Dernière nuit à Soho (Hot Stew 2021) est le second livre de l'écrivaine. C'est un roman « ethnologique » autour du quartier londonien de Soho, connu comme un quartier entre « chaud » et bohème. J'avais lu quelque part que la presque totalité du parc immobilier à Londres appartiendrait à relativement peu de gens, tous faisant partie de la gentry.
Le côté médiéviste-historienne de l'auteure a fait qu'elle nous a transmis des notions intéressantes sur l'origine de Soho, la qualité des constructions et du sol; les constructions sont vétustes et le bois est complètement véreux. Autrefois le quartier se situait en périphérie de la ville de Londres (aujourd'hui il est au centre) entourée de murs et au delà des landes riches en gibier que les manants chassaient des fourrés au cri de So! Ho! So! Ho! le nom serait resté.
C'est un quartier comportant un fort brassage de populations, quartier animé avec beaucoup de pubs, de tavernes, de restaurants (je frémis pour le côté hygiène) et toute une population de laissés pour compte qui vit dans les sous sols qui sont creusés de galeries qui partent dans tous les sens.
Dans ce cadre, l'auteure installe une vingtaine de personnages de tout poil, plutôt hauts en couleur et traînant des histoires abracadabrantes derrière eux. Beaucoup de ces personnages vivent dans des logements qui dépendent d'une seule propriétaire, une héritière d'à peine 25 ans, qui voudrait tout raser pour construire à la place des logements de luxe.
Une vieille maison datant du XVIIè héberge plusieurs personnages de cette histoire et notamment Precious, une prostituée qui exerce librement, ainsi que d'autres. Tout ce petit monde est assez solidaire et correct. Mais la propriétaire, aidée par un avocat véreux, veut les chasser et pour cela elle va « acheter » les services d'un policier qui voudrait se lancer dans la politique, en lui promettant de belles sommes d'argent pour sa campagne.
Mais les choses vont tourner mal, car le jour où la police intervient, il se produit un phénomène naturel et non moins terrifiant :
une doline qui va littéralement avaler la construction.
Une histoire qui se place comme une mosaïque, ce roman.
Fiona Mozley, à la façon d'un Dickens ou d'un
Balzac a crée une vingtaine de personnages assez « cliché » et a su leur donner plusieurs profils dans l'échelle sociale, ce qui rend cette lecture intéressante.
Merci à Babelio et aux Éditions
Joelle Losfeld pour cette découverte.