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Critiques de Gabriella Zalapì (78)
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Antonia : Journal 1965-1966

"Antonia" est un très beau livre dont la lecture procure un grand plaisir. Il attire le regard avec une photo en noir et blanc sur la couverture et d'autres à l'intérieur qui vont accompagner le texte de ce faux journal intime. le thème n'est pourtant pas très original. C'est l'histoire par fragments de la lente émancipation d'Antonia, une femme au foyer issue de la haute bourgeoisie. Elle est mariée à un homme qui l'ignore, elle peine à jouer son rôle de mère face à une nurse étouffante. Elle se sent enfermée, réduite au rôle d'objet décoratif et ne supporte pas cette vie de « perfect house wife », ce qu'on lui dit d'être ou de ne pas être. C'est une vraie quête d'identité pour cette femme qui n'a jamais eu de lieu à elle depuis son enfance, qui se sent étrangère dans cette famille et dans sa propre vie. Toutes ses journées se ressemblent, d'où émane une atmosphère suffocante, toxique avec une détestation générale de son entourage parfois un peu trop appuyée. Les paroles d'un proche grand-père qui lui offraient auparavant une possibilité de fuite se sont alignées maintenant sur celles de son entourage. Et pour tenter de se sortir de ce quotidien irrespirable, Antonia va se plonger dans le passé de sa famille, elle va se reconstruire en se nourrissant d'autres paroles, celles anciennes d'archives d'un héritage familial. L'écriture est belle, simple, émouvante, dense mais sans surcharge. Pleine de raffinement, elle peut néanmoins être tranchante voire violente. Et l'écriture comme moyen d'émancipation est aussi évoquée par Antonia de façon très discrète et touchante. Enfin c'est un livre qui offre un plaisant mélange de photos et de texte et une forme de narration qui prouve que l'on peut associer les deux intelligemment. La fiction et les photos s'enrichissent mutuellement, les temporalités se mélangent, c'est bluffant au point que par moment, on a l'impression que ce n'est plus un roman mais une histoire vraie. Un livre et une auteure à découvrir.
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Antonia : Journal 1965-1966

« Antonia » est un premier livre qui mérite que l'on s'y attarde. Gabriella Zalapì, peintre, artiste plasticienne réalise une œuvre d'une belle densité, avec des phrases fortes, qui restent, de vrais choix littéraires et stylistiques. Le sens de la construction narrative aussi, pour évoquer l'histoire d'Antonia, jeune femme palermitaine, mariée, avec un enfant et une situation apparemment enviable. Gabriella Zalapì explique avoir choisi le genre du journal intime pour se sentir plus proche de son héroïne, et cela fonctionne tout autant pour le lecteur.

Pour en avoir parlé ici à deux reprises, je trouve dans ce livre des prolongements aux romans et nouvelles de Maria Messina. La Sicile d'abord, puisqu'Antonia vit à Palerme, ville dans laquelle naquit et grandit Maria Messina, et bien sûr, l'évocation du statut des femmes au sein de la famille italienne. Avec un décalage dans le temps d'environ un demi-siècle, qui permet de constater que la façon de considérer les femmes avaient bien peu évoluée. A ceci près que les héroïnes tragiques de Maria Messina, cloîtrées, muselées, ne pouvaient rien oser contre leurs pères, ou leurs maris. Au milieu des années 1960, Antonia montre que le germe de l'émancipation commence à sortir de terre.

Mais ce livre est tout autant un regard sur le poids que peut représenter la famille, son microcosme parfois délétère, les souffrances qu'elle engendre et de là, une interrogation sur ce que nous devons faire d'une mémoire, d'une histoire familiale dont nous devenons un jour dépositaire. Pour Antonia, cette héritage agira comme un déclencheur.
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Antonia : Journal 1965-1966

Antonia vit à Palerme, d'une vie routinière que seules les lettres et les photographies léguées par sa grand-mère distrait.Son mari Franco l'épouse pour son nom et il attend d'elle qu'elle se cantonne au rôle traditionnel de la femme dans les années 1965.

Dans son journal, elle rend compte de sa vie, de ses doutes, de ses recherches. C'est par cela qu'elle trouve la force de s'émanciper pour l'amour.
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Willibald

Peintre et plasticienne anglo-italo-suisse, Gabriella Zalapì excelle dans le trompe-l’œil, les faux-fuyants, le brouillage de pistes. Dans l’art, aussi, d’écrire au présent de l’indicatif le passé décomposé. Et d’ajouter, de sa main, un vernis transparent au « Sacrifice d’Abraham », vieux de quatre siècles, mais plus éblouissant que
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Antonia : Journal 1965-1966



Journal , court , mais efficace !

Récit d’une jeune femme , aux origines cosmopolites , vivant à Palerme , mariée sans amour , dans les année 60 .

A la mort de sa grand mère et lors du partage , elle retouve des photos , des lettres et elle se replonge dans ses souvenirs d’enfance ( pas très heureuse ) .

Cette retrospective va l’aider à avancer et à bousculer les conventions

C’est très bien écrit et habillement construit .

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Antonia : Journal 1965-1966

« J’attends comme un rat aveuglé par une torche que quelque chose, un accident, un évènement fasse exploser ce tableau idyllique dans lequel je survis. Je négocie, je négocie, je négocie avec mon envie de tout détruire, mais serais-je capable de bâtir quelque chose ? ».



