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Citations de François Gravel (240)


Je déteste lire. Regarder des mots sur une page blanche, pour moi, c’est pire que compter des moutons avant de m’endormir. Je vois des taches noires sur une feuille de papier, et je commence tout de suite à rêver : j’imagine que les lignes sont des routes qui traversent les États-Unis et je m’installe au volant de ma Ferrari. J’embraye en première, je fais tourner le moteur à dix mille tours, je lâche le frein, et je décolle. Ôtez-vous de mon chemin, les lapins, tassez-vous, les coyotes, je m’en vais rattraper le Road Runner.

Dans mes rêves, je file à trois cents kilomètres heure. Mais quand je lis, j’ai l’impression d’être une tortue. Pire qu’une tortue, un ver de terre qui serait sorti prendre l’air, un jour de pluie. Je lis un mot, puis un autre, et avant d’arriver au troisième je regarde le plancher, j’imagine que la patte de mon pupitre est un accélérateur, j’appuie à fond, et bye bye les équations. Mon livre de mathématiques est un tableau de bord, je m’agrippe à mon pupitre, je me penche pour mieux négocier les virages, je passe en trombe devant les estrades, et puis je vois le gros doigt jaune du prof se poser sur mon volant :

- Réveille-toi Steve… Tu as un examen à finir.
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Ensuite, j’aurais dépecé monsieur Patenaude en prenant bien mon temps,
pour lui montrer ce que c’est que de la vraie violence.
D’abord je l’aurais scalpé, puis je lui aurais coupé les orteils, phalange par phalange,
puis les doigts, en mettant du sel sur la plaie entre chaque intervention,
et peut-être aussi un peu d’acide sulfurique!
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On frappe encore. Trois petits coups, très faibles. Des policiers ne seraient sûrement pas aussi discrets. Ceux qui venaient régulièrement chez ma mère étaient plutôt du genre à défoncer les portes... Je décide de mettre la cigarette dans ma poche, même si c’est la pire des solutions. J’essaierai de m’en débarrasser à la première occasion.
J’ouvre la porte.
Un garçon se tient devant moi. Il doit avoir seize ou dix-sept ans. Des anneaux dans le nez, les oreilles, les lèvres, les joues. Coupe mohawk. Un collier clouté autour du cou. Je le dépasse d’une bonne tête, mais il est tellement large qu’il est quasiment carré. Ce gars-là devrait jouer au football : on lui donnerait le ballon, et il foncerait droit devant lui. Il faucherait tous ses adversaires, comme une boule de quilles.
— Salut, dit-il.
— Salut.
— Crois-tu à ça, toi, les requins?
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L'ennui, avec Klonk, c'est qu'il pense très vite
et qu'il s'imagine que tout le monde en fait autant.
Et s'il a de nombreuses qualités, il a aussi un fichu caractère!
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- C’est un peu étrange, non, cet acharnement à mépriser des gens
qui ne t’ont fait que du bien ?
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Parfois, quand je n’ai rien de mieux à faire,
j’aime bien jouer aux cartes avec mes parents.
Je ne parle pas de ces jeux sans intérêt qu’on trouve sur les ordinateurs,
mais de vraies cartes, celles qu’on tient en éventail dans nos mains.
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Maurice Richard avait assisté à une partie de hockey très ennuyeuse et il était de fort mauvaise humeur. Les adversaires des Canadiens avaient mal joué, et son club préféré avait trouvé le moyen de perdre.
Il aurait bien aimé sauter sur la patinoire pour leur montrer ce que c'était que le vrai hockey, comme on le pratiquait quand la Ligue nationale ne comptait que six équipes. Les joueurs étaient peut-être moins grands et moins costauds, dans ce temps-là, mais ils avaient du cœur au ventre.
S'il avait eu cinquante ans de moins, Maurice aurait fait à ces jeunes blancs-becs de retentissantes mises en échec, il se serait ensuite emparé de la rondelle et personne n'aurait pu la lui enlever. Il aurait filé tout droit vers le but, comme une locomotive...
Chaque fois que de telles idées lui avaient traversé l'esprit, il s'était senti un peu triste: comment aurait-il pu jouer contre ces jeunes athlètes, lui qui avait soixante-quinze ans?
Il pensait encore à tout cela en attendant son taxi, en face du centre Molson. Les piétons passaient devant lui en marchant très vite, comme s'il n'existait pas. Aussitôt qu'ils l'avaient dépassé, cependant, certains se retournaient pour chuchoter: «Regarde, c'est Maurice Richard, je te dis que c'est lui!
— Tu penses? répondait l'autre. Je ne savais pas qu'il était si vieux...»
Maurice se tournait alors vers ses admirateurs, disposé à signer des autographes, mais ils s'étaient perdus dans la foule.
Certains passants, plus jeunes, ne chuchotaient rien du tout et cela le rendait plus triste encore: ils n'avaient même pas reconnu Maurice Richard, un des plus grands joueurs de hockey de tous les temps!
Quand un taxi s'était finalement arrêté devant lui, une rafale de neige avait soufflé sur la ville. C'était vraiment étrange, avait pensé Maurice en s'engouffrant dans l'automobile: la météo avait promis une température douce et un ciel dégagé...
S'il avait su ce qui allait lui arriver ensuite, Maurice Richard aurait trouvé qu'il y a des choses bien plus étranges, dans la vie, qu'une mauvaise prévision des météorologues!
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Frenette le Feluette était un perdant intégral,
un pestiféré de premier ordre dans sa polyvalente,
jusqu'au jour où il est devenu Big Bob, le roi du pinball.
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Depuis que je suis devenu gothique, tout a changé.
Ma lumière, c’est l’obscurité!
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J'ai bu du whisky avec un joueur de hockey dyslexique,
J'ai dansé le swing et le slow avec un wapiti anxieux
Qui jouait du jerk sur le xylophone d'un lynx furieux
Pendant qu'un wambat dithyrambique aux yeux globuleux
Oxygénait son larynx en jodlant avec un yéti zélé.

