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Critiques de Franck Balandier (66)
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Ankylose : Petite musique de nuit pour les ..

Il faut que le monde vous désabuse du monde; ses appas ont assez d'illusions, ses faveurs assez d'inconstance, ses rebuts assez d'amertume.
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APO

Apo, livre de Franck Balandier .

Apo, diminutif de Apollinaire, car c'est bien Guillaume Apollinaire qui est le personnage central de ce livre. Central car l'auteur va développer toute une galerie de personnages secondaires.

Le livre se divise en 3 « zones », le terme « zone » renvoyant au célèbre poème du même nom.

La première zone nous raconte l'histoire du vol de la Joconde par Apollinaire et un de ses acolyte, opération commanditée par Picasso lui-même. Cette frasque va conduire le poète entre les murs d'une cellule de la prison de la Santé.

La seconde zone représente les derniers jours de la vie du grand homme qui, ayant échappé à la mitraille de la grande guerre, et au maladies vénériennes, va succomber à la gripper espagnole.

La troisième zone met en scène une jeune chercheuse qui part à la recherche d'elle même, en examinant les traces laissées par Apollinaire lors de son passage en prison.

Enfin le livre se conclut sur un épilogue en forme d'apothéose absolu où tous les liens sont rompus.



Ce livre est une très bonne surprise. On suit les péripéties méconnues de la vie du poète à travers la plume agile de Franck Balandier. Une plume agile et lyrique mais qui nous entraîne vers des recoins tourmentés et poisseux de l'âme humaine.

Les personnages secondaires ouvrent des tableaux digressifs noirs et riches d'expériences sordides. Ils forment un réseau qui rend parfaitement l'ambiance début de siècle dans laquelle sont nés les poèmes d'Apollinaire.

On sent d'ailleurs la présence d'Apollinaire dans le style, les images, tout au long du livre. Et les références poétiques sont nombreuses.

Le roman condense aussi tout un questionnement sur l'enfermement : l'enfermement pénitentiaire, mais aussi l'enfermement dans un cadre qui perturbe la jeunesse du personnage féminin de la troisième zone.

On pourrait aussi parler de l'enfermement dans un délire, ce qu'il arrive à l'Apollinaire mourant, avant la délivrance de son dernier soupir.



Un livre que je recommande sans hésiter pour sa densité et sa profondeur.

Je salue au passage le travail d'édition du Castor Astral, avec cette couverture en forme d'oeilleton très astucieuse.

Je remercie donc cet éditeur, ainsi que Babelio de m'avoir donné l'opportunité de découvrir ce livre via l'opération Masse critique de Septembre.

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APO

J'ai acheté ce livre à cause de la couverture très originale. Et puis, Apollinaire en prison, cela n'était pas banal.

Je n'étais pas au bout de mes surprises. On est loin de l'image d'Epinal du poète. Dans cette histoire à moitié inventée, mais avec quel lyrisme, quelle imagination et surtout quel humour, l'auteur nous fait revivre les heures les plus folles du début du 20e siècle juste avant les heures sombres de la première guerre mondiale. On rit, on pleure, on s'attache à tous les personnages secondaires qui jalonnent le roman, autant qu'au personnage principal qui en devient familier, descendu de son piédestal de poète consacré, détrôné par la plume magique et impertinente de Franck Balandier. J'ai passé un très bon moment.
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APO

Le résumé promettait de lever le voile sur une histoire méconnue : les quelques jours en prison d'Apolinaire.



J'avoue avoir été déçue, même si l'écriture est intéressante. Trop vite expédié à mon goût. Sans doute aurais-je été plus séduite si je connaissais mieux l'oeuvre d'Apolinaire. On y retrouve des références à ses poèmes et nul doute que j'en ai loupé beaucoup ! Dans tous les cas, l'auteur donne envie de s'y (re)plonger.



L'épilogue est pour moi totalement inutile. J'avoue ne pas la comprendre...



Bref, un livre qui plaira sans doute aux érudits. En ce qui me concerne, j'ai été déçue.
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APO

Cet opus est découpé en trois zones.

Zone est le premier poème écrit par Apollinaire dans Alcools. Ce poème est la quintessence de son auteur, sans ponctuation ni métrique donc sans entraves, ces vers libres chantent la mélancolie de celui qui écrit pour exister. Les vers sont irréguliers ainsi que la strophe mais les images ainsi véhiculées sont abondantes, disparates entre monde ancien(mythologie) et monde moderne. Le rythme est celui de l’imagination qui vagabonde comme l’eau coule dans une rivière et parfois en déborde.

