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Critiques de Fiona Mozley (113)
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Dernière nuit à Soho

Dernière nuit à Soho (Hot Stew 2021) est le second livre de l'écrivaine. C'est un roman « ethnologique » autour du quartier londonien de Soho, connu comme un quartier entre « chaud » et bohème. J'avais lu quelque part que la presque totalité du parc immobilier à Londres appartiendrait à relativement peu de gens, tous faisant partie de la gentry.



Le côté médiéviste-historienne de l'auteure a fait qu'elle nous a transmis des notions intéressantes sur l'origine de Soho, la qualité des constructions et du sol; les constructions sont vétustes et le bois est complètement véreux. Autrefois le quartier se situait en périphérie de la ville de Londres (aujourd'hui il est au centre) entourée de murs et au delà des landes riches en gibier que les manants chassaient des fourrés au cri de So! Ho! So! Ho! le nom serait resté.



C'est un quartier comportant un fort brassage de populations, quartier animé avec beaucoup de pubs, de tavernes, de restaurants (je frémis pour le côté hygiène) et toute une population de laissés pour compte qui vit dans les sous sols qui sont creusés de galeries qui partent dans tous les sens.



Dans ce cadre, l'auteure installe une vingtaine de personnages de tout poil, plutôt hauts en couleur et traînant des histoires abracadabrantes derrière eux. Beaucoup de ces personnages vivent dans des logements qui dépendent d'une seule propriétaire, une héritière d'à peine 25 ans, qui voudrait tout raser pour construire à la place des logements de luxe.



Une vieille maison datant du XVIIè héberge plusieurs personnages de cette histoire et notamment Precious, une prostituée qui exerce librement, ainsi que d'autres. Tout ce petit monde est assez solidaire et correct. Mais la propriétaire, aidée par un avocat véreux, veut les chasser et pour cela elle va « acheter » les services d'un policier qui voudrait se lancer dans la politique, en lui promettant de belles sommes d'argent pour sa campagne.



Mais les choses vont tourner mal, car le jour où la police intervient, il se produit un phénomène naturel et non moins terrifiant :



Une histoire qui se place comme une mosaïque, ce roman. Fiona Mozley, à la façon d'un Dickens ou d'un Balzac a crée une vingtaine de personnages assez « cliché » et a su leur donner plusieurs profils dans l'échelle sociale, ce qui rend cette lecture intéressante.

Merci à Babelio et aux Éditions Joelle Losfeld pour cette découverte.
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Elmet

Sur les terres sauvages du Yorkshire, John Smythe et ses enfants vivent en marge de la société moderne. Au cœur de la forêt, ils mènent une vie ascétique dans une maison qu’ils ont construite eux-mêmes. Le père, colosse tacite à la force herculéenne, se livre à des combats de boxe pour subvenir aux besoins de sa famille. Cathy, sa fille, est aussi belliqueuse que son frère Daniel est doux. Déscolarisés, les deux adolescents bénéficient des leçons d’une voisine, cultivent leur potager et utilisent les ressources de la nature pour se nourrir. Mais le jour où Mr Price, un riche propriétaire qui règne en maître sur les terres et les habitants, menace de les expulser, John organise une insurrection populaire.

Symbole du paradis perdu, Elmet, comme nous l’apprend en exergue le poème de Ted Hughes, fut le dernier royaume celtique indépendant d’Angleterre jusqu’au VIIe siècle. Ce sanctuaire mythique, Fiona Mozley en fait une terre de lutte, celle des déshérités du nord de l’Angleterre. A la croisée du conte et du western, elle excelle à faire monter une tension sourde, inexorable, au rythme de la rudesse des paysages. Au plus près de l’humain et de la nature, Elmet est le roman violent et intemporel des laissés pour compte, porté par la rage et la survie.


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Elmet

Elmet est l'excellent premier roman de l'autrice anglaise Fiona Mozley. Entre roman social et nature writing, Elmet raconte l'histoire de Daniel, le jeune narrateur, qui vit illégalement avec sa sœur Cathy et son père John sur un terrain qui ne leur appartient pas, dans le Yorkshire.

John gagne sa vie en se battant dans des combats illégaux, desquels il sort toujours gagnant. Après la mort de la grand-mère Morley, ils partiront sur les terres qui ont appartenu un jour à la mère de Daniel et Cathy. Là-bas, ils vont vivre heureux, dans la maison que va construire John.