« Antonia » nous ouvre les pages du journal intime d’une jeune femme de 30 ans dans les années 60 .



Mariée à un homme riche de Palerme, Antonia s’ennuie, prisonnière d’une vie dans laquelle elle se sent à l’étroit, réduite au silence en tant qu’épouse, femme et même mère, dont l’éducation du fils est régie par la nurse. Elle nous décrit ces « journées-lignes » dans lesquelles elle étouffe prête à exploser sans jamais trouver la force de se libérer de son carcan.

La mort de sa grand-mère dont elle hérite va lui offrir une échappatoire dans laquelle elle va s’atteler 2 ans durant à reconstruire, à partir de lettres, de photos et de documents, le puzzle de cette famille cosmopolite qui a connu les douleurs de l’exil.



Un court récit, pour une lecture rapide et une attention furtive, je l’avoue (peut-être parce que je l’ai lu à une heure très tardive de la soirée, je ne sais pas…). Plus sérieusement, la vie de cette bourgeoise qui s’ennuie ne m’a plus émue que ça, peut-être aussi parce que le sujet est un sujet régulièrement abordé en littérature. Je n’ai pas ressenti non plus d’empathie (ni même de sympathie) pour l’héroïne.



J’ai survolé cette lecture avec le sentiment que les sujets abordés l’étaient tout autant : un approfondissement plus poussé de la personnalité de l’héroïne ou une immersion plus détaillée dans l’histoire familiale aurait réussi à capter mon attention et me faire apprécier ce roman, à sa plus juste valeur.

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Antonia : Journal 1965-1966

Antonia mariée à un bourgeois, tient un journal intime dans lequel elle relate son quotidien étouffant, une vie maritale décevante, et ne trouve pas sa place auprès d’Arthuro son fils.

A la mort de sa grand mère, elle reçoit des lettres et photographies et les souvenirs surgissent…..

Un roman court, vite lu, une écriture qui ne m’a pas séduite. Manque d’émotions et de profondeur. Pourtant quelques thèmes intéressants mais il sera vite oublié.

Un premier roman lu dans le cadre des «68 premières fois »



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Antonia : Journal 1965-1966

Il s'agit du journal écrit à partir de 1965 d'Antonia, jeune femme de 30 ans, mariée à un notable de Palerme, qui vit dans une oisiveté ennuyeuse. Mère d'un petit garçon, elle a du mal à ressentir des sentiments maternels. A la mort de sa grand-mère, elle recueille de nombreuses lettres et photos qui évoquent le passé complexe de sa famille autrichienne. Face à l'indifférence de son mari accaparé par son travail, elle découvre l'histoire de ses ancêtres pour se reconstruire peu à peu.

Grace à une écriture délicate , j'ai pris beaucoup de plaisir durant les premières pages mais la construction du récit m'a perdue. En effet, ce journal couvre une période de deux années , en peu de pages , composé de multiples petits paragraphes qui survolent les thèmes choisis. Il manque de profondeur et d'émotions.

Pourtant elle aborde plusieurs sujets intéressants : la place des juifs en 1940 en Autriche, comment être mère, les secrets de famille tus, la place des femmes.

Cette femme s'ennuie beaucoup mais moi aussi ! Dommage.

Merci à 68premièresfois et aux éditions Zoé pour cette lecture
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Antonia : Journal 1965-1966

Antonia est une vraie bombe à retardement. Le sublime livre qui nous a toute fait penser lors de notre goûter au sommet, à ce murmure qui s’évapore entre les pages lues que nous ne serions plus tout à fait pareilles en le refermant. Ce genre de livre là. C'est le journal tenu entre 1965 et 1966 par une jeune femme de 29 ans mariée et maman, qui vit dans un cadre idyllique à Palerme. Elle reçoit un jour les cartons de sa grand-mère bien aimée, Nonna, qui font rejaillir les moments de son enfance, Vienne, les nazis…. Antonia aux nébuleux miroirs, avec cette furieuse envie de suivre son tain. Une réflexion sur l’histoire familiale, l’héritage, l’amour maternel. Dans une Sicile incandescente comme un feu d’artifice, avant la loi sur le divorce, Antonia si moderne ne se trouve plus à sa place, dans son milieu bourgeois, elle s’émancipe. Et nous on pense à son fils.. Gabriella Zalapi est peintre , elle inaugure ainsi, un premier roman, un peu à la manière d’un documentaire, agrémenté de photos si précieuses, qu’on a adoré, avec Carla surtout la première comme un augure en dichotomie totale avec l’époque, et la première phrase du livre. L’auteure étoile une nuée de souvenirs constellés où le lecteur est convié à interagir, et à se projeter quitte à s’immiscer dans le livre, et moi qu’aurai-je fait à sa place? Entre éclipse et ellipse, ce texte est d’une puissance qui nous touche plein coeur. Antonia existe, elle est toujours en vie. L’auteure s’est immergée dans les archives familiales afin de répondre à un musée autrichien qui voulait reconstituer les biens spoliés à son arrière grand-père Vati juif autrichien. Les photos, les lettres ont brillé au firmament et captivé son attention d’écrire sur elle et sur ses deux années. #alire #coupdecoeur #antonia #gabriellazalapi #editionszoe
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Antonia : Journal 1965-1966

Très bon livre. Belle écriture. Type journal. Des phrases très incisives, marquantes dans leur contexte avec effets de style remarquable.