Zone 1 :

Regard en retrait de ce qui arrive lorsque 3 trentenaires Picasso, Guillaume Apollinaire et Géry Pieret se mettent en tête de voler la Joconde. L’instigateur Picasso, fait faux bond aux deux autres pour cause de conquête amoureuse, mais nos deux lascars iront.

Le musée de nuit, l’errance qui s’en suit, la sortie victorieuse avec le trophée.

Regard affectueux, Franck Balandier s’amuse de cette situation avec toute la tendresse qu’il a pour son Apo. Tel un père qui raconterait les frasques de son fiston.

Puis c’est la prison « Il pose. Cette ardoise entre les doigts. Il aime bien l’identification, le numéro. Il réalise que, peut-être, cette image restera la seule, au plus profond de cette petite mort. Il faut sourire. Faire semblant. Il se demande à qui il devrait mourir, maintenant. Il se trompe de mot. Il a voulu dire sourire. La mort ne serait-elle qu’une affaire de sourire ? »

Incarcéré le jeudi 7 septembre 1911 à la maison de correction de Paris la Santé, il en sortit le mardi 12 septembre 1911, faute de preuves tangibles retenues contre lui.

Regard coloré voire bigarré pour nous faire vivre l’époque à travers les personnages : le gardien de musée aussi à l’étroit dans sa vie que dans sa cabine de fonction, la concierge qui voit la vie et les autres par le prisme de sa vie uniquement la sienne, les enquêteurs qui eux ont d’autres distractions que cette enquête. Pour le juge chargé de l’affaire un certain Joseph-Marie Dray, l’auteur a eu raison de changer son patronyme, car son portrait page 44 est un exemple pour illustrer la liberté du romancier face à la réalité, et combien l’imaginaire peut être ardent.

Dans cette zone souffle le comique d’un Chaplin, du grand art qui va du registre de la tendresse à celui de la bouffonnerie comme un fil tendu au-dessus de la réalité.

Zone 2 :

La mort. « Il n’avait pas si peur de mourir, Wilhem, il craignait seulement une mort trop ordinaire pour lui, trop triviale pour correspondre à l’idée qu’il se faisait de ses funérailles. Lui, qui avait mis tant d’années et consenti tant d’efforts pour devenir un « garçon bien », un « bon Français », pour effacer l’image du Russe émigré qui lui collait à la peau, pour obtenir enfin ses papiers, en bonne et due forme, Wilhem Kostrowitsky, dit Guillaume Apollinaire, homme de lettres, de nationalité française acquise par naturalisation, ce n’était déjà pas si mal, allait mourir français, emporté par la grippe espagnole. »

Apo s’éteint, Paris est fébrile, la guerre se termine, les rues bruissent des flots de Bretons qui arrivent pour s’installer dans la capitale.

Franck Balandier nous peint cela, en tableaux colorés et sensuels à la manière de Renoir.

Zone 3 :

L’auteur sait de quoi il parle « Les murs quand ils sont suffisamment hauts, sont des pansements. Ils cachent. Il en va ainsi des hôpitaux, des prisons et des cimetières. »

Là l’imaginaire l’emporte, le poète se réveille, telle une amazone chevauchant sa monture, sous les traits d’Elise, la cellule d’Apo est visitée une dernière fois, avant la démolition de la Santé, un poème reste écrit sur le mur… ?

Les poètes meurent mais leurs poèmes vivent, pour nous faire exsuder les bons et moins bons souvenirs. Ainsi voguent les réminiscences sur lesquelles se construisent les adultes que nous sommes, consentants ou pas.

Une lecture comme je les aime, d’un opus inspiré, porté par une écriture poétique et des flamboyances stylistiques que n’aurait pas renié Apollinaire lui-même.

Un poète qui est depuis longtemps le compagnon de route de l’auteur.

Franck Balandier commence sa partition en soliste virtuose et entraîne dans le sillage de ses mots tout l’orchestre des lecteurs.

Chantal Lafon-Litteratum Amor 15 aout 2018.

