Citations de Françoise Héritier (160)
"Je" ne serait pas ce qu'il est si certains événements ne s'étaient pas produits, qui ont canalisé sa vie, mais aussi si "je" n'avait pas eu la possibilité de ressentir telle émotion, de vibrer à telle occasion, de faire telle expérience avec son corps.
... sous-tendant l'exploit sans cesse renouvelé de vivre, se trouve ce moteur profond qu'est la curiosité, le regard bienveillant en empathie ou critique et constitutif que "je" porte sur le monde autour de lui.
Tout est là : beauté, calme, simplicité, sérénité, silence, solidité, solidarité, ingénuité... Dont la seule pensée est si rassurante.
Pourtant, la nature en nous, rivée à nous, lorsque des bourgeons s'ouvrent, est là pour te dire, à toi l'élu et à toi seul, que tu es l'unique être à même de percevoir l'entièreté de leur poussée et de leur beauté intransigeante, généreuse, beauté de la turgescence, beauté des efflorescences, beauté de la grâce rêveuse des corolles, des étamines et des pistils différemment agencés selon les espèces et beauté transparente de leur nom : asphodèle, boule-de-neige, bouton-d'or, chrysanthème, digitale...
Qu'est-ce que savoir, qu'est-ce que vieillir ?
La reproduction des hommes est un instrument de la reproduction de l’ordre social. Elle entre dans la représentation symbolique de l’ordre social au point qu’on a pu dire qu’un système de parenté n’existe que dans la conscience des hommes et qu’il n’est qu’un système arbitraire de représentation. (p. 54)
Ainsi peut-on conclure que le genre est une assignation en esprit, reprise socialement et culturellement, et que cette assignation dépend d'élaborations conceptuelles et symboliques extrêmement archaïques, mais toujours présentes.
"Je" ne serait pas ce qu'il est si certains évènements ne s'étaient pas produits, qui ont canalisé sa vie, mais aussi si "je" n'avait pas eu la possibilité de ressentir telle émotion, de vibrer à telle occasion, de faire telle expérience avec son corps.
p. 15 "J'ai omis bien des choses dans la liste de celles qui font le sel de la vie... Il s'agit néanmoins de choses très sérieuses et très nécessaires pour conserver du "goût" : je vous parle des frémissements intimes qu'apportent de petits plaisirs, des interrogations et même des déconvenues si on leur laisse le loisir d'exister."
Les E multiples d’« éphéméride » et l’envolée lyrique finale font naître l’image du papillon blanc, qui entraîne par déduction zoologique sa traduction en piéride, laquelle, comme chacun sait, aime les choux. Ce papillon est connu comme la piéride du chou. C’est ainsi qu’« éphéméride » est de toute évidence un papillon blanc qui se plaît dans les choux.
Il ne s'agit pas là de hautes considérations métaphysiques ni de réflexions très profondes sur la vanité de l’existence ni de l'intimité brûlante de tout un chacun. Il s'agit tout simplement de la manière de faire de chaque épisode de sa vie un trésor de beauté et de grâce qui s'accroît sans cesse, tout seul, et où l'on peut se ressourcer chaque jour. (...) Il y a sûrement dans ce fatras hétéroclite des sentiments, des sensations, des émotions, des bonheurs que vous avez éprouvés et que vous éprouvez toujours. Et vous avez votre provende de souvenirs propres qui ne demandent qu'à ressurgir pour vous tenir compagnie et vous soutenir dans tous vos actes à venir. J'ai appris à les reconnaître pour ce qu'ils sont : les jalons goûteux de notre vie. -Du coup, elle devient tellement plus riche et plus intéressante que ce que l'on croit. Et surtout, dites vous bien que rien de tout cela ne pourra jamais vous être enlevé.
.....les fous rires, la recherche d’odeurs ou de saveurs, mettre un beau couvert, ruminer autour d’une idée, le moment ou l’on sait qu’on plaît ( ou on vous regarde et on vous écoute), faire la grasse matinée, écouter religieusement Mozart,.....
"[...que reste-t-il au citoyen et à la citoyenne lambda pour les activités qui font le sel de la vie ? ]
boire les paroles de celui qu'on aime..."
Il faut voir dans ce texte une sorte de poème en prose en hommage à la vie.
Il s'agit de sensations, de perceptions, d'émotions, de petits plaisirs, de grandes joies, de profondes désillusions parfois et même de peines, bien que mon esprit se soit tourné vers les moments lumineux de l'existence que vers les moments sombres, car il y en a eu.
Avec beaucoup d'humilité je déclare ce qu'il en est : c'est une - fantaisie, née au fil de la plume et de l'inspiration - et qui a une histoire.
vous escamotez chaque jour ce qui fait le sel de la vie.
Dans un livre qui a été réalisé il y a quelques années à partir d'interviews auprès d'une centaine de ces femmes que l'on dit "arrivées", on remarque que toutes se posent la question de savoir si elles ont mérité leur place. Quand on pose la question aux hommes qui sont dans la même situation, aucun ne se sent concerné.
Ce n'est pas parce qu'ils sont proches des animaux que des hommes se rendent coupables de violences sexuelles. Au contraire. C'est la pensée et seulement la pensée élaborée par nos ancêtres pour donner un sens au réel observé qui est en cause, lorsqu'on examine de près les conditions de la violence sexuée qu'elle soit publique ou privée. Car de toutes les espèces animales répertoriées, il nous faut bien convenir que l'homme est la seule espèce où les mâles tuent les femelles. (fin de la contribution de Françoise Héritier)
Il y a une forme de légèreté et de grâce dans le simple fait d'exister, au-delà des occupations, au-delà des sentiments forts, au-delà des engagements politiques et de tous ordres, et c'est uniquement de cela que j'ai voulu rendre compte. De ce petit plus qui nous est donné à tous : le sel de la vie.
[…] essayer de saisir le moment où l'on s'endort, sentir le poids de son corps recru de fatigue dans le lit, être reçu à un examen, dormir sur l'épaule de quelqu'un, participer à une liesse populaire, voir un beau feu d'artifice, écouter la Callas ou gémir le vent ou crépiter la grêle, regarder le feu, manger un sandwich dans la rue, marcher sur du sable chaud mais pas top, siroter, faire sauter un trousseau de clés, faire pipi dans la nature, être ému aux larmes, hurler de joie devant un tir irrattrapable au football, caresser, être caressé, embrasser, être embrassé, enlacer, être enlacé (avec amour, complicité, tendresse), se sentir plein d'allant, d'enthousiasme, de passion, avoir des élans du cœur, se moquer des convenances, admirer la jeunesse, avoir les yeux plus gros que le ventre, se sentir mal et ouvrir les yeux sur des visages amis […]