AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Geneviève Fraisse (35)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le Privilège de Simone de Beauvoir

Dans Le Privilège de Simone de Beauvoir, Geneviève Fraisse approfondit dans un essai passionnant le concept de « privilège », souvent employé par la philosophe. Geneviève Fraisse invite son lecteur à plonger à ses côtés dans la généalogie de l’un des ouvrages fondateurs de la vie des femmes.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
Commenter  J’apprécie          00
Le Privilège de Simone de Beauvoir

Une historicité susceptible d’ouvrir le chemin de la libération



« Il n’y a aucune hésitation, nous sommes d’emblée installés dans l’histoire, l’histoire longues des femmes à la conquête collective du savoir et de toutes les jouissances singulières qui s’y attachent. Tel est le premier Privilège de Simone de Beauvoir, celui de s’imaginer dans l’histoire, de plain-pied. »



Ainsi débute le prologue, je souligne, privilège, histoire, femmes, jouissance…



Quelques éléments choisis subjectivement. Mes lectures incomplètes de Simone de Beauvoir sont maintenant lointaines.



Privilège, « Le Privilège n’est jamais un donné comme au temps de l’Ancien régime, un avantage incontesté, il est le résultat d’une conquête, propre à tout être, à l’intérieur de nos démocraties », les privilèges, « Le Privilège de cette femme qui pense, élucide, et décrit l’être collectif de la condition des femmes n’est que le privilège, les privilèges de l’être humain en général », l’histoire, « Le choix de l’histoire et de la mémoire comme lieux actifs, producteurs de pensées nouvelles, suscite l’appropriation de la transmission plutôt que sa passive réception convenue », l’histoire du présent vers le passé des historiennes, les femmes, « Un homme ne commence jamais par se poser comme un individu d’un certain sexe : qu’il soit homme, cela va de soit » (Simone de Beauvoir).



Dans cette invitation à lire et à penser, Geneviève Fraisse aborde, entre autres, la muse et le génie, la liberté et l’égalité, la hiérarchie du unet du deuxclôturant l’espace, le devenir sujet des femmes, la division entre biologique et social/culturel, le parcours d’une intellectuelle « qui débusque l’une après l’autre les places où sont assignées les femmes, malgré elles ou non », le penser comme acte simple, la raison, « Avoir la même raison que les hommes et vouloir s’en servir signale une capacité, un droit, mais aussi et surtout, une jouissance possible »…



L’école, « les filles se sont glissées subrepticement dans l’obligation, puis dans les interstices élitaires du système », l’émancipation par le savoir, le temps des « droits révolutionnaires » de la contraception et de l’avortement, l’écriture et la décision d’écrire sur les femmes, entre expérience et théorisation, « l’écriture de l’histoire des femmes échappe au biographique », commencer par une description de toutes les femmes pour se comprendre soi-même. Je souligne les pages autour des Mémoires, les réflexions autour du récit de soi, l’énoncé de la position sexuée, le « je », le sujet de la connaissance, « L’assurance de celle qui s’autorise l’exercice de la raison appartient à une tradition peu connue de l’histoire des femmes, et pourtant solide ». Une histoire longue des femmes…



La domination rend invisible la place occupée par le dominant, « l’homme peut oublier et faire oublier son sexe lorsqu’il se place dans un lieu de pensée », les hommes semblent être « naturellement » sujet. L’autrice pose une juste question qui devrait interpeller les hommes : « Mais pourquoi les hommes feraient-ils l’économie d’une étude du sexe masculin » ?



Il faut approfondir. Quelles sont donc les conditions pour des connaissances possibles ? « « Je suis une femme » est une condition de la pensée, cela implique ni une définition de ce qu’est cette femme, ni une certitude quant à la sexualité de cette femme-là ».



Geneviève Fraisse poursuit sur l’affirmation de l’égalité, – « désormais concept politique » -, le sujet sexué de connaissance. Elle souligne que « Ce n’est ni l’organe sexué, ni la sexualité qui fait la sexuation du sujet qui pense ». L’égalité est produite dans et par un rapport social.



