Citations de Friedrich Nietzsche (3495)
L’homme a besoin de ce qu’il y a de pire en lui s’il veut parvenir à ce qu’il a de meilleur.
De l’arbre de la science. — Vraisemblance, mais point de vérité : apparence de liberté, mais point de liberté et c’est à cause de ces deux fruits que l’Arbre de la Science ne risque pas d’être confondu avec l’Arbre de Vie.
"Tu ne déroberas point ! Tu ne tueras point !"
Ces paroles passaient jadis pour sacrées ; devant elles on pliait le genou, on courbait la tête et l'on ôtait ses sandales.
Mais je vous le demande, où y a-t-il jamais eu pires brigands, pires meurtriers que ces paroles sacrées ?
Toute vie n'implique-t-elle pas le vol et le meurtre ? Et si des paroles pareilles ont été déclarées sacrées, n'est-ce pas la vérité qui s'est trouvée soudain - assassinée ?
S'il y avait des Dieux, comment supporterais-je de ne pas être Dieu ? Donc, il n'y a pas de Dieux. Voilà la conclusion que j'ai tirée, mais à son tour elle me tire à sa suite.
"La grande ruse, c’est que les choses soient comme elles sont."
En dominant la nature, l'humanité du prochain siècle aura peut-être accumulé bien plus de force qu'elle ne peut en consommer, et pour cela naîtra chez les hommes une sorte d'habitude de luxe dont nous ne pouvons aujourd'hui nous faire encore aucune idée. En admettant que l'idéalisme humain ne se cantonne pas à ses buts actuels, des entreprises monumentales pourront être menées, telles que nous n'en avons jamais rêvé de semblables.
Le serpent qui ne peut changer de peau, meurt .Il en va de même des esprits qu'on l'on empêche de changer d'opinion :Ils cessent d’être esprit .
Le monde “apparent” est le seul ; le monde “vrai” n’est qu’un mensonge qu’on y rajoute
L’opinion commune croit certes reconnaître quelque chose de fixe, d’achevé, de constant, alors qu’en réalité lumière et obscurité, amertume et douceur sont à chaque instant associées et reliées l’une à l’autre comme deux lutteurs dont tantôt l’un, tantôt l’autre prend l’avantage. Pour Héraclite, le miel est à la fois amer et doux, et le monde est lui-même une coupe à mélange qui doit être constamment agitée. Tout devenir naît de la lutte des contraires. Les qualités définies qui nous semblent durables n’expriment que la suprématie momentanée de l’un des combattants, mais la lutte n’en continue pas moins, le combat se poursuit éternellement. C’est en fonction de ce combat que tout ce qui se produit advient et c’est précisément ce combat qui révèle la justice cohérente et sévère, liée à des lois éternelles. Seul un Grec était en mesure d’inventer une telle conception pour en faire le fondement d’une cosmodicée.
...celui qui sait considérer l’histoire de l’homme, dans son ensemble, comme son histoire, celui-là ressent, en une énorme généralisation, toute l’affliction du malade qui songe à la santé, du vieillard qui songe au rêve de sa jeunesse, de l’amoureux privé de sa bien-aimée, du martyr dont l’idéal est détruit, du héros le soir d’une bataille dont le sort a été indécis et dont il garde pourtant des blessures et le regret de la mort d’un ami. — Mais porter cette somme énorme de misères de toute espèce, pouvoir la porter, et être quand même le héros qui salue, au second jour de la bataille, la venue de l’aurore, la venue du bonheur, puisque l’on est l’homme qui a, devant et derrière lui, un horizon de mille années, étant l’héritier de toute noblesse, de tout esprit du passé, héritier engagé, le plus noble parmi toutes les vieilles noblesses, et, en même temps, le premier d’une noblesse nouvelle, dont aucun temps n’a jamais vu ni rêvé rien d’égal : prendre tout cela sur son âme, le plus ancien et le plus nouveau, les pertes, les espoirs, les conquêtes, les victoires de l’humanité et réunir enfin tout cela en une seule âme, le résumer en un seul sentiment — ceci, certainement, devrait avoir pour résultat un bonheur que l’homme n’a pas encore connu jusqu’ici, — le bonheur d’un dieu, plein de puissance et d’amour, plein de larmes et de rires, un bonheur qui, pareil au soleil le soir, donnerait sans cesse de sa richesse inépuisable pour la verser dans la mer, et qui, comme le soleil, ne se sentirait le plus riche que lorsque le plus pauvre pêcheur ramerait avec des rames d’or. Ce bonheur divin s’appellerait alors — humanité !
Heureux celui qui peut dire : « Il y a sûrement des aspects beaucoup plus grands et plus beaux de la nature, mais celui-ci m’est intime et familier, il est de mon sang, et plus encore. »
On paie chèrement d’être immortel : il faut mourir plusieurs fois durant que l’on est en vie.
On devrait tous les huit jours avoir une heure pour recevoir son courrier, et là-dessus prendre un bain.
La fécondité médiocre, le fréquent célibat et, en général, la froideur sexuelle chez les esprits supérieurs et les plus cultivés, ainsi que dans les classes auxquelles ils appartiennent, sont essentiels pour l’économie de l’humanité : la raison reconnaît et utilise ce fait qu’à un point extrême de l’évolution intellectuelle le danger d’une descendance nerveuse est très grand : de tels hommes sont les fines pointes de l’humanité, — ils ne doivent pas se prolonger en dentelles plus fines encore.
Contre la vanité
Ne t’enfles pas : sans quoi
Une petite piqûre suffira à te faire éclater.
Bref, personne ne peut trouver dans les choses, sans en excepter les livres, plus qu’il n’en sait déjà.
On apprend plus vite à écrire de façon sublime qu’à écrire aisément et simplement. Les raisons s’en perdent dans la morale.
Quand je méprise quelqu’un, il devine que je le méprise : je révolte par ma seule présence tout ce qui a du sang corrompu dans les veines.
Les trois quarts d’Homère sont de la convention ; et il en va de même pour tous les artistes grecs, qu’aucun motif ne poussait à cette fureur moderne d’originalité.
Les droits se ramènent d’abord à une tradition, et la tradition à un pacte ancien. On s’est trouvé à quelque moment satisfait des suites du pacte conclu, et au demeurant trop paresseux pour le renouveler dans les formes ; on a donc continué à vivre comme s’il avait été toujours renouvelé, et au fur et à mesure que l’oublie étendait ses brouillards sur son origine, on en vint à croire avoir une disposition sacrée, inamovible, sur laquelle devait continuer à bâtir chaque génération. La tradition fut dès lors une contrainte, quand bien même elle eût cessé de comporter les avantages pour lesquels on avait primitivement conclu le pacte.