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APO

Le 7 septembre 1911, après perquisition de son domicile, Guillaume Apollinaire est incarcéré à la prison de la Santé. Accusé de complicité dans le vol de la Joconde au musée du Louvre, le poète y passera une semaine. Des jours qui le marquèrent durablement, et auquel il consacra une section de son recueil le plus célèbre, Alcools. Éminemment romanesque, cet épisode scabreux de la vie du poète permet à Franck Balandier de composer une première partie aux airs de feuilleton d'aventure, marqué par l'épisode flamboyant de la visite nocturne du Louvre, avant de s'emparer d'un autre moment crucial : les derniers jours du poète. Construit autour de ces deux épisodes clés, Apo dresse d'Apollinaire un portrait émouvant, plein de tendresse et d'une mélancolique espièglerie
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APO

L'auteur a côtoyé tous les aspects de l'univers de la prison, ce monde ou l'absurde côtoie l'inhumanité de notre régime pénitentiaire. Et là, il apparaît dans Apo, tout à la fois une analyse pénétrante, sensible, généreuse, une connivence hors du temps, une attachante fidélité pour Guillaume Apollinaire et son oeuvre toute entière. Dans ce livre, elle est dépeinte dans une fresque poétique, où l'humour noir et l'imaginaire frôlent le désespoir le plus total de l'abandon, où se révèle la sensualité érotique, la folie exacerbée du célèbre détenu derrière les barreaux en démêlant le vrai du faux Franck Balandier nous emporte dans un monde qu'il connaît bien. Avant tout l'auteur répond au désir de nous amener à comprendre la solidarité qui le lie depuis longtemps à Guillaume Apollinaire. Elle est le point de départ d'une partie de son oeuvre sur l'enfermement des prisons, et l'enfermement tout court, sans oublier les autres détenus, en restituant une ambiance à hauteur de son talent d'écrivain.
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APO

Il est des écritures poétiques qui viennent de loin et qui nous transportent comme un bon film. Celle de Balandier est de celle là, à chaque roman. Cette fois, dans APO, une voix off truculente nous mène en ce début du 20ème siècle à Paris dans l’intimité d’un Apollinaire démystifié. On oscille entre imaginaire et réalité historique, on déambule dans un Louvre nocturne, on plonge dans la sueur des joies populaires de l’époque, on trésaille dans l’horreur des combats de la première guerre mondiale et on frissonne du nez et du corps à La Santé d’hier et d’aujourd’hui. Ce livre magnifique est un vrai voyage sensoriel à ne pas manquer !
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APO

J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une masse critique et j'en remercie Babelio et les éditions Le Castor Astral.

Malheureusement je suis complètement passée à côté ce qui m'a poussé à l'abandon à la moitié du roman.

Je n'ai pas été séduite par le style et je trouve qu'il dessert l'histoire qui était pourtant intéressante...

Cet abandon me navre, j'aurai aimé l'aimé...
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APO

Entre déclaration d’amour à la poésie et regard acéré sur le milieu carcéral, Franck Balandier nous offre une fois de plus un roman où son mordant et sa justesse font des merveilles.



Apollinaire est le personnage idéal pour un roman de Franck Balandier qui mélange poésie et gouaille, sensualité et humour avec bonheur et sensibilité.



Fondant en un seul récit fiction et réalité, l’auteur imagine, autour de l’incarcération du poète en 1911 à la prison de la Santé, un récit où se mêlent grands noms de la littérature et petites gens du Paris populaire.



En hommage à celui qui écrivit « l’enlèvement des Sabines » et « Mon très cher petit Lou », Franck Balandier érotise toutes ces petites histoires dans la Grande.



Le récit est découpé en 3 zones (qu’on se souvienne du poème qui ouvre Alcools).



Si la dure réalité rattrape le noceur des nuits parisiennes en l’enfermant en cellule, c’est le monde mis à feu et à sang qui aura raison du poète.



Et la zone 3 n’est pas très optimiste puisque la barbarie semble être de retour aujourd’hui nous dit Franck Balandier. Déjà que les murs des prisons deviennent des monuments historiques pendant que l’on enseveli sous les gravats les mots du poète. De nouveaux « va t en guerre » font leur apparition.



Mais ne vous laissez pas abattre ! Ce livre est plein d’humour, de tendresse et de sensualité.



Franck Balandier a la plume équilibriste lui permettant de succiter chez le lecteur et la lectrice rire et émoi, peine et joie.



Son Apo se jour des codes dans un long poème qui rend un hommage vibrant et sensuel à celui par qui la poésie entra dans le 20ème siècle.



L’auteur en profite pour tailler un costard au monde carcéral (qu’il connaît bien) en sortant des statistiques pour replacer au plus près de la peau l’ignominie de l’enferment et de la déshumanisation.



Gros coup de cœur de cette rentrée.
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APO

2018, centenaire de la mort d’Apollinaire mais aussi centenaire de la fin de la grande guerre et année de réouverture de la prison de la Santé. Des liens qui permettent à Franck Balandier de construire son récit pour nous faire découvrir Guillaume Apollinaire, poète célèbre mais surtout un homme sensuel voire lubrique et fantaisiste.