Mais le bonheur ne dure qu’un temps et les ennuis pointeront vite le bout de leur nez en la personne de Mr Price, pour qui John avait travaillé par le passé. Entre nature sauvage et grève des loyers, cours particuliers et combats à mains nues, et alors que la violence prend de plus en plus de place dans le roman, Daniel, Cathy et leur père arriveront-ils à se débarrasser de Mr Price ?

J’ai beaucoup aimé ce livre ! J’ai l’impression qu’il n’a pas fait beaucoup de bruit à sa sortie en France et c’est bien dommage parce que je pense qu’il pourrait plaire à beaucoup ! On s’attache très vite aux personnages, on doute et on reprend espoir avec eux, on s’identifie à Daniel et Cathy.

Et surtout on est emporté par cette plume, qui enchante dès les premières pages. J’ai lu Elmet très rapidement, presque d’une traite, parce qu’il est très intelligemment construit, avec un savant dosage de beauté et de violence, de doutes et d’espoir, qui nous donne toujours envie de lire le prochain chapitre.
Lien : https://ledevorateur.fr/elme..
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Elmet

"Elmet" est raconté par Daniel, un adolescent de 14 ans qui a été emmené avec sa soeur Cathy, 15 ans, par leur père John pour vivre isolé sur une colline boisée du Yorkshire rural, terres de l'ancien royaume médiéval d'Elmet. Avant la mort de leur grand-mère qui s'occupait d'eux, ils vivaient dans un village de bord de mer où Cathy vivait sous la menace de garçons. Leur mère insaisissable, presque mystérieuse, semble entrer et sortir de leur vie jusqu'à ce que leur grand-mère leur dise un jour qu'elle ne reviendra pas. J'aurais aimé en savoir un peu plus sur l'histoire de cette mère, bien que plus loin dans le roman, on obtienne quelques renseignements. Leur père est un gentil colosse qui a utilisé dans le passé son corps pour gagner sa vie en participant à des combats de boxe illégaux à mains nues ou en aidant des crapules à régler leurs problèmes. Mais à présent, il construit une maison pour ses enfants et essaie de les protéger du monde extérieur. Ce qui est clair, c'est que John les aime. Daniel, doté d'une grande douceur d'âme, tient la maison et cuisine alors que Cathy, plus garçon manqué, chasse et ressemble davantage à son père. Ils mènent une vie en autarcie, sauf pour les études où ils se rendent chez leur voisine Vivien, jusqu'à ce que l'odieux M. Price, propriétaire légitime du terrain et sorte de seigneur local, se présente. L'histoire change alors de dimension en ne s'intéressant plus seulement à cette famille, mais aux traitements injustes, cupides et horribles dont sont victimes les travailleurs et les locataires de Price. Les choses se compliquent alors sérieusement et préparent un dénouement brutal. J'ai été impressionné par ce premier roman de Fiona Mozley. L'écriture est très belle, elle évoque un monde barbare et enchanteur et réussit à être à la fois poétique et violente comme dans cette phrase qui décrit des hommes assistant à un combat de boxe brutal en pleine nature : « Un cercle d'hommes au-dessus d'un cercle de champignons dont le réseau s'étendait sous terre au-dessus de cercles de calcaires. » J'adore. le récit fait penser à un conte avec des éléments intemporels comme la vie en autarcie ou des personnages incroyables à la force presque mythique. Mais petit à petit, des détails viennent ancrer le récit dans notre époque contemporaine en continuum cependant avec l'ancien Elmet. Car on met rapidement en parallèle les deux époques, les conditions de vie des gens, leur pauvreté ou leur richesse, leur statut social de dominés ou de dominants. le procédé peut sembler facile, mais le côté « drame social réaliste » du roman a fonctionné pour moi. le rythme de la narration est plutôt lent au début pour s'accélérer ensuite. Les parenthèses dans le futur proche du narrateur sont intéressantes et installent une vraie tension dans le récit. Ce roman est aussi celui d'une histoire familiale racontée par un enfant plein de candeur avec des personnages archétypaux, néanmoins crédibles individuellement. L'entrée en jeu de M. Price sonne pour Daniel la fin de l'innocence, la fin de l'état de bonheur, comme dans un roman d'apprentissage. le personnage principal n'est cependant pour moi, ni le père, ni les enfants, mais bien la maison. Je ne sais pas combien de fois le mot est écrit et je ne serais pas surpris qu'il soit dans les plus fréquemment utilisés. le récit est très habité par cette idée de maison, sa construction, la protection qu'elle offre, la notion d'appartenance qu'elle sous-tend, la préparation de la nourriture, les tâches quotidiennes qui s'y déroulent et qui rythment la vie de famille. Elle est comme un nid dans la forêt, le centre de tout et l'enjeu des luttes familiales. Elle est construite sur un terrain abandonné, mais qui n'appartient plus à la famille. Cela renvoie au thème moral du droit au logement, qui, en soi, est très intéressant et actuel, mais qui aurait également pu être beaucoup mieux développé. Bien sûr, le logement doit être abordable, les salaires doivent être équitables, mais qui accepterait qu'une famille vienne construire une maison sur sa propriété ? Cette tension problématique et les forces qui poussent John et M. Price à agir comme ils le font auraient pu être explorées de manière plus approfondie. Cela n'altère en rien la réussite de Fiona Mozley dans ce premier roman et j'ai hâte de lire ce qu'elle écrira ensuite.

