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Citations de Georg Trakl (93)


Métamorphose du mal

Automne : marche noire à la lisière de la forêt ; minute de destruction muette ; le front du lépreux aux aguets sous l’arbre nu. Soir passé depuis longtemps, qui sombre maintenant sur les couches de mousse ; novembre. Une cloche sonne et le berger mène au village un troupeau de chevaux noirs et rouges. Sous le taillis de noisetiers, le chasseur vert vide un gibier. Ses mains fument de sang et l’ombre du gibier gémit dans la frondaison au-dessus des yeux de l’homme, brune et taciturne ; la forêt. Des corneilles qui se dispersent ; trois. Leur vol ressemble à une sonate, pleine d’accords pâlis et de mélancolie virile ; un nuage doré fond en silence. A côté du moulin, des garçons allument un feu. Le frère du plus blême est flamme et il rit enfoui dans sa chevelure rousse ; ou bien c’est le lieu du crime, à côté duquel passe un chemin pierreux. Les épine-vinettes ont disparu, à longueur d’année ça rêve dans l’air de plomb sous les pins sylvestre ; peur, obscurité verte, le gargouillement d’un homme en train de se noyer : de l’étang aux étoiles, un pêcheur tire un grand poisson noir, le visage plein de brutalité et de folie. Les voix du roseau, d’hommes se querellant dans son dos, il se balance sur une barque rouge à travers les eaux glacées de l’automne, vivant dans les sombres légendes de sa race, et les yeux en pierre ouverts sur des nuits et des terreurs virginales. Le mal.

Qu’est-ce qui te force à te tenir en silence sur les marches effondrées, dans la maison de tes pères ? Noirceur de plomb. Que portes-tu à tes yeux, avec ta main d’argent ; et tes paupières sombrent comme saoules de pavot ? Mais à travers les murs de pierre tu vois le ciel étoilé, la Voie lactée, Saturne ; rouge. L’arbre nu frappe avec rage le mur de pierre. Toi sur des marches effondrées : arbre, étoile, pierre ! Toi, une bête bleue qui tremble en silence ; toi, le prêtre blême qui l’égorge sur l’autel noir. O ton sourire dans le noir, triste et méchant, au point qu’un enfant blêmit dans son sommeil. Une flamme rouge a bondi de ta main et un papillon de nuit s’y est brûlé. O la flûte de la lumière ; ô la flûte de la mort. Qu’est-ce qui te force à te tenir en silence sur les marches effondrées, dans la maison de tes pères ? En bas un ange frappe à la porte d’un doigt cristallin.

Ô l’enfer du sommeil ; ruelle sombre, jardinet brun. Dans le soir bleu sonne doucement la figure du mort. De petites fleurs vertes voltigent autour d’elle et son visage l’a abandonnée. Ou bien il se penche, devenu blême, sur le front froid du meurtrier dans l’ombre du couloir ; adoration, flamme pourpre de la volupté ; mourant, le dormeur est tombé dans l’obscurité par-dessus des marches noires. Quelqu’un t’a quitté à la croisée des chemins et tu regardes longtemps en arrière. Pas argenté dans l’ombre des petits pommiers estropiés. Le fruit luit pourpre dans les branches noires, et dans l’herbe le serpent change de peau. Ô l’obscurité ; la sueur qui apparaît sur le front glacé et les tristes rêves dans le vin, à l’auberge du village sous des poutres noircies par la fumée. Toi, contrée encore déserte, qui transforme la fumée brune du tabac en îles roses et qui tire du dedans le cri sauvage d’un griffon alors qu’il chasse autour de noirs écueils en pleine mer, au milieu de la tempête et de la glace. Toi, un métal vert et dedans un visage enflammé, qui veut partir et chanter les temps obscurs de la colline aux ossements et la chute en feu de l’ange. Ô désespoir, qui tombe à genoux dans un cri muet.

Un mort te rend visite. Du cœur s’écoule le sang qu’il a lui-même répandu et dans le sourcil noir niche un instant indicible ; sombre rencontre. Toi – une lune pourpre, alors que lui apparaît dans l’ombre verte de l’olivier. Vient après lui une nuit éternelle.

(traduit par Laurent Margantin)
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Au soir, ils portèrent l’Étranger dans la chambre des morts ;

une odeur de goudron, le doux soupir des platanes roux ;

le vol noir des choucas ; sur la place on a relevé la garde,

le soleil aura sombré derrière une toile noire ; toujours reviendra cette soirée enfuie.

Dans la chambre voisine, la sœur joue une sonate de Schubert,

très doucement son rire coule sur la fontaine délabrée.
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Tu es dans le milieu de la nuit profonde

Un rivage mort à la mer muette,

Un rivage mort:

Jamais plus

Tu es dans le milieu de la nuit profonde

Tu es dans le milieu de la nuit profonde

Le ciel dans lequel, astre, tu brûlas,

Un ciel où nul dieu jamais plus n’éclôt,

Tu es dans le milieu de la nuit profonde

Tu es dans le milieu de la nuit profonde

Un non-né dans un doux sein

Et qui jamais ne fut ni jamais ne sera,

Tu es dans le milieu de la nuit profonde

Silence

Au-dessus des forêts luit blafarde

la lune qui nous fait rêver

Le saule au bord de l’étang sombre

pleure sans bruit dans la nuit;

Un cœur s’éteint - et insensiblement

les brouillards débordent et montent -

Silence, silence!
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Crépuscule

Toute souffrance te saccage, te déchire

Et tremble du désaccord de toutes les mélodies

Toi harpe brisée - pauvre cœur

d’où fleurissent les fleurs malades de la mélancolie

Qui a convoqué ton ennemi, ton meurtrier

Qui a volé la dernière étincelle à ton âme,

comme il enlève le divin de cette terre mesquine

Et l’a fit putain, détestable, malade, en dissolution.
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Je suis une ombre loin d’obscurs villages.

