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Critiques de Frédéric Martel (79)
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De la culture en Amérique

Dès le titre, tout est dit : Frédéric Martel fait état de la culture en Amérique. La lecture en est aisé, le vocabulaire simple, la pensée structurée. La chronologie réelle est prise en compte, à travers un regard sur les présidents américains successifs et leurs actions.

Un autre intérêt de l’ouvrage se trouve au niveau dans la façon dont Martel a recueilli le contenu : il a mis en place une vraie recherche documentaire en allant à la rencontre d’intéressés. Son propos est construit en grande partie grâce aux interviews qu’il a mené sur le sol américain. On suppose alors que les avis des uns viennent compléter ceux des autres et qu’ainsi, la possible part de subjectivité s’amenuise.

Les personnes interviewées sont si bien choisies que leurs propos sont précis… peut-être trop, parfois, pour ceux qui s’intéresseraient à la situation actuelle et réelle de la culture aux Etats-Unis, sans avoir besoin de connaître tout le cheminement pour y parvenir. En effet, si l’ouvrage nous informe bien sur ce qui est en place aujourd’hui, il relate également beaucoup de projets qui n’ont finalement pas pu voir le jour, ou qui ont été infructueux.
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De la culture en Amérique

L’ouvrage de Frédéric Martel intimide : plus de 600 pages d’une écriture serrée pour rendre compte d’une immense enquête menée pendant quatre années « à partir d’archives et de 700 interviews dans 35 Etats et 110 villes américaines » (p. 575). Pourtant cet essai sur la politique culturelle américaine, qui fourmille de portraits et d’anecdotes et qui est servi par une plume alerte, se lit d’une traite. Son plan est d’une remarquable limpidité. Dans une première partie, Frédéric Martel narre l’histoire de la politique culturelle américaine décrivant tour à tour la naissance, l’épopée et le déclin du National Endowment for the Arts (NEA), en insistant sur ce qui le différencie des administrations culturelles européennes. Dans la seconde, il décrit les acteurs étonnamment divers de la vie culturelle aux Etats-Unis : fondations, associations à but non lucratif, universités, etc.



Menée sans a priori par un « intellectuel de gauche » qui ne parvient pourtant pas à dissimuler la séduction qu’opère sur lui une vie intellectuelle organisée si différemment de la nôtre, cette enquête foisonnante a eu un grand retentissement à sa sortie en France à l’automne 2006. Car éclairant un vieux débat franco-français, elle montre qu’une vie culturelle intense est possible sans que l’Etat s’en mêle. Rien n’est plus contraire en effet aux mentalités américaines que l’interventionnisme d’Etat exercé par la rue de Valois que les Américains considèrent comme une menace inquiétante sur la liberté d’expression.

Cela ne signifie pas pour autant que l’Etat ne fasse rien pour la culture. Il préfère à l’imposition d’une norme artistique une action moins directe, qui prend la forme notamment d’invitations fiscales. Ces exonérations bénéficient à une myriade d’associations à but non lucratif et reconnues d’utilité publiques, les associations « 501 c 3 » du nom de l’article du code des impôts qui les exempte de la plupart des taxes et qui offre à leur donateurs des exonérations fiscales importantes. Les universités, qui sont des acteurs de premier plan de la vie culturelle, bénéficient d’un régime similaire. Ce système encourage les donateurs qui, dans un élan philanthropique inconnu en Europe dont Frédéric Martel analyse les ressorts sociologiques et psychologiques, financent l’essentiel de la vie culturelle.



La spécificité américaine est là, où on ne l’attendait pas. Contrairement aux idées reçues, la culture aux Etats-Unis n’est pas abandonnée aux seules forces du marché. Pas plus aux Etats-Unis qu’en Europe, les œuvres d’art ne constituent un produit comme un autre. Cette réalité méconnue révèle l’hypocrisie du débat transatlantique sur « l’exception culturelle ». L’art est subventionné aux Etats-Unis ; l’Etat intervient mais sans dicter des normes. « Il n’y a pas de « pilote » dans l’avion (…). Il y a mieux : des milliers d’acteurs » (p.523) dont l’activisme désordonné garantit paradoxalement la diversité de la vie culturelle. Ce « civisme culturel » est l’aspect le plus éloigné et le plus fascinant de la culture américaine, loin des clichés auxquels elle est souvent réduite.
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Global Gay

Voici un essai sociologique passionnant de la condition gay à travers le monde. L'auteur est français, écrivain, sociologue et journaliste, avec lui on fait le tour du monde à la rencontre du monde gay et voir la situation propre à chaque pays et l'évolution des droits. On aborde à la fois la façon dont ils vivent, mais aussi comment ils sont perçus. L'aspect politique est longuement évoqué, les différences Orient / Occident, l'impact déterminant des religions...