Merci à Babelio et à l'éditeur pour le livre offert dans le cadre d'une masse critique.
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Elmet

Elmet de Fiona Mozley est un conte gothique naïf, poétique et sanglant sur un propriétaire terrien terrifiant.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Elmet

Merci Babelio de m'avoir offert ce livre d'une jeune anglaise propulsée dès son premier opus dans la sélection finale du Man Booker Prize. Et c'est amplement mérité car voici un livre impressionnant.

C'est Daniel, le petit frère de Cathy, qui raconte : avec son père, un colosse qui a longtemps vécu comme homme de main, ils se sont installés sur un terrain appartenant à un propriétaire terrien aux méthodes expéditives. Cathy est une force de la nature à qui personne ne peut rien imposer, Daniel est plus chétif et doux. De la mère, on ne sait pas grand chose sinon qu'elle est partie pour de bon après plusieurs fugues. La famille vit quelque temps au rythme de la nature jusqu'au moment où le propriétaire entend récupérer son bien. John Smythe (c'est ainsi que se nomme le père) va tenter une révolte des sans terre avec succès jusqu'au moment où le fils du propriétaire est assassiné. Ce meurtre va entrainer un déchainement de violence inouïe.

Le récit est parfaitement maitrisé, la tension que l'on ressent dès le début va crescendo jusqu'au dénouement final terrifiant. Les personnages sont complexes, originaux et très romanesques. L'intrigue brosse plusieurs thèmes dont l'oppression des riches sur les pauvres, les liens du sang qui peuvent unir sans faillir les membres d'une famille, les violences faites aux femmes. Et le style va du simple au lyrique notamment quand il s'agit de décrire la nature.

Elmet m'a fait une impression très forte et durable et j'attends maintenant avec impatience le prochain livre de Fiona Mozley.
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Elmet

Elmet était « le dernier royaume celtique indépendant en Angleterre », l’auteure nomme ainsi, le lieu où se passe cette histoire, dans une région déshéritée du Nord de l’Angleterre, le Yorkshire, où la nature est sauvage presque primitive.

Daniel, sa sœur Cathy et leur père sont une famille unie qui vit en marge de la société. Ils ont construit eux-même leur maison, cultivent leur potager, chassent et cueillent pour se nourrir. Les enfants ne vont pas à l’école, mais Vivien, une voisine, leurs font la classe. Le père, une force de la nature, gagne sa vie en participant à des combats de boxe. Dans la fratrie, Cathy est la dure, habitée par la colère, elle a besoin de vivre dehors, de se dépenser. Au contraire, Danny est le sensible, il aime s’occuper de la maison, faire la cuisine, vivre à l’intérieur. Danny est le narrateur de cette histoire.

Ensemble, en famille, leur vie est plutôt heureuse jusqu’au jour où Mr Price, un riche propriétaire terrien, les menace d’expulsion…

Ainsi, cette histoire qui commence comme un conte bucolique va peu à peu s’assombrir, devenir un combat social et se conclure dans une extrême violence, laissant le lecteur à bout de souffle.

Fiona Mozley décrit merveilleusement la nature, avec beaucoup de précision et de poésie. C’est une région qu’elle connaît bien et qu’elle sait bien partager.