Comprendre, élucider, tourner le dos au malheur, le luxe de l’impartialité, l’objectivité comme contradiction vivante avec le cogitosexué, « Le tribunal ouvert au procès de l’inégalité des sexes se déplace du coté de l’espace de vérité créé par le savoir et la connaissance ; en rupture avec le passé ». Une rupture d’avec la cité aux portes closes et la démocratie exclusive…



L’autrice souligne que Simone de Beauvoir « se mêle donc clairement de ce qui la regarde ». Et si elle considère que « son cogito est historiquement daté », elle ajoute « Là où il me concerne, ce cogito, c’est en ce qu’il est une méthode, un parcours lucide ». Cette forme de lecture me semble bien plus adéquate au penser historique que les « affiliations » identitaires…



La marge, les regards obliques, le dévoilement et l’action, la pensée et la politique, l’histoire humaine comme promesse. Je souligne les pages de critique du terme « fraternité » inscrite dans une conception historique de la domination (qui ne peut être abordée comme un invariant), les femmes ne sont pas quasi immobiles dans leur état de subordination… le devenir historique, la promesse de l’égalité et de la liberté. Reste des difficultés liées, entre autres, à la « proximité des sexes ». C’est bien du coté des rapports sociaux et de leurs contradictions qu’il nous faut regarder. Donc « sursauter » et rejeter le terme même de « condition féminine », « Quand on me dit que je travaille sur « la condition féminine », je sursaute ; et je sais immédiatement que c’est une manière d’isoler la question du reste de la philosophie, de désamorcer la pensée qui pourrait surgir ».



Ce texte est suivi de trois lectures. « Comme un discours de la méthode », « Histoire et mémoire historique du féminisme », « Correspondante de guerre » et d’une conclusion « L’icône et après ». je laisse à chacun·e le plaisir de la découverte. Et je termine par une question soulevée : Comment les sexes font-ils aussi l’histoire ?


Lien : https://entreleslignesentrel..
Commenter  J’apprécie          40
Les excès du genre

Geneviève Fraisse (née en 1948) est une philosophe française de la pensée féministe. Elle a publié cet essai en 2014. Contrairement à ce que pourrait laisser croire le titre du livre, elle ne s'oppose pas à la théorie du genre, elle analyse d'une manière critique à quoi renvoie les mots sexe et genre. Elle se penche aussi sur la nudité, en évoquant notamment les militantes Femen. L'ensemble a été un peu abscons pour moi et je ne crois pas en avoir retiré la substantifique moëlle.
Commenter  J’apprécie          60
Les excès du genre

L’opérateur égalité permet de concevoir et d’inventer les nouveaux rapports entre sexes

« Car l’excès est inhérent à la pensée de la sexuation du monde et à la pratique de l’égalité des sexes. Le féminisme est par lui-même excessif, pour deux raisons simples : il parle de sexualités, il combat les inégalités. Il fait donc face à deux tabous ; rien ne sert de le nier »



Je choisis de commencer par une citation de l’épilogue « Féminisme excessif ». Le titre de cette note est aussi inspiré de deux autres phrases de cette partie. Il en sera de même de la dernière phrase citée.



Je ne vais pas faire ici une présentation détaillée du livre, ni indiquer mes interrogations ou doutes sur certains points…



Très subjectivement, je propose une invitation à lire, à réfléchir, à débattre, par la mise en avant de certains points traités par l’auteure.



« le genre permet de croiser le neutre et la dualité ; le un et le deux, l’être sexué en général et les deux sexes en particulier ». Genre, proposition philosophique, moyen de mise en œuvre de cette proposition, concept, masque possible des hommes et des femmes « dans un universel qui sait mentir »…



Le neutre « soit une abstraction stimulante, soit le masque du mensonge »… Les concepts peuvent faire disparaître les « femmes », les inégalités. « Pris par le neutre, le genre peut perdre tout aiguisage de ce qui fait la ou les différences, il peut effacer la réalité ».



Il faut donc penser, prendre en compte la « sexuation des problèmes », absorber et réutiliser les connaissances ou le savoir produit par les luttes de femmes. Et « le savoir donne le vertige » comme l’écrit très justement l’auteure.