Thèmes abordés: tristes sur la condition féminine des femmes en Sicile (1965) dans des familles riches et respectées.

Le patriarcat, la mère violente (propos, rapports "humains") le mari brutal (propos, rapports homme/femme dans la société Sicilienne), le poids de la guerre 39/45 et de l'antisémitisme, se réfugier. Antonia aime son fils et semble incapable de l'aimer... . D'autres thèmes sont abordés encore.

Elle cite Fellini dans 8 1/2 et prend une dernière décision avant de finir les pages de son journal. Je ressens une grande humanité dans le personnage d'Antonia avec ses failles, ses rêves, ses recherches, sa volonté.

Bravo à Gabriella Zalapi. Cette autrice a trouvé un style d'écriture dont émerge une littérature vivifiante.
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Antonia : Journal 1965-1966

« Antonia - Journal 1965-1966 » est le premier roman (2019, Editions Zoé, 128 p.) de l‘auteur italienne Gabriella Zalapì. Roman remarqué et récompensé par le Grand prix de l’héroïne Madame Figaro et le prix Bibliomedia. Un peu surpris par ces prix, après avoir acheté, lu et critiqué « Willibald » (2022, Editions Zoé, 160 p.), j’ai voulu en savoir plus et me suis attaqué à son premier roman.

Gariella Zalapi est plasticienne, avec des origines anglaise, italienne et suisse, actuellement vivant à Paris. Etudes dans la « Haute Ecole d’Art et de Design » de Genève (HEAD Genève). L’HEAD s’est imposée comme l’une des meilleures hautes écoles de ce style en Europe avec la volonté d’établir un pôle d’excellence et entretenir des liens étroits avec la scène artistique. Gabriella Zalapi source son écriture dans sa propre histoire familiale. Elle reprend archives, souvenirs et photographies pour les agencer de façon parfois troublante entre histoire et fiction.

Elle reprend en cela les textes de W.G. Sebald (1944-2001), illustrés de photos en noir et blanc. Cet écrivain allemand détestait son prénom Winfried Georg, dans lequel il voyait un « prénom vraiment nazi ». Il préférait se faire appeler lui-même « Bill » ou « Max ». ll s’exile ensuite en Angleterre dans le Norfolk, où il meurt en 2001, victime d'un accident cardiaque au volant de sa voiture. C’est l’auteur en particulier de « Les Anneaux de Saturne » traduit par Bernard Kreiss (1999, Actes Sud, 352 p.) ou « Austerlitz », roman traduit par Patrick Charbonneau (2002, Actes Sud, 400 p.). Ce livre fait le portrait d'un émigrant déraciné, fragile, érudit et digne. C’est pour Sebald une sorte d'anti-monument pour tous ceux qui, comme lui-même, se retrouvent pourchassés, déplacés, coupés de leurs racines au cours de l'Histoire Et tous ces exils sans jamais en comprendre ni la raison ni le sens. C’est un peu aussi l’histoire de « Antonia ».

Pour cela, l’auteur nous fait suivre une jeune femme Antonia, de la grande bourgeoisie viennoise de la fin du XXeme siècle. Les grandes dynastie viennoises et anglaises de la Mitteleuropa au cosmopolitisme effréné. Mariée à un nanti de Palerme, donc soumise et contrainte à l’oisiveté, mais lucide tout de même, elle tient un journal de ses journées. Survient le décès de sa grand-mère, elle aussi appelée Antonia. Au profond malaise qu’elle éprouve de sa situation, elle va ajouter, celui hérité d’une quantité de boîtes contenants lettres, carnets et photographies. Bref d’un passé qu’elle essaye de reconstruire en dépouillant ces archives. Ce premier roman tente de reconstruire le puzzle du passé familial et de son identité intime.

Son second roman « Willibald » reprend ce thème de la reconstruction d’une identité à travers un passé chaotique, via une allégorie figurée par un tableau « Le Sacrifice d’Abraham ». C’est l’illustration du sacrifice demandé par Dieu à Abraham, de lui immoler son fils Isaac. Evènement qui n’aura pas lieu, car en tout dernier ressort, Dieu fait apparaître un bélier qui sauve le fils. La tradition est similaire dans la religion musulmane, avec la fête de l'« Aïd al-Adhad » qui célèbre sacrifice de Ismaël, le frère aîné d'Isaac. Dans la mythologie grecque, on retrouve le mythe avec Athamas de Béotie qui s’apprête à immoler son fils Phrixos mais au dernier moment Zeus dépêche Héraclès pour épargner le fils, alors qu’apparaît un bélier appelé Chrysomallos, envoyé par Zeus. La symbolique du sacrifice est simple. Ce n’est pas le fils qui doit être sacrifié par le père en le tuant, c’est sa paternité pour que son fils devienne un homme adulte et libre. C’est, en miroir, l’interdiction de l’infanticide alors que le sacrifice d'enfants était une pratique relativement répandue chez les Romains et peuples sémitiques. L‘historien romain Tacite qualifie même d'excentrique la coutume des Juifs à ne vouloir supprimer aucun nourrisson. « Contrairement aux cruelles divinités païennes, c'était seulement la soumission spirituelle que Dieu exigeait ». Ce qui renvoie au sacrifice de Jésus par Dieu le père, comme exemple de relation entre l’homme et le divin.