Le roman se compose de trois parties.



Tout commence dans la fantaisie. Nous suivons Apollinaire et son ami douteux Géry en plein cambriolage au musée du Louvre. Ils fuient sous une pluie battante avec deux statuettes et la célèbre Joconde. Picasso qui devait être de la partie ne fut pas au rendez-vous. Ce don juan devait être bien occupé.



Si Géry s’enfuit avec le butin, Guillaume est arrêté pour complicité. En septembre 1911, le poète passe cinq jours à la prison de la Santé. Ce qui nous vaut le plus beau moment du livre. Balandier, ancien éducateur de prison, connaît bien cette atmosphère.



« La prison est une interminable attente. »



Guillaume s’évade avec ses mots, pensant à Marie Laurencin.



La seconde partie nous emmène en novembre 1918, à la fin de la grande guerre. Wilhelm Kostrowitsky, émigré russe, dit Guillaume Apollinaire ne mourra pas de cet éclat brillant à la tempe mais de la grippe espagnole qui finira par faire plus de ravage que la guerre et autant de peur et de scandale que notre virus H1N1.



« Il est des maladies inventées, dont les morts, au fond du couloir, en sortant de l’ascenseur, sont des promesses de fortunes immédiates. »



Quelle tristesse de mourir la veille de l’armistice alors que ce grand poète au regard brouillé espérait encore étreindre le jeune corps de Mona rencontrée au café de Flore.

« Homme à femmes. Il aime que ses amis le voient ainsi. Et même s’il ne possède pas le physique de l’emploi. »

L’homme séduit par sa poésie.

Même un siècle plus tard…En 2015, Elise Seyveras se rend à la prison de la santé juste avant sa démolition. Dans le cadre de sa thèse, elle veut visiter la cellule où Apollinaire a passé quelques jours.



« Les murs de prison sont des histoires à fleur de peau. »

Ceux-ci lui rappellent les heures sombres de l’internat où ses parents l’avaient envoyée.

Quel enchantement quand elle découvre un poème de la main d’Apollinaire sur le mur à côté des latrines!

« Où vont mourir les poètes aux murs des prisons, quand ils ont déjà fini d’exister?



Un homme est passé par là. Il se nommait Guillaume Apollinaire. Il écrivait. Il n’a pas cessé d’écrire. Sur des papiers, des bons de cantine, des vieux journaux, sur les murs aussi. Il a écrit partout. Et tout doit disparaître. »



Dans ce roman, Franck Balandier compose autour de faits réels. Sur ce fil ténu du passé d’Apollinaire, il brode des vies. Une ronde de personnages ( un gardien de musée, un voisin, un catcheur, un arbitre, un gardien de prison, un tenancier de bordel…) s’invite et accompagne le poète. Jusqu’à cette jeune étudiante, son amour de jeunesse et sa mauvaise rencontre qui nous vaut une fin spectaculaire.



Le tout dans un style remarquable, non dénué d’humour et de fantaisie, et avec un regard acéré sur la société actuelle.
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APO

APO, un roman que l’on ne peut pas lâcher tant l’envie est forte de suivre Apollinaire à deux moments de sa vie, dans ses frasques, ses amours, son écriture, mais aussi sa guerre, sa mort.

Il y a trois Zones dans APO, trois époques, trois tranches de vie.

De la vie d’Apollinaire d’abord. En 1911, sans doute sur l’impulsion de Picasso, Apollinaire et Géry décident d’aller de nuit au Louvre pour tenter de rapporter au peintre les statuettes qu’il leur a demandé… de rapporter allez-vous dire ? Enfin, de voler, ou d’emprunter bien sûr. Au hasard des galeries passant sans vergogne devant les gardiens endormis, ils trouvent leurs statuettes et décident d’emporter également le tableau le plus célèbre du musée, La Joconde de Léonard de Vinci… Mais les enquêteurs ont tôt fait de remonter jusqu’au poète, et APO va passer quelques jours dans la cellule 5 de la déjà sordide prison de La Santé à Paris sous le numéro de matricule 123 216, du 7 au 12 septembre 1911.

Et l’auteur nous régale avec un juge comme on n’en fait plus, des policier enquêteurs amateurs de catch, des photographes de prison qui n’ont rien d’artistique. Il restitue également les états d’âme d’un Guillaume Apollinaire qui pense si fort à sa Marie (Laurencin) et au ciel par-dessus les toits, même en captivité son imagination et son talent s’expriment, même pour dire le vide, l’ennuie ou l’absence. Cette expérience le marquera, y compris dans sa créativité.

