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Citations de Franck Balandier (43)


A la cité des peintres, l'herbe qui fait rire aidait à tenir debout jusqu'aux lendemains qui persistaient à ne pas chanter. Non seulement elle déclenchait le rire de manière inopinée, mais elle possédait également le pouvoir de rendre beau ce qui ne l'était pas.
Pour simplifier, à la cité des peintre, tout était moche. Même les gens étaient moches. Les couleurs n'étaient pas des couleurs mais des nuances de gris. Les rues n'avaient de couleurs que le nom de peintres qui les désignait. Cézanne, donc. Mais aussi Van Gogh, Matisse, Gauguin...
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" C'était un petit bout de femme rabougri, la trentaine déjà fanée, de ces fleurs qu'on oublie d'arroser et qu'on laisse mourir au bord d'un balcon en plein été."
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Si je mourrais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur
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C’est en février 1905 qu’il faut situer la rencontre d’Apollinaire avec le peintre Picasso. Et c’est encore du côté de Saint-Lazare qu’elle eut lieu. Jean Mollet, qui se fait à présent appeler « Sa magnificience le baron Mollet », ça sonne plus chic et plus sérieux, surtout quand on ne se prend pas au sérieux, se fait, une fois de plus, l’entremetteur de cette rencontre au sommet.
Comme à son habitude, Apollinaire est attablé à l’Austin’s, rue d’Amsterdam, et sirote une bière anglaise. Il attend son ami qui lui a confié vouloir lui présenter quelqu’un. Quelqu’un avec qui il va falloir compter dans le domaine de la peinture et de la sculpture, dans les années qui viennent. Manolo, lui rapporte-t-il, le sculpteur catalan, le lui a présenté au Lapin agile.
Mollet est convaincu qu’entre les deux hommes le courant va passer et il ne se trompe pas. Du moins au début de leur relation.
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Je ne sais pas si je meurs demain. Si c'est déjà mon tour. Forcément. Ça ne devrait plus tarder, avec toutes ces injections.
Nous ne sommes plus que quelques un à loger ici.
Loger ! La plupart des baraquements sont vides.Ceux encore occupés sont transformés en salle d'opération, d'expérimentation, par manque de places. Plus assez de prisonniers. Trop de morts vivants.
Strudhof, Alsace, France, camp de malades involontaires, Strudhof, hôpital concentrationnaire militaire. Camp de morts. Presque le nom d'un gâteau.
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Moi, je vis encore. Je ne vais pas me plaindre. Je n'ai même plus froid. Je m'habitue à la neige, la pisse et à la merde.
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"...le rêve éveillé de nos dents, l'horrible va et vient de nos mâchoires à vide, nous dormons au pas de nos estomacs, nous parlons à nos gencives mortes, qu'avons nous donc à croquer avec tant d'urgence, sinon nos propres langues...". Le froid, les seaux entassés sur la carriole, qui ressemblent à du lait à cause du givre sur le bord, et "...toute cette pisse gelée. Tu ressembles à de l'or en paillettes. Un sorbet au citron...."

Et puis, "....le souvenir criant et hagard d'une sentinelle qui me prend au hasard... " J'ai conscience qu'il m'aime de presque rien, de mon anus, de mes hémorroïdes mal soignées..." Je conçois qu'il est des mots qu'on ne traduit jamais.
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On m'a encore changé d'affectation. J'espère que, cette fois, c'est bien la dernière. Maintenant, j'officie dans la pièce qui précède le four crématoire.
Je suis arracheur de fausses dents. Je visite des bouches qui paraissent sourire, d'autres qui portent aux lèvres la trace de leur bave. J'explore des gorges aux remugles étranges. Je longe le chemin des gencives abandonnées. Je bute sur des ornières d'incisives cassées. J'aimerais décrire l'excitation que me procure la découverte, au fond d'une bouche, d'une dent en or, les précautions que je prends. Surtout ne pas l'abîmer, l'extraire, telle une pépite. Il est des gorges comme des mines à ciel ouvert. On devrait supprimer les langues, de toute façon, on n'a plus le droit de parler, et puis il est trop tard pour crier, pour appeler quelqu'un...
Je suis chercheur d'or, orpailleur du fleuve Amazone. Je suis voleur de ma propre mort.
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La musique rock et tous ses dérives sont également de bons moyens pour galvaniser les troupes et les encourager à monter à l'assaut. On apprend à présent que ces mêmes musiques deviennent un recours, une technique d'interrogatoire particulièrement élaborée, dans certaines prisons "spécialisées", pour faire avouer les prisonniers ou les rendre fous.
Page 401
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Franck Balandier
Le sable est la terre qui meurt. De la roche en poudre pour endormir les petits enfants. La trace des mers emportées. Ici, il pique les yeux à pleurer, à se demander si la fatigue ou la peine n'augurent pas les déserts. Des pièges se referment sur ses chevilles, mouvances qui l'absorbent jusqu'à remplir sa bouche. Il croit mourir. Lorsque, enfin, il meurt, la porte s'ouvre sur une nuit uniforme qui crie: Punition terminée. Réintégration!
Réintégrer quoi? Derrière la porte, des grilles, un autre vide. Le sable fuit entre ses jambes dans les ruisseaux retournés à la mer. Reflux...
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La mort du corps y supplantait celle de l'esprit. On ne doit pas mourir en prison, au pire on y survit.