Ce premier roman est construit sur le même schéma, d’un seul prénom pour titre et des photographies sans légendes qui dialoguent avec les mots du texte. On reconnaît la griffe de la plasticienne qui illustre une émancipation de la femme dans les années 60 par une série de photographies tirées de quantité de boîtes avec lettres, carnets et archives familiales. Tout comme chez Sebald, elles amplifient la puissante capacité d’évocation du texte.

C’est donc l’histoire d’Antonia, via son journal de bord et ses souvenirs. Une jeune femme de trente ans, mariée à Franco, un italien de la bonne société de Palerme, mais très pris par sa profession. Ils ont un petit garçon, Arturo, qui inspire très peu de sentiments à sa mère et pas du tout au père.

Tout débute donc par un incipit « 21 février 1965 / Ce matin, lorsque j’ai ouvert les yeux, j’étais incapable de bouger. Mon corps semblait s’être dissous dans les draps et baignait dans une sueur toxique. Ce n’est qu’en entendant la gouvernante – Nurse comme elle désire être nommée – que j’ai sauté du lit. Elle était sur le pas de la porte avec Arturo. Où allez-vous? « Nous allons à l’école, of course », a-t-elle dit de son petit air choqué. Elle m’a pratiquement claqué la porte au nez. Puis je me suis souvenue qu’hier soir au dîner, j’avais promis à mon fils de l’emmener en classe ce matin. J’ai eu honte ». Voilà qui commence bien l’histoire d’une famille aisée.

Et la jeune femme continue « J’ai 29 ans. Mes désirs tombent, s’enfoncent dans l’insonore. Impossible d’envisager une vie de perfect house wife pour le restant de mes jours. J’aimerais abandonner ce corset, cette posture de femme de, de mère de. Je ne veux plus faire semblant ». On sent que la suite sera, soit à tendance morbide et suicidaire, soit à tendance gore et digne des bons récits de la pègre de Palerme. Tout un monologue intérieur pour ne pas sombrer, pour se convaincre et tenter de se sauver. Le journal intime est daté du 21 février 1965 au 3 novembre 1966. Il va falloir tenir.

D’autant plus que la cohabitation se transforme vite en haine, ce qui est fréquent dans les couples qui se défont. « Je ne serai plus seule avec cette bouche qui mastique bruyamment. Avec cette tête qui se penche si bas sur l'assiette qu'elle pourrait se décrocher et se noyer dans le gaspacho ». Et on la comprend. « Franco, avec son dos de prêtre, m'exaspère. Je n'en peux plus : de ses petits gestes maniaques lorsqu'il plie ses habits, de sa manie de se moucher bruyamment avant de se coucher, de ses affreux pyjamas rayés, cadeaux de sa mère, de ses crachats sonores lorsqu'il se lave les dents ».

Reste la famille. Tout au moins la sienne, du moins ses grands-parents Mutti et Vati. Le grand-père Vati, juif collectionneur de tableaux, a quitté Vienne lors de l’Anschluss en 1938. Il vit désormais au Brésil. C’est lui qui incarnera la figure de Willibald dans le second roman éponyme de Gabrielle Zalapi. Ce sera alors la vie de cet exilé avec son tableau « Le Sacrifice d’Abraham », d’un élève de Rembrandt. C’est le père de sa mère insaisissable, on l’apprendra dans « Willibald ». L’autre personnage important c’est Nonna, sa grand-mère, mère de son père disparu, appelée aussi Inge dans le second roman. Ce sont ses références, ses barrières qui l’empêchent de sombrer, ses anges gardiens.

Quand Nonna meurt, elle lui lègue des cartons de documents, et tout comme Mara dans « Willibald », elle va découvrir et essayer de reconstruire ce passé à partir de cette source. Ce sont des lettres, des photos en noir et blanc qui vont venir illustrer le texte du journal. Ne pas oublier que Gabrielle Zalapi est plasticienne. Antonia va donc se plonger dans l'histoire intime des grands parents afin de tenter de se reconstruire. « Grandir à toute vitesse et sortir de là. Je ne sais pas par où commencer. Je m'égare, je rature, je réduis, je construis, je compresse, je colle, je rêve éveillée, je crache sur l'injonction « Soyez heureux ». Seule la nuit je suis honnête ». Le but est évidement de s’échapper de son carcan familial de Palerme, mais aussi de retrouver des racines de son passé d’Europe centrale, la Mitteleuropa d’avant la guerre. On pourra toujours retrouver cette ambiance dans les livres de Thomas Mann « La Montagne Magique » traduit par Claire de Oliveira (2016, Fayard, 784 p.) Arthur Schnitzler « Vienne au Crépuscule » (2000, Stock, 480 p.) ou Stefan Zweig « La Confusion des sentiments » traduit par Tatjana Marwinski (2019, Robert Laffont, 160 p.).