Des derniers jours de la vie d’Apollinaire ensuite, quand en 1918, revenu du front, survivant des horreurs de cette guerre, il se meurt à Paris de cette grippe espagnole qui a décimé tant d’hommes en Europe. Le poète se remémore ses amours enfuis, les prénoms de ses belles, leurs caresses et celles du soleil sur sa peau, mais il sait aussi que sa fin est proche, inéluctable.

Enfin, l’auteur nous entraine en 2015 dans la cellule d’Apollinaire, dans cette prison de La Santé insalubre qui va enfin être rénovée. En conservant toutefois le mur extérieur classé monument historique (on a les monuments qu’on peut dans certains quartiers !). Il fait entrer en scène la belle Elise.

Lisez ce livre, et peut-être comme moi allez-vous suivre le poète, ses vers, sa folie douce, ses espoirs et ses aventures, apprécier la langue et les mots de Franck Balandier, denses, mordants, et tellement réalistes dans leur démesure.

Chronique complète sur le blog Domi C Lire : https://domiclire.wordpress.com/2018/08/23/apo-franck-balandier/


Lien : https://domiclire.wordpress...
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APO

Cet étrange ouvrage nous livre trois moments de la vie d'Apo (célèbre sous son pseudonyme d'Apollinaire ) : le vol ludique de la Joconde qui fait le lien entre tous les épisodes, le séjour en prison , la mort du poète. S'appuyant sur la biographie , l'auteur nous promène dans la tête de l'écrivain et de plusieurs personnages (la concierge , le juge, le catcheur masqué…) , leur solitude affective , leurs amours ratés ou perdus . Il dresse un portrait saisissant de la prison (il en parle en connaissance de cause) et de l'homme mourant sous l'action conjuguée de la guerre et du virus de la grippe espagnole. Enfin une coda purement romanesque nous ramène à notre époque . Balandier se livre à un exercice de virtuosité narrative , vibrant de sensualité et de mélancolie. Et son écriture est un délice d'élégance jusque dans la trivialité. J'ai adoré et je regrette d'autant la disparition récente de l'auteur.
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Des poètes derrière les barreaux : F. Villon, J..

C'est du grand art, une promenade à ciel ouvert au dessus des prisons et leurs célèbres détenus. La prison du Châtelet en janvier 1463 avec François Villon condamné à la pendaison. Puis André Chénier à Saint-Lazare en 1794. Au tour d'Arthur Rimbaud à Mazas...Le pauvre, tout celà pour un premier voyage à Paris, le changement imprévu d'une correspondance peut parfois poser problèmes lors d'un contrôle; et c'est ce qu'il s'est passé.

La suite à découvrir avec Guillaume Appolinaire, le fin gredin enfermé à la Santé, trempant dans une drôle d'affaire de statuettes volées, puis soupçonné dans ses amitiés douteuses pour avoir peut-être participé au vol de la toile du tableau de la Joconde exposé au Louvres. Jean Genet, auteur poète, voleur invétéré à la petite Roquette. Albertine Sarazzin poursuivie pour des faîtes de délinquance: auteure de L'astragale; elle aussi détenue à la Roquette devenue une prison pour femmes. Un voyage historique, poétique et géographique sous la plume efficace et narratrice de Franck Balandier.

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Gazoline Tango

Voici un roman dont je dévoilerai peu de choses, il faut le découvrir, l'auteur raconte l'histoire de Benjamin Granger, de sa naissance jusqu'à la trentaine , il souffre d'hyperacousie et ne supporte aucun son, réduit à grandir avec un casque rouge "antibruit "sur les oreilles, il réinvente difficilement le monde qui l'entoure. Sa mére, à qui il manque quelque peu l'instinct maternel est batteuse dans un groupe de filles punk......

Il grandit à la cité des peintres, passe des tas d'examens médicaux , qui ne servent pas à grand -chose....

C'est une chronique du monde ancien,. La banlieue abandonnée , abonnée à la précarité ,oú les rues n'avaient de couleurs que les peintres qui les désignaient .....Tout était moche!

"L'herbe qui faisait rire aidait à tenir debout", rue Van Gogh pour le shit, Matisse pour les autoradios volés, Gauguin pour le centre paroissial.....Rue Cezanne trainait une promesse de soleil ..



