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Citations de François-Henri Soulié (110)


...il y a longtemps que j’ai compris que la plupart des insultes sont des autoportraits. Elles dépeignent surtout leur auteur.
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Tant de choses du passé s'effacent au fil du temps que chacun se retrouve davantage fait d'oubli que de souvenir.
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La bonté est un soleil, songe-t-elle, et le même soleil fait durcir l’argile ou fondre la cire… À nous de choisir d’être cire ou bien argile. 
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Le ciel rougeoie encore des derniers feux du jour alors que la trirème impériale commence à s’approcher de la côte. Au loin, les murailles étagées de Byzance flamboient dans un camaïeu de pourpre et de vermillon couronné du cuivre doré des dômes, pareils à quelques boucliers géants oubliés par des dieux.
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Moi qui ai toujours du mal à me dépatouiller du réel, j’éprouve une certaine fascination pour les tricheurs et les fraudeurs en tout genre. On est toujours séduit par ce qui n’est pas soi. Ou effrayé. Le frisson est le même.
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— Tu ne manges pas de viande ?
— Je ne saurais faire mes délices de l’agonie d’un animal.
La réponse de Guilhem intrigue Peire, qui en soupçonne la raison.
— Appartiens-tu à l’église des Vrais Chrétiens ?
Il a posé sa question sans y mettre la moindre nuance d’inquiétude ou de rejet. Guilhem répond avec la même simplicité sereine.
— J’ai grandi chez eux. Mais ils mangent du poisson. Il paraît que cela plaît à Dieu.
— Tu ne le penses pas ?
— Je crois que cela plaît surtout à la confrérie des poissonniers.
Guilhem a dit cela sur le ton du plus grand sérieux. Peire éclate de rire. Pareille franchise est la marque d’un esprit sans entraves. C’est aussi le signe que le jeune homme lui fait toute confiance. Il s’en voudrait presque d’avoir ri. 
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Blanche est la campagne et blanc tout l’horizon. On dirait que la mer a englouti la terre entière dans un linceul d’écume blafarde et figée. Ni les arbres ne bougent, tout engainés de givre, ni le ciel, pétrifié dans sa blancheur uniforme.
Nombreux sont les jours et nombreuses les nuits depuis que la neige s’est mise à tomber. Nul ne s’aventure plus à pied ni à cheval par les chemins du comté. Nul n’a mémoire de pareil temps du diable en pays narbonnais.
 
Cela fait pourtant plus d’une heure qu’Aldo chevauche à dos de mule dans la solitude et le silence frileux. Il y aurait grand péril à vouloir pousser au trot. À chaque pas, la pauvre bête enfonce dans la neige, plus haut que le paturon. Par moments, son cavalier se penche sur l’encolure et l’encourage de sa main emmitouflée de fourrure.
— Va, ma belle, va ! lance-t-il chaque fois.
Et la bouffée de son haleine se mêle à celle de la mule, vivant nuage vite dissous dans l’air glacial. 
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Le conseiller s’est toujours étonné de voir l’engouement des hommes de guerre pour un ennemi qui rallie leur camp. Un traître l’est par nature et non par réflexion. Toute opportunité bénéfique pour lui est un terreau sur lequel refleurira sa trahison à la première occasion.
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Il voit cet infini qu’il ne reverra plus. Cette plaine liquide qui si longtemps fut son amie va devenir sa tombe. Celle qu’il nomme sa patrie va l’engloutir à jamais. Derrière lui, les clameurs de haine s’estompent dans l’étoupe du vent. Face à lui, caressant déjà la crête des vagues de ses rayons obliques, Sol invictus s’apprête à plonger dans les flots. En cette minute où l’angoisse l’étreint, Caelius le Céleste se souvient de ces chants homériques où le poète décrit « la mer vineuse ». Il la voit à présent, telle que la vit Odysseús, rosâtre et mordorée, effroyablement belle. Telle qu’il se la figurait lui-même, à la lecture de l’Odyssée. À ce souvenir d’enfance, son cœur s’emplit de désespoir et de terreur.