Et Antonia essaye de s’extraire de ce carcan. « J'attends comme un rat aveuglé par une torche que quelque chose, un accident, un événement fasse exploser ce tableau idyllique dans lequel je survis. Je négocie, je négocie, je négocie avec mon envie de tout détruire, mais serais-je capable de bâtir quelque chose ? »

Le testament de Nonna va lui apporter un moyen d'oublier quelques instants cette oppression. « 12 avril 1965 / Rendez-vous ce matin à 9h au cabinet du notaire Via Cavour avec Oncle Ben. Nous avons finalement résolu les derniers petits conflits liés au testament de Nonna. / Tout s’est passé dans le calme. J’étais anesthésiée. J’ai hérité de ce qui revenait à Papa: une importante somme d’argent, la moitié des meubles de Villa Clara (où vais-je les mettre?) et les six appartements de Florence (une entrée d’argent mensuelle). Cette affaire qui a traîné si longtemps est finalement close. Je suis heureuse de savoir que jamais je ne dépendrai financièrement de Franco. / Chez le notaire, j’ai réalisé que cinq ans se sont écoulés depuis la disparition de Nonna. Pourtant je me surprends encore, quand le téléphone sonne, à croire, à espérer entendre sa voix. Et cette sidération qui suit. Cette déception ».

Mais la démarche est amorcée. « Quand est-ce que je reverrai Oncle Ben ? À l’aéroport, j’ai mesuré à sa démarche combien il a vieilli. Lui rendre visite à Londres absolument ». Surtout, il y a cet amoncellement de courrier, de photos, de bribes de sa grand-mère. « Dans une enveloppe vierge, j'ai trouvé la photo de mariage de Maman et de Henry, qui avait eu lieu à l'ambassade de Nassau. C'est aux Bahamas qu'elle a trouvé son deuxième mari. Combien de temps après la mort de Papa ? Quelques mois ? Peu après, Maman m'a annoncé qu'elle était enceinte de Bobby, ce demi-frère, ce petit putto. Son arrivée a tout modifié : j'étais devenue un rappel encombrant d'une vie passée, il fallait que ma naissance reste un acte invisible. J'ai littéralement sursauté en revoyant le visage d'Henry. Le jour de leur mariage, Maman, avec une voix mielleuse, m'avait dit : « C'est lui ton nouveau papa. Il faudra l'appeler Daddy » ».

Bref, un premier roman original. Suivi d’un second « Willibald », qui lui ressemble en partie, ou du moins est bâti sur un schéma similaire. Il est vrai qu’il reste encore un gap de temps d’une dizaine d’années entre les deux romans.

La photo de couverture pourrait être tirée d’un film du début des années 1960, de Godard ou de Truffaut. Le cliché noir et blanc montre une jeune femme abandonnée au sommeil, à l’arrière d’une voiture, entre deux passagers endormis eux aussi. Ils roulent à la rencontre de leurs rêves, indolents et confiants. Ils s’aiment, c’est évident, regardez comme ils se prêtent leur épaule en guise d’oreiller. La photo dans l’auto n’était qu’une fausse promesse, un mirage cotonneux. Attention, la réalité va sauter aux yeux, des mots aiguilles vont administrer leur vérité, des photographies de famille vont crier leurs mensonges.

Le tout pour dénoncer en finesse un scandale sexiste qui a assez duré, enduré ici par une trentenaire sicilienne en voie de pré-bovarysme, bousillée depuis l’enfance par trop de malveillances. Grâce à la forme même du journal, Gabriella Zalapì parvient à restituer toutes les failles de l’enfance de son héroïne : « Pour moi, l’enfance est synonyme de cassures », écrit Antonia.

La photo de couverture de l’édition du livre de poche fait partie de la collection privée de Gabriella Zalapi. Elle montre trois personnages errant dans un sous-bois. Sont-ils ceux qui dorment sur l’épaule l’un de l’autre de la couverture de l’édition chez Zoé. Mais on ressent combien les deux visages de ce premier roman, celui de la jeune enfant et celui de la jeune femme, sont à la fois indissociables et importants. L’appropriation d’une image de l’enfance paraissent indispensables à cette indépendance, même s’il s’agit de reconstruire une vie à partir d’un journal intime. Ainsi une photo d’Antonia enfant, sautant dans un jardin appelle cette réflexion « J’y figure presque en pleine chute. Déjà en déséquilibre ». Tut comme dans « Willibald », les photographies de son enfance ramènent Antonia à l’image de sa mère, mais aussi à celle de son fils, Arturo. Tout comme Mara dans « Willibald » ramène le tableau « Le Sacrifice d’Abraham » à Isaac, et par effet miroir au lien entre Mara et son arrière-grand-père, qui s’est exilé avec son tableau.

C’est tout le travail de cette jeune auteur, écrivain, photographe, plasticienne. « Comment regarde-t-on les choses? Comment donner du sens aux images ? Comment l’agencement des images influe sur le sens qu’on leur donne ? Que cache, que révèle une image ? ». En fait tout est parti d’« un coup de téléphone d’un musée autrichien qui voulait reconstituer des biens spoliés à mon arrière-grand-père, pendant la Seconde Guerre mondiale. Cet arrière-grand-père, Vati, juif autrichien, était collectionneur d’art. Le musée nous demandait de fournir quantité de documents. J’ai dû me plonger dans les archives familiales, ce que je n’avais jamais fait jusque-là. Parmi les lettres, les papiers, les photos a émergé la vie d’Antonia que je ne connaissais pas ou plutôt dont je ne connaissais pas les deux années que je raconte dans le livre. Elle m’a immédiatement intriguée ».

