexis défie la vie, défie toutes choses.

Entraîné dans un monde désenchanté de violence crue, le vieil homme découvre qu’« ici la vie d’un homme ne vaut rien » (p. 60). La mort est aussi fugace qu’omniprésente et le regard que chacun pose sur elle est désabusé. Qui tuent-ils, ces amants fous ? Des passants, des chauffeurs de taxi et autres. Sans besoin de motif, la mort déambule en reine et s’octroie les vies qui lui plaisent. Mais ce qu’oublie le couple funeste, c’est que la mort n’a pas de maître. Alexis mourra, c’est avéré dès le début du roman. Pour le vieil homme, il est « [exempté] de l’ignominie de vieillir par le scandale d’un poignard ou la miséricorde d’une balle. » (p. 14) Et puis, il y aura Wilmar, nouvel amour et nouvelle désillusion.

Fernando Vallejo présente un univers où la religion est dévoyée et le mysticisme halluciné. Les balles baptisées participent d’une religion de la mort et l’amant assassin est sacralisé : « Alexis était l’Ange Exterminateur qui était descendu sur Medellin pour en finir avec cette race perverse. » (p. 85) L’horreur devient un culte voué à Marie Auxiliatrice, vierge du village de Sabaneta, que les tueurs implorent pour obtenir le succès dans leurs entreprises mortifères. Medellin est devenue la cathédrale du Mal, une cité monstrueuse aux multiples noms où s’affrontent des bandes armées pour la possession de quelques rues ou le trafic de drogue.

Ce qui frappe encore, outre le reniement de la religion, c’est l’invective acharnée contre tout ce qui peut être sacré pour une société. Ce roman piétine la politique et les grands hommes, la famille, la morale et même le football ! Fernando Vallejo écrit la jubilation du Mal dans une catharsis débarrassée de tout complexe. Le grammairien est clairement un avatar de l’auteur et la profondeur autobiographique du texte fait froid dans le dos ! Les paragraphes ont une épaisseur qui illustre la touffeur mortelle de Medellin et l’horreur sans âme dans laquelle plonge le narrateur. Bien loin du réalisme magique qui a fait les belles heures de la littérature sud-américaine, le roman de Fernando Vallejo est une plongée dans la réalité nue, un rappel des contingences du monde.

Si j’ai aimé ce roman ? Peut-on aimer l’horreur ? Alors oui, je l’ai aimé. Mon conseil aux âmes sensibles, passez votre chemin.

Le film éponyme de Barbet Schroeder, sorti en 2000, m’a semblé moins pesant que le livre. Première différence : le livre ne cite jamais le prénom du narrateur, alors que le film le nomme immédiatement Fernando. Aucun doute, il s’agit de l’auteur, son patronyme est lancé quelques minutes après le début du film. La représentation rend plus mordant le cynisme du « dernier grammairien de Colombie ». La religion est moins prégnante et les jeunes sicaires ont plus l’air d’être des petites frappes – ce qu’ils sont effectivement – la grâce mystique en moins. La fin du film extrapole un peu l’excipit du roman, mais sans dénaturer l’histoire. Enfin, la bande originale est tout simplement hallucinante : de Maria Calas aux derniers sons électroniques en passant par les mélodies colombiennes, la musique déploie une atmosphère unique pour illustrer un monde qui oscille entre beauté et laideur, entre tradition et modernité. Moins âpre que le roman, le film se regarde sans déplaisir, ne serait-ce que pour la beauté du couple Fernando/Alexis : entre l’homme mûr et l’éphèbe insolent, il y a une perfection époustouflante.


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El Desbarrancadero

Le narrateur protagoniste est de retour à Medellin, sa ville natale, pour accompagner l'agonie de son frère Dario, atteint du sida et homosexuel comme lui. Leur ancienne complicité renaît et ils se remémorent leur passé familial : une mère tyrannique, un père asservi.

