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Citations de Georg Trakl (93)


Un soir d'hiver
Lorsque la neige aux vitres frappe,
Que l’angélus longuement sonne,
La table est mise pour beaucoup
Et la maison est bien garnie.
Maint compagnon en cours d’errance
Arrive par d’obscurs chemins.
L’arbre de grâce a des fleurs d’or,
Puisés au suc frais de la terre.
Le voyageur entre en silence ;
La douleur pétrifia le seuil.
Et l’on voit luire sur la table
Clair et pur le pain et le vin.
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Ein Brunnen singt. Die Wolken stehn
Im klaren Blau...
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. . . L’obscur se calme au murmure du ruisseau, aux ombres humides
Et aux fleurs de l’été, à leur tintement si beau dans le vent.
Déjà s’auréole de crépuscule le front du songeur.
Et s’éclaire une petite lampe, le bien, dans son cœur,
. . . et il te regarde de ses yeux de nuit
Le frère silencieux, pour que l’errance d’épine trouve repos.
. . .
Car il croit en la lumière et toujours s’éveille des minutes noires de la démence
Lui qui souffre sur le seuil pétrifié
Et s’enlacent avec violence la bleuité fraîche et la chute étincelante de l’automne,
La maison silencieuse et les légendes de la forêt,
Mesure et loi et les sentiers lunaires des Séparés.
 
 
Extraits de « Chant du Séparé » / « Gesang des Abgeschiedenen », début 1914
Traduit de l'allemand (Autriche) par Michèle Finck.
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Trois Rêves
 
I
Je rêvais, il me semble, de chute de feuilles,
De lointaines forêts et de lacs sombres,
De l’écho de paroles tristes —
Mais je n’en pouvais comprendre le sens.
 
Je rêvais, il me semble, de chute d’étoiles.
Des larmes implorantes d’yeux pâles,
De l’écho d’un sourire —
Mais je n’en pouvais comprendre le sens.
 
Pareil à la chute de feuilles, à la chute d’étoiles,
Je me voyais venir et m’en aller sans cesse,
Écho impérissable d’un rêve —
Mais je n’en pouvais comprendre le sens.
 
 
II
Dans le miroir sombre de mon âme
Il y a des images de mers jamais vues,
De pays abandonnés, fantasmes tragiques,
Se dissipant dans le bleu, dans l’indécis.
 
Mon âme enfantait des ciels pourpres de sang
Embrasés de soleils géants qui crépitaient,
Et des jardins étrangement peuplés, étincelants,
Qui exhalaient des délices oppressantes, mortelles.
 
Et le puits sombre de mon âme
Engendrait des images de nuits insolites,
Agitées de chants indicibles
Et des souffles de forces éternelles.
 
Mon âme frissonne, sombre de souvenirs,
Comme se retrouvant en toute chose —
Dans des mers et des nuits insondables,
Et dans des chants profonds, sans commencement ni fin.
 
 
III
Je vis beaucoup de villes en proie aux flammes
Et les temps entasser horreur sur horreur,
Et je vis beaucoup de peuples tomber en poussière
Et le vent disparaître dans l’oubli.
 
Je vis les dieux s’abîmer dans la nuit,
Les harpes les plus sacrées, impuissantes, se fracasser,
Et, de nouveau attisée dans la pourriture,
Une nouvelle vie se gonfler vers le jour.
 
Se gonfler vers le jour pour à nouveau périr,
La sempiternelle tragédie
Que nous jouons sans la comprendre,
 
Et dont le tourment ténébreux de folie
Se couronne des douces gloires de la beauté
Comme d’un souriant univers d’épines.
 
 
Deuxième partie – Recueil de 1909 (non publié)
Traduit de l’allemand (Autriche) par Marc Petit et Jean-Claude Schneider.
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CHANT DES PROFONDEURS
  
  
  
  
Du fond de la nuit je fus libéré.
Mon âme s’étonne dans l’immortalité,
Mon âme écoute par-delà espace et temps
La mélodie de l’éternité !
Elle n’est pas le jour et la joie, ni la nuit et la douleur,
La mélodie de l’éternité,
Et depuis que j’ai écouté l’éternité
Je ne sens plus jamais ni la joie ni la douleur !