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Antonia : Journal 1965-1966

📖 1ère ligne : Ce matin, lorsque j’ai ouvert les yeux, j’étais incapable de bouger.



📕 L’histoire : le journal d’Antonia de 1965 à 1966. En Italie, Antonia, mariée, famille bourgeoise, un petit garçon. Elle se plonge dans une boîte à souvenirs, lettres et photographies de sa grand mère. Côté passé, elle découvre/redécouvre l’histoire de ses parents et grands parents entre fuite de l’Autriche de son grand père, une mère fantasque et maltraitante psychologiquement, un père qui a fuit, un beau père aux mauvaises intentions, une grand mère profiteuse. Seule Nonna, grand mère maternelle lui montre de l’amour. Côté présent, un mari autoritaire, une Italie bourgeoise et empreinte de principe, une nurse qui joue de son emprise et un petit garçon qu’elle a du mal à aimer.



♥️ ♥️ Mon avis : une écriture originale sous forme de journal comprenant des photos de famille qui renforce le côté autobiographique du récit. Le récit est court, trop court pour se plonger vraiment au creux des pensées d’Antonia. Au delà de l’introspection j’aurais aimé plus d’ancrage dans le présent pour donner plus de corps à Antonia. Cela reste une lecture agréable mais dont je ne garderai pas longtemps le souvenir je pense
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Antonia : Journal 1965-1966

Un court roman sous forme de journal intime d'une femme mariée sans amour dans les années 60 à Palerme, enrichi de photos issues des archives familiales de l'autrice qui viennent donner au propos une épaisseur inattendue.



L'incipit donne le ton. Antonia est prisonnière d'une situation en apparence idyllique dans une société bourgeoise palermitaine où la femme se doit d'être soumise, en représentation et désœuvrée (et où le divorce n'existe pas encore). Mère d'un enfant de 8 ans dont l'éducation est confisquée par la nurse anglaise, elle peine à prendre sa place de mère et à aimer son enfant. Elle a hérité de sa grand-mère de gros cartons remplis de lettres et de photographies. En explorant l'histoire familiale, et son histoire intime aussi, elle va trouver la force de s'émanciper, mais à quel prix ?



Il faut être attentif aux mots précis, choisis avec soin, il faut lire entre les lignes et écouter les silences d'Antonia. Ce journal intime plein d'ellipses fait des allers et retours entre le passé, où Antonia exhume de sa mémoire grâce aux documents familiaux des épisodes de son enfance qu'elle avait oubliés, et ce présent où elle se sent comme un vase creux posé sur une étagère...



Un premier roman concis, d'une grande finesse, presque trop court et pourtant si dense...
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Antonia : Journal 1965-1966

Dans Antonia, on va s’immiscer dans le journal d’une italienne de 1965 à 1966. De courtes pensées, des lettres, des notes. Ses sentiments y sont livrés totalement. Elle y parle de son mariage malheureux, du manque d’amour pour son époux, de ses enfants, de ses envies de femme. Puis on découvre un peu plus son histoire familiale, l’origine de ses parents, leurs drames et épreuves.



J’ai lu d’une traite ce journal, sans aucune émotion ni sympathie pour cette pauvre Antonia. Je n’y voyais aucun intérêt, aucun sens. Pourquoi nous livrer un an de cette vie, certes éprouvante, mais à quoi bon? Puis je m’en suis voulu, après tout, à travers mes yeux de lectrice je n’avais pas à juger ainsi la vie de cette jeune femme. Enfin, je me suis rappelé que tout ça n’était que fiction, Antonia n’a jamais existé et le contenu de ce journal, de ces notes est purement fictif.



Je suis passée complètement à coté de cet ouvrage, qui pourtant a su charmer de nombreux lecteurs. Peut-être que si cette même histoire n’avait pas été fragmentée de la sorte, peut-être que si l’ensemble du récit avait été plus dense j’aurai davantage pu aimer Antonia.
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Antonia : Journal 1965-1966

Le ciel est gris, l’âme alanguit et le corps fatigué, Antonia, une jeune bourgeoise italienne des années 1960 tient son journal. Une plume élégante et poétique raconte dans un récit court ses mélancolies, ses souvenirs et ses déceptions accumulées. Une vie oisive, un mariage décevant, une maternité non assumée, Antonia s’ennuie, souffre, seule et en silence. La jeune femme étouffe dans une société qui enchaîne les femmes. L’héritage bienvenu de sa grand-mère la projette bien malgré elle dans les réminiscences d’une famille cosmopolite, blessée par la Seconde Guerre mondiale puis jetée sur les routes de l’exil. Une parenthèse appréciée, où elle tente d’oublier ce sentiment d’oppression ; elle retrouve pour de brefs instants, Nonna, sa grand-mère adorée. Des lettres, des photographies lui ramènent par vagues lentes et surannées des souvenirs d’enfance, des traumatismes qu’elle cachait au fond d’un tiroir. Antonia regarde tourner les aiguilles du temps dans le sens contraire et elle ose affronter son regard dans un miroir. Elle refuse les chaînes d’une société masculine entravante, blessante et autoritaire. Frileuse, petit à petit, elle se dévoile et assume sa féminité. Elle s’émancipe et se précipite dans les rayons timides d’une vie ensoleillée et libre.