Fernando Vallejo assure une réelle continuité avec ses oeuvres précédentes, autant par les références autobiographiques que par les traits stylistiques récurrents, en particulier une violence verbale qui atteint ici son apogée. La cible de cette diatribe est la mère, surnommée la folle, dépourvue de sentiment maternel, sorte de Folcoche de Bazin. Après avoir engendré une multitude d'enfants, elle crée autour d'elle un monde de chaos et de mort. Cette génitrice au recours permanent à l'injure semble être le modèle qui conduit le narrateur à adopter le même comportement verbal. Ce combat du narrateur contre sa génitrice s'accomplit au travers de l'apologie de l'homosexualité et de la prostitution, antithèse de la folie reproductrice de la mère.

Mais la folie n'est pas seulement familiale, la mère est aussi le symbole de la folie collective de la Colombie : même volonté d'imposer sa volonté par la force, même obsession religieuse à se reproduire, même chaos mortifère. le roman devient un monologue avec la mort puis une voix d'outre-tombe, autant celle d'un narrateur révolté que celle d'un peuple. Ou comment régler de façon baroque ses comptes avec l'existence, où vie et mort sont un même déterminant.
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La puta de Babilonia

Fernando Vallejo règle ses comptes avec l'Eglise catholique qu'il nomme "La putain de Babylone" puisqu'elle se range toujours du côté du vainqueur. Il n'instruit qu'à charge et même s'il s'appuie sur des faits historiques, ses débordements de langage et ses extrapolations, tout comme sa remise en cause des Evangiles, rendent son propos, déjà amer et extrémiste, plutôt désagréable à la lecture de ce qui constitue un brûlot de 368 pages toutes écrites sur le même ton et sans une once d'humour.

A son crédit, l'auteur n'oublie nullement de régler pareillement ses comptes avec l'Islam, chose que, me semble -t-il le récent livre sur les travers de l'Eglise catholique "Sodoma" omet soigneusement.
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Los dias azules

Souvenirs d'enfance à deux voix. Celle qui vibre au regard mémoriel de l'enfant que fut Fernando Vallejo dans sa Colombie natale et celle, de l'adulte qui déjà exprime sa rancoeur contre l'Eglise, les analphabètes parasites, les politiciens véreux et tout ce qui fait qu'il déteste la Colombie voire le monde entier.
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Anos de indulgencia

L'auteur est cultivé et manie la langue avec richesse et facilité. Rien de nouveau de ce côté ci. Rien de nouveau non plus quant au fond;: tout est prétexte pour casser du sucre, ou déverser sa bile sur les politiciens corrompus, la vieillesse, l'Eglise etc...
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La Rambla Paralela

Nostalgie du temps qui passe, critiques tous azimuts et des tonnes de bile déversées contre Air France, l'Espagne, la Colombie et tous les autres. C'est un peu une redite de "El fuego secreto" ou "El don de la vida". Très bien écrit, le propos, répétitif, n'en est pas moins lassant.
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La Rambla Paralela

Brièvement, un roman de Vallejo, toujours très misanthrope et obsédé par la mort, où l'Espagne me paraît plus ou moins une allégorie de la Colombie. L'intrigue est néanmoins assez mince et par moments assez répétitive.
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El don de la vida

Des compères âgés, dont la mort approche, se remémorent le bon vieux temps dans un parc de Medellín. La culture et l' intelligence de l' auteur transpirent a travers divers constats bien posés en ce qui concerne la vie et les hommes. Cependant, la bile ou venin qu' il répand en permanence contre les politiciens idiots et corrompus, l' Église et ses mensonges et scandales, les analphabètes du lumpenproletariat qui ne vivent que pour se reproduire a l' infini sans même que leur effleure l' idée de nourrir ou élever leurs rejetons, même si le propos est juste et justifié à tendance à lasser le lecteur. Sans doute que dans son " chef d' oeuvre" " La virgen de los sicarios" ( " La vierge des tueurs" ), Fernando Vallejo, a l' instar d' un Tony Duvert avec " L' île Atlantique" a limé avec bonheur ses obsessions monomaniaques et répétitives pour être lu agréablement de tous, cette-fois ci. Nb : Ce roman n' est pas traduit en français, à ma connaissance. Ceci expliquant peut être cela.
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La Rambla Paralela

Un vieil écrivain colombien misanthrope et acariâtre retourne à Barcelone, ville de sa jeunesse. Entre regrets et rejet, il vocifére, invective et incendie ce monde dont il va se détacher.

