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Critiques de Gabrielle Tuloup (111)
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Sauf que c'étaient des enfants

‘Sauf que c’étaient des enfants’. Oui, et alors ? Cela excuse tout ?

Avec un style qui semble léger, même sur un sujet dramatique, Gabrielle Tuloup signe, avec ce roman, une pertinente interpellation du monde adulte. Sans négliger Fatima, la jeune fille victime d’un viol en réseau par des petits cons du collège dont elle souligne le courage d’oser parler, l’autrice s’attache surtout à cerner les réactions, attitudes, croyances et questionnements du monde adulte. Les parents, les enseignants, la direction. Que n’ont-ils pas vu, dit ou fait qui aurait pu empêcher ce ‘fait divers’ qui porte tellement mal son nom pour la victime comme pour ses bourreaux ?

Avec son approche sensible, courageuse, intelligente, Gabrielle Tuloup dénonce les dysfonctionnements sans accuser les auteurs. Elle est au-delà de la vindicte populaire. Elle ne cherche pas des coupables, elle cherche des solutions, des manières d’éviter, de réparer l’irréparable.

Un texte qui ne laisse pas indifférent l’ancien responsable d’école que je suis, conscient que, plus que probablement, des élèves ont été victimes de ce type de harcèlement de groupe qu’il ne faut pas réduire à une lâcheté de quelques-uns mais qu’il faut saisir pour s’interroger sur ce qu’il convient de mettre en place pour prévenir cette négation profonde de l’être homme, victime ou bourreau.


Lien : https://frconstant.com
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Sauf que c'étaient des enfants

Un collège de banlieue, son principal, ses profs, assistants d’éducation, concierge et Fatima qui porte plainte contre 8 élèves pour viol en réunion. On va alors assister à l’onde de choc que va provoquer cette situation. Il y a ceux qui vont prendre conscience de la gravité des actes, ceux qui vont minimiser avec le fameux « elle l’a bien cherché », la manière dont les parents vont réagir, la tournure que va prendre l’enquête, le volet judiciaire, la façon dont la police va gérer l’affaire et la place d’Emma, jeune enseignante dans cette tourmente, Emma à qui cette histoire renvoie à la sienne propre.

Bienvenue dans le monde réel !

Gabrielle Tuloup, dans la lignée des romans post MeToo pose clairement la question des violences faites aux femmes, celle du consentement et des risques de représailles, elle amène le lecteur à s’interroger : qu’aurais-je fait à la place de ce principal de collège qui vient de demander sa mutation, est-ce le moment le plus opportun pour que le capitaine quitte le navire en pleine tempête ? Et si j’avais été prof : comment faire de ce drame un objet d’éducation, comment poursuivre le travail avec la présomption d’innocence de ceux qui reviennent au collège dans l’attente du jugement ?

L’histoire d’Emma qui, aux vacances de février va se ressourcer sur le chemin de Compostelle m’a un peu dérangée, Je ne m’attendais pas à une telle digression qui ne prend sens qu’à la fin du roman mais je pense que cela nuit à la cohérence de l’ensemble. En revanche, j’ai bien aimé la place qui revient aux assistants d’éducation, ces travailleurs de l’ombre, souvent peu considérés alors qu’ils peuvent porter une oreille attentive aux élèves et même porter secours aux enseignants au bout du rouleau.

Un sujet grave, plutôt bien traité mais j’aspire en suivant à une lecture plus légère.

Challenge multi-défis 2022

Challenge ABC 2021/2022

Challenge Riquiqui 2022.

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La nuit introuvable

Je découvre ce roman de Gabrielle Tuloup, La Nuit introuvable, grâce aux 68 premières Fois.



Immédiatement, avant même d’ouvrir ce premier roman, le titre me fait penser à René Char et à son poème « Marthe » qui sert de fil conducteur et de clé de lecture à cette histoire d’un fils et de sa mère qui se sont perdus et qui vont tenter de se retrouver, dans un présent définitivement ancré dans un laps de temps assez court, un an et demi environ.

Ce temps va se diffracter grâce à une étrange correspondance à sens unique, huit lettres que la mère a commencé à écrire pour son fils quand sa maladie d’Alzheimer a été diagnostiquée ; c’est ce temps accumulé, mis de côté, et distribué au compte-gouttes, au gré de visites d’abord imposées puis volontaires, qui va se révéler précieux pour impulser un ultime rapprochement.