On aborde également le domaine culturel, et l'importance de la visibilité des personnes LGBT dans les films, séries, émissions... et comment les réseaux sociaux changent la donne pour les rencontres et le militantisme.



J'ai mis un peu de temps à le lire car il est très complet, mais J'ai adoré cette lecture, extrêmement intéressante, riche et documentée.
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Global Gay : Comment la révolution gay change..

Le tour du monde effectué par Olivier Martel, durant cinq ans, à la rencontre de militants gays ou tout simplement gay-friendly, conduit à une constatation exprimée récemment encore par Louis Schweitzer : « En matière de discriminations, on ne choisit pas : on les rejette toutes, ou on les adopte toutes ! ». C’est le principe de l’action,, commun, qui motive ceux que le rejet fondé sur les différences indigne. Si la connaissance des autres permet de limiter les phobies, celle du wwg, ou World Wide Gay, donne de la force aux activistes, qui, grâce à Internet, à travers le monde, de Cuba jusqu’en Chine, en passant par l’Egypte, osent défier les autorités qu’elles soient religieuses ou étatiques. On ne s’y trompe pas à l’ONU, garante des Droits de l’homme dans le monde, car toute avancée est bonne à tous ceux qui sont discriminés. On est bien loin de l’image d’une communauté qui ne défendrait que son intérêt. L’enjeu, c’est la reconnaissance pour tous.
Lien : http://tmblr.co/Z4Dxcn1EuoI98
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Global Gay : Comment la révolution gay change..

Frédéric Martel est directeur de recherches à l'Institut de relations internationales et stratégiques; Il est journaliste, animateur à Radio France.

Pendant cinq ans il a mené une enquête et rencontré bon nombre d'acteurs de ce qu'il appelle une "révolution".

Tout démarre selon lui une nuit de fin juin 1969 à l'occasion d'une émeute à New York au cours de laquelle les premières revendications de la communauté homosexuelle sont apparues.

Tout va s'enchaîner vite. Le fait marquant est la mondialisation de la question homosexuelle, même si de grandes disparités existent entre les pays quant aux législations et mentalités.

Ainsi en Iran les homosexuels risquent la pendaison alors que les transexuels se font opérer légalement. Dans huit pays, les homosexuels risquent la peine de mort et dans soixante-seize pays, la prison.

Au travers de cette diversité de situations, l'auteur analyse de manière intéressante la dynamique qui se met en place et la manière dont ce sujet est perçu au cours des trente dernières années.

Un livre intéressant, d'actualité, qui pose de vraies questions....;
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Global Gay : Comment la révolution gay change..

Global gay c'est à la base une enquête à travers la politique, les cultures les religions ... du développement de la communauté homosexuelle. On y découvre le point de départ de la première Gay Pride, les résidus de l'homophobie coloniale de l'époque Victorienne, la tolérance des régimes politiques Asiatiques, l'évangélisme ultra-conservateur (et dangereux) et bien d'autre. Mais Global Gay c'est aussi, le parcours déjà effectué et tout ce qu'il reste à faire. En lisant ce livre j'ai été indigné, fière, révolté, triste; tout un panel d'émotions en découvrant les injustices disséminées à travers le monde.
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Global Gay : Comment la révolution gay change..

Son ouvrage tente de décrire ce mouvement à travers une enquête auprès d'associations et d'activistes menée dans 45 pays.
Lien : http://www.lesechos.fr/econo..
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Global Gay : Comment la révolution gay change..

Dans ce qui apparaît comme l'une des plus vastes enquêtes du journalisme moderne - 40 pays, des centaines de villes -, l'animateur de Radio-France est aussi allé là où la musique de Lady Gaga peut conduire directement en prison ou, pire, à l'échafaud, comme à Téhéran.
Lien : http://rss.lapresse.ca/c/336..
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Global Gay : Comment la révolution gay change..

