Ce monde : une immensité de forces, sans commencement ni fin, une grandeur fixe de forces, solide comme l'airain, qui n'augmente m ne diminue, qui ne s'épuise pas mais se ment, dont la totalité est une grandeur invariable, un budget sans dépenses ni recettes, mais également sans surcroît ni expansion, un monde cerné par le "néant" qui en est la limite, nullement flottant, qui ne gaspille pas ses forces, rien d'indéfiniment étendu, une force déterminée occupant une étendue finie, et non un espace où régnerait le "vide", mieux, une force partout présente, un jeu de forces et une vague d'énergie, aussi bien une que "Multiple", se décomposant ici quand elle se concentre là, un océan déchaîné, un déluge de forces changeant éternellement, répétant éternellement sa course, avec des années titanesques de retour, avec le flux et le reflux de ses formes, s'efforçant de passer de l'état le plus élémentaire au plus multiple, du plus immobile, figé, glacial, au plus brûlant, au plus sauvage, à celui qui se contredit le plus et donc, qui, de la profusion, retourne à l'élémentaire du jeu de la contradiction a désir d'harmonie, s'affirmant encore lui-même dans cette identité entre ses trajectoires circulaires et ses révolutions, se consacrant lui-même comme ce qui doit revenir éternellement, en tant que devenir qui ne connaît ni répétition, ni dégoût, ni fatigue - : ce monde dionysiaque qui est le mien, de l'éternelle création de soi-même par soi-même, de l'éternelle destruction de soi-même par soi-même, ce monde mystérieux des voluptés à double tranchant, voilà mon par-delà le bien et le mal, sans finalité, à moins que le bonheur d'avoir accompli ce cycle soit un but, sans vouloir, à moins qu'un cercle n'ait le bon vouloir de tourner éternellement sur lui-même, - vous voulez un nom pour ce monde ? Une solution à toutes ses énigmes ? une lumière qui vous guiderait vous aussi les plus secrets, les plus puissants, les plus intrépides de tous les esprits ? — ce monde est la volonté de puissance — et rien d'autre que cela ! Vous êtes vous-mêmes cette volonté de puissance — et rien d'autre que cela !
En dominant la nature, l'humanité du prochain siècle aura peut-être accumulé bien plus de force qu'elle ne peut en consommer, et pour cela naîtra chez les hommes une sorte d'habitude de luxe dont nous ne pouvons aujourd'hui nous faire encore aucune idée. En admettant que l'idéalisme humain ne se cantonne pas à ses buts actuels, des entreprises monumentales pourront être menées, telles que nous n'en avons jamais rêvé de semblables.
Homme ! Ta vie tout entière sera toujours de nouveau retournée comme le sablier et s'écoulera toujours de nouveau — entre-temps, une grande minute de temps pour que se réunissent la totalité des conditions par lesquelles, entraîné dans la course circulaire du Tout, tu es advenu. Puisses-tu alors retrouver chaque souffrance et chaque plaisir, chaque ami, chaque ennemi et chaque espoir, chaque erreur, chaque brin d'herbe, chaque rayon de soleil, la série intégrale de toutes choses. Cet anneau, sur lequel tu n'es qu'un grain de blé, rayonne toujours de nouveau. Et sur chaque anneau de l'existence humaine prise dans son sens absolu, vient l'heure durant laquelle à un seul, ensuite à beaucoup, puis à tous, se manifeste la plus puissante pensée, celle du retour éternel de toutes choses — c'est à chaque fois pour l'humanité l'heure de Midi.
Suis-je en vérité celui que vous louez ? Et si je le suis, faites attention à ne pas vous faire écraser par la chute d'une idole.
« Fait contradictoire, il y a des vérités à vomir, materia peccans, dont on veut totalement se débarrasser : on s'en dépêtre en les communiquant. »
Sans doute une note prise par Nietzsche lors d'une conversation avec son médecin. La materia peccans est un terme de Hahnemann (1755-1843), inventeur de l'homéopathie, désignant la matière pécheresse présente dans le corps, et qui est à l'origine des maladies.
Fabrice Midal vous présente "La théorie du bourgeon", son nouveau livre, disponible en livre audio !
Résumé :
Le découragement est le problème majeur de notre temps. Là où nous pourrions avancer, nous baissons les bras. Là où nous pourrions être victorieux, nous partons perdants. On nous a fait croire que nous devions être dans le contrôle permanent, dans l'efficacité absolue. Mais la vie ne se contrôle pas, elle ne se gère pas. Comment inverser le mouvement ? Comment retrouver l'élan pour sortir de la paralysie qui nous guette, pour rejoindre enfin le monde et essayer de le réparer ? Se fondant sur les enseignements de philosophes qui, comme Nietzsche, Bergson ou Hannah Arendt, ont affronté ce péril majeur avec lucidité, Fabrice Midal nous amène à reprendre confiance en nous et en l'humanité. Avec La théorie du bourgeon, il nous apprend à cultiver la vie dans son surgissement, ce bourgeon qui réside en nous et qui ne demande qu'à croître pour donner des fleurs, pour donner des fruits. C'est ce remède anti-découragement que je vous invite à découvrir.
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