Geneviève Fraisse parle de genre, de sexe(s), de résistance du réel, de ce qui fait histoire, de l’histoire sexuée, du « prisme du genre », de sexuation (« donnée non immobile » et « Il faut produire une analyse de l’historicité de cette sexuation du monde »). Contre les mises à l’écart, les traitements en anecdotique ou secondaire, « Résister à la tentation de traiter cette chose à part, et voir ce qui se passe dans la réflexion quand on comprend que cette sexuation du monde est un axe de lecture, au centre, et non à la périphérie de l’histoire humaine, comme du savoir de cette histoire »



Genre, sexe, l’un ne révoque pas l’autre, l’un et l’autre sont des abstractions. L’auteure parle de définitions multiples et de tensions internes entre ces définitions. Elle refuse la dichotomie nature/culture, la distinction entre un donné et un fabriqué.



Genre, un concept scientifique et une articulation à « une proposition politique des rapports de pouvoir et de domination ». Geneviève Fraisse parle de champ et de hors champ, de présence, de sexe qui déborde et « provoque le désordre »… Faut-il le souligner une fois encore, les élaborations des féministes représentent « de la production de connaissance et non de l’expression d’opinions »



L’auteure souligne le déficit d’analyse de l’émancipation, de construction de cet horizon de pensée fondamental. Pour indispensables qu’elles soient, les analyses et les déconstructions des dominations sont insuffisantes.



Geneviève Fraisse aborde aussi les images, les stéréotypes, les liens entre dénonciation et production, l’importance des lois et le fait « qu’une loi n’est pas la réalité », le féminisme comme subversion, l’image et le sujet, « L’image semble posée dans le ciel des représentations comme un « en soi », et cette image est toujours habillée de son carcan, le stéréotype »…



Un, deux, multiple(s), de nombreuses interrogations stimulantes.



Et encore une fois, l’égalité, le statut d’objet, Poulain de la Barre, l’image et le modèle, la nudité, le geste plutôt que la figure, La Barbe et les Femen, la domination masculine, l’écriture du corps, les signes et la vérité, l’objet sujet, « Devenir sujet, en effet, n’annule pas la position d’objet », l’émancipation, la subversion…



« Avec le féminisme, il y a souvent du contretemps historique. Et dire la vérité est facilement perçu comme un excès ».
Lien : http://entreleslignesentrele..
Commenter  J’apprécie          30
Les excès du genre

Vérité(s), contretemps historiques, excès…



En premier lieu, une couverture. Hilma af Klint : The Swan, 1915. une pionnière dans l’art abstrait. Une peintresse (pour utiliser un terme banni par la masculinisation de la langue orchestrée par l’Académie française) oubliée comme beaucoup de femmes dans les histoires écrites par les hommes.



Ayant chroniqué ce livre en 2014 sous le titre : L’opérateur égalité permet de concevoir et d’inventer les nouveaux rapports entre sexes, je ne traite que du post-scriptum intitulé « La « multiple vérité » ».



Une expression de Simone de Beauvoir, empruntée et déplacée par Geneviève Fraisse, « non pas celui de la vérité relative, vérités partielles ou vérités de points de vue, mais celui de la multiple vérité, vérité ouverte sur aujourd’hui, vérité au travail ». Approcher d’une vérité oblige à quelques précisions, ici et maintenant.



« La précision, c’est comme une exigence topographique, comme une sorte de géographie nécessaire où se dessinent des chemins, exactement des chemins de traverse : reste alors à choisir de les emprunter et de les croiser. C’est ce que j’ai proposé dans ce travail ». Je rappelle l’ancien sous-titre du livre : Concept, image, nudité.



L’autrice revient sur les chemins de la promesse conceptuelle du mot « genre », problème et solution ; et justement, les excès du genre signalent cette complexité. Un concept seul ne suffit pas, il y a d’autres concepts utiles. Les uns et les autres ne sauraient s’invalider.



Geneviève Fraisse discute de certains mots comme stéréotype et le risque de s’enfermer dans l’invariant. Elle propose cliché, « le cliché dit bien l’image mais n’en fait pas une substance », des images qui se répètent. L’autrice choisit aussi de « planter un nouveau repère lumineux », une image positive, le « modèle ».



