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Citations de Françoise Héritier (160)


... tous les mots ne sont pas traités de la même manière ...
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C'est donc une énumération qui suit, une simple liste, en une seule phrase, qui est venue ainsi toute seule par à-coups, comme un grand monologue murmuré. Il s'agit de sensations, de perceptions, d'émotions, de petits plaisirs, de grandes joies, de profondes désillusions parfois et même de peines, bien que mon esprit se soit tourné plutôt vers les moments lumineux de l'existence que vers les moments sombres car il y en a eu. A de petits faits très généraux dont tout un chacun aura pu éprouver un jour la réalité (je parle alors de façon neutre, c'est-à-dire selon l'usage français au masculin) j'ai mêlé progressivement des souvenirs privés, durables, fixés en images mentales fortes pour toujours, instantanés fulgurants dont l'expérience peut être, je le crois, transmise en quelques mots (je parle alors au féminin). Il faut voir dans ce texte une sorte de poème en prose en hommage à la vie.
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Ne plus pouvoir décider seul de son temps est chose très douloureuse. Il n'est pas question ici des horaires qui structurent la vie consacrée au travail mais de l'ensemble réglé de la vie, quand elle dépend de la venue à des horaires aléatoires et de la présence de divers professionnels de santé. Il faut faire un apprentissage de l'attente. Une attente sans aucune autre fin qu'attendre le bon vouloir des autres.
(...)
Chose très douloureuse peut-être, encombrante plutôt, mais ce qui serait très douloureux serait de n'avoir aucun visage connu à attendre, aucune personne sur qui compter, à saluer gaiement, par son nom, à qui sourire et qui vous répond avec les mêmes attentions que vous avez pour elle.
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Ce livre plaide pour que nous sachions reconnaître non pas seulement une petite part ingénue d’enfance, mais ce grand terreau d’affects qui nous forge et continue sans cesse de nous forger, êtres sensibles que nous sommes. Pour que nous ne soyons pas simplement obnubilés par des buts à atteindre - des carrières à faire, des entreprises à commencer, des rentabilités à assurer -, en perdant de vue le « je » qui est en lice. Pour que nous sachions que, sous-tendant l’exploit sans cesse renouvelé de vivre, se trouve ce moteur profond qu’est la curiosité, le regard bienveillant en empathie ou critique et constitutif que « je » porte sur le monde autour de lui.
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avoir modérément apprécié une remarque de Lévi-Strauss à son propos : "Vous avez un esprit d'homme" tout en sachant qu'il y voyait un compliment, mais avoir révéré et aimé cet homme au sage regard d'éléphante matriarche, surtout de profil, et qui ressemblait aussi parfois - quand il quittait en douce le laboratoire, courbé en deux, le corps un peu de travers, le pas pressé et le regard un peu en coulisse, notant tout, ne voyant rien - à l'illustre et génial Groucho Marx
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retrouver ravie les moyens mnémotechniques d'autrefois :"mais où est don Ornicar ?" (mais, ou, et, donc or, ni, car) ou en core "Caillou, chou, genou, hibou, pou" et aussi les virelangues si difficiles à dire "les chaussettes de l'archiduchesse sont-elles sèches, archisèches ?..."
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être contente pour le monsieur qui sourit tout seul en marchant
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p. 83 "Et ce "je" qui est notre richesse est fait d'une ouverture au monde - d'une aptitude à observer, d'une empathie avec le vivant, d'une capacité à faire corps avec le réel. "Je" n'est pas seulement celui qui pense et qui fait mais celui qui ressent et éprouve selon les lois d'une énergie souterraine sans cesse renouvelée. S'il était totalement dénué de curiosité, d'empathie, de désir, de la capacité de ressentir affliction et plaisir, que serait ce "je" qui par ailleurs pense, parle et agit ?
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Sang, lait et sperme sont les résidus, dont seul le sperme est parfait, de la transformation des aliments dans le corps. La preuve en est "l'affaiblissement qui suit la moindre émission de sperme, comme si le corps était privé du produit final de la nourriture".
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L'homme, de nature chaude, possède par là même une aptitude à la coction intense du sang, qui le transforme en un résidu parfaitement pur et dense : le sperme. La femme ne peut parvenir à cette opération ; elle parvient seulement à transformer le sang en lait : "Du fait que les menstrues se produisent, il ne peut pas y avoir de sperme."
Ainsi la différence ultime
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L'harmonie est nécessaire au bon fonctionnement du monde. De tout il faut ni trop ni trop peu : excès comme défaut sont porteurs de désordre. Cette harmonie repose fondamentalement sur l'équilibre des contraires. Tout dans la nature et le monde socialisé relève de l'une ou de l'autre de deux catégories opposables : le chaud et le froid et leurs corollaires le sec et l'humide.
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Qui vole quoi ? Vole-t-il donc un peu de répit à un monde auquel il devrait tout ou au contraire ne se laisse-t-il pas déposséder de sa vie par cet entourage dévorant, ce travail obsédant, ces responsabilités multiples accablantes ? Nous lui volons sa vie. Il vole lui-même sa propre vie.