Un document essentiel de Frédéric Martel sur une subculture dominante. Un changement de mentalités planétaire induit par les réseaux sociaux.
Lien : http://www.lalibre.be/cultur..
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J'aime pas le sarkozysme culturel

Frédéric Martel, journaliste de Radio-France, est un bon connaisseur des médias et des politiques culturelles contemporaines. Il nous livre ici un pamphlet contre la politique culturelle de Nicolas Sarkozy. Ou plutôt un pamphlet contre les postures culturelles du président de la République.

Car, s'il y a bien un domaine où Nicolas Sarkozy n'a aucune politique, c'est bien celui de la culture. Au fil de ces presque 5 ans de mandat, il aura détricoté ce qui restait de politique culturelle et, cela va de pair, et réussi à instrumentaliser la culture.

Pour Sarkozy, la culture est d'abord une affaire d'image au service de ses intérêts. Le premier sarkozisme culturel, comme l'appelle Frédéric Martel, est marqué du sceau - du sot ? - de la culture populaire dans ce qu'elle a de plus plouc et industriel : seront mis sur le devant de la scène les Johnny Halliday, Christian Clavier mais aussi les films cultes comme Rambo. D'où cette interrogation de Martel : Sarkozy n'a-t-il pas cherché à paraître plus inculte qu'il n'est afin de bien souligner la rupture avec le quinquennat précédent ? Possible, mais probable aussi que là soit bien la vérité de ce président bourré de tics...

Le second sarkozysme culturel est un retour vers les intellectuels, c'est donc un peu plus classique. Mais là encore, Sarkozy de moque bien de tous ces penseurs : il s'agit avant tout qu'ils arrêtent de dire du mal de sa personne et de sa politique. Sarkozy emprunte alors le concept de civilisation à Edgar Morin, reçoit toutes les semaines un aéropages d'intellectuels, se convertit à l'art contemporain. Savoureuse relation d'un de ces déjeuners où l'on voit le président exhiber sa montre de luxe à tous les commensaux...

Au total, la culture de Sarkozy est une culture "middlebrow" comme le dit Frédéric Martel : une espèce de culture populaire non assumée, mais qui se concentre sur des formes accessibles d'art. Une pointe d'élitisme mâtine le tout...

Ce qui rend ce pamphlet intéressant, outre sa construction sur le mode des "J'aime/je n'aime pas" de Facebook, c'est l'affirmation que la culture est instrumentalisée afin d'assurer la ré-élection de Nicolas Sarkozy. Car si Sarkozy est particulièrement inculte - les humanités ne font pas partie de son univers - il n'en reste pas moins qu'il adopte une position gramsciste : la bataille politique est d'abord une bataille des idées et une guerre culturelle. Afin de triompher, il convient de tout mettre en oeuvre pour la gagner.

C'est pourquoi Nicolas Sarkozy a soin de cultiver ses amitiés dans la sphère des médias - télévision, internet, journaux papier etc... et des instituts de sondage. Tout est donc prêt pour la production d'un déluge d'images et de contenus politiques censés emporter tous ses adversaires. C'est la thèse de Frédéric Martel. Vive la politique à l'heure de l'advertainment !

Face à cela, il y a bien longtemps qu'il n'y a plus de ministre de la culture : Albanel réduite à rien avec la création d'un ministère bis dirigé par Martin Karmitz, puis "Mitterand le petit" dont l'ego démesuré sert de fumée envoûtante.

Hilarant est le chapitre consacré à "Sarkozy et l'école" où l'on voit un député taquin demander, en 2010, de manière tout ce qu'il y a de plus officielle, comment le gouvernement compte remédier aux difficultés grammaticales du président...Je vous laisse lire la réponse 9 mois après de Luc Chatel, c'est impayable.

Voici donc un livre qui tombe bien à propos à moins de trois mois de l'élection présidentielle, et dont la thèse centrale se révèle tous les jours plus pertinente. Cela n'augure rien de bon.
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J'aime pas le sarkozysme culturel

J’aime pas le sarkozysme culturel

Frédéric Martel, Flammarion, 2012 – 14,00 €



Frédéric Martel est l’auteur de deux formidables essais sur la culture : De la culture en Amérique, 2006 et Mainstream. Enquête sur la guerre globale de la culture et des médias, 2010.

En prévision de l’élection présidentielle française de ce printemps 2012, il nous livre ses réflexions, issues d’un travail d’enquête auprès des principaux intéressés (liste des personnages principaux en début d’ouvrage et sources en fin). Son point de vue est que Nicolas Sarkozy peut à nouveau gagner l’élection présidentielle grâce à sa politique culturelle, ou plutôt grâce à un système, le sarkozysme culturel.