L’écriture est très belle et poétique, avec deux JE entrecroisés, qui se répondent sans se parler vraiment, qui se cherchent, se côtoient de loin…

Les thèmes des relations compliquées entre une mère et son fils, de la place du père défunt, de la construction de la vie d’adulte, de la perte de repères sont ici traités avec une grande originalité.

La question de la temporalité est essentielle dans une volonté de remonter le temps, d’en stopper l’écoulement inexorable…

Les sentiments sont brouillés : à l’amour maternel et filial se superposent l’amour conjugal et les relations amoureuses. Ainsi, la figure maternelle se projette dans le personnage de l’aide à domicile dans le désir presque incestueux que ressent le fils pour celle qui soigne sa mère.



La Nuit introuvable est un roman complexe… Attention ! C’est vite lu (à peine 150 pages), mais dense et profond, du ressort de l’invisible, de l’insaisissable.

J’ai beaucoup apprécié cette lecture mais l’émotion n’était cependant pas au rendez-vous ; il y a quelque chose d’abstrait, d’éthéré dans ce roman qui m’a laissée un peu à distance, spectatrice en quelque sorte, pas concernée par l’intrigue, comme un sentiment diffus de passer à côté de quelque chose…

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La nuit introuvable

Nathan à la découverte d'une mère qui l'a mal aimé.



L'instinct maternel est-il inné ou acquis de l'expérience vécue ? Marthe a été marquée, par une mère égoïste, qui souhaitait la garder tout à elle.



Est-ce ce qu'elle n'a pas voulu reproduire avec Nathan ? Au point de laisser son mari lui donner tout l'amour qu'elle n'arrivait pas à lui transmettre. Un désir éperdu d'aimer son enfant totalement bridé par la peur de mal faire et de le perdre ?



Nathan revient en visiteur chez sa mère. Sa voisine et Jeanne prennent toute la place. Lui en reste-t-il ? Les lettres remises au fil des visites planifiées tous les deux mois vont lui permettre de comprendre un passé qui n'existait qu'au travers du couple de ses parents. De son père, seul à être démonstratif, à lui donner de l'amour selon lui.



On chemine aux côtés de Nathan. L'écriture de Gabrielle Tuloup est élégante, je n'ai malheureusement pas trouvé le chemin des émotions qui m'aurait totalement embarqué dans ce roman.



La poésie est là, le ressenti m'a manqué.



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La nuit introuvable





Un homme de quarante ans se voit contraint de renouer avec sa mère. Celle-ci atteinte d' Alzheimer, lui a écrit, préventivement, huit lettres qu'il aura au fur et à mesure des visites qu'il lui fera. Le procédé fonctionne forcément, qui ne voudrait connaître l'histoire que sa mère a à lui transmettre, surtout quand les relations sont figées, voir réfrigérées, ce qui est leur cas et connaître le pourquoi de cette situation.



Un roman qui se lit tranquillement, l'alternance récit/lettre s'organise , l'histoire se tient, il m'a manqué un peu d'épaisseur ,mais c'est un choix qui s'accorde bien avec la longueur du roman.
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La nuit introuvable

D’aussi loin que Nathan Weis s’en souvienne, il y a toujours eu un abîme entre sa mère Marthe et lui. De l’ordre de l’insondable, un gouffre. À l’opposé de son écrivain de père Jacques, si affectueux, si sensible, si aimant. Au décès de ce dernier, Nathan laisse seule sa mère face à son chagrin, qu’il sait intense. Un amour incommensurable existait entre ses parents dont lui, fils unique, se sentait exclu. Il profite alors de l’opportunité d’une mutation professionnelle, il s’envole pour la Slovénie. Partir loin pour oublier, accentuer la distance existante, fuir le souvenir de son père, se libérer de l’indifférence de sa mère.



Quatre ans plus tard, Nathan, quarante ans, reçoit l’appel de Jeanne, une amie de Marthe. Elle le prie de venir la voir au plus vite. Atteinte de la maladie d’Alzheimer depuis deux ans, sa mère a confié à Jeanne huit lettres qu’elle doit remettre à Nathan, à raison d’une tous les deux mois – à chacune de ses visites -.



Cet appel aux airs de traquenard agace fortement Nathan, mais par devoir, il prend l’avion pour Paris et se rend rue du Cherche-Midi, lieu lointain de son enfance. S’ensuivent des retrouvailles d’une froideur sans égale de part et d’autre. La mémoire vacillante de Marthe et les souvenirs pénibles de Nathan entrent naturellement en collision.