Stéréotype, cliché, modèle, mais il ne faut pas oublier d’autres mots comme préjugé, ce qui dispense de penser, pré-jugé…



Les mots et la nudité des femmes, la nudité politique (pour rappel : La nudité politique des femmes n’est pas érotique) ), le corps nu des femmes, l’allégorie de la vérité, les révoltes du corps collectif aujourd’hui et son inscription dans les sentiers balisés du temps, « La nudité politique dit deux choses : la reprise, par les femmes, de leur corps, d’un corps, d’un corps sexuel qui sait aussi être porteur de signes, de langages ; et l’affirmation que le corps individuel est un corps collectif maltraité par les dominants, impensé de l’histoire des derniers siècles ». Un corps, un corps collectif, le multiple coexistant et s’opposant à l’un (« une alternative à ce qui se nomme « queer » aujourd’hui »).



Le corps, la raison, la politique, l’affrontement aux images, le geste subversif, une nouvelle représentation du monde, « les sexes font l’histoire »…



Comme le souligne l’autrice, « la sexualité et l’égalité ne font jamais consensus, et débordent toujours des discours ». Penser l’émancipation ne peut se réduire à analyser les dominations. Il nous faut des idées fortes pour parcourir les champs de la pensée. Elle propose ici le concept, l’image et la nudité.



« Toujours se remettre au travail »…


Lien : https://entreleslignesentrel..
Commenter  J’apprécie          40
Les mots du monde masculin-féminin pour un di..

Contre les imbéciles satisfaits qui clament que les problématiques de genre – voire le féminisme tout entier – ne sont qu'un souci américain et français, voici un petit livre succinct et savant qui offre un aperçu de la signification des mots « masculin-féminin » dans six aires culturelles différentes : Afrique du Sud, Chine, États-Unis, Europe, Inde, monde arabe. Sans aborder les cas les plus éloignés de nous que représenteraient les micro-sociétés matriarcales survivantes, l'on peut déduire de l'ensemble des articles qui composent l'essai que la question du genre se pose partout, et (mais) que, dans chaque culture, elle est associée à des notions très profondément ancrées aux fondamentaux de la compréhension du monde qui lui sont propres : la relation entre le social et le religieux, l'individualisme jusqu'à la création par l'individu de sa propre identité, les mises en acte compliquées de l'idéal de l'égalité entre individus là où il a cours, le rapport à la modernité ou bien à la tradition, à la Nature, à la communauté, aux appartenances et identités collectives, les rituels et autres formes d'accession au genre... Si les chercheuses autrices de ces contributions sont toutes parfaitement informées sur les derniers outils conceptuels féministes occidentaux mainstream, par ex. sur l'intersectionnalité, elles sont tout aussi conscientes de la nécessité de contextualiser les relations patriarcales (le cas échéant) selon les cultures et dans leurs variations historiques. Fortes des acquis d'une anthropologie qui s'efforce de dépasser l'ethnocentrisme, elles peuvent avoir des positions d'interrogation ou de franche critique envers les féminismes et les théories du genre de matrice occidentale. Cependant, ces articles sont caractérisés par la grande liberté que leurs autrices se sont prise dans la manière d'affronter le thème du « masculin-féminin » dans leur pays : à l'exception (peut-être significative) de Cornell qui a retracé l'histoire des vagues féministes aux États-Unis, ils n'ont pas essayé d'aborder l'ensemble de la réflexion nationale sur le genre ni le paysage des luttes féministes actuelles ou historiques, ni même de se situer par rapport aux féminismes occidentaux. En particulier, la contribution conclusive, sur la petite ville rurale de Griquatown (province du Cap, Afrique du Sud), qui ressemble à une étude de cas tant elle est circonscrite, se détache considérablement des autres.
Commenter  J’apprécie          60
Muse de la Raison

Une exploration des mille et un raisonnements par lesquels l’exclusion des femmes de la vie politique a été justifiée, depuis la Révolution.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
Commenter  J’apprécie          00
Opinion d'une femme sur les femmes

J’ai découvert la collection « Les Plumées » de chez Talents Hauts très récemment, lors d’une discussion avec un intervenant, passionné et passionnant, de leur stand au Festival du Livre 2022. Je ne regrette pas du tout cette découverte ! J’ai pu découvrir Fanny Raoul et son essai Opinion d’une femme sur les femmes, publié en 1801 et pourtant toujours autant d’actualité concernant la situation des femmes. Féministe avant l’heure, Fanny Raoul a choisi d’adresser son essai, ses pensées, ses convictions à toutes les femmes dans le but de déconstruire un par un chaque argument en faveur de l’inégalité des sexes. Une lecture importante pour comprendre la situation des femmes et pour découvrir des auteur.e.s oublié.e.s