En décrivant ce système de l’intérieur, en analysant les points de vue des proches de Nicolas Sarkozy (Emmanuelle Mignon, Catherine Pégard, Alain Minc, Éric Garandeau, Olivier Henrard, Franck Louvrier, Camille Pascal…), de ses deux ministres de la culture, Christine Albanel et Frédéric Mitterrand, et d’autres membres de ses gouvernements, ou des précédents, Martin Hirsch, Alain Juppé, Xavier Darcos, Valérie Pécresse, Jean-Jacques Aillagon et Renaud Donnedieu de Vabres (deux anciens ministres de la culture), Frédéric Martel brosse le portrait d’un homme qui utilise la culture comme une stratégie politique, une machine à gagner les élections. Il pense ainsi que c’est sur ce terrain que doit être attaquée la campagne présidentielle, car c’est sur celui-ci qu’il compte gagner.

Il développe le principe selon lequel la culture du président serait « middlebrow », c'est-à-dire une sorte de juste milieu, un entre deux eaux, entre la « low culture » ou la culture populaire et la « high culture » ou « culture cultivée ».

«Du sarkozysme culturel première manière, populiste et plouc, il est passé à l’élitisme sophistiqué et à l’accumulation bourgeoise des grandes œuvres : le président « cultivé ». »



Le rôle de Carla Bruni, son épouse, dans cette transformation semble être capital. Ainsi, il semble difficile de suivre le raisonnement selon lequel le système serait réfléchi et non opportuniste.

L’ouvrage se lit très facilement. C’est une chronique du sarkozysme culturel, revenant sur les étapes d’une politique culturelle et d’une transformation personnelle, donnant les bases d’une évolution d’un candidat qui se présidentialise. Mais il manque une analyse plus profonde, plus sociologique sur ce qui est avancé et décrit. Nous avons affaire plus à un travail de journaliste que de chercheur en sociologie. Néanmoins, l’ouvrage est fort utile en cette période pré-électorale et surtout le livre ne se clôt pas : des chroniques quotidiennes sur Twitter et sur le blog éponyme en assurent le développement. C'est cette continuité qui en fait tout l'intérêt : une vigilance quotidienne et des moyens de décrypter la politique sarkozyenne.
Lien : http://legenepietlargousier...
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J'aime pas le sarkozysme culturel

Avec "J'aime pas le sarkozysme culturel", je m'essaye à l'exercice un peu casse-gueule de chroniquer un ouvrage politique alors que je suis néophyte en la matière. Je ne suis pourtant pas dépourvue de conscience politique : j'ai des idées, des principes, j'essaie de me renseigner quotidiennement mais le fait est là, la politique n'est pas quelque chose qui me passionne (encore). Je suis entourée d'amis extrêmement actifs : syndiqués, manifestants, membres de divers mouvements, j'ai donc tout de même la chance de baigner dans une atmosphère propice aux dialogues et débats d'idées. En revanche, et ce n'est d'ailleurs pas toujours facile à vivre, je ne suis pas du tout impliquée dans quelque action que se soit ; je passe donc systématiquement pour l'effacée, la sans-opinion, voire même le gentil mouton qui suit le reste du troupeau. Postuler à Masse Critique de Babelio pour ce titre, c'était à la fois un défi pour moi-même (toujours dans l'objectif de varier un maximum mes genres de lectures) et une sorte de preuve : non, ce n'est pas parce que je ne manifeste pas que je suis complètement passive et détachée. Je ne vous cache pas que j'avais tout de même quelques appréhensions relatives à la rédaction d'un avis sur un sujet que je maîtrise assez mal.



Le sarkozysme culturel est néanmoins un concept qui me touche directement, au regard de mes études et de mes perspectives d'avenir. Cette maigre légitimité acquise, je me suis plongée dans la lecture en tentant de ne pas me dire "mais bordel zut, comment je vais bien pouvoir chroniquer ce truc ?!" à toutes les pages. J'ai même eu la peur de la peur, celle qui nous fait craindre de passer à côté du plaisir de la lecture parce que l'on est trop focalisé sur autre chose. Et bien figurez-vous que toutes ces inquiétudes se sont envolées bien vite. J'aime pas le sarkozysme culturel se révèle être un essai très clair et simple, qui ne nécessite pas de connaissances poussées du paysage politique. Bien documenté, sa forme est originale et l'écriture très agréable. On pourrait même dire que Frédéric Martel signe un exercice de style : en se basant sur le principe des "like" et "unlike" de Facebook, il rédige de courts paragraphes qui expliquent, soulignent et décortiquent le système culturel du gouvernement de Sarkozy, organisés en chapitres thématiques plutôt que chronologiques.