J'ai joué au squash et au water-polo
Avec deux Aztèques, dix Wallons et douze Wisigoths,
Puis j'ai passé mon week-end dans un wagon,
Assis sur mon coccyx, à écouter du jazz sur mon walkman
Pendant qu'un wallaby wali vêtu de tweed et de jersey
Mangeait des kiwis en jouant au walé sur le quai.

Me voici prêt pour mon tournoi de scrabble :
Mon poème vaut 1264 points.
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— Ils sont partis par là, régardez, ils ont enlévé
ouné touile et ils ont pris la fouite dans lé tounnel.
C’est une histoire sens dessus dessous, pense aussitôt
Viateur, une histoire qui commence avec trop de ou. D’abord,
on ne dit pas un tounnel, monsieur Dimitri, mais un tunnel.
Ensuite, on ne pointe pas le doigt vers le plafond quand on
veut montrer un tunnel : un tunnel se creuse sous la terre,
et il n’y a pas de terre dans un centre commercial, ou alors il
s’agit de cette terre synthétique qu’on dispose autour des
arbres de plastique. Ce n’est donc pas un tounnel, mais un
trou dans le plafond. Commençons par employer les bons
mots, ça nous évitera des torticolis.
Pour le reste, il faut admettre que le commerçant a raison :
le voleur est bel et bien descendu du plafond pour s’introduire
dans le magasin, il a dérobé une dizaine de manteaux, si on
en juge par l’espace laissé sur la tringle, puis il est reparti en
empruntant le même chemin. Il est donc jeune et athlétique
: un quinquagénaire bedonnant comme monsieur
Dimitri n’aurait jamais pu ramper dans un conduit d’aération,
et encore moins y remonter. Comment le voleur s’y
est-il pris, au fait ? Il n’y a pas d’escabeau, ni même de
chaise... Imaginons donc un complice : le premier voleur
reste dans le plafond tandis que l’autre lui donne les manteaux.
Le complice tend ensuite la main à son ami, il l’aide
à grimper… Ça se tient. Ainsi, nous aurions affaire à une
paire de voleurs, tous deux jeunes et athlétiques. À la liste
de leurs qualités, ajoutons une certaine dose d’intelligence :
il faut être futé pour penser à un coup comme celui-là. S’ils
avaient replacé le panneau acoustique une fois leur forfait
accompli, ils auraient commis un crime parfait. Le mystère
de la chambre close, comme dans les bons vieux romans
policiers que Viateur lisait quand il était jeune. Les cambrioleurs
étaient des gentlemen, dans ces romans-là, et les
détectives, de fins limiers qui utilisaient leur matière grise
plutôt que des AK-47... Mais revenons à la réalité : le but de
nos voleurs n’était pas d’inventer une nouvelle énigme, mais
de voler des manteaux. Pourquoi se seraient-ils donné la
peine de remettre le panneau en place ?
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J'ai finalement arraché les poids du sol et les ai soulevés d'un seul coup, établissant le record junior de mon pays en écrasant le record précédent de plus de dix kilos.

