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Citations de François-René de Chateaubriand (1132)


Les marais, tout nuisibles qu'ils semblent, ont cependant de grandes utilités, leur limons et les cendres de leurs herbes fournissent des engrais aux laboureurs; leurs roseaux donnent le feu et le toit à de pauvres familles, frêle couverture en harmonie avec la vie de l'homme et qui ne dure pas plus que nos jours... En automne, ces marais sont plantés de joncs desséchés, qui donnent à la stérilité même des plus opulentes moissons; le vent glissant sur ces roseaux, incline tour à tour leur cime; l'une s'abaisse, tandis que l'autre se relève; puis soudain toute la forêt venant à se courber à la fois, on découvre, ou le butor doré, ou le héron blanc qui se tient immobile sur une longue patte comme un pieu.
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Bientôt nous parvenons à une hauteur à laquelle les arbres diminuent, languissent et cessent enfin de végéter. Ils sont remplacés par le rhododendron qui brave les froids les plus vifs, et se trouve sur les rochers escarpés, à côté des glaces ; son bois entretient le feu des chalets éloignés des forêts, et ses fleurs, appelées roses des Alpes, semées avec abondance sur les flancs des montagnes, forment une immense draperie du rose le plus vif, qui contraste avec l'aspect monotone des glaciers et des roches stériles. Les Hautes-Alpes sont remarquables par la beauté des gazons qui les tapissent. Les gentianes bleues, les saxifrages, le carnilliet moussier à fleures roses, s'élèvent sur les montagnes à mesure que les glaces se fondent, semblent reculées et suivre les frimas jusque sur leurs sommités, communiquent leurs parfums au lait des troupeaux qui s'en nourrissent, et forment un tissu qui, brillant encore des teintes les plus vives, disparaît sous les neiges de l'automne.
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J'avoue, j'ai préféré m'attaquer aux Mémoires d'outre-tombe par cette voie plus facile de l'anthologie. Un mauvais souvenir du bref Attala, que j'avais eu toutes les peines du monde à terminer tant il me tombait des mains, me faisait craindre une entrée difficile dans cette oeuvre. Aujourd'hui, je rêverais d'avoir une petite année devant moi pour dévorer intégralement ces mémoires et je regrette d'en avoir déflorer les beaux passages avec cette anthologie... Le romantisme échevelé, excessif et pourtant jamais caricatural ; ce personnage peu sympathique mais si attachant ; cette courageuse mise à nue ; cette description lucide de moments essentiels de l'histoire de France : on bondit d'une page à l'autre en savourant une écriture si pure. Il faut avoir atteint l'âge d'homme, toutefois, pour apprécier l'oeuvre : quel sottise de croire qu'un lycéen s'y entendra dans les réflexions profondes d'un homme qui se retourne sur sa vie. Comment apprécier la finesse des analyses politiques (y compris dans ce goût condamnable pour la monarchie) sans connaître un peu l'histoire de la période ? Bref, jeunes gens, soyez patients, et Chateaubriand sera la récompense de votre seconde moitié d'existence. Il est étrange de constater combien la gauche sait vénérer Zola, par exemple, et le citer en toutes occasions, mais que la droite cache un peu honteusement ce Chateaubriand, si brillamment conservateur et démocrate, à qui elle devrait faire honneur tant il constitue l'une des plus grandes richesses de son patrimoine culturel.
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Saint-Just disait : " Osez ! " Ce mot renferme toute la politique de notre révolution : ceux qui font des révolutions à moitié ne font que se creuser un tombeau.
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Cette langue du XVIIe siècle mettait à la disposition de l’écrivain, sans effort et sans recherche, la force, la précision et la clarté, en laissant à l’écrivain la liberté du tour et le caractère de son génie. On trouve cette description du silence imprimée dans la vingt-neuvième instruction de Rancé :
« La solitude est peu utile sans le silence, car on ne se sépare des hommes que pour parler à Dieu, en interrompant tout entretien avec les créatures.