À la source du bois j’ai bu

Le silence de Dieu.

Sur mon front vient du métal froid.

Des araignées cherchent mon cœur.

Il y a une lumière qui s’éteint dans ma bouche.

De nuit je me trouvai sur une lande.

« Quelques clôtures entourant l’infinie - non-parole, l’enclos d’une espèce de vide ineffable, voilà à quoi ressemblent ces vers-là. »(Rilke).
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Délirium

La neige noire, celle qui s’écoule des toits ;

Un doigt rouge plonge dans ton front

Dans la chambre nue coulent au fond des névés bleus,

ils sont les miroirs défunts des amants.

En morceaux lourds éclate la tête et cherche le sens

des ombres dans le miroir des névés bleus.

Au sourire glacial d’une jeune fille morte.

Dans des parfums d’œillets pleure le vent du soir.
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Mélancolie

L’âme bleue s’est refermée muette

Dans la fenêtre ouverte tombe la forêt brune

Le silence des bêtes sombres ; dans la profondeur meule le moulin

sur le chemin,, les nuages dévalent,

Ces étrangers dorés. une cohorte de coursiers

jaillit rouge dans le village. Le jardin brun et froid

L’aster tremble de froid, sur la clôture peinte tendrement

l’or des tournesols est déjà presque enfui.

La voix des jeunes filles, la rosée a débordé

dans l’herbe dure et l’étoile blanche et froide.

Au milieu des ombres chères vois la mort peinte

chaque face pleine de larmes et fermée sur elle-même.
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Occident 3

Vous, les grandes villes

de pierres dressées

sur la plaine !

Dans le silence s’en va

celui qui n’a point de patrie

Avec le front enténébré, avec le vent,

les arbres nus sur la colline

Vous les fleuves qui mourrez là-bas

Immense peur

de l’horrible crépuscule

dans les nuées de la tempête

vous les peuples mourants !

Vague blême

se brisant au bord de la nuit

étoiles tombantes
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Plainte

Sommeil et Mort, les sinistres aigles

Des nuits qui cognent contre ma tête :

de l’homme l’image d’or

la vague glacée le noie

dans l’éternité. Sur d’horribles rochers

se brise le pourpre du corps

et la sombre voix se lamente

au-dessus de la mer

sœur au cœur envahi de tempêtes, vois sombrer la barque des peurs

sous les étoiles

le visage silencieux de la nuit ;
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Grodek (dernier poème)
.
Vers le soir, les forêts d’automne retentissent des armes de la mort, les plaines dorées,

les lacs bleus et par-dessus le soleil

encore plus sombre roule ; la nuit enserre

des guerriers mourants, la lamentation sauvage

de leurs bouches en éclat.

Mais en silence s’amoncelle au fond du pâturage

nuée rouge, là vit un dieu coléreux,

le sang est vidé, froid de lune

Toutes les routes débouchent dans la pourriture noire

Sous les rameaux d’or de la nuit et des étoiles,

Vacille l’ombre de la sœur au travers du bois muet

Pour saluer les esprits des héros, les têtes en sang

Et doucement sonnent dans les roseaux les flûtes

obscures de l’automne

Ô deuil plus fier autel d’airain

La flamme chaude de l’esprit nourrit aujourd’hui

une douleur violente,

Les descendants qui ne verront pas le jour.

.
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Les rats

Dans la cour brille blanche la lune d'automne.
Du bord du toit tombent des ombres fantastiques.
Un silence habite les fenêtres vides :
Alors sans bruit surgissent les rats

Qui se faufilent çà et là, sifflant,
Accompagnés d'une touffeur grisâtre
Venue des cabinets que spectrale la lune
Traverse d'un frisson

Et d'avidité ils couinent comme fous,
Envahissant la demeure et les granges
Pleines de grains et de fruits.
Des vents glacés geignent dans l'ombre.
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HOHENBURG


Extrait 2

Croix et soir ;
Celui qui résonne est pris par les bras pourpres de son étoile
Qui monte vers des fenêtres inhabitées.

Ainsi tremble l’étranger dans la pénombre
Quand doucement il lève ses paupières sur de l’humain
Au loin ; voix argentine du vent dans le vestibule.
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HOHENBURG


Extrait 1

Il n’y a personne dans la maison. Automne dans les chambres.
Sonate en clair de lune.
Et l’éveil à l’orée de la forêt crépusculaire.

Toujours tu vois le visage blanc de l’homme
Loin des tumultes du temps ;
Sur ce qui rêve s’incline volontiers la ramure verte.
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