Un vrai coup de cœur pour cet essai et pour cette collection !
Commenter  J’apprécie          30
Opinion d'une femme sur les femmes

Au début des années 1800, Fanny Raoul a écrit un texte, Opinion d'une femme sur les femmes, qui, pour l'époque, était assez polémique. En effet, à ce moment-là, une femme n'avait pas le droit d'avoir une opinion. Pourtant, celles de Fanny Raoul étaient bien arrêtées. Dans ce court récit, elle nous parle de la condition des femmes, qui n'est pas figée. Elle l'espère, son texte traversera les époques.



C'est chose faite, puisque, quelques centaines d'années plus tard, les éditions Le Passager Clandestin rééditent son texte, avec une présentation de Geneviève Fraisse, une féministe également. J'ai eu l'occasion d'assister dernièrement à une rencontre avec Geneviève Fraisse autour du texte de Fanny Raoul, pour parler de la situation des femmes à l'époque, et des progrès qui ont été faits depuis, bien qu'il reste encore du travail avant que l'égalité soit complète. La rencontre était vraiment très intéressante, puisque la condition actuelle (et même l'ancienne) des femmes me touche beaucoup depuis quelques temps, où j'ai commencé à m'intéresser au féminisme. Leurs revendications me semblent justes (mais c'est un autre débat).



Si, comme moi, le sujet de la condition des femmes vous intéresse/préoccupe, je vous conseille vraiment de découvrir ce livre qui, encore aujourd'hui, est criant d'actualité.
Lien : http://leslecturesdanais.blo..
Commenter  J’apprécie          70
Opinion d'une femme sur les femmes

cette lecture m’a beaucoup inspiré par son titre mais surtout sa 4eme de couverture.





Les romans féministes comme celui là sont ( a mon avis ) une nécessitée. J’avoue que le language du 18ème siècle ne pas franchement emballé. Nous retrouvons très souvent des termes, des structures de phrases … assez compliqué à comprendre.

Je vous le recommande vivement !

Commenter  J’apprécie          00
Opinion d'une femme sur les femmes

Quand une femme parle des femmes...



... Ça donne un livre d'une importance capitale dans le combat féministe.



Fanny Raoul y expose les arguments en faveur de l'inégalité des sexes pour ensuite les réfuter ardemment. Elle reprend l'importance des femmes dans l'état : c'est elles qui mettent au monde les citoyens en mettant leurs vies en jeu.



Elle designe également avec ironie le travail des Lumières qui remettent en cause l'esclavagisme des noirs, mais ne regardent même pas l'esclavagisme au sein même du domicile.



Un texte fort, qu'il faut lire et relire qui résonne toujours en nos cœurs alors qu'il date de 1801. Qui nous invite à réfléchir sur la place de la femme dans notre société actuelle.
Commenter  J’apprécie          20
Opinion d'une femme sur les femmes

Plaidoyer écrit peu de temps après la Révolution française, ce court texte signé par Fanny Raoul - femme célèbre de son vivant mais totalement oublié de nos jours - décrit avec beaucoup d'intelligence tous les "pièges" de la socialisation, de l'éducation et du système légal qui ont permis à la société française de reléguer la femme à une position subalterne.



Texte édité dans la collection "Les Plumées" de chez Talents Hauts, je suis décidément ravie d'avoir découvert cette collection qui remet à l'honneur des femmes essayistes ou romancières "oubliées" du 19ème ou début 20ème siècle.



J'ai beaucoup apprécié l'érudition de ce texte, l'intelligence de la démonstration et l'élégance du langage qui caractérise le français de la fin du 18ème siècle (pour ce que j'en connais). Fanny Raoul explique à merveille comment la sphère juridique vient renforcer des croyances "sociales" trop établies et comment elles desservent aussi bien les hommes que les femmes.