Le filin continue de descendre. Au contact de l’eau qui lui semble glacée, le pirate est saisi d’un frémissement. Puis il s’abandonne. Il sait qu’il va mourir en même temps que le soleil.
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A peine franchis les murs de la cité de Carcassonne, c'est déjà la pleine campagne, jonchée de rares masures d'où montent de filets de fumée pour parapher le ciel. Tout autour s'étend la mer figée des labours avec ses sillons de glèbe retournée ondulant comme autant de vaguelettes brunes qu'aucun vent ne fait bouger. Cà et là, quelques prés en jachère laissent la terre reposer. Plus loin commencent les contreforts rocailleux des monts des Corbières.
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«J’ai toujours été impressionné par ma propre faculté d’affabulation. Mon ex appelait ça du mensonge. Grave erreur. Chez moi, c’est spontané. Aucun calcul vicieux ni intention de nuire. C’est de l’imaginaire à l’état pur. Ce qui est excitant quand on invente une chose, c’est de la rendre vraie après coup. Du grand art. Elle devait être allergique à l’art. »
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Le cœur de la mer est un murmure sourd qui ne bat ni ne cogne, mais tantôt feule et tantôt grogne comme un fauve jamais assoupi. S’il lui arrive de rugir, c’est sous la colère d’Éole. Car ce n’est pas la mer qui fait les vagues, c’est la fureur du vent. Cette nuit, tout est paisible. Le pelage des flots ondule doucement sous la main caressante de l’aquilon. C’est à croire que les dieux sont partis, insoucieux des mortels ou lassés de les tourmenter. À moins qu’ils ne s’en jouent plus cruellement en les laissant s’illusionner sur la possibilité du bonheur.
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— Finie, la pluie ! lance joyeusement Guilhem qui s’est redressé, sa cage à souris en bandoulière.
La colère du ciel s’est apaisée. De vastes îles sombres s’éloignent dans la mer des nuées. Un pan d’azur effiloché s’esquisse à l’horizon.
L’arrière du chariot est détrempé, mais la bâche de lin huilé a protégé le chargement de laine. Rotland renonce à enfiler sa tunique mouillée. Elle séchera en cours de route. Avant de l’ôter, il avait pris la précaution de dissimuler le long de sa cuisse le couteau qu’il a dérobé la veille, à la maison. La lame emmaillotée d’un chiffon fait une grosseur suspecte. Aussi garde-t-il le haillon de berger dont il s’est enveloppé de crainte qu’Aloïs ne le découvre. Bien qu’il sache avoir commis là une faute, le garçon ne regrette pas de s’être armé secrètement pour le voyage. Si Guilhem a dit vrai, non loin dans les massifs montagneux rôde cet homme qu’il nomme « le tueur d’anges ». S’ils doivent l’affronter, tant vaut-il que ce ne soit pas à mains nues. Sans compter les autres dangers qui peuvent surgir au détour d’un sentier, bêtes féroces ou malandrins pour qui tout voyageur est une proie. À l’idée d’un possible combat, le cœur du jeune homme bat plus fort et s’enfle de fierté car telle est sa bravoure qu’il ne laissera personne mettre à mal l’enfant Guilhem ni la belle Aloïs vers qui il tourne son regard.
Pour ne point mouiller le bas de sa cotte, la jeune femme en a relevé les pans glissés dans sa ceinture. Alors qu’elle se penche pour ranger dans le chariot le sac contenant leurs provisions, Rotland ne peut se retenir de caresser des yeux le galbe des mollets, la fine attache des chevilles et la peau nacrée comme un coquillage qui doit être bien douce au toucher… Allons, il faut se mettre en route et chasser de son esprit ces pensées peccamineuses qui sont, d’après les Vrais Croyants, le plus court chemin vers la damnation.