/ Traduction de l’allemand par Marc Petit et Jean-Claude Schneider
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BALLADE À voix haute chantait, chantait la mer.
  
  
  
  
Un bouffon écrivit trois signes dans le sable,
Une fille pâle se tenait devant lui.
À voix haute chantait, chantait la mer.
Elle tenait une coupe dans sa main,
Qui brillait jusqu’au bord,
Comme le sang rouge et lourde.
Aucun mot ne fut dit — le soleil disparut,
Alors le bouffon lui prit des mains
La coupe et la vida.
Alors s’évanouit la lumière dans sa main,
Le vent effaça trois signes dans le sable —
À voix haute chantait, chantait la mer.


/ Traduction de l’allemand par Marc Petit et Jean-Claude Schneider
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BALLADE La nuit pleure derrière une porte !
  
  
  
  
Un cœur se lamente : tu ne la trouveras pas,
Son pays est bien loin d’ici,
Et étrange est son visage !
La nuit pleure derrière une porte !

Dans la salle de marbre brûlent les lumières,
Ô sourdes, ô sourdes! Quelqu’un meurt ici !
Quelque part un murmure : ô ne viens-tu pas ?
La nuit pleure derrière une porte !

Un sanglot encore : ô s’il pouvait voir la lumière !
Alors partout l’obscurité se fit —
Un sanglot : frère, ô ne pries-tu pas ?
La nuit pleure derrière une porte.


/ Traduction de l’allemand par Marc Petit et Jean-Claude Schneider
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MÉLUSINE
  
  
  
  
À ma fenêtre pleure la nuit —
La nuit est muette, c’est le vent qui pleure,
Le vent, comme un enfant perdu —
Pourquoi pleure-t-il ainsi ?
Ô pauvre Mélusine !

Comme du feu sa chevelure flotte dans la tourmente,
Comme du feu passant sur les nuages, et se lamente —
Alors pour toi, pauvre fille,
Mon cœur dit en silence une prière nocturne !
Ô pauvre Mélusine !


/ Traduction de l’allemand par Marc Petit et Jean-Claude Schneider
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BALLADE
  
  
  
  
Un jardin étouffant : la nuit.
Nous taisions l’effroi qui nous saisissait
Cela a éveillé nos cœurs
Qui succombèrent sous le poids du silence.

Pas une étoile n’éclairait cette nuit
Et personne n’était là qui priait pour nous.
Seul un démon a ri dans l’obscurité.
Soyez tous maudits! Et l’acte fut accompli.


/ Traduction de l’allemand par Marc Petit et Jean-Claude Schneider
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Georg Trakl
Alentour une douce vie pousse en secret,
À travers la verdure se hâtent pas et cœur.
L’amour s’attarde aux haies
Qui s’emplissent d’odeurs.
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“Dans une chambre abandonnée

Fenêtres, parterres multicolores,
Entrent les sons d’un orgue.
Des ombres dansent sur les tapisseries,
Etrange ronde folle.

Embrasés les buissons s’agitent
Et vibre un essaim de moucherons,
Au loin dans les champs passent les faux
Et une eau vieille chante.

Le souffle de qui vient de me caresser ?
Des hirondelles tracent des signes fous.
Doucement se dissipe dans l’illimité
Là-bas le pays des forêts dorées.

Des flammes dansent dans les parterres.
Extase confus de la ronde folle
Sur les tapisseries jaunâtres.
Quelqu’un regarde par la porte.

L’encens répand son odeur douce, et les poires,
Et s’assombrissent verre et coffre.
Lentement s’incline le front brûlant
Vers les étoiles blanches.
***
In einem Verlassen Zimmer

Fenster, bunte Blumenbeeten,
Eine Orgel spielt herein.
Schatten tanzen an Tapeten,
Wunderlich ein toller Reihn (…)”
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Je me trouvai la nuit sur une lande,
Tout pailleté de débris d'astres et de poussière d'étoiles.
Dans la coudraie.
Bruissaient de nouveau les Anges de cristal.
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Aux heures solitaires de l'esprit, c'est chose belle
De s'en aller sous le soleil, au long
Des murailles d'or de l'été.
Les pas bruissent doucement dans l'ombre,
mais sans rompre
Au marbre gris le sommeil du fils de Pan.