Pierre avait pour voisin de lit un Pakistanais du nom de Bovorasmy que la justice avait condamné à vingt ans de réclusion criminelle. Grabataire depuis des mois, un cancer lui rongeait la moelle. Devenu aveugle pendant son incarcération. La punition que les hommes lui infligeaient se résumait à des bruits de clés et de grilles. Pour lui, les gardiens se tranformaient en brancardiers pour les séances hebdomadaires au cobalt, à l'étage du dessous; mieux, pour alléger ses souffrances, chacun lui prodiguait des mots de réconfort qui ne serviraient jamais à rien. Il n'était pas dupe, n'ignorait pas la mort au creux de sa gorge qui lui arrachait de temps à autre une suite de toux emplissant de sa menace la salle, et qui rebondissait de lit en lit.
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C'est également le 2 août que Cendrars, signe son engagement. La veille, il a lancé un appel vibrant à tous les étrangers résidant en France, les exhortant à s'engager contre l'Empire allemand. Évidemment cette annonce ne laisse pas Guillaume indifférent: Cendrars est étranger comme lui, et leur rivalité, fondée sur un mimétisme qui les touche tour à tour, l'engage à limiter, une fois encore. Convaincu, sans doute, par les arguments de Blaise, et voyant tous ses amis partir, Apollinaire se résout, le 5 août 1914, à remplir le formulaire d'engagement. Elle est aussitôt refusée, l'armée croulant alors sous les sollicitations. Obstiné, le poète adresse fin août une lettre au ministre de la Justice où il réitère, arguments patriotiques à l'appui, son souhait d'engagement. Il est aussi motivé par la crainte de voir la capitale détruite par l'ennemi.
Il lui faudra attendre le 4 décembre pour se voir enfin satisfait.
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Trois fois par jour, à l'heure des repas, la porte s'ouvre pour un cérémonial immuable. Il passe à travers la grille sa gamelle qu'un détenu auxiliaire, accompagné d'un gardien, emplit. Le récipient racle le sol, surtout éviter le contact. Ne pas parler, ne pas se toucher, à peine se regarder. Ainsi, dans le silence. Pierre pense un instant mourir: a-t-on déjà tenter se suicider avec un couteau de plastique? S'y essayant, un peu plus tard dans la solitude d'une insomnie, il ne peut dessiner sur son avant-bras et au poignet, que l'empreinte de sa mort en pointillés, pour quand il sera temps, lorsque les couteaux auront l'éclat de l'acier, et plus la fausseté d'un jouet. Pierre répète les morts possibles auxquelles il n'échappera pas.
Des yeux se collent derrière la porte. À quoi bon? Pierre n'a rien à montrer, sinon un petit bout de vide, le vide de sa tête, le vague de ses yeux perdus dans un rai de lumière tombé par idnavertance du plafond. Il répète des phrases, improvise des lettres qu'il n'écrira jamais...
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Il régnait sur un monde mouillé qui sentait la chaussette et le vieux cul qui se néglige, attentif aux plongeons et aux cris, parcourant inlassablement les bords du bassin, scrutant les abysses, à la recherche d'un noyé improbable, se contentant, dans l'attente de ce jour de gloire (qui venait d'arriver grâce à Benjamin), d'exhiber, à travers son slip de bain "moule-bite", ses parties génitales.
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Parvenue au milieu du pont, je me penche vers le courant. Je crois me tenir à la proue d'un navire qui file très vite vers le barrage. Mais, à chaque fois, à cause d'un regard jeté de côté, la rivière recule à nouveau, me libérant pour quelques minutes de cette impression. Je ferme les paupières. Avec application, je fouille dans mes souvenirs. Je cherche à reconstituer cette figure entrevue. Mais elle glisse. Je ne peux pas la décrire. C'est une silhouette découpée, un profil perdu, à compléter. La voix même, dont le timbre m'a émue, semble se dissoudre dans les remous. Je veux aussi me rappeler cette démarche dans l'épaisseur du midi, mais elle est ralentie ou décomposée. Elle ne possède aucune réalité, L'unique chose qui me paraisse vivante est la rutilance inscrite sur ma rétine, la forme d'une voiture, précise et meurtrière.
Page 83, 84.
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Il faut que ça danse. C’est fait pour danser, les mots. Même si on n’y comprend rien.
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On était presque rendu au jour.de ce presque jour,ce presque rien de noir qui pâlit déjà. Les aubes sont creuses de trop d'absence aux heures chaudes de l'été.
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Je voudrais bien crever de nos châteaux ailleurs qu'en Espagne
De juste à côté de nous
De là où il fait bon survivre dans l'ornière
De nos mâts de cocagne
Je voudrais bien crever d'une fièvre mal séchée
D'une flèche bien placée
À l'endroit de mes mots
Là où ça fait mal
Sur ma langue percée
NO FUTURE
OULIPO
Je voudrais bien crever d'une overdose de beauté
De ton indécente liberté
De tes mains sur ma peau
...
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Combien de temps passé à prier, des prières que l'on croyait inutiles, chacun à sa manière, chacun dans son recueillement, chacun retenant son souffle dans l'attente que quelque chose arrivé? Mais Il n'arrivait rien. Le silence de nos bouches. Nos respirations réunies. À l'unisson. Tout ce vacarme à présent, à l'intérieur de ma tête, qu'il ne fallait pas enrayer. Mais comment? Malgré le casque j'entendais encore..
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Jonas. Janus. Un petit dieu perdu dans les entrailles de la prison. La prison, monstrueuse baleine qui engloutit, mais ne broie jamais ses proies. Qui les recrache au rivage lorsqu'elles ont suffisamment expié, prié. Qui les régurgite sur un trottoir, au 42, rue de la Santé.
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