Pourtant, visite après visite, lettre après lettre, la méfiance de Nathan s’évapore. Avec ses mots d’une franchise implacable, Marthe déroule le fil de son histoire, comble les vides et les manquements, relie les événements, révèle les causes et leurs conséquences : elle rapièce le tissu familial jusqu’ici distendu et donne à son fils les clés pour ouvrir enfin cette porte derrière laquelle il vit depuis des années avec ses fêlures sa solitude ses hésitations. Ses lettres sont autant de cailloux semés pour que Nathan retrouve son chemin pour avancer dans la vie. Mère et fils se rencontrent alors, » avant que la nuit ne devienne introuvable ». (René Char, Fureur et mystère)



Un premier roman prometteur. Il y a chez Gabrielle Tuloup une sensibilité à fleur de peau, une élégance dans son écriture et une aisance à aller à l’essentiel. Les non-dits familiaux destructeurs et leur réparation sont des thèmes souvent abordés en littérature, le recours aux lettres-confessions également, mais la maîtrise est là, solide.
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La nuit introuvable

Nathan Weiss, 40 ans, est un travailleur français expatrié en Slovénie. Cette mise à distance ne lui coûte guère, au contraire même, c’est un choix. Lorsqu’il reçoit l’appel téléphonique d’une voisine de sa maman, c’est une surprise doublée d’un choc. Cette mère, dont il a appris à vivre sans, souhaite le revoir.

Bon gré mal gré, il revient à Paris pour quelques jours et retrouve Marthe qui lui apprend qu’elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Avant que la maladie ne lui emporte ses souvenirs, elle lui a écrit huit lettres, confiées à sa voisine qui sera chargée de les remettre une par une à Nathan, à l’occasion de ses retours en France.

Nathan se sent pris au piège, manipulé, obligé par cette stratégie mise à place à ses dépens. Mais n’y aurait-il pas là, dans ces écrits, des éléments qui l’aiderait à comprendre comment il s’est construit avec cette mère froide et distante ? Sa difficulté à composer sa propre vie ne trouverait-elle pas sa source dans cette relation mère-fils inaboutie?



Touchant premier roman de Gabrielle Tuloup qui m’a arraché les larmes…

Comment ne pas être émue devant l’histoire de cette mère et de son fils, devant cette incapacité à communiquer, bloqués tous deux par des non-dits qui ne se dévoileront que lettre après lettre…

Comment ne pas être saisie par le cheminement de Nathan qui va enfin découvrir qui est sa mère, prenant ainsi le chemin du pardon, démarche nécessaire pour avancer dans sa propre vie…



D’une écriture poétique et sensible, Gabrielle Tuloup écrit admirablement la solitude, l’amour et le manque d’amour, la maladie, le temps qui passe et ne se rattrape pas, les rendez-vous manqués. Plus encore, c’est une réflexion sur ce qui lie enfants et parents, ou pas ; sur le fait que ces derniers ont eu une histoire propre avant d’être parent qui les ont conduits à être ce qu’ils sont, imparfaits sans doute.



Hommage enfin continu au fil des pages à un superbe poème de René Char, intitulé Marthe…

« Marthe que ces vieux murs ne peuvent pas s’approprier, fontaine où se mire ma monarchie solitaire, comment pourrais-je jamais vous oublier puisque je n’ai pas à me souvenir de vous : vous êtes le présent qui s’accumule. Nous nous unirons sans avoir à nous aborder, à nous prévoir comme deux pavots font en amour une anémone géante.

Je n’entrerai pas dans votre cœur pour limiter sa mémoire. je ne retiendrai pas votre bouche pour l’empêcher de s’ouvrir sur le bleu de l’air et la soif de partir. Je veux être pour vous la liberté et le vent de la vie qui passe le seuil de toujours avant que la nuit ne devienne introuvable »
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Sauf que c'étaient des enfants

L'écrivaine n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat avec ce court roman extrêmement réaliste.



Cette lecture bouleverse pour deux raisons : les sujets abordés (le viol sur mineur par des mineurs, le viol conjugual) mais aussi la justesse avec laquelle ils sont traités. Ce réalisme fait froid dans le dos.



Certains passages sont choquants et ce livre doit permettre de prendre conscience de certaines réactions particulièrement malsaines de notre société face à des personnes ayant subi des violences.



Les personnages sont bien décrits, toujours très realistes et humains dans leurs réactions. Le ton est assez journalistique au début, ils change un peu dans la deuxième moitié du roman.