La barre pliait sous le poids, et je suis resté là pendant de longues secondes, refusant de la lâcher, et me nourrissant des applaudissements. Même Qiu, qui restait habituellement de glace dans ces circonstances, s'est laissé emporter par l'enthousiasme et a lancé « Vive la pensée de Dao Kha! »

J'aurais souhaité que ma vie s'arrête là : rien d'autre n'en valait la peine. J'étais désormais prêt à m'entraîner jour et nuit, à pulvériser les records et à ridiculiser nos ennemis, mais les experts en avaient apparemment décidé autrement. J'allais bientôt apprendre qu'il me faudrait dorénavant intégrer à mes entraînements un nouveau sport qui m'était totalement inconnu : la sexualité.
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Ma drogue à moi, c’est l’adrénaline. Il paraît que l’usine est située dans une petite glande quelque part autour du rein, c’est un médecin qui me l’a dit. Je l’aurais plutôt imaginée directement dans le cerveau, mais peu importe qu’elle soit là ou ailleurs, l’important c’est qu’elle fonctionne, et la mienne fonctionne à merveille : aussitôt que je m’approche de mon client je la sens se mettre en marche, j’ai la gorge sèche et les doigts qui picotent, j’entends tout, je vois tout, c’est comme si j’avais pris de la coke et ça m’a coûté gratis. Je ne connais rien qui bat ça, sauf le sexe, et encore faut-il que ce soit avec quelqu’un d’autre plutôt qu’en tête-à-tête avec une boîte de kleenex. Je ne bois pas, je ne fume pas, je ne me drogue pas, mais je pique. Et c’est en piquant que je me pique moi-même à l’adrénaline pure, en utilisant une seringue que je suis toujours seul à utiliser. Mais trop de drogue tue le reste, comme dit le proverbe, alors il ne faut pas abuser, sinon la vie devient dégueulasse comme un Pepsi éventé un jour d’été (…)
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Lysiane Laganière regarde Chloé en fronçant des sourcils,
comme si elle voulait s’assurer qu’il n’y avait ni mensonge, ni malentendu,
puis ses yeux semblent tracer un signe de croix :
elle regarde le ciel, puis le sol, et ensuite vers la gauche et vers la droite,
comme si elle ne savait pas où stocker cette information dans son cerveau.
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Peut-être vous demandez-vous pourquoi je dévoile dans ce merveilleux livre des secrets que j’ai mis toute une vie à perfectionner ?
C’est que je suis rendu à la fin de ma vie, justement.
J’ai obtenu tout ce que je voulais, et plus encore!
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(en parlant d une lettre découverte ds un livre)
La feuille était tellement vieille qu’elle était toute sèche et presque transparente,
comme la peau de ma grand-mère.
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Si cette madame Lorrimer est une si bonne gardienne,
ce n’est certainement pas à cause de son signe astrologique!
Est-ce que les planètes lui viennent en aide pour changer les couches ?
Est-ce que la lune influencerait la température des biberons?
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Il faut être un peu fou
pour aller se faire fouetter par un vent glacial,
entre des rangées de pierres tombales!
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- Dis-moi, Klonk, as-tu vraiment peur de mourir ?

- Si ce n'était que ça! Mais il y a bien pire que mourir, crois-moi!
Cette balle de golf est située au milieu de mon cerveau,
et les médecins devront peut-être m'en enlever la moitié pour l'atteindre !
La moitié du cerveau, imagine!
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Avez-vous des parents, vous aussi? Oui?
C’est difficile de faire autrement de nos jours, vous avez bien raison.
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