Des propos très en avance sur son temps à découvrir pour les amateurs du 18ème ou ceux qui s'intéressent aux questions du féminisme ou de l'égalité des sexes.
Commenter  J’apprécie          252
Opinion d'une femme sur les femmes

Comme une parole donnée à l’espace commun



Le titre de cette note est extrait de la belle présentation de Geneviève Fraisse : « Le sort des femmes ».



« La singularité de son écriture contribue à instaurer une pensée forte de l’émancipation des femmes : on peut, en effet y lire une double affirmation démocratique, celle du sujet autonome capable d’avoir une »opinion » individuelle, et celle d’une catégorie, »les femmes », objet de l’énoncé de cette opinion ». Geneviève Fraisse explique pourquoi, pour une femme, « avoir une opinion singulière dans l’espace public nouveau, espace démocratique, est subversif, appel d’une émancipation à venir. Et c’est simplement, à bien y regarder, accéder à l’autonomie de la raison et anticiper la décision citoyenne ». Elle poursuit sur la raison, la plaidoirie politique, « Crier, raconter, démontrer, telle est la tâche qu’elle se donne dans ce texte fondateur », l’exercice libre de la volonté intime, le défi de l’égalité, la parole d’une française qui « pourrait être une citoyenne », la liberté de penser, le « sort des femmes ».



« … la »condition féminine » s’entend comme un état immobilisant, refermant sur une représentation figée et réductrice la vie des femmes. Finalement, la »condition » qui voulait illustrer l’être au monde apparaît comme une substance sans histoire, sans passé et sans avenir. La belle formule du »sort des femmes » appelle, par sa polysémie, à la vie du sujet et à l’action commune ».



Quelques extraits, choisis très subjectivement, de ce texte météore de 1801, de cette expression de la « raison ne s’autorisant toujours que d’elle-même » :



« Permettez que je vous dédie mon ouvrage, femmes pour qui seules j’écris. »



« mais une idée utile est rarement perdue ; elle tombe toujours dans quelques esprits féconds où elle fermente en silence et se développe tôt ou tard. »



« Femme sensible et raisonnable, je veux seulement payer à la société la dette que contracte envers elle chacun de ses membres et pour acquitter cette dette j’offre des idées utiles, puisqu’elles sont puisées dans l’amour du bien général et de l’humanité. »



« cette résistance, qu’on appelle caractère dans les hommes, est traitée d’opiniâtreté, de désobéissance, dans les femmes. »



« … si l’intérêt d’un sexe oppresseur l’emporte sur le cri de l’humanité, de la justice violés, je me rendrais du moins ce témoignage que j’ai plaidé leur cause… »



« … leur union fût pour l’un une source de tourments et d’esclavage, tandis que l’autre jouirait de son indépendance. »



« .. qu’on y ait érigé en principe que celui-là seul est digne de la liberté qui peut impunément la ravir à un autre »



« l’injustice et l’absurdité de juger du moral par le physique »



« Cependant, de deux choses l’une : ou ces individus sont de la même espèce, et alors ils doivent avoir les mêmes avantages ; ou ils différent tellement entre eux qu’aucune qualité ne leur est commune »



« … de cet examen, je tire la preuve de leur égalité naturelle, d’où dérive nécessairement l’égalité civile. »



« …on ne les a donc bannies de la société que par la loi du plus fort, qui toujours entraîne avec elle la violation de tous las droits. »



« les lois ne sévissent pas contre ceux qui maltraitent leurs femmes »



« L’idée d’assimiler les femmes aux Noirs pourra paraître étrange ; mais si cette comparaison est singulière, elle n’est au moins pas dénuée de justesse. »



« Il est donc injuste et inepte de rechercher en elles une infériorité qui prend sa source dans leur inertie ; c’est juger sur l’effet, quand il faudrait remonter à la cause. »



« la raison ne pouvant étayer une opinion qui la blesse… »



« Liberté et égalité civiles, voilà ce que je réclame pour elles »



Un texte à faire connaître.
Lien : http://entreleslignesentrele..
Commenter  J’apprécie          10
Penser avec Françoise Collin le Feminisme et ..