Frédéric Martel mène une étude poussée des deux grandes phases de ce qu'il appelle le sarkozysme culturel. La première est placée sous le signe de la "beaufitude" : le président séduit par sa décontraction, sa proximité avec les gens ordinaires ; il adore Rambo, est fan de Bigard et connaît par cœur les paroles des chansons de Johnny Hallyday. La seconde phase est marquée par un retour aux classiques, à l'intellectuel. Poussé par sa nouvelle épouse, Sarkozy engrange de la culture, se gave de rencontres d'artistes, d'écrivains, de penseurs. Le fil rouge de ces deux attitudes qui semblent complètement opposées est bien entendu l'occupation visuelle permanente et la stratégie progressive d'envahissement des médias. C'est d'ailleurs la trame de fond de l'essai de Frédéric Martel qui, au delà de simples billets d'humeurs, s'attache à nous démontrer comment le président, en plaçant des personnalités clés à la tête des grands groupes multimédias (radios, chaînes de télé, presse...) est en position de gagner les prochaines élections grâce à une guerre de l'image totalement maîtrisée. Sous l'apparente inculture de Nicolas Sarkozy, faite de bric et de broc, mettant au même plan Houellbecq et Zola, Bach et Polnareff, se cache en réalité une mécanique parfaitement rodée. Le président s'impose en fin stratège en faisant de l'instrumentalisation de la culture sa principale tactique pour rester au pouvoir.



Au final, j'ai beaucoup aimé cette lecture. J'ai apprécié la variété des sujets abordés et la finesse des analyses. Moi qui m'attendait à quelque chose de très (trop) sérieux, j'ai été surprise par l'humour de Frédéric Martel, qui a décidément le chic pour mettre en évidence les travers du gouvernement avec une prose grinçante à souhait. Outre le fait que je partage globalement les mêmes idées et que je sois du même "bord" que l'auteur, c'est la façon dont cet essai est conçu et écrit qui a achevé de me convaincre. J'ai beaucoup appris, beaucoup réfléchi, pas mal rigolé (même jaune), beaucoup cité à haute voix (Choupi, toutes mes excuses pour t'avoir interrompu dans tes lectures toutes les deux minutes). J'aime pas le sarkozysme culturel est un ouvrage qui, à trois mois des élections, apporte un regard particulièrement intéressant sur les rouages de la politique (culturelle... ou pas!) du président actuel.
Lien : http://livr0ns-n0us.blogspot..
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La Longue Marche des gays

Cette monographie, parue dans l'excellente collection "Découvertes Gallimard", retrace l'histoire récente des homosexuels (en France notamment). La cause gay devient un vrai sujet de société dans les années '70, avec des intellectuels célèbres comme M. Foucault, J. Genêt, P. Chéreau, etc (par exemple), mais aussi Guy Hocquenghem, qui était à la fois révolutionnaire gauchiste et militant de la cause homosexuelle. La fête de la Gay Pride est lancée. Mais, dans les années '80, le sida menace directement les gays: ces années sont très dures pour cette communauté. Après une phase de déni, vient le temps de la solidarité avec l'association "Aides"; une autre association très portée à la provocation nait aussi: "Act Up". Mais ensuite une normalisation intervient: le PACS est institué en 1998, puis c'est la loi sur le mariage pour tous. Peu à peu, la société devient plus tolérante; des personnalités connues font leur coming-out sans coup férir. C'en est fini de l'époque "héroïque"...

L'auteur conclut avec cette question ouverte: « L'homosexualité pourra-t-elle se vivre désormais sans fierté ni honte ? Une sexualité comme les autres ? »
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La Longue Marche des gays

Publié dans la collection "Culture et société" des "Découvertes Gallimard", ce petit fascicule de 128 pages imprimé sur papier glacé est abondamment illustré de photos va nous conter l'évolution des rapports de la société face à l'homosexualité.