Lors de la rencontre à laquelle j’ai eu la chance de participer, elle nous a expliqué qu’elle a sciemment laissé certains aspects sans réponse, car elle souhaite que le lecteur puisse imaginer lui-même certaines parties de l’histoire…
Lien : https://aproposdelivres.word..
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Elmet

John occupe une maison au milieu des bois avec ses deux enfants Cathy et Daniel. Ils ont pour compagnon de vie le calme, l'autarcie, des accords tacites, les arbres, la simplicité. John est vaillant, fort et s'impose face à Monsieur Price celui qui voudrait le déloger. Celui-ci aurait-il oublié avoir sollicité la vigueur de John par le passé pour son intérêt propre ? Réussira-t-il à mener à bien ses manœuvres d'expulsion ? 🖍️ Dans ce roman, j'ai aimé les mots de Fiona Mozley qui écrit et décrit merveilleusement et avec précision un environnement familier et vital constitué de forêt, chemins, brumes et animaux. On entend bruisser les feuilles, craquer les branches. Ce tout forme l'enveloppe nourricière et protectrice de cette famille. L'auteur instaure une cohésion et une harmonie entre les caractères des enfants, de leur père et le lieu qui les environne. Ce que j'ai surtout apprécié fut l'évolution du personnage de Cathy qui, quasi transparente tout le long du roman gagne en présence et force à la fin. Pendant de longues pages je me suis demandée quelle utilité avec Cathy pour l'histoire tant je la trouvais absente, évanescente. Fiona Mozley sait conduire l'ascension de ce personnage avec finesse et j'ai su décrypter le rôle qu'elle avait pu jouer et la place qu'elle continuerait à occuper dans les esprits et les faits. Le bémol que j'apporterai est que je ne me suis pas sentie liée à ces personnages. Quoi qu'il en soit, cette lecture a un rayonnement mystérieux, intrigue, et les scènes les plus dures et finales sont les plus belles de ce roman. Elles conduisent au faîte de l'histoire avec une part énigmatique que recèle finalement la nature et chacun de nous.
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Elmet

Un grand merci à Babelio pour l'envoi de ce bel ouvrage que je ne manquerai pas de défendre lors du prochain café littéraire de la médiathèque !

En effet, il est toujours agréable de découvrir une nouvelle plume et j'ai particulièrement apprécié ce roman, écrit à hauteur d'enfant.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, je tiens toutefois à préciser que j'émets quelques réserves quant à la quatrième de couverture -très riche- et pas toujours à propos (référence aux sœurs Brontë).

Dans cette histoire, j'ai particulièrement été touché par la finesse de l'écriture et la manière avec laquelle l'autrice est parvenue à retransmettre les sentiments du jeune garçon, Daniel et de sa sœur Catherine. Leur façon de s'entraider malgré leurs différences, leur autonomie m'ont également rappelé le beau roman d'Hélène Frappat, le Dernier Fleuve. Chaque personnage est traité avec attention et la figure du père, à priori inébranlable, semble se refléter dans cette nature sauvage, apprivoisée par cette famille vivant à la marge.

De marge il en est question, et c'est une vrai force de ce roman. Comment vivre différemment des autres sans être rejeté de tous ? Comment parvenir à fédérer autour d'une cause commune ? Qu'est-ce qui fait du nous des hommes, des pères ?

Ce roman est un ode à la nature et aux hommes, il ne sera pas de ces romans "feel-good" mais pourtant il fait du bien, car il révèle une vérité profonde sur notre quête d'humanité.
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Elmet

John s’installe avec son fils Daniel, 14 ans, et sa fille, Cathy, 15 ans en marge de la société, dans une forêt du Yorkshire, dans le nord de l’Angleterre sur une terre qui appartient à un riche propriétaire foncier, Price. John gagne sa vie dans des combats à mains nus sur lesquels les paris affluent. Le père et ses enfants vivent en presque totale autarcie mais John les confient régulièrement à une amie, Vivien, pour leur éducation.

Elmet, qui donne son titre au roman, est un royaume celte ancien d’Angleterre qui a disparu au 7ème siècle, où se rassemblaient les laissés pour compte, « un sanctuaire pour ceux qui souhaitaient échapper à la loi ». Le titre laisse deviner le fil conducteur du roman qui se déroule là où s’étendait Elmet.