Un roman bref et court comme une existence aux accords lancinants et monotones qui bouleverse par les silences. Sobre, efficace, il interroge sur la condition féminine d’une époque pas si lointaine. Nous nous surprenons à nous pencher par-dessus l’épaule d’Antonia et lire ses confidences toutes en pudeurs et nous soupirons avec elle, conquis et pleins d’empathie pour Antonia qui se cherche dans son rôle de femme.

Un premier roman séduisant et une romancière à suivre !

Une fin ouverte, chargée d’espoir : demain peut-être …



Sélection février - Prix des lecteurs 2021 - Le Livre de Poche.

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Antonia : Journal 1965-1966

Pour commencé j'ai été étonnée de son peu de nombre de pages (160 pages).

J'ai trouvé le format sous forme de journal intime surprenant et rafraîchissant.

C'est un roman court dans lequel Antonia (la narratrice) nous dévoile son enfance, sa vie, ses rêves de liberté.

Les lettres de sa grand-mère Nonna sont enchassées dans le récit. Cette double temporalité est une vraie valeur ajoutée.



Une histoire de femme et de la place des femmes dans la société dans les années 60. L'histoire d'une épouse, d'une mère et surtout d'une femme en quête d'émancipation dans une société où la gente féminine est soumise et étouffée.



Une histoire de résilience, d'indignation. Chapitre après chapitre les doutes sur sa vie, sur son couple s'instillent dans les pensées d'Antonia et on suit son cheminement.



Une fin rapide et ouverte. J'ai beau aimé les fins qui laissent place à l'imagination, j'ai  trouvé celle-ci trop rapide.



J'ai passé un bon moment de lecture et ce livre m'a réellement surprise positivement. Je trouve néanmoins un manque de profondeur dans le récit. Malgré un thème, un format qui incite à l'intimité, le contexte historique et la vie actuelle de la narratrice restent très peu développés ici. On lirait bien quelques pages de plus 😉
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Antonia : Journal 1965-1966

🏆Prix des lecteurs @livre de poche - Sélection de Février - Livre 2/3🏆



📓Antonia nous convie dans la plus grande intimité au cœur de son journal Intime.

Elle nous y dévoile, deux ans durant, comment elle accède à ses souvenirs d’enfance ceux qui l’ont écorchée à vie et à vif. Ses souvenirs éclosent lorsqu’elle reçoit en héritage des malles, des boites et des photographies de sa Nonna.



📓En parallèle elle exprime ô combien il est difficile pour elle d’être femme mariée à Franco, cet homme quelle déteste un peu plus chaque jour et pour qui elle doit être « juste » une perfect housewife, rien de plus, rien de mois.



📓Sa condition de femme étant étouffée, elle puise d’abord un semblant de réconfort dans l’écriture de son journal puis dans un autre acte salvateur dévoilé dans une fin inattendue.



📓Son journal est un premier pas vers l’acceptation et l’abandon d’un passé emprisonnant, la grande nécessité d’en faire le deuil est vitale pour une nouvelle vie. Antonia nous est raconté à travers la plume sensible et à fleur de peau de Garbiella Zalapi.



📓C’est toujours avec une certaine consternation que j’assiste à ces récits relatant la stricte réalité de la condition féminine à une certaine époque, dans les années 1960 pour ce roman. L’émancipation est un mot qui nous colle à la peau, nous les Femmes.
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Antonia : Journal 1965-1966

Je ne connaissais pas du tout Gabriella Zalapi et n'avait jamais vu son roman. Je suis donc très contente d'avoir pu la découvrir et la lire avec ce prix. C’est un premier roman, et c’est plutôt réussi, en tout cas la forme est originale puisque l'histoire se présente sous forme de journal que tient la narratrice et l’héroïne du livre, Antonia.



 



Antonia est une jeune femme de vingt-neuf ans, elle est mariée à Franco et à un fils Arturo. Ils vivent à Palerme. Antonia et Franco ont eu un coup de foudre, mais celui-ci n'existe plus depuis longtemps, Antonia n'aime plus son mari et cela semble réciproque, son mari est froid et distant, il rabaisse tout le temps sa femme et ne lui trouve aucune qualité. Antonia se pose des questions sur son mariage, elle se demande même si elle aime son fils, surtout depuis que la gouvernante s'occupe de lui et domine totalement Antonia. Son histoire familiale personnelle est très riche. Du côté de sa mère, les origines juives et allemande et du côté de son père, de riches anglais installés en Sicile. Un jour, Antonia reçoit en héritage de sa grand-mère paternelle, Nonna, des cartons qui contiennent plein de photos, de documents, de lettres lui racontant la jeunesse de ses parents, l'histoire de sa famille. Le père d’Antonia est mort très jeune à la seconde guerre mondiale, sa mère sera presque toujours absente pour elle, elle se remariera et aura un autre enfant. Antonia va trouver dans ces cartons des réponses à ses questions sur sa famille, sur le comportement de sa mère, qui lui ouvriront les yeux sur sa propre situation personnelle.