Déploiement dans l’espace du politique des potentialités créatrices d’un autre monde commun



« Cet ouvrage est issu du colloque « Penser avec Françoise Collin, philosophe et féministe », organisé conjointement par l’institut Emilie-du-Châtelet pour le développement et la diffusion des études sur les femmes, le sexe et le genre et par le RING, qui s’est tenu les 5 et 6 mai 2014 à Paris »



Je n’aborde que certains sujets (pour rester dans la limite de mes compétences, particulièrement faibles en philosophie).



Les auteures/autrices proposent une invitation à (re)découvrir l’oeuvre de Françoise Collin « en explicitant les principaux méandres de sa pensée et pour favoriser une transmission à laquelle elle tenait ». Elles analysent son parcours, « sans frontières ni limites, si ce n’est celles du jeu de mots », sa défense de l’émancipation et « de la liberté plus que de l’égalité, même si celle-ci est reconnue nécessaire ». Je reste très dubitatif sur cette séparation liberté/égalité. Le titre de la note est emprunté au premier texte de Florence Rochefort.



Cahiers du Grif, associations entre différents auteurs, différence et différend, « la différence est un constant différer propres à tous les sujets, à tous les concepts », pluralité dynamique, l’incommensurabilité de l’injustice faite aux femmes, désir éperdu de liberté, rapports asymétriques, disqualification et intériorisation de la disqualification, groupe de conscience, rompre avec les représentations pour nourrir la révolte, inventer « une pensée politique du féminisme », l’importance de la parole des femmes, interrogation sur le langage, l’écriture, l’art, analyse des « différentes formes de la créativité des femmes »…



Des analyses aussi sur la dissolution de l’objet « femmes », la liberté pour les femmes, « l’émergence d’un principe subversif, constitutif d’un monde à venir » (FC), l’ensemble de la vie sociale, le plus intime de l’existence, la théorie et la pratique, « Aucune théorie ne peut se substituer au travail des forces féminines qui s’accomplit dans ces contradictions multiples, voire dans une confusion que nous ne récusons pas » (FC), les causes diverses s’inscrivant dans « une structure discriminatoire systémique », les différences de classe et de race, « briser l’isolement constitue le préalable de toute action », les rapports entre les dimensions collectives et individuelles des luttes, « la lutte des femmes ne peut faire l’économie des individus pour se produire comme généralité » (FC), les interrogations sur l’ordre sexué dans son ensemble, la question « de la subjectivation politique d’un groupe subalterne »…



Je souligne particulièrement le texte de Diane Lamoureux « le souffle de la liberté » et les questions soulevées par Geneviève Fraisse sur le refus de la « pensée de la totalité », la « récusation du mouvement de la dialectique », l’historicité et « ce qui fait histoire avec un tel événement », les rapports entre « liberté » et « égalité », le « commun comme agir est toujours une histoire à plusieurs », la douleur de l’injustice, la douleur échappant à la justice…



Sans oublier les belles pages sur l’écriture…



Textes de Carmen Boustani, Rosi Braidotti, Geneviève Fraisse, Diane Lamoureux, Martine Leibovici, Mara Montanaro, Florence Rochefort, Marthe Rosenberg, Monique Schneider, Marie-Blanche Tahon, Michèle Zancarini-Fournel.




Lien : https://entreleslignesentrel..
Commenter  J’apprécie          30
Service ou servitude

Rendre au mot service toute son opacité



« Le « service à la personne » ne reste au singulier que parce qu’il s’agit d’une activité sociale liée à l’espace privé, familial, domestique ; et sa finalité collective ne fait aucun doute… »



Servir. Les emplois de service semblent aujourd’hui s’éloigner de l’ancienne « domesticité ». Hier, aux marges du travail reconnu en tant que tel, aujourd’hui, présentés comme un « gisement d’emploi ».



De « servir quelqu’un-e » à « servir à la personne ». Aujourd’hui, « l’imaginaire de la hiérarchie entre serviteurs et maîtres, servantes et maîtresses est recouvert par la figure du soin et du souci de la personne vulnérable ».



Transformations certes, mais « le réel du service reste bien le même », des tâches classifiées comme domestiques, doublées du lien maintenu et toujours inégal de personne à personne.