C’est sombre, noir, désespérant sans aucune lueur d’espoir d’autant que le narrateur est Daniel, encore naïf. La tension, la violence sont omniprésentes et culminent avec une scène finale d’une rare violence. Elle est bien sûr physique avec le père qui a toujours gagné sa vie avec les poings, parfois comme homme de main à tout faire même la sale besogne et avec la fille, salie par des regards concupiscents et agressée sexuellement à plusieurs reprises. Mais cette violence est aussi sociale car le roman oppose une communauté de pauvres journaliers, d’anciens mineurs, de femmes seules écrasés et exploités par de riches propriétaires terriens qui les brutalisent ; ils essayent de s’organiser et de se rebeller mais la loi du plus fort finit par l’emporter.

Le corps est aussi un thème récurrent : celui de Cathy qui excite les désirs de ses camarades d’école puis, plus tard, des fils Price, celui de John, puissant, qu’il utilise comme outils de travail, celui de Daniel inadapté au milieu sauvage dans lequel il vit et qui ne correspond pas aux normes de son sexe.

Ce roman m’a beaucoup rappelé « My absolute Darling » de Gabriel Tallent même si celui-ci se déroule aux Etats-Unis ; on retrouve la même volonté de vivre en marge de la société pour un père et sa fille, une vie autarcique, une fille qui sait se défendre à laquelle la violence ne fait pas peur, le corps d’une jeune fille comme objet de désir, une scène finale ultra-violente ; néanmoins, la différence essentielle réside dans le fait que dans « Elmet », le père aime ses enfants ce qui n’est pas le cas dans « My absolute Darling » où le père est un prédateur sexuel pour sa fille.

Le style de Fiona Mozley est très expressif, puissant nous rendant la nature mais aussi la violence très proches.

Malgré et peut-être à cause de toutes les qualités de ce roman, la tension et la violence permanentes m’ont mise mal à l’aise, j’ai lu comme en apnée en me demandant quelle horreur allait se passer et en sachant qu’elle serait inéluctable ; par ailleurs, j’ai trouvé trop de points communs avec « My absolute Darling » ce qui a un peu gâché le plaisir de la découverte d’un nouvel auteur et de son premier roman.

Je remercie Babelio et les Editions Joelle Losfeld pour m'avoir offert l'occasion de découvrir cet auteur et son premier roman, et, cerise sur le gâteau, pour me permettre de rencontrer l'auteur herself pour un échange qui sera certainement passionnant.

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Dernière nuit à Soho

Fiona Mozley nous plonge dans le quartier branché de Londres en pleine gentrification. Entre feuilleton rocambolesque et fable baroque, peuplé de personnages flamboyants, « Dernière nuit à Soho » est un magnifique second roman, plein de fantaisie, de drôlerie et d'humanité.
Lien : https://www.lesechos.fr/week..
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Dernière nuit à Soho

L’histoire se déroule dans Londres et plus précisément le quartier de Soho décrit en voie de gentrification. Voulu comme un roman choral, nous suivrons des personnages de tous horizons et de conditions sociales variées, tous plus ou moins impliqués dans l’acharnement d’une jeune héritière à vouloir chasser des prostituées dans le but de donner du cachet ( et donc gagner bien plus d’argent) à toute une série d’immeubles dont elle est la propriétaire. Le lecteur se trouve de chaque côté de la barrière et suit donc les pensées et les luttes de tout un petit monde du riche à la prostituée, du client au simple ami ou habitant du quartier.

C’est bien écrit ( et donc bien traduit), la lecture se révèle agréable mais jamais totalement convaincante ni passionnante. La faute sans doute à toute une galerie de personnages avec qui on n’arrive pas complètement à s’attacher, oscillant entre le trop romancé et le pas assez, avec des passages plutôt bien sentis et d’autre beaucoup plus conventionnels ou tirés par les cheveux ( la sans-abri découvrant en sous-sol un lieu idyllique inoccupée).