 



Suivre Antonia de février 1965 à novembre 1966 a été fort intéressant. On est dans le milieu des années 60, avant mai 68, la condition féminine, surtout en Italie, est difficile et compliquée. Elle est souvent rabaissée par son mari, qui la cantonne à bien tenir sa maison, bien se tenir à table, toujours être bien soignée et toujours honorer son mari. Une sorte d'esclavage qui n'est pas vieux, et lire cela est révoltant. Lorsqu’elle se confiera à son grand-père maternel, croyant trouver un appui, celui-ci au contraire sera irrité de sa façon de penser et se fâchera même contre elle. C’est ce mal-être qui la fait se décider à tenir un journal où elle se confie, où elle réfléchit à sa situation.



 



Je me suis attachée à Antonia, mais je dois bien avouer qu’il m'a manqué un peu de densité pour ressentir encore mieux les émotions. Le livre est très court, à peu près 150 pages au format poche, le texte est très aéré, parfois une page ne comporte que quelques phrases, des photos viennent étayer le récit. Tout cela fait que j'ai trouvé le texte trop court et pas assez profond. Néanmoins, j'ai apprécié le style de Gabriella Zalapi, très doux, très subtil, tout en délicatesse, avec une poésie des mots et des phrases qui font que le texte a lire est très beau et sensible. J'ai vraiment beaucoup aimé l'écriture de cette jeune auteure. La fin est porteuse d'espoir, comme on dit, c’est une fin ouverte, où le lecteur s’imagine lui-même ce qui peut se passer. Je n’aime pas toujours ce genre de final, mais là, j'ai trouvé qu’il allait très bien avec le reste de l'histoire et de la pudeur des mots et des sentiments. Mon attachement pour Antonia vient surtout du fait que le choix narratif de l'auteure est celui que je préfère pour ressentir au mieux les émotions, puisque tout est raconté à la première personne du singulier, ce qui est tout à fait logique, puisqu’il s'agit d'un journal. Ce « je » me permet de me mettre à la place de l’héroïne, de rentrer dans sa tête et de ressentir au plus près la moindre de ses émotions.



 



J'ai apprécié cette lecture, que j'ai lu rapidement, du fait du texte très aéré, des chapitres parfois très courts. Mais ma lecture a été rapide aussi, car j’avais envie de savoir ce qui allait se passer pour Antonia, connaitre son passé, et savoir comment cela allait se terminer. Mon seul regret est de ne pas savoir les événements après novembre 1966, savoir comment elle finirait sa vie. C’est un personnage dont j'aimerais avoir des nouvelles.



Les points forts de ce roman sont les messages que fait passer l'auteure au travers d’Antonia, sur les femmes, leurs conditions de vie, sur l’après-guerre, sur les différents problèmes entre les peuples.



Ses points faibles seront sûrement le manque de profondeur. Pourtant, j'avoue que je n’oublierai pas Antonia, elle a su me marquer, et saura rester dans ma mémoire. Peut-être l'auteure prévoit-elle de la retrouver dans les années suivantes, il y aurait matière pour faire une belle suite de son journal.



 



J'ai aimé découvrir la plume de Gabriella Zalapi, et je serais ravie de la retrouver dans un autre roman, pour voir quel serait le sujet et comment elle le traiterait. Sa plume douce et sensible est prometteuse et donne envie de lire plus de livres d'elle. Je vais donc la suivre, afin de la lire à nouveau.



Je ne peux que vous conseiller ce roman, pour toutes les valeurs qu'il véhicule, pour Antonia, sa vie, ses joies et ses peines. La lire, c’est rendre hommage à toutes ces femmes qui ont dû supporter des maris ou des hommes trop durs. Quand on lit ça à notre époque, on ne peut qu’être en colère, et surtout ne pas avoir envie de vivre de cette façon, et pour cela, il faut toujours rester vigilante…




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Antonia : Journal 1965-1966

Déception. Ce livre présenté comme une expérience littéraire, une quête d'histoire familiale n'est rien de tout cela. Mettre quelques photos anciennes dans un livre n'en fait pas une expérience hors du commun. Retracer une mini généalogie, n'en fait pas une quête. J'ai eu l'impression d'avoir été trompée. Quant au personnage d'Antonia, si partir avec un autre homme qu'elle ne connaît pas vraiment s'appelle "prendre en main sa vie", c'est pauvre.

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Antonia : Journal 1965-1966

Antonia est une bourgeoise italienne marié sans amour à un homme plus intéressé par sa fortune que par elle même.

À la mort de sa grand-mère, elle plonge dans les photos, journaux et autres souvenirs de cette dernière ... et de sa propre histoire.

Avec ce roman qui n’est pas sans rappeler « Rendez-vous à Positano » de Goliarda Sapienza, Gabriella Zalapi nous plonge dans l’Italie bourgeoise des années 60 où quelques unes de ces femmes bien nées découvrent ce que peut être l’indépendance et l’émancipation.
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