Le silence est l’entretien de la Divinité, le langage des anges, l’éloquence du ciel, l’art de persuader Dieu, l’ornement des solitudes sacrées, le sommeil des sages qui veillent, la plus solide nourriture de la Providence, le lit des vertus ; en un mot, la paix et la grâce se trouvent dans le séjour d’un silence bien réglé. »
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Il y a des moments où notre destinée, soit qu'elle cède à la société, soit qu'elle obéisse à la nature, soit qu'elle commence à nous faire ce que nous devons demeurer, se détourne soudain de sa ligne première, telle qu'un fleuve qui change son cours par une subite inflexion.
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Dîner chez le comte de Choteck.

La maison du comte de Choteck, bâtie par son père (qui fut aussi grand bourgrave de Bohême), présente extérieurement la forme d’une chapelle gothique : rien n’est original aujourd’hui, tout est copie. Du salon on a une vue sur les jardins ; ils descendent en pente dans une vallée : toujours lumière fade, sol grisâtre comme dans ces fonds anguleux des montagnes du Nord où la nature décharnée porte la haire.
Le couvert était mis dans le pleasure-ground, sous des arbres. Nous dînâmes sans chapeau : ma tête, que tant d’orages insultèrent en emportant ma chevelure, était sensible au souffle du vent. Tandis que je m’efforçais d’être présent au repas, je ne pouvais m’empêcher de regarder les oiseaux et les nuages qui volaient au-dessus du festin ; passagers embarqués sur les brises et qui ont des relations secrètes avec mes destinées ; voyageurs, objets de mon envie et dont mes yeux ne peuvent suivre la course aérienne sans une sorte d’attendrissement. J’étais plus en société avec ces parasites errants dans le ciel qu’avec les convives assis auprès de moi sur la terre : heureux anachorètes qui pour dapifer aviez un corbeau !
Je ne puis vous parler de la société de Prague, puisque je ne l’ai vue qu’à ce dîner. Il s’y trouvait une femme fort à la mode à Vienne, et fort spirituelle, assurait-on : elle m’a paru aigre et sotte, quoiqu’elle eût quelque chose de jeune encore, comme ces arbres qui gardent l’été les grappes séchées de la fleur qu’ils ont portée au printemps.
Je ne sais donc des mœurs de ce pays que celles du XVIe siècle, racontées par Bassompierre : il aima Anna Esther, âgée de dix-huit ans, veuve depuis six mois. Il passa cinq jours et six nuits déguisé et caché dans une chambre auprès de sa maîtresse. Il joua à la paume dans Hradschin avec Wallenstein. N’étant ni Wallenstein, ni Bassompierre, je ne prétendais ni à l’empire ni à l’amour : les Esther modernes veulent des Assuérus qui puissent, tout déguisés qu’ils sont, se débarrasser la nuit de leur domino : on ne dépose pas le masque des années.
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Ce tableau rappelle quelque chose de l'âge délaissé et de la main du vieillard : admirable tremblement du temps ! Souvent les hommes de génie ont annoncé leur fin par des chefs-d'œuvre : c'est leur âme qui s'envole.
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Quand le soir était venu, reprenant le chemin de ma retraite, je m'arrêtais sur les ponts pour voir se coucher le soleil. L'astre, enflammant les vapeurs de la cité, semblait osciller lentement dans un fluide d'or, comme le pendule d'une horloge des siècles.
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[A propos de la prise de la Bastille]

En rasant une forteresse d’Etat le peuple crut briser le joug militaire, et prit l’engagement tacite de remplacer l’armée qu’il licenciait : on sait quels prodiges enfanta le peuple devenu soldat.