En introduction un très rapide survol historique de l'homosexualité à travers l'art, la religion et les mœurs des sociétés de l'antiquité à nos jours. Le reste du livre traite de l'évolution de la conscience gay des années 1960 jusqu'au début de notre siècle (le livre est paru en 2002), Stonewall, la "dépénalisation" de l'homosexualité, le SIDA, la Gay Pride, le PACS, etc.





Un petit livre qui pourra intéresser tout le monde, une synthèse simple et rapide de l'évolution de la société vis à vis des gays.
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Le rose et le noir

Le travail effectué par Frédéric Martel dans Le rose et le noir est assez impressionnant. Le caractère quasiment inédit de cette histoire des mœurs françaises contemporaines, sous l’angle des luttes lesbiennes, gays, bisexuelles et transsexuelles (bien que ces deux derniers aspects ne sont que très peu ou pas évoqués) mérite d’être remarqué. Avec cet ouvrage, Martel participe à une construction identitaire importante, qui a fait date dans le monde académique et qui saura venir en écho à nombre de personnes. La minutie de ce travail, avant tout journalistique, a aussi de quoi marquer. On sent que l’auteur s’est énormément documenté, et qu’il met un point d’honneur à être précis, à la fois sur les dates des événements qu’il évoque, mais aussi lors des témoignages des personnes qu’il fait intervenir. Son impartialité, ou tout du moins sa partialité assumée, est enfin un point à mettre à son crédit.



Car dans sa version la plus récente, Le rose et le noir raconte « la bataille du pacs », comme le nomme Frédéric Martel, lui qui a été un acteur de ce projet. Il ne s’en cache pas, et son point de vue sans ambiguïté sur certains des personnages de ce récit ne manque pas d’intérêt. On aura auparavant l’occasion d’avoir un aperçu de ce mordant au travers de sa plume acérée, notamment lorsqu’il évoque l’affaire du sang contaminé. On sent également son admiration, quoique lucide, lorsqu’il évoque des figures patronnesses de l’histoire LGBT comme Guy Hocquenghem ou bien Michel Foucault. Car une grande partie des passages de cet essai consiste en de courtes biographie des personnages clés de l’histoire, et c’est avec beaucoup d’intérêt que l’on de rappelle ces noms parfois oubliés de l’histoire contemporaine, et qui ont participé à ce que la situation des homosexuel-le-s ait tant évolué.
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Mainstream

Partout méprisée, mais partout dominante : la culture mainstream illustre la tension permanente entre un désir de modernité incarné par le populisme américain et un besoin d'ancrage au sein d'une communauté dont les langues et les valeurs résistent à l'universalisme. Leaders en la matière, les Etats-Unis disposent d'une diversité ethnique et culturelle qui leur confère une expérience non négligeable sur le marché mondial de l'entertainement. Loin de la vieille Europe, ils se sont défaits de tout élitisme au profit d'une culture de masse qui relève moins de l'art que du divertissement.

A travers une étude aussi complète que passionnante, Frédéric Martel explicite les rouages de cette stratégie mais aussi les rivalités croissantes entre le géant américain et les puissances émergentes qui cherchent également à se tailler une part du gâteau. Face aux progrès technologiques, les cartes semblent ainsi peu à peu redistribuées et pourraient bien révolutionner notre rapport à la culture.

Un livre d'utilité publique, qui permet de changer de regard tant sur notre consommation culturelle que sur notre rapport aux autres cultures ou encore sur la distinction entre divertissement de masse et art dit indépendant...
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Mainstream

En cours. Très intéressante enquêtes sur la culture mondiale, les différences profondes et les ressemblances... le lutte de pouvoir et les stratégies.
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Mainstream

Tour du monde des acteurs du "mainstream", certes, cependant, dans l'ensemble, très vite, un goût de "déjà vu" semble émerger de chaque rencontre.

Quoi que le livre se défendent de dénoncer une uniformisation des contenus, il ressort parfois une uniformité des discours : tous les acteurs de "l'entertainment" des pays émergent sont persuadé d'être le nouvel acteur qui va changer la donne, les discours vont et viennent, interchangeables, quelques idées fortent émergent ici ou là, comme la nécessité pour tout acteur étranger de s'adapter au local pour exporter sa propre came, la difficulté de faire de l'universel dont seul les américains semblent dépositaire et, bon an, mal an, le "fond commun" sur lequel baser tout produit déstiner à toucher toutes les couches, même celles de bébé : valeur familiales (travail et patrie pas loin), pas de violence (c'est les vacances), respect de la religion (entendre : pas de critique, même en creux).