Mais la banlieue abandonnée n'est jamais triste avec ses personnages hors normes : le Pére Germain accro "à l'herbe qui faisait rire " dans son église désertée, quasi vide, Isidore l'Africain,, poéte et amoureux des Fables de la Fontaine, les histoires de mémé Lucienne , née au siécle d'avant , conteuse , qui cultivait du cannabis dans son jardin au passé trouble, , Yolande, la représentante des causes perdues, Tarzan' le maître nageur, et la jolie sourde- muette , Noémie.....

Un roman pétri d'humour et de dérision drôle et tendre, décalé et léger, quoique....

On sent que l'auteur a beaucoup de sensibilité , à fleur de peau, il a conservé son âme d'enfant , narre des anecdotes et des parcours de vie où malgré la pauvreté , la poésie se rêvait à chaque coin de rue, oú chacun se tenait la main, par humanité et solidarité , pas toujours sur le bon chemin , mais personne ne jugeait .....

Tout un monde nostalgique avant la destruction des tours........il ne restait plus beaucoup de temps." La première tour de la rue Matisse se dérobait, nous n'étions déjà plus que le commencement de plus rien !Elle ne nous accordait que le panache de son monde écroulé ...Las, "Le ciel s'étalait , quelque chose de vaguement bleu pour faire avaler la pilule à tous les habitants ".

Un ouvrage humaniste à l'apparence légère qui fait réfléchir sans donner de leçons !

Emprunté par hasard à la Médiathéque .
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Gazoline Tango

Je ressors de cette lecture avec un avis un peu mitigé. J’ai apprécié l’humour indéniable de la plus grande partie du récit. Benjamin, dont la naissance n’était pas désirée, souffre depuis toujours d’une sensibilité exacerbée aux sons, l’obligeant à porter un casque en permanence, un comble quand on sait que sa mère est batteuse dans un groupe de rock punk. Benjamin vit dans une tour de cité aux boîtes aux lettres éventrées, aux couloirs qui sentent la pisse, mais il éprouve quand même malgré tout une certaine joie de vivre grâce aux personnes qui l’entourent et lui tiennent lieu de parents de substitution. Et cet entourage ne manque pas de piment. Les descriptions sont drôles, les péripéties de la vie de Benjamin aussi. J’ai un peu moins apprécié la dernière partie du récit, je n’ai pas bien compris pourquoi l’auteur mêlait tout à coup à l’intrigue des considérations sur la radicalisation de certains jeunes des cités, ou sur le sentiment que peuvent avoir des émigrés lors de leur retour au pays. Pour moi cela gâchait un peu la fin du roman, qui termine de manière un peu abrupte.
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Gazoline Tango

Benjamin Granger est un enfant non désiré. Sa mère, batteur de jazz dans un groupe de filles, The naked Tits, avait rencontré un bel inconnu lors d’un concert. Une histoire d’un soir et pourtant l’amour d’une vie. Depuis, elle vit dans une cité oubliée de Dieu, la cité des peintres. Là, elle peut confier Benjamin le matin à Lucienne, la veuve du garde-barrière et l’après-midi au Père Germain pendant qu’elle va jouer avec ses amies musiciennes.

« De toute façon, maman ne comprend rien, elle n’a jamais rien compris de tout ce qui lui arrive. »

Depuis sa naissance, Benjamin ne supporte aucun bruit. Il porte un casque en permanence sur les oreilles, découvrant les alentours et les personnages qui peuplent la cité.

Et ils sont cocasses et tendres tous ces personnages.

Il y a le Père Benjamin qui règne sur une église désertée où il fait découvrir Bach à l’enfant. La vieille Lucienne qui raconte son étrange passé et qui, en fait, cultive du cannabis que revend Sofiane le dealer. J’aime beaucoup Isidore, le brancardier sans papiers, amateur de poésie, marié à Yolande, toujours prête à sauver les bonnes âmes. Monsieur Lespert, un homme étrange qui vole le courrier de tout le monde.

« A la cité des peintres, on s’aime d’abord par peur de se retrouver seul, vraiment tout seul. La solitude nous fait nous rapprocher, nous donner la main, puis nous unir. J’ai aimé pareil, à reculons, pour empêcher la mort d’avancer. J’ai aimé pour vaincre ma solitude. »

L’auteur fait parler son narrateur de la naissance à l’âge adulte, évoquant son état, ses découvertes, son évolution, les frasques des uns et des autres. Autant d’aventures truculentes qui allient humour et tendresse.

Envoyé dans un institut spécialisé, Benjamin rencontre Noémie, sourde muette, fille du directeur du cours Michel. Il trouve ensuite un travail, s’éloigne de la cité qui est aujourd’hui menacée de destruction.