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Il y a des temps où l’on ne doit dépenser le mépris qu’avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux
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Je m’y sentais attaché comme à un point fixe autour duquel je tournais sans pouvoir me dépendre. Depuis l’exhortation du Bénédictin, j’ai toujours rêvé le pèlerinage de Jérusalem, et j’ai fini par l’accomplir. Il est certain que la plupart des actes religieux, nobles par eux-mêmes, laissant au fond du cœur de nobles souvenirs, nourrissent l’âme de sentiments élevés et disposent à aimer les choses belles et touchantes ; que de droits la religion n’avait-elle donc par sur moi ? Ne devrait-elle pas me dire : “ Tu m’as été consacré dans ta jeunesse, je ne t’ai rendu à la vie que pour que tu devinsses mon défenseur. La dépouille de ton innocence trempée des larmes de ta mère repose encore sur mes autels. Ce ne sont pas les vêtements qu’il faut suspendre maintenant à mes temples, ce sont tes passions. Consacre-moi
ton cœur et tes chagrins, je bénirai ta nouvelle offrande“. Sainte religion, voilà ton langage ; toi seule pourrais remplir le vide que j’ai toujours senti en moi, et guérir cette tristesse qui me suit. Tout sujet m’y replonge ou m’y ramène ; je n’écris pas un mot qu’elle ne soit pas prête à déborder comme un torrent, je ne suis occupé qu’à la refermer pour ne pas me rendre ridicule aux hommes. Mais dans cet écrit qui ne paraîtra qu’après moi, que j’ai entrepris pour le soulager, pour donner une issue aux sentiments qui m’étouffent, pourquoi me contraindrai-je ? Rassasions-nous de nos peines secrètes, que mon âme malade et blessée puisse à gré repasser ses chimères et se noyer dans ses souvenirs.
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Descendus de la colline, nous guéâmes un ruisseau; autres avoir cheminé une demi-heure, nous quittâmes la grande route, et la voiture roula au bord d'un quinconce, dans une allée de charmilles dont les cimes s'entrelaçaient au-dessus de nos têtes: je me souviens encore du moment où j'entrai sous cet ombrage et de la joie effrayée que j'éprouvai.
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« II a travaillé sept ans à cet ouvrage, nous dit son secrétaire, et il déclare que c’est celui qui lui a donné le plus de peine. »
(Marcellus, Chateaubriand et son temps, p. 62.)
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un jour je m'étais amusé à effeuiller une branche de saule sur un ruisseau, et à attacher une idée à chaque feuille que le courant entraînait. Un roi qui craint de perdre sa couronne par une révolution subite , ne ressent pas des angoisses plus vives que les miennes, à chaque accident qui menaçait les débris de mon rameau. O faiblesse des mortels! O enfance du cœur humain qui ne vieillit jamais! Voilà donc à quel degré de puérilité notre superbe raison peut descendre! Et encore est-il vrai que bien des hommes attachent leur destinée à des choses d'aussi peu de valeur que mes feuilles de saule.
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Tu as vu, Malvina, la mer troublée par les bonds d’une immense baleine qui, blessée et furieuse, se débat à la surface écumante des flots; tu as vu une troupe de mouettes affamées nager autour de la terrible fille de l’Océan, dont elles n’osent encore approcher, bien qu’elle soit expirante : ainsi s’agitent et se serrent les guerriers épouvantés d’Ifrona, hors de la portée du bras du héros.
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La nuit s’envola sur les ailes de la joie : nous croyions les étoiles à peine au milieu de leur course, et déjà le rayon du matin entrouvrait l’orient nébuleux. Fingal frappa sur son bouclier : ah ! qu’il rendait alors un son différent de celui qu’il a parmi ces débris ! Les guerriers l’entendirent ; ils descendirent du bord de tous leurs ruisseaux.
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La fatigue, le chagrin, le poison et une passion plus mortelle que tous les poisons ensemble, se réunissaient pour ravir cette fleur à la solitude.
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Si l'homme est ingrat, l'humanité est reconnaissante
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Une demoiselle Rose était venue à la Trappe. Thiers avait été charger d'examiner cette demoiselle ; il lui demanda "si elle était mariée", elle répondit "qu'elle ne s'en souvenait pas."
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