Cette construction, avec deux histoires distinctes qui s'entremêlent et qui permettent d'expliquer les comportements de certains personnages, est plutôt bien maîtrisée.



Un roman qui mérite donc d'être lu pour sa justesse et son realisme. Il permet de mettre en lumière des comportements que l'on peut penser dépassés mais qui en réalité existent toujours bel et bien et contre lesquels il est nécessaire de lutter. Ce livre participe à cette lutte.
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Sauf que c'étaient des enfants

Je connaissais le sujet, bien sûr. Casse-gueule. Du genre à prendre toute la place et à faire oublier la littérature. Tellement facile de ramener un livre à son sujet, surtout dans un contexte où il occupe le devant de la scène médiatique depuis quelques années. J'ai des exemples plein la tête de livres primés ou remarqués pour leur seul sujet. J'aimerais que ce livre le soit pour la finesse du regard de Gabrielle Tuloup, son ambition, l'intelligence de cette construction qui provoque un tsunami de questionnements jusqu'à la dernière ligne. Elle utilise à fond le pouvoir de la fiction, elle tricote de courtes scènes d'une justesse marquante, elle bâtit la polyphonie de sa première partie et multiplies les angles de vue avec un doigté remarquable qui empêche tout jugement à l'emporte-pièce. Pourtant, arrivé là, on n'a encore rien vu. Le plus fort, c'est cette deuxième partie, quarante pages époustouflantes lues en apnée. Quarante pages qui prennent à contre-pied et donnent à ce qui précède une tout autre force. Quarante pages qui renvoient chacun à des questionnements très intimes, qui font voler en éclat les certitudes, peu importent les sexes ou les situations. Tout ce pourquoi on aime avoir un roman entre les mains.



Comment ne pas être happé par ce crescendo si maitrisé ? C'est un livre qui parle au cœur et au corps, qui transforme une matière dangereuse en œuvre littéraire marquante.




Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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La nuit introuvable



Voici l'histoire d'une famille comme il en existe probablement beaucoup et c'est ce qui lui confère un caractère d'universalité, chacun y retrouvant un peu de sa propre expérience.

Elle, c'est Marthe, pas encore très âgée, ancienne clerc de notaire qui a mis de l 'ordre dans sa vie et dans ses papiers, à destination de son fils. Comme toutes les mères qui voient approcher la fin. Sauf que pour Marthe, il y a un peu d'urgence : sa mémoire s'effiloche, ses souvenirs commencent à partir en lambeaux : elle souffre de la maladie d'Alzheimer. Elle a donc laissé huit lettres pour Nathan, son fils.



Lui, c'est Nathan, le fils avec lequel la relation s'est assoupie, pas comme une fâcherie, non, juste de l'éloignement, au sens abstrait mais au sens réel aussi, car il a choisi de travailler entre Paris et la Slovénie quand son père est mort. Son père qu'il adorait, le seul qui jouait avec lui, lui caressait les cheveux et lui disait qu'il l'aimait. De sa mère, rien de tout cela. Une sorte de froideur indifférente qui arrêtait net le moindre de ses désirs de faire un câlin.



Pourtant, elle savait rire, avoir des gestes de tendresse et d'amour mais seulement pour Jacques, son mari. « Quand il entourait sa taille, ma mère semblait danser de l'intérieur » raconte Nathan.



Aujourd'hui, Nathan est très contrarié : une amie de Marthe lui a demandé de passer voir sa mère. Elle lui raconte la maladie et ces huit lettres qu'il devra venir chercher rue du Cherche-Midi, à Paris, tous les deux mois : un an et demi de contrainte !



Et avec lui, à chaque lettre, de plus en plus hésitante car la maladie progresse, nous découvrons la vie de Marthe, son premier amour déçu, une tragédie, une mère à demi-paralysée dont elle a dû s'occuper (et lui ? s'occupera-t-il de sa mère?), la rencontre romanesque (c'est le mot!) avec Jacques son époux dont elle a été follement amoureuse. « Son visage était évident » écrit-elle. Et sa place à lui, dans tout cela... ?



Maladie, deuil, enfance, amours interdites, amour refréné, peur de souffrir encore et encore, culpabilité : sur quelles expériences nos parents se sont-ils construits ? Est-ce ainsi qu'ils nous ont faits, de chair, de sang et de douleur ou de joie, au travers de mille éclats de vie dont nous ne savons rien et qui nous sautent au visage lorsque, pour la première fois, nous vidons leurs tiroirs, photos, lettres, documents administratifs, juste après leurs obsèques ? Parce la vie est exigeante et qu'elle veut continuer...