Je me suis davantage perdue dans cette période adulte, peut-être en manque de repères loin de cette cité à la fois perdue et protectrice.



Derrière une comédie douce amère, Franck Balandier peint à merveille la vie des cités, là où la misère monte au ciel mais où les habitants s’entraident. Chacun oublie ses rêves dans des activités plus ou moins licites. Mais vit avec une certaine insouciance et une grande bonté.

Des personnages secondaires très attachants et l’histoire d’une belle et grande famille, celle des oubliés qui ne comptent que sur eux-mêmes pour être heureux.
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Gazoline Tango

Au début, un nourrisson voit le jour. Il s’appelle Benjamin, et s’il pouvait, il se boucherait les oreilles illico. Sorti d’un ventre qui ne voulait pas de lui mais qui atténuait le bruit furieux de la double pédale grosse-caisse, il se retrouve livré à un monde effroyablement bruyant.





Catapulté dans la cité des peintres, il vit avec sa mère, batteuse dans un groupe de filles punk, et pas franchement habitée par l’instinct maternel.



Benjamin grandira là, comme une fleur des champs qu’un peintre aurait posée sur le béton, une petite tache de couleur dans la grisaille apparente des tours de banlieue.



Un casque sur les oreilles pour le protéger des bruits, il poussera, le nez au vent, entouré par des habitants qui savent bien que la vie n’est pas toujours tendre. Et pourtant, de tendresse, cette histoire en déborde. La tendresse qui ne dit pas son nom, qui ne fait pas dans la sensiblerie, qui est même rude, parfois.



Pour Benjamin, la musique c’est du bruit, il ne la supporte pas, mais il apprendra à aimer Bach sur l’harmonium d’un curé destroy, dans une église que plus personne ne fréquente. Il écoutera les histoires d’un autre temps d’une grand-mère qui habite la dernière bicoque du quartier, au bord de la voie ferrée. Il trouvera du réconfort auprès d’une presque maman, bonne comme le pain, et découvrira la poésie de La Fontaine avec un Africain qui endort les enfants… Et puis il y aura l’eau de la piscine, le retour dans le monde ouaté où les bruits n’atteignent plus ses oreilles et un jour, devenu un peu plus grand, il y aura l’amour de Noémie, la belle sourde-muette, exactement ce qu’il fallait à Benjamin pour découvrir en paix les premiers émois du corps.



En attendant de mourir, comme le Christ, le jour de ses trente-trois ans – il en est persuadé- Benjamin nous emmène dans un monde de démunis aux mains tendues les uns vers les autres. Personne ne reste sur le carreau dans la cité des peintres, personne n’est rien, chacun est riche d’un éclat dans le regard, de rêves et de mots qui sonnent si juste que l’on se surprend à s’essuyer le coin de l’oeil en souriant.



Comme moi, vous écraserez peut-être une larme quand la tour tombera, parce qu’il y a eu tant de vies à l’intérieur, tant de petites gens qui regardent s’effondrer leur maison, qu’il est impossible de ne pas être là, près d’eux, leur tenant la main en silence, comme ils le font. Dignement.



Lorsque j’ai lu les épreuves de ce roman, il m’a fallu en dire quelques mots, tout de suite, parce que j’ai été bouleversée par l’histoire et le style.



L’histoire, je viens de vous en livrer quelques bribes, le style, parlons-en :



Il est extrêmement périlleux d’emprunter la voix d’un enfant. Il est encore plus compliqué de faire évoluer la voix de cet enfant au fil des années, jusqu’à l’amener à l’âge adulte. Ce genre d’exercice de haute voltige demande que l’auteur ait conservé l’enfant en lui, qu’il ne l’ait pas oublié et qu’il restitue ainsi, sans forcer le trait, avec la douce gravité dont sont capables les mômes, une vie pas joyeuse mais jamais triste.



C’est ici la deuxième performance de l’auteur : traiter la gravité légèrement, ne pas lui donner d’importance. Même pas mal !



Je vais donc terminer sur les quelques mots que m’évoque ce roman infiniment puissant :



Il y a des tours qui grattent les nuages dans la cité des peintres.



À l’intérieur, c’est la vie qui grouille, des petites vies de petites gens, des « pas



dommages », des vies de rien.



Une mère keupon et ses copines.



Un prêtre addict aux paradis artificiels.



Un africain poète qui endort les bébés tristes.



Une mémé dans les orties, arôme naturel THC.