Pas grand chose à retenir de ce roman sans vraiment de trame bien que la prose soit agréable.
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Le feu secret

Lecture très décevante de ce roman lu dans le texte "El fuego secreto" (ed. Debolsillo, 04/2017) dont la "prose recherchée" s'apparente plutôt à un alignement poético-brumeux masturbatoire avec les inévitables coups de griffes à l'Eglise et aux policticards corrompus. Ca va à zéro à l'heure et au final c'est plus qu'indigeste (simple opinion)
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La Vierge des tueurs

La nature est ainsi faite que chacun trouve chaussure à son pied. Et que des personnes a priori incompatibles peuvent quand même faire un bout de chemin ensemble.

Très belle écriture pour cette belle histoire
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La Vierge des tueurs

Medellín, Colombie. Ses quelques cent cinquante églises, ses trente-cinq milles taxis, Medellín haut lieux du tourisme colombien. Medellín plaque tournante du narco-traffic, ses grands barrons de la poudre blanche, ses sicaires adolescents, "jeunes assassins assassinés, exemptés de l'ignominie de vieillir par le scandale d'un poignard ou la miséricorde d'une balle", descendant pour d’incessants règlements de compte des "Communes", bidonvilles poussés spontanément, comme des chancres, sur la face défigurée de la ville; violence partout, état nulle-part, concussion et incurie omniprésentes.



Le narrateur, peut être l'alter ego caricatural de l'auteur, est un écrivain homosexuel d'un âge avancé, ouvertement réactionnaire, dont le malthusianisme outré n'épargne pas les classes laborieuses. D'humour goguenard, en ironie appuyée, on passe très vite au cynisme affiché d'un narrateur blasé devant le spectacle du flot ininterrompu du fleuve de sang versé; en fait c'est un crescendo d'invectives et d'anathèmes en une catharsis salubre, tel un émétique, qui saisi le lecteur au cours de ce récit. Amis du politiquement correct, gardez-vous de ce livre. On est conduit, à travers le regard glaçant d'un observateur des plus factuels et détachés face aux exactions de son giton, gueule d'ange, ange exterminateur et ange gardien, à parcourir cette ville de Medellín; déambulation citadine, sinistre et hallucinée, jalonnée par les bornes ensanglantées que sont les dépouilles des malheureux qui n'ont pas eu l'heur de plaire à son mignon. Et toujours cet humour, dernière pudeur de celui qui en a trop vu dans cette vie bête à pleurer, et qui prend le parti de rire face à l'absurde : un rire grinçant comme celui d'un squelette. Parfois sous le flot continu et révoltant des exactions, des injustices commises, çà et là apparaît, tel un bouchon de liège ballotté par le courant assourdissant et ravageur, un petit instant de poésie pure, une éclaircie trompeuse dans tout ce ciel menaçant.



Ce livre ne laissera pas indifférent : s'il est lu au premier degré, il choquera à coup sûr la bienséance pudibonde des humanistes trompetant. Pour les autres, ce roman est l'occasion d'une purge du trop plein de révolte et d'indignation, voire de bas instincts, remède qui s'avère salutaire périodiquement. Voyage au bout de la nuit dans la cohue d'une métropole sud-américaine.
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La Vierge des tueurs

Violente la Colombie de Medellin... Un Poète espagnol en fin de vie retourne sur les traces de son passé qui n'est plus le même.