Un beau livre, lumineux et douloureux, écrit dans une langue sans effets, qui coule doucement, comme les jours passés nous reviennent.



Une belle découverte - encore - dans le cadre des « 68 1ères fois » que je remercie vivement.



Sur des thèmes similaires (Alzheimer, vieillissement), deux livres qui m'ont particulièrement touchée : Koumiko, d'Anna Dubosc (une ode à sa mère, artiste japonaise) et « Mademoiselle, à la folie », de Pascale Lécosse (drame d'une actrice vieillissante qui perd progressivement la mémoire).





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La nuit introuvable

Nathan Weiss a toujours été davantage le fils de son père que celui de sa mère

Aussi depuis le décès de Jean, il a délaissé Marthe sans aucun scrupule d'autant que ce nouveau poste en Slovénie évite bien des discussions.

Mais aujourd'hui c'est une voisine inconnue qui l'appelle pour lui parler de Marthe. Sa mère va mal, il doit venir la voir.

Il est à Paris tous les deux, mois, il ira donc retrouver sa mère rue du cherche midi, dans l'appartement qui a abrité les amours fusionnels de ses parents.

Le choc est intense lorsqu'il comprend que la maladie est là. Alzheimer a pris possession de la mémoire et du passé de Marthe, de son présent et lui a volé son futur.



Pourtant celle qui fut davantage épouse que mère a laissé des lettres pour son fils unique. Lettres qui lui seront remises au fils du temps, afin qu'il sache et comprenne, qu'il envisage le présent à la lumière du passé.

Et le lecteur ému et attentif va suivre les interrogations de Nathan et les révélations de Marthe à mesure de leur lecture et du temps qui passe, ces découvertes qui vont bouleverser ses sentiments.



Gabrielle Tuloup dit sans dire l'enfance, la douleur, la peur d'une mère d'être un jour séparée de son enfant, l'amour entre deux êtres absolu et éternel, les regrets et les silences, la vie qui vient et qui s'en va. L'amour d'un fils pour son père, celui qu'on attend en vain d'une mère qui n'ose pas embrasser et aimer. Elle dit les pourquoi et les comment, les silences et les absences, l'amour que l'on n'ose pas dire et celui que l'on cache pour se protéger.

Un roman qui se lit d'un souffle et que j'ai aimé.
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Sauf que c'étaient des enfants

C’est l’histoire d’Emma, enseignante, qui à travers le viol de Fatima une jeune collégienne, trouve le courage de regarder sa propre histoire en face.

Gabrielle Tuloup nous trompe dès le début sur les héros de ce roman et c’est très bien réalisé. Un petit peu abrupt quand elle modifie le personnage principal de sa narration, mais l’on s’y fait rapidement. Tout y est finement suggéré, analysé avec beaucoup de sensibilité.

C’est pourtant toujours les mêmes histoires, la grande naïveté des jeunes filles qui confondent amour et sexe et celle des femmes qui passent leur vie à culpabiliser d’une manière ou d’une autre. Et puis il y a la violence de l’homme qui ne s’arrête jamais et que nos sociétés ne parviennent pas à endiguer.

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Sauf que c'étaient des enfants

Gabrielle Tuloup est professeur agrégée de Lettres et slameuse. Elle a grandi entre Paris et Saint-Malo. Championne de France de slam 2010, elle utilise cette discipline pour transmettre son goût de la langue aux élèves du collège Diderot d’Aubervilliers. Sauf que c'étaient des enfants est son second roman.



Un matin, la police entre dans un collège de Stains. Huit élèves, huit garçons, sont suspectés de viol en réunion sur une fille de la cité voisine, Fatima. Leur interpellation fait exploser le quotidien de chacun des adultes qui entourent les enfants. En quoi sont-ils, eux aussi, responsables ?

Il y a les parents, le principal, les surveillants, et une professeure de français, Emma, dont la réaction extrêmement vive surprend tout le monde. Tandis que l'événement ravive en elle des souvenirs douloureux, Emma s'interroge : face à ce qu'a subi Fatima, a-t-elle seulement le droit de se sentir victime ? Car il est des zones grises où la violence ne dit pas toujours son nom...