Et tous les autres…



Et Benjamin, sorti d’un ventre punk’s not dead avec plein de bruit dedans et dehors.



Alors se boucher les oreilles et traverser l’enfance, grandir, choper toute la tendresse de ceux qui aiment sans le dire, vivre en sourdine, échapper au remue-ménage de Gazoline Tango et tomber en amour pour la belle sourde-muette, quelle aubaine !



Je confirme ce que je pressentais en cours de lecture, la littérature n’est pas morte !



Jetez-vous dès sa sortie sur ce roman qui va faire du bruit, c’est une certitude !


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Gazoline Tango

être libraire, en dehors d’être mal payé et de ne plus savoir à quoi ressemble un vrai week-end, offre assez souvent, en contrepartie, la joie de découvrir un auteur à côté duquel on était passé jusque là. Quand en plus on est autodidacte, sans formation littéraire ou autre, on se rend assez vite compte que le nombre de ces auteurs est quasi infini.



Aujourd’hui , top départ de la sacro-sainte rentrée littéraire, sort « Gazoline Tango », de Franck Balandier, Aux éditions Le Castor Astral.



Drôle et tendre, ce livre déborde de vie.



J’ai lu « Gazoline Tango » comme le pendant solaire de « les lisières » d’Olivier Adam. La banlieue triste, abandonnée, mais joyeuse par les gens qui l’habitent.



La recherche de l’absolu silence est une quête sans fin dans cette banlieue où tout pétarade sans cesse,. Sans compter qu’une prédiction à annoncé la date précise de la mort du narrateur.



La facilité apparente avec laquelle l’auteur donne la parole à cet enfant que l’on voit grandir, et dont on entend la voix mué et devenir adulte est assez bluffant. J’ai ri souvent devant la légèreté de Benjamin face à des situations parfois douloureuses, la « gravité légère » dont Ce gamin fait preuve à de nombreuses reprises. Presque rien n’est sombre dans ce récit poétique et bordélique.



Les personnages secondaires sont plus attachant les uns que les autres. Des anciennes punkettes, qui ont bien du mal à se voir vieillir, au curé junky qui joue Bach dans son église désertée, en passant par un poète africain, qui récite La Fontaine pour endormir les bébés et une mamie dealeuse de bonne aventure…



Je ne sais pas quel accueil recevra « Gazoline Tango », les médias étant squattés le plus souvent par les mastodontes de l’édition, adoratrice de Champagne et autres auteurs en difficultés. Mais il aura une place de choix sur ma table coup de cœur. C’est déjà ça…
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Gazoline Tango

À ne pas manquer. Tout y est; et sans aucun désordre. La gestation de Benjamin dans le ventre de sa mère non sans problèmes, jusqu'à sa naissance. Une éducation à la débrouille toi dans la Cité des peintres pour voler de ses propres ailes, non sans difficultés. Des bruits extérieurs, aux hurlements agressifs de l'autre côté de la paroie abdominale, perçus par un embryon qui s'épanouit dans la matrice maternelle. Il risque de mourir à chaque coup répétitif donné par un homme violent sur le ventre de sa pauvre mère. Pourtant il survivra baignant dans le liquide amniotique, un tantinet bousculé. À sa naissance, la maman tétanisée de ne pas pouvoir assumer la future existence de son bébé, ne parvient pas à l'aimer; au point d'imaginer se débarrasser de ce nouveau-né encombrant. Et puis une "drôle" de cohorte d'amis bizarres, généreux tous autant les uns avec les autres à l'unisson soutiennent de leur mieux Benjamin qui par des règles aussi bizarres venant de ses "éducateurs". Ils amèneront pourtant le gamin, avec son casque visé continuellement sur les oreilles, souffrant d'acouphènes, et pour causes! le jeune héros à maturité; si on peut appeler celà comme ça. Benjamin se croit victime d'une malédiction. Il croit ferme qu'il va mourir le jour de sa 33ème année.

La cité est un piège pour les " étrangers " qui viendraient s'y perdre par mégarde dans une banlieue des laissés pour compte. Il s'agit bien là d'une véritable chronologie sociale au delà d'un simple roman, c'est un livre majestueux et tendre. Un vrai régal avec des anecdotes poétiques, savoureuses et joyeuses, truffées d'un authentique humour bienveillant. Il y en a beaucoup dans ce récit "persillé" à point, pour le lire d'une seule traite; et en musique s'il vous plaît! Bref, le déguster. Tout cela pour dire que l'enfance, et la vivre comme un enfant en observant les adultes, en occurrence ses parents c'est très compliqué.
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