Citations de Frédérique Martin (152)
Tu me manques, ma Zika, le jour comme la nuit, matin et soir.
Durant tout ce temps, ton absence me creuse. Prends soin de ta santé, rétablis-toi vite et reviens-moi, car je t'aime, tu sais. Je t'aime.
Ton Joseph. (pge 30)
Ma voix t'a-t-elle manqué
Après bientôt un an ?
Ce serait une belle journée
Et il n'y a pas tant
Je sais me contenter
De petites choses à présent..
J'ai aimé si fort toute ma vie que j'ai sans doute vécu au-dessus de mes moyens.
Les enfants, je te jure, quels boulets !
elle se fit piquer la place par une vieille (...). Mais va donc, vieille bourrique, et crève à la sortie !
[un homme vend ses enfants dans la rue]
un homme en costume cravate avait disposé quelques enfants dans un vieux carton d'emballage pour congélateur. Il y avait punaisé les photos des mères, entourées de leur progéniture. Tous étaient proprets, mais la plupart avaient l'air idiots.
Il se fait l'effet d'un pauvre type qui mendierait pour qu'on l'accepte, un clébard de l'affection.
Nos politiques s'encanaillent, ripaillent à grand frais, se logent dans les ors et pètent dans la soie, puis ils nous chargent de régler l'addition. Tout ce joli monde préfère dépenser pour tuer des hommes plutôt que les aider à vivre dignement. Ils encaissent le fric, on encaisse les coups.
L'autre jour, j'ai vendu ma mère.
Dans leurs premières années, les enfants ont un don pour nous pardonner. Sans leur bienveillance, nous ne traverserions pas l’épreuve d’être parents. Ils ignorent nos faiblesses, nous croient sur parole et espèrent en nous, plus que nous-mêmes. Sans lucidité, cette loyauté finit par les asservir, ou bien elle les écrase et dévore toute leur capacité de confiance. Il faudrait dire aux enfants qu’ils ont des attentes démesurées, que les hommes sont trop vulnérables pour se hisser à l’égal d’un dieu. Les prévenir pour qu’ils puissent passer à autre chose et laisser derrière eux les indésirables. Les éparpiller comme des petits poulets en leur criant : je ne suis pas celui que tu vois ! Jeter le grain plus loin que soi. Mais, pour cela, il faudrait s’armer d’un courage immense et renoncer à se sentir merveilleux.
Merveilleux poème que celui du " vase brisé " de Sully Prudhomme.
Le vase où meurt cette verveine
D'un coup d'éventail fut fêlé ;
Le coup dut l'effleurer à peine,
Aucun bruit ne l'a révélé.
Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour,
D'une marche invisible et sûre
En a fait lentement le tour.
Son eau fraîche a fui goutte à goutte,
Le suc des fleurs s'est épuisé ;
Personne encore ne s'en doute,
N'y touchez pas, il est brisé.
Souvent aussi la main qu'on aime
Effleurant le coeur, le meurtrit ;
Puis le coeur se fend de lui-même,
La fleur de son amour périt ;
Toujours intact aux yeux du monde,
Il sent croître et pleurer tout bas
Sa blessure fine et profonde :
Il est brisé, n'y touchez pas.
Vieillir c'est une manière lente de disparaître.
Le coeur s'installe dans les yeux pour nous aveugler, on lui laisse prendre ses aises.Est-ce que dans toutes relations, on rêve seulement qu'on est deux, est-ce qu'on jette une partie de ses forces pour maintenir l'illusion et ne pas pas a
Alors tu vois, ma très chérie, je ne sais que décider. Il y a des mois que je n'ai pas été caressé, des mois que mes mains n'ont pas cerclés tes flancs.Ne serai-je donc plus jamais embrassé?
Sans caresse une peau peut-elle survivre? La mienne tremble depuis qu'elle a dû renoncer à tes mains.Je t'aime et j'ai mal. J'ai mal et je t'aime.
Les mères il faut s'en méfier plus encore que du bonheur, c'est malin on s'en doute même pas. La mienne, j'en changerais pour rien au monde, ni sa voix glacée, son air trop triste et ses soupes infectes.
( p 95)
Impossible de me lever sans attiser la cendre tiède, celle de ton dernier jour ici, avec moi. Impossible de rester seul, figé dans l'attente glacée, si je ne traque pas les bribes réconfortantes de notre quotidien. Je ne reconnais rien ce matin, où si peu de choses sont à leur place. Les murs ont des échos de stupeur devant ton absence. Malgré l'édredon que tu as sorti, le sommeil s'est refusé dans notre lit vide. Je ne sais ni dormir ni me réveiller sans toi, ma chère Zika. C'est ainsi.
Es-ce que ce sera toujours ainsi ? Sa vie entière vouée à des taches ingrates pour un salaire qui lui permet à peine de payer sa part de loyer et de courses au Leader ? Elle a pourtant eu son lot de rêves ambitieux et le pressentiment d'une mission qui la conduirait de voyage en rencontre jusqu’à écrire des livres. Son père aurait-il eu raison en fin de compte ? Comment disait-il déjà ? Ah oui - Socialement, tu n'est qu'une merde.
Elle souffre avec eux, écrasée par leur nombre, et se sent si impuissante qu'il lui faut un courage considérable pour continuer de dispenser dans ses gestes quotidiens un peu de l'humanité qui partout crie son absence.
-J'ai quelque chose à te dire.
- Je t'écoute.
- Je t'aimeTisha. Et aussi, je n'aime pas que toi.
Claire cherche à déchiffrer les ombres et le silence.
La main de Tisha s'aventure sous les draps.
-Tu as raison, ma chérie. Il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier.
De quelle misère intime un enfant peut-il tirer grief à ses parents de trop s'aimer ? Il ne devine pas qu'il ne leur reste rien après son envol, s'ils n'ont pas su préserver leur désir de vivre à deux.