Avec beaucoup de justesse, Gabrielle Tuloup aborde de manière journalistique la question de l'abus sexuel dans notre société. Elle oppose les différents points de vue, sans prendre parti. Le drame se produit dans une zone prioritaire du 93. Le quotidien des professeurs est difficile, le manque de moyens omniprésent. En face, des jeunes, la cité, la violence, leur environnement familial, leur avenir en déshérence. Et puis, tout bascule. Un groupe de jeunes garçons a abusé d’une jeune fille. La plainte déposée par cette dernière accompagnée de sa mère mènera à l’identification des auteurs et à leur arrestation. Évidemment cette tragédie cueille tout le monde. Les autres jeunes, les professeurs, le directeur, les pions, les familles… tous vont réagir différemment face à l’infamie. D’aucuns sont tentés de nier, de minimiser, d’autres de sauvegarder les faux-semblants, s’interroger. Et puis au centre de cette affaire il y a non seulement cette jeune victime, Fatima et cette prof de français, Emma. Peu à peu la douleur de l'une raisonnera chez l'autre et leur combat convergera.



Sauf que c'étaient des enfants commence comme un rapport administratif pour muter en roman polyphonique, une sorte de docu-fiction en somme. Il m’a, à ce titre, fait penser au film Les misérables. Quoi qu’il en soit, même si le sujet est malheureusement toujours d’actualité, même s’il est intelligemment traité, même si l’auteure fait voler en éclats les a priori, le style documentaire notamment de la première partie m’a quelque peu déstabilisée, gênée. Une fois dépassé, il n'en demeure pas moins que Gabrielle Tuloup parvient à tisser une toile psychologique fine et juste qui suscite le débat et la réflexion.



Sauf que c'étaient des enfants est une lecture utile qui donne à réfléchir. Á lire et à faire lire !
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Sauf que c'étaient des enfants

Sauf que c'étaient des enfants, c'est d'abord le titre qui m'a sauté aux yeux. le côté mystérieux mais également la forme grammaticale.



Très vite, sans même lire la quatrième de couverture, on sait, on sent qu'on ne va pas être dans un feel-good, que l'autrice nous parlera d'un sujet délicat. Et il en est bien entendu question ici car elle abordera un sujet ô combien épineux, le viol quand il s'agit d'adolescents sur une adolescente, ce que l'on appelle communément une tournante (et que ce terme est laid). Sujet casse-gueule car on peut vite tomber dans le dégueulasse (ça l'est) mais aussi dans le graveleux, le putassier ou le pathos. Et pour le coup, je trouve que Gabrielle Tuloup s'en est très bien sortie.



Avoir posé l'intrigue dans le milieu scolaire était très malin car les adultes jugeant de cette affaire ne sont pas seulement du milieu judiciaire mais également, et surtout, les professeurs qui, forcément, connaissent les gamins, notamment les agresseurs. Et j'ai trouvé que l'autrice avait réussi le tour de force incroyable de ne pas rendre ses personnages manichéens (ou en tout cas pas trop). Comme tout un chacun, j'ai mon avis, assez tranché d'ailleurs, sur la question, mais là elle permet de poser le débat, ce que j'ai beaucoup apprécié. Non pas qu'on ne juge pas l'acte ignoble mais quand on connaît l'agresseur, qu'on voit autre chose de lui que ce seul acte, on ne peut que se poser des questions. Je me demande d'ailleurs si ce ne serait pas un roman à faire lire à des lycéens, pour en parler avec eux ensuite.



Ce que j'ai beaucoup apprécié aussi est que la réflexion est poussée plus loin, lorsqu'on découvre la réaction d'une des professeure, qui jusque là aimait ces enfants, réaction épidermique mais qui s'explique sur la fin du récit où le titre prend d'ailleurs tout son sens.



Dans l'ensemble, ce fut une lecture appréciée, avec un sujet de fond compliqué mais bien traité. Je regrette juste une écriture qui ne m'a pas beaucoup plu.





Lu en juin 2021
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Sauf que c'étaient des enfants

Stains, Collège André-Breton. La brigade de protection de la famille doit venir avec une jeune adolescente qui vient reconnaitre des coupables. Il faut préparer les trombinoscopes des classes.

Huit garçons sont suspectés de viol.

Le sujet est grave.

Les faits concernent des enfants de banlieue.

Cet évènement va venir bousculer et questionner les systèmes: éducatif en renvoyant à la part de responsabilité et aux incompréhensions de chaque adulte: parents, éducateurs, surveillants.