(p. 8)
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Je cours le risque de vous ennuyer »grave »…
Et encore…
…fondre devant la retenue dévastatrice de Robert Redford dans "Out of Africa" ou la tout aussi dévastatrice insolence de Glark Gable dans "Autant en emporte le vent", trier des lentilles, ôter un caillou de son soulier…
…conduire une conversation complice avec un chat siamois ou un épagneul breton, éternuer sept fois de suite, chanter "Stormy wheater" comme Lena Horne…
…reprendre en chœur des airs populaires, avoir des secrets, se faire consciemment des idées, jouir de la douceur du temps…
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Proust n'est pas loin. Cependant, ce n'est pas le goût de la madeleine qui fait ressusciter le souvenir. C'est le trouble sensoriel ressenti qui rappelle ce même émoi sensuel de l'enfance, dû à un cérémonial où tout, l'atmosphère confinée, le caractère exceptionnel, l'heure, la personne de la tante, le thé, la madeleine, allait, comme condensé dans une flèche bien tirée, se planter pour toujours dans l'odeur douce et un peu fade d'une pâtisserie, c'est-à-dire sur celle des sensations ressenties alors qui était peut-être la plus à même, pour cet enfant-là, de condenser la perpétuelle vitalité de l'ensemble.

En quelque sorte, le sensualisme de Condillac prend en chacun de nous tout son sens. Le monde existe à travers nos sens avant d'exister de façon ordonnée dans notre pensée et il nous faut tout faire pour conserver au fil de l'existence cette faculté créatrice de sens : voir, écouter, observer, entendre, toucher, caresser, sentir, humer, goûter, avoir du "goût" pour tout, pour les autres, pour la vie.
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Il y a une forme de légèreté et de grâce dans le simple fait d'exister, au-delà des occupations, au-delà des sentiments forts, au-delà des engagements politiques et de tous ordres, c'est uniquement de cela que j'ai voulu rendre compte. De ce petit plus qui nous est donné à tous : le sel de la vie.
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La reproduction des hommes est un instrument de la reproduction de l'ordre social.
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..., faire marcher sur son doigt une coccinelle, ...
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Sont-ce des mots que j'entends ? ou que je vois ? que je déchiffre, que je prononce in petto ? que j'ai en bouche et pas seulement en tête ? qui viennent tout seuls ou qui sont happés nécessairement par d'autres dans un déroulement sans fin ? Sont ce ces images globales, des sons ou des lettres ? des phonèmes nettement séparés, en leur état brut ? des lettres que l'on épelle mentalement ? des ensembles qui se substituent les uns aux autres à grande allure, tels des chevaux sauvages qui ne courent jamais seuls ?
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Il y a une forme de légèreté et de grâce dans le simple fait d'exister, au delà des occupations, au delà des sentiments forts, au delà des engagements politiques et de tous ordres, et c'est uniquement de cela que j'ai voulu rendre compte. De ce petit plus qui nous est donné à tous : le sel de la vie.
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j'ai eu la chance de pratiquer comme un métier de questionnement intellectuel qui donne à l'existence un relief et au quotidien une touche de plaisir fort rare.
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Ça a débuté comme ça . J'étais en prison avec Jésus et ......?............., une soif terrible me tenaillait.

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