Geneviève Fraisse revient, entre autres, dans sa préface à cette réédition de « Femmes toutes mains » sur les combats féministes, sur la dénonciation de l’invisibilité du travail domestique, des emplois subalternes occupés par une majorité de femmes…



Service : tâche matérielle et fonction sociale, l’auteure le souligne « le service signifie à la fois la hiérarchie sociale, le lien ou le rapport entre les personnes, en même temps qu’un exercice intime de la tâche domestique, ménage, cuisine, soin aux enfants. Hiérarchie, dépendance, intimité, le mélange est difficile à appréhender. De ce point de vue, « l’emploi de service » classique et le « service à la personne » dans sa nouveauté sociale parlent bien, malgré le changement de perspective, de la même chose ».



Du « service » au « Care », nouveau paradigme du service.



Pour l’auteure, « le service est un poste d’observation sociale, le service pose une énigme à l’émancipation des femmes », parce que Geneviève Fraisse n’oublie ni la matérialité des corps, ni la prise en compte de cet espace particulier qu’est l’espace familial, ni l’intimité des besoins ou la saleté du ménage, parce qu’elle garde, au centre des réflexions, les contradictions qui pèsent sur les femmes, celles liées à « la double vie des femmes ». Le service est donc à la fois une question et un problème : « une question qui serait celle de l’utopie, utopie du lien entre les corps, entre les personnes, entre les corps des personnes ; et un problème, celui qui énoncé le difficile, la difficulté de l’égalité entre ces corps, entre les sexes, entre leurs places sociales ».



Sommaire :



Service ou servitude

Une maison à l’envers

Une bonne foi féministe

Les femmes à tout faire

Apparaître au grand jour, travailler à l’ombre

La double incompétence et la stratégie inefficace

Travailler en famille, travailler en société

La vie de famille sous la bourgeoisie

Des jeunes filles seules

Amies et ennemies

Les vies parallèles

Des luttes ignorées

Le chemin de la guerre

Le combat contre le crime

Des travailleuses normales, des luttes normales

La Multiplication des femmes

Suzanne Ascoët ou la lutte singulière d’une employée de maison, entretien publié en 1979 dans Les Révoltes logiques ;



Pour n’oublier ni l’histoire de la « domesticité », ni la distance/proximité du « tiers domestique d’un ménage bourgeois » et de la « ménagère », ni le droit de questionner des femmes « sur leur pouvoir d’employeuses » en n’omettant pas de s’adresser aux hommes, qui ne sauraient être considérés, comme étrangers, dans l’ignorance de cette situation dont ils sont largement bénéficiaires ; ni la gratuité du travail ménager couplé à « la valorisation démesurée des sentiments maternels et conjugaux » ; ni les différentes luttes des femmes contre ces situations. « Double journée de travail, double femme à tout faire, bien souvent la femme ne cesse d’être au service du monde ».



Quelques citations choisies très subjectivement :



« si la femme du foyer accomplit elle-même le travail ménager, on dit qu’elle « ne fait rien » professionnellement parlant, son travail a la transparence que l’absence des autres membres de la famille lui suppose. Si cette même femme « se fait aider », comme ont dit, le travail domestique est, cette fois, rendu tangible et apparent parce qu’il devient salarié ; mais c’est la personne et non plus le travail qui devient invisible »



« Une besogne interminable devient un travail compté en heures ou à la tâche »



« l’appréhension du travail domestique comme un processus de production, analysable comme tel, est un acquis récent du mouvement féministe »



« Parce qu’il s’agit de la crasse mais surtout parce que c’est une crasse privée, dont les femmes ont la charge d’en débarrasser les autres »



« Le syndicat a brisé l’isolement par la rencontre de travailleuses solitaires. Mais il n’est pas qu’un oasis de liberté ; il permet d’intervenir, à plusieurs, dans une situation individuelle »



« Ceux qui prônent la diversité des fonctions naturelles suivant le sexe sont très forts pour vouloir croire à une égalité réelle (dans la différence) lorsque, par ailleurs, ils s’offrent des bénéfices très matériels de ce partage des tâches ».



Comment penser les libérations, les émancipations, sans s’interroger sur les divisions sexuées et sexuelles du travail, sans questionner le cœur même de « la vie privé » et de ses espaces ?
Lien : http://entreleslignesentrele..
Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Geneviève Fraisse (130)Voir plus


{* *}