Qu'ont ils raté, qu'est ce qu'ils n'ont pas vu ?;

sociétal par l'observation du fonctionnement dans les cités: leur ghettoïsation, les codes, les rites, les langages, mais aussi quelle place accordée aux femmes ?, le rapport à l'honneur et à la dignité, la loi du silence, et dans la continuité, quelle place donnée à la parole des victimes ? Quelles conséquences collatérales pour les coupables ?

Un sujet fort dont il faut encore et toujours parler.

Sauf que c'étaient des enfants évoque des violences de mineurs exercées sur d'autres mineurs mais soulève et interpelle sur la notion de consentement, notamment par le biais de l'histoire de la professeure de français, Emma, pour qui cet évènement va venir raviver des blessures qu'elle a tu et qu'elle aura besoin de réparer.

Un livre nécessaire qui permet de sensibiliser la conscience collective et surtout la faire évoluer dans une Société bien souvent complaisante et qui a eu tendance à en minimiser les dégâts psychologiques malgré les lois.

Des victimes ne viennent pas dénoncer des faits plus de 30 ans après seulement pour suivre le mouvement #metoo ou pour diffamer.



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Sauf que c'étaient des enfants

La rentrée littéraire d’hiver 2020 commence plutôt bien avec « Sauf que c’était des enfants » de Gabrielle Tuloup. Une auteure que je ne connaissais pas et c’est une très belle découverte ❤️



Ludovic Lusnel est principal au collège André-Breton de Stains depuis 4 ans.

Un matin, il reçoit un appel de la brigade de la protection de la famille l’informant de la visite de Fatima, jeune fille de 15 ans scolarisée dans un établissement voisin.

On l’informe qu’il devra mettre à disposition de cette jeune fille, le trombinoscope complet de tous les élèves afin qu’elle puisse identifier ceux par qui elle dit avoir été violée.

Fatima en désignera formellement 8 d’entre eux.

Coup de massue pour Ludovic Lusnel.

Comment « ses » élèves ont-ils bien pu être impliqués dans ce fait divers ?

Pour les 8 protagonistes, c’est arrestation et garde à vue assurée.

La nouvelle de ce drame va déclencher un véritable tsunami émotionnel chez tous les adultes qui jouent un rôle éducatif auprès de ces jeunes.

Et c’est là que la magie de l’écriture de Gabrielle Tuloup opère.

Tour à tour, elle donne la parole à chacun des personnages qui, de près ou de loin sont acteurs du quotidien des 8 garçons.

Outre le principal du collège, il y a bien sûr les parents, les enseignants, les surveillants mais aussi les camarades de classe qui vont exprimer leur ressenti concernant cette affaire.

Et parmi les enseignants, il y a Emma, professeur de lettres dont la vive réaction ne se fait pas attendre. Une réaction jugée excessive pour certains et pourtant, motivée par des souvenirs pas si lointain qui remontent à la surface.

Quand une histoire se fait écho d’une autre, il y a des décisions qui s’imposent.

La construction, très diversifiée, employée par Gabrielle Tuloup dans ce roman est telle que l’on ne s’ennuie jamais.

Un roman polyphonique dans lequel l’auteur glisse, entre les chapitres, des bulletins de notes des élèves impliqués dans le drame, chaque fin de chapitre introduisant le suivant en une suite logique.

La dernière partie quant à elle, est le journal de voyage d’Emma, un voyage initiatique au cours duquel elle fera son introspection et décidera de la suite à donner à sa vie et aux événements qui l’ont secouée ces derniers temps.

À partir d’un sujet de départ difficile ( les violences sexuelles) Gabrielle Tuloup nous livre un roman tout en pudeur où les scènes explicites de violences sont très peu présentes.

L’auteure s’attarde plutôt sur la psychologie des personnages et elle le fait merveilleusement bien.

Le sujet est admirablement bien maîtrisé et j’ai dévoré ce livre en quelques heures à peine.

J’ai aimé à tel point que je commence tout de suite après celui-là, son précédent roman paru en 2018 «  la nuit introuvable »
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La nuit introuvable

Marthe n’a jamais été une mère aimante pour son fils, Nathan. Depuis la mort du père, un fossé s’est creusé entre eux, émotionnel et géographique. Jusqu’au jour où, alors que Marthe se laisse emporter par son Alzheimer, sa voisine contacte Nathan pour qu’il vienne la voir, et qu’elle puisse lui remettre la première missive écrite par sa mère. Tandis que Marthe quitte la vie petit à petit, Nathan renaît, comprend enfin les absences, les manquements, la froideur de celle dont il n’a jamais connu l’amour maternel.