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- Mais je suis heureux... Je vais te dire mon secret. Quand mes parents se sont tués en avions, tout s'est écroulé pour moi... J'ai chialé pendant des semaines. J'ai cru que je ne m'arrêterais jamais. Et puis un jour, çà s'est arrêté. J'étais tombé en panne de larmes. Pour toujours. Et j'ai compris un truc tout simple... Le bonheur, c'est ce qui reste quand on a fini de pleurer.
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En vérité, quel péril y a-t-il à miser sur la bêtise humaine ? Elle ne déçoit jamais.
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Souviens-toi, Théon, que ce ne sont pas les choses en elles-mêmes qui inquiètent les humains, mais les idées qu’ils se font de ces choses.
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Hierousalēm,
huitième jour avant les ides d’avril,
an 1088 de la fondation de Rome

« Ce que tu désires le plus au monde est en ma possession. Je me tiendrai au pied de la triple porte à la première heure de la nuit. »
Déchiffrer les mots inscrits sur ce chiffon de papyrus a donné beaucoup de mal à l’évêque Eusébios. Non seulement les fibres, mal dégrossies, déformaient les lettres, mais celles-ci semblaient avoir été tracées par un scribe débutant ou pris d’une urgence trop grande pour perdre du temps à s’appliquer.
Le message avait été glissé dans le chambranle de la porte, au logis de l’évêque. Il l’a trouvé par hasard à son retour d’une de ses longues déambulations dans la campagne de Hierousalēm. Par chance, le lambeau de papyrus lui est tombé sur les pieds. Sans cela, il ne l’aurait même pas remarqué. Interrogés, ni la servante chargée de l’entretien domestique ni l’esclave qui s’occupe de sa mule n’ont déclaré avoir vu de rôdeur autour de la maison.
Longtemps, le vieil évêque a tourné et retourné la missive entre ses doigts tremblants. « Ce que tu désires le plus au monde »… ces simples mots sont à eux seuls une énigme, une menace et un espoir. Qui donc peut prétendre connaître l’objet secret de son désir ? Un escroc cherche-t-il à lui extorquer de l’argent ? À moins qu’il ne s’agisse d’un bienfaiteur sincère désireux de l’aider à accomplir son vœu le plus cher ? Mais ce vœu n’est connu que de Dieu. Jamais Eusébios n’en a parlé ouvertement à quiconque.
À trop agiter ces folles pensées, l’évêque a fini par s’endormir sur la couche où il prend ses repas. C’est Esther, sa servante, qui le réveille en déposant bruyamment devant lui son plat préféré : du poisson grillé aux amandes.

(INCIPIT)
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L'homme est stupéfait. Il contemple les modestes deniers comme s'il s'agissait d'un véritable trésor. Jamais, de toute sa vie de serf, il n'a tenu entre ses doigts une pièce d'argent. Alors que dire d'en posséder deux à la fois ?
Pour être sûr de ne pas les perdre, il les fourre dans sa bouche et presse son visage contre les mains du Maître.
« Un chien ne s'y prendrait pas d'autre façon pour manifester sa reconnaissance » songe le tailleur de pierre. Et il est en même temps ému par la touchante candeur de ce geste et révolté d'un monde injuste au point de rendre un tel geste possible.
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Ikaría, où chuta Ikaros, les ailes brûlées pour avoir voulu s’élever plus haut que de raison… Patmos, fille des dieux… Léros et Kálymnos d’où partirent jadis d’indomptables vaisseaux pour le malheur des Troyens… Kos, enfin, que visita le puissant Hēraklês. L’une après l’autre, le géant des mers a égrené derrière lui ces îles vertes comme autant de perles tombées d’un collier d’émeraude
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Ces hommes lui ont plu, qui le traitaient en égal et leurs paroles ont trouvé le chemin de son cœur plus sûrement que ne l'avait fait aucun sermon du curé du village. A quoi bon être pauvre toute une vie pour trimer au service des riches ? En revanche, si on la choisit pour elle-même, la pauvreté peut devenir la plus belle forme de liberté qui soit.
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