La quatrième de couverture fait référence à un grand auteur anglais…. Le malheureux employé, stagiaire, qui la commise ne doit avoir qu’une connaissance très limitée ( un sous sous article d’un Wikipedia du pauvre) de son œuvre romanesque pour affirmer que « c’est un récit éblouissant à la Dickens » …

Et, je ne l’aurai pas fait, si quelqu’un ne l’avait déjà signalé, mais dès la trentième page, tous les feuillets du livre se sont détachés, ce qui n’a pas rendu forcément cette lecture agréable, ayant eu l’impression de lire les pages envoyées séparément par l’auteur…

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Elmet

Bien qu'invraisemblable (enfants qui vivent dans la forêt et qui ne vont pas à l'école , ) c'est une bonne histoire. Par contre le style d'écriture est très simple. le narrateur est un adolescent de quinze ans mais il est aussi naïf qu'un enfant de 8 ans. Les chapitres sont entrecoupés par un épilogue. Je pense que le but était de faire ressortir une atmosphère de tension mais cela n'apporte rien à l'histoire sinon plus de noirceur. Est ce que cela a été rajouté pour faire un récit plus long?
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Elmet

Quand Walden rencontre Arnaques crime et botanique… captain Fantastic revu par Tarentino…

Les bas fonds de la perfide Albion en Barbour dans le fond des sous bois qui cherche à revenir aux sources… une jolie histoire de nature rattrapée par la violence, d’une certaine société, des humains, du passé… un énième roman bien dans l’air du temps (la famille qui échappe au monde pour vivre en autonomie dans les bois) mais qui nous happe et nous scotche… pas de mièvrerie ici. on aurait aimé que ça dure et en savoir plus ( notamment sur la mère des enfants… et sur Daniel, improbable garçon sensible dans un monde brut et de brutes.) bref, j’ai bien aimé…
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Elmet

« Elmet était le dernier royaume celtique indépendant d’Angleterre. […] Au XVIIème siècle, cette étroite vallée […] était encore« une mauvaise terre », un sanctuaire pour ceux qui souhaitaient échapper à la loi. » Ted Hugues (Remains of Elmet)



C’est sur ces terres imprégnées de légendes que Fiona Mozley a choisi d’implanter son histoire et quelle belle réussite ! Sur la couverture ces quelques mots du Sunday Times : « Quand Hansel et Gretel rencontrent le Parrain » résument à eux seuls l’atmosphère de ce premier roman envoûtant.



C’est un véritable drame social qui se joue dans une Angleterre rurale où les propriétaires terriens nantis peu scrupuleux privent de leurs droits les plus vulnérables.



Sur fond de lutte de classes apparaissent Cathy, Danny et leur père John Smythe, un colosse qui gagne sa vie avec des combats de boxe à mains nues. Il s’est retiré dans la forêt avec ses enfants, faisant de ce lieu leur royaume, en marge de la société, souhaitant vivre en harmonie avec la nature et ne rien devoir à personne qu’à eux-mêmes. Mais leur quête d’idéal se transforme en combat pour une parcelle de terre et glisse peu à peu vers la tragédie.



Fiona Mozley construit ses personnages avec beaucoup d’empathie, des personnages complexes et attachants unis par des liens familiaux très forts, par une tendresse toute en retenue. Le père, taiseux, tout entier dévoué à ses enfants, Danny, le narrateur, garçon étrange à l’identité un peu floue, et Cathy qui ne supporte pas l’injustice, une colère viscérale et électrique chevillée au corps, digne héritière de son père.



Elle maîtrise son intrigue de manière brillante, transforme l’atmosphère bucolique du départ en faisant monter la violence inexorablement. Emmène le lecteur dans un mélange de cauchemar et de merveilleux. Joue sur les contrastes, la vie et la mort, le bien et le mal, l’amour et la haine, la révolte des opprimés contre les puissants, la beauté et la poésie de la nature et la violence qui surgit sans crier gare.



Un roman noir, gothique, intemporel, tel un conte cruel empreint de lyrisme qui mérite vraiment un détour sur les terres du Yorkshire, véritables paradis perdus. La scène finale est digne d’un western. L’image d’une silhouette fantomatique nous poursuit au-delà de la lecture et n’en finit pas de nous hanter.



Fiona Mozley, toute jeune « plume » de la littérature anglaise signe un roman passionnant et captivant. Un véritable coup de cœur !

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Elmet

Sacré coup de maitre pour un premier roman ! J'ai même de la peine à y croire...L'écriture est soignée, très réaliste, absolument magnifique. Les paysages sont décrits avec précision. Les personnages sont atypiques et forts.