Son éditeur avait jugé son second manuscrit trop expéditif, les personnages n’étaient pas assez étoffés, il lui réclamait des pages en plus : « Donnez-leur du corps, bon sang, Weiss. Vous ne tenez pas vos promesses, votre lecteur reste sur sa faim! » Jacques, naturellement si mesuré, pestait tout seul à sa table : « Expéditif, tu parles ! Si on n’a plus le droit d’être pudique ! »



Citer les pages d’un livre pour expliciter son propre avis sur celui-ci peut sembler paradoxal, je préfère croire que c’est à propos. Il m’aura manqué des pages, de la profondeur, des péripéties. Je n’ai pas trouvé le suspense promis, je n’ai pas vu la tension dramatique entre le fils et sa mère, tout m’a semblé simple et évident – sauf le dénouement, j’en conviens. Le style est effectivement très beau, poétique et illustré, mais il n’aura pas suffi à me faire adhérer à l’histoire. Nathan renâcle pendant quelques pages à peine, mais rapidement, il renoue avec son enfance, il est même presque heureux d’aller rendre visite à sa mère. Est-ce que quarante ans de traumatisme filial peut se résoudre en quelques pages? J’en doute, et c’est ce doute qui est resté le fil conducteur de ma lecture, revenant à la charge à la moindre incohérence, au moindre écart avec la réalité la plus plausible, et ce jusqu’au dernier chapitre, me laissant décidément perplexe devant cette intrigue intéressante et pourtant bancale.
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La nuit introuvable

Nathan vit en Slovénie, il s'est éloigné de sa mère avec laquelle il n'a quasiment plus de contact depuis la mort de son père qu'il adorait. Un jour, il reçoit un appel de Jeanne, une femme qui s'occupe de sa mère et lui demande de venir immédiatement à son chevet. Elle lui donne une lettre que sa mère lui a écrite, la première d'une série de 8, qu'il découvrira à chacun de ses passages en France. Sa mère est atteinte d'Alzheimer. De loin en loin, il assiste à sa déchéance, lit ses courriers dans lesquels il découvre ses douleurs, son amour inconditionnel pour son père, ses premiers chagrins.

Ce livre alterne entre les lettres, qui sont d'une grande beauté littéraire et d'une grande poésie, et les souvenirs de Nathan, qui se mêlent à son présent.



Ce roman est une belle histoire d'amour filial, de questionnements, de renoncements,... Une belle lecture finalement.
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Sauf que c'étaient des enfants

Lecture bouleversante...

L'auteur est enseignante, ce qui permet d'avoir un cadre ultra réaliste en ce qui concerne le quotidien au collège.

Le récit démarre sur l'appel de la police auprès du principal de ce collège de Seine-Saint-Denis pour l'informer que des élèves de son établissement sont accusés d'agression sexuelle sur une jeune fille de la cité d'en face... Cet homme tombe de haut et pour le lecteur c'est le début de la percée dans la psychologie des différents personnages.

Le roman n'a pas pour objectif de donner à voir le procès, de savoir précisément qui a fait quoi, d'ailleurs à aucun moment les faits ne sont décrits, l'auteur n'est ni dans le glauque ni dans le voyeurisme. Ce qui nous est présenté ici ce sont les réactions des différentes parties : le principal, la CPE, les profs, les élèves, les parents des accusés, certains accusés... J'ai beaucoup aimé que tous soient représentés car il est important de prendre la mesure de ce que ces événements peuvent engendrer dans la vie de si jeunes enfants, ce n'est pas parce qu'ils ont commis un acte odieux que toutes les conséquences coulent de source et sont si faciles à appliquer...

L'auteur nous fait traverser les ressentis, les émotions in situ.
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Sauf que c'étaient des enfants

Le début du livre est un coup de poing au ventre. Ça m'a beaucoup marqué.

Sa description de cet événement est époustouflante et son analyse psychologique très perspicace. L'auteur nous fait plonger dans cette banlieue avec ses codes et sa propre culture. Et nous la montre à travers des gosses, ce qui fait mal car ça nous montre le délitement de notre société, qui abandonne une partie d'elle et la laisse livrée à une évolution très préoccupante.

La fin du livre est moins percutante et plus romanesque. Mais après le début enivrant je n'ai pas accroché.

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