Ce qui laisse un goût de déception, c'est justement l'absence totale d'analyse de l'ouvrage. Assumant complètement son côté "reportage personnel", Frédéric Martel se raconte au gré des rencontres, mais évite soigneusement de tirer quelque chose de plus de la somme de ses interviews.



Un compte-rendu, un bilan, un tour du monde de l'entertainment, oui, mais, finalement, aucune prospective, aucune critique et fort peu de limite.



"Mainstream" se contente de faire un tableau de la situation, même si c'est déjà pas mal, vu la masse de renseignements amassés. On ne peut que constater d'ailleurs que bien des zones géographiques et bien des aspects de son sujet sont complètement occultés.



Au nom de "on ne peut pas tout faire", son analyse de la "littérature" passe par exemple complètement à la trappe le marché de la bande dessinée-comics-manga, même si ce dernier est brièvement envisagé dans le chapitre sur le japon.



Enfin, concernant le développement des industries liées au web, streaming, jeux multijoueurs, legislations et copyright, on se cantone au discours habituel du "un modèle va bien finir par émerger de tout cela". Certes, les européens paraissent plus inquiets, les pays émergents plus enthousiastes... mais bon... Quid de la politique des uns et des autres et, surtout, quelle réflexion quelqu'un qui a passé 5 années à rencontrer tant d'acteurs de la chaine en retire ?



Finalement, pas grand chose.

Bref, une lecture intéressante, qui montre un peu les coulisse des grosses machines et pointe plusieurs sujets passionnants (Media & Islam, Protectionnisme étatique et développement de la demande nationale, créativité et démocratie...) mais en les effleurants à chaque fois.

Le sujet le mieux documenté et le plus intéressant restant Hollywood, en ouverture, avec l'intégration des "indépendants" dans la chaîne alimentaire du Mainstream.



"Mainstream" est à mon avis à ranger dans la catégorie "carnet de voyage thématique" plus que dans l'analyse sociologique de fond.
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Mainstream

Qui n’a jamais cédé au blockbuster estival ? au dernier best-seller de untel ? à la rengaine d'une ennième “queen of pop” ? (fouillez bien au fond du tiroir…) Bravo ! vous consommez mainstream.

Populaire ? de masse ? du plus grand nombre ? dominante ? formatée ?… comment qualifiez-vous la culture dite “mainstream” ? Ne comptez pas sur ce livre pour vous pré-mâcher un avis tout fait et c’est tant mieux, gardons notre libre arbitre.

C’est une enquête, du pur journalisme d’investigation dans les coulisses des multinationales et des groupes de médias qui font et exploitent la culture du plus grand nombre. Cette enquête mérite bien son nom tant l’ouvrage est captivant, suscitant l’interrogation sur notre propre “consommation ” sans faire de procès (et c’est la sa force) mais pointant tout de même du doigt les dérives et les petits arrangements avec la légalité.

Le point de départ de Frédéric Martel est simple, c’est l’éternelle question sur l’œuf ou la poule : les grands groupes producteurs de contenus audiovisuels ont-ils créé le “mainstream” ou bien se sont ils contenté d’exploiter à leur profit un phénomène de société naturel, né des échanges mondiaux, de la porosité des cultures, des nouveaux courants d’expression ? Toujours est il que la culture “mainstream” est devenue un marché mondial colossal que se disputent les gouvernements (pas moins) tant elle est vecteur de souveraineté, un “ soft power”.

Alors, tueuse ou génératrice de diversité ? fuyant ou en quête d’originalité ? menace ou chance pour la création individuelle ? Pas si simple, on apprendra qu'une certaine diversité la caractérise aussi.

Ce livre très bien documenté n’analyse pas le talent (ça c’est notre job) mais les mécanismes économiques de ce marché. Il ne juge pas, il rend compte des méthodes de fabrication des “contenus de consommation de masse”, de leur formatage, des grossières recettes d’apprenti sorcier, des deals de mafieux qu’emploient les magnats de l’entertainment. Nous en sommes tous un peu complices, aujourd’hui par paresse, et demain ? par défaut de choix ?
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Mainstream

Une analyse passionnante sur l'uniformisation des goûts.

Où il en ressort que les américains des États Unis, s'ils sont en avance pour imposer au reste du monde leurs productions cinématographiques, ne sont plus les seuls... L’Inde, la Chine ont, eux aussi, bien compris l'importance de la culture.
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