L'histoire est prenante et originale.

Dès le premier chapitre, on comprend qu'il s'est passé quelque chose de grave...Et on déroule l'histoire petit à petit de ce père ex boxeur venu s'installer avec ses deux enfants adolescents sur des terres qui ne lui appartiennent pas. Je ne dévoile rien de l'histoire, la quatrième de couverture le fait déjà un peu trop à mon avis.

Une très belle découverte !
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Elmet

John Smythe, grand costaud et boxeur clandestin, vit avec ses enfants Cathy et Daniel sur les terres de leur mère, partie depuis longtemps, dans le Yorkshire rural. John a construit lui-même sa maison, et mène une vie en marge avec ses enfants, auxquels il transmet son savoir sur la vie dans la nature. Pour ce qui est de l’instruction, elle est dispensée aux enfants par Vivien, une amie de leur père, elle aussi solitaire. Daniel est beaucoup plus réceptif que sa sœur aux enseignements de Vivien : il apprécie de passer du temps en sa compagnie, le nez dans les livres, dans le confort douillet de son cottage. Cathy, elle, préfère passer son temps à courir les bois. Mais leur équilibre est perturbé lorsque Price, riche propriétaire terrien aux pratiques au-dessus des lois, vient menacer la famille d’expulsions si John ne se plie pas à ses conditions…

Elmet, « sanctuaire pour ceux qui souhaitaient échapper à la loi », c’est ce Yorkshire hors du temps où les fermiers vivent encore sous le joug des gros propriétaires terriens, qui les exploitent comme main d’œuvre mal payée au noir, et les logent dans des conditions parfois insalubres.

Elmet, «étroite vallée avec ses rebords et ses landes glaciaires », est aussi ce lieu initiatique où grandissent Cathy et Daniel, une nature magnifiée par l’écriture poétique de Fiona Mozley.

Elmet est un roman magnifique, qui nous happe sans nous lâcher, car l’on sent que l’équilibre fragile trouvé par John et ses enfants est menacé : on sait d’ailleurs dès le court chapitre inaugural qu’un drame a eu lieu, renvoyant l’essentiel du roman au récit d’un passé proche. Le rythme s’accélère progressivement au fil du roman, nous laissant tendus jusqu’à la scène finale, d’une très grande force.

Un très beau roman, dans lequel la nature sauvage et l’âme humaine se répondent. Florence

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Elmet

Ce roman, qui fourmille de détails et qui est remarquablement maîtrisé, peut se lire tout aussi bien comme un drame social réaliste, comme un conte sur la fragilité de l'utopie, ou encore comme une tragédie particulière noire.
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Elmet

Conte poétique du retour à la nature, Elmet transporte le lecteur dans le Yorkshire rural, aux côtés d’un père et de ses deux enfants qui vivent une vie ascétique. Mais la société et ses démons les rattrapent et les poussent à une fin tragique.



Ce sont les mots de Daniel, jeune garçon d’une quinzaine d’années, qui nous guident à travers sa vie, entouré de son père John et de sa soeur Cathy, dans une maison qu’ils ont construit de leurs mains au beau milieu de la forêt anglaise. Ils vivent hors des règles de la société, chassant pour se nourrir et n’ont que peu d’interactions sociales. C’est une vie qui semble convenir au jeune Daniel, fasciné par son père dont il admire tant la force physique que l’abnégation au travail. « Malgré toute sa brutalité, papa aimait les gens. Il avait pour eux l’affection d’un chasseur pour ses proies. Il les aimait profondément, sincèrement, mais avec distance. Il avait peu d’amis, il ne les voyait pas souvent, mais les gens qu’il aimait, il les choyait comme de vieux souvenirs. Et il se souciait d’eux. » Le style poétique de Fiona Mozley accompagne le récit du garçon de son quotidien, entre les leçons reçues d’une voisine, le temps passé en cuisine et les promenades dans la forêt.
Lien : http://untitledmag.fr/elmet-..
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Elmet

Avec une sensibilité étayée par le soin qu’elle accorde aux détails, la romancière transcrit une routine frugale, la tendresse silencieuse qui unit cette famille, en marge de la société comme de la modernité [...] Le genre exige du style, de sorte à conférer à la faune et la flore un statut de personnages. Fiona Mozley y parvient sans peine.
Lien : https://www.lemonde.fr/criti..
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