Il se trouve dans le rush des histoires de quartiers et gangs sur fond de trafic de cocaïne et d'armes dans les bidonvilles. Un peu dépassé le papi. Il entame une histoire d'amour avec l'assassin de son ex-compagnon. Très dramatique et violent mais malheureusement réaliste pour qui a connu Medellin.
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La Vierge des tueurs

moi , donner du travail aux pauvres ? Jamais ! Que leur en donne leur pondeuse de mère. L'ouvrier est un exploiteur de ses patrons , un profiteur , c'est la classe oisive , fainéante .Qu'on se donne du mal , voilà ce qu'ils veulent , qu'on importe des machines , qu'on paie des impôts , qu'on éteigne les incendies tandis qu'eux , les exploités, ils se la coulent douce ou se foutent en grève jusqu'à ce qu'ils partent en vacances .
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La Vierge des tueurs

Fernando Vallejo Rendón, né à Medellín en 1942, est un écrivain et réalisateur d'origine colombienne, naturalisé mexicain en 2007. Il est auteur de romans autofictionnels et d'essais. La Vierge des tueurs, son roman le plus connu, publié en 1994, a été adapté au cinéma, sur un scénario de l’écrivain, par le réalisateur suisse Barbet Schroeder en 2000.

Un vieil écrivain homosexuel revient à Medellin, la ville de son enfance. Là, il tombe amoureux d'Alexis un jeune tueur à gage de seize ans. S’en suit un effroyable périple à travers une ville qu’il ne reconnait plus, ponctué de morts violentes autant que sans raison…

Chaud devant ! Ca tache ! Ce n’est pas un roman, c’est un brûlot, alors si vous êtes plutôt « romans tièdes », passez votre chemin. Il n’y a pas vraiment d’histoire dans ce bouquin, on suit le narrateur et son jeune amant dans leur parcours halluciné/hallucinant où l’on tue comme on respire, pour un rien et même moins encore. Un chauffeur de taxi qui fait brailler sa radio et agace le vieil homme, aussitôt Alexis le flingue et l’affaire est réglée ! Voilà pour la trame générale du livre et il en est ainsi jusqu’à la dernière page.

A cette violence physique outrée (même dans le cadre de Medellin qui a été le centre opérationnel du cartel mené par le baron de la drogue Pablo Escobar, des années 1970 au début des années 1990, faisant de cette ville le théâtre de très nombreux crimes de sang) s’ajoute la véhémence verbale de l’auteur. Amoureux de sa patrie, le retour au pays est un véritable crève-cœur pour le narrateur, transformant son amour en haine. L’écriture est rageuse, hargneuse. Dans ce style – mais pour des motifs différents – je ne vois que Céline ou Léon Bloy, pour vous donner une idée du genre d’écrivain qui nous a pondu ce roman.

Une rage qui flingue tout sur son passage : La religion (« Il n’y a pas plus grande sanie sur cette terre que la religion catholique »), Dieu qui voit tout et donc sait que sur les bancs du fond de la cathédrale « se fait le commerce des garçons et des travestis aussi bien que celui des armes et de la drogue », le football (pourtant une institution sur ce continent), la musique braillée par les radios. La politique et ses élus morflent gaillardement « La loi de la Colombie c’est l’impunité et notre premier délinquant impuni c’est le président qui à l’heure qu’il est doit être en train de faire la foire avec le fric de son pays et de sa fonction… ». Et pour que la barque soit bien remplie, sans que l’on sache vraiment si Vallejo le pense ou s’il manie l’humour noir, il développe une théorie sur les pauvres assez raide ! « Celui qui aide la pauvreté la perpétue »

Alors ? Oui, le bouquin arrache ; oui, il nous sort des sentiers battus et des mous de la plume ; oui, ce roman est mémorable. Néanmoins, bien que court, cette enfilade de cadavres et de vomissures finit aussi par lasser car devenant répétitif.

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Et nous irons tous en enfer

Décevant après la Vierge des tueurs.

Un peu trop délirant pour mon goût personnel.
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