Sur la terrasse, le soir, nous bûmes du vin
brun jusqu'à l'ivresse.
La pêche s'empourpre et brûle au creux des feuilles.
Tendre sonate, rire heureux.
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A tes tempes goutte une rosée noire,
Le dernier or des étoiles perdues.
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LA NUIT *



C'est toi que je chante, ravin sauvage,
Montagnes dressées
Dans la tempête de la nuit ;
Ô tours grises
Débordant de grimaces infernales,
De faune ardente,
De rêches fougères, de pins,
De fleurs cristallines.
Tourment infini
D'avoir traqué Dieu,
Doux esprit,
Poussant des soupirs dans la cataracte,
Dans le balancement des pins.

D'or embrasent les feux
Des peuples alentour.
Sur des écueils noirâtres
Se jette ivre de mort
La rougissante fiancée du vent,
La vague bleue
Du glacier
Et gronde
Puissamment la cloche dans la vallée :
Flammes, malédictions,
Et les sombres
Jeux de volupté,
À l'assaut du ciel
Une tête pétrifiée.

* fait partie des Poèmes publiés dans la revue Le Brenner (1914-1915)

/ Traduction de Marc Petit et Jean-Claude Schneider
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Le Soir

Encore est jaune l’herbe, et l’arbre gris et noir,
Mais dans le soir un Vert se lève, crépuscule.
La rivière descend des monts, froide et limpide,
Et sonne, cachée dans le roc ; ainsi tes jambes
Sonnent quand ivre tu les meus. Marche sauvage
Dans le bleu ; et les cris radieux des oiselets.
Déjà très sombre, plus profondément s’incline
Le front sur de l’eau bleuâtre et du féminin ;
Se couchant de nouveau dans la verte ramée du soir.
Pas et mélancolie sonnent en concert dans du soleil pourpre.
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Abandon II

Et là-haut, dans une salle de la tour fissurée, se trouve le comte. Jour après jour.

Il veille sur les nuages ​​qui dérivent sur la cime des arbres, lumineux et purs. Il aime voir le soleil briller dans les nuages ​​le soir quand il se couche. Il écoute les bruits dans les hauteurs : le cri d'un oiseau qui passe devant la tour ou le rugissement retentissant du vent lorsqu'il fait tourner la serrure.

Il voit le parc endormi, terne et lourd, et voit les cygnes tirer à travers les eaux scintillantes - qui nagent autour du château. Jour après jour ! Journée dehors !

Et les eaux scintillent d'un bleu verdâtre. Dans les eaux, cependant, les nuages ​​qui se déplacent sur le château se reflètent ; et leurs ombres dans l'eau brillent radieuses et pures, comme elles.Les nénuphars s'agitent vers lui comme de petites mains de femme morte, et se balancent tristement rêveusement selon les tons doux du vent.

Le pauvre comte regarde tout ce qui l'entoure, mourant, comme un petit enfant fou qui a le destin et qui n'a plus la force de vivre, qui disparaît comme une ombre matinale.

Il n'écoute que la triste petite mélodie de son âme : le passé !

Quand le soir tombe, il allume sa vieille lampe de suie et lit dans de puissants livres jaunis de la grandeur et de la gloire passées.

Il lit avec un cœur fiévreux et retentissant jusqu'à ce que le présent, auquel il n'appartient pas, disparaisse. Et les ombres du passé s'élèvent - énormes. Et il vit la vie, la vie merveilleusement belle de ses pères.

Les nuits où l'orage court autour de la tour, les murs rugissent jusqu'à leurs fondations et les oiseaux hurlent de peur devant sa fenêtre, le comte est envahi par une tristesse sans nom.

Doom pèse sur son âme séculaire et fatiguée. Et il colle son visage à la fenêtre et regarde dans la nuit. Et puis tout semble gigantesque, onirique, fantomatique ! Et terrible. Il entendit la tempête faire rage dans le château, comme s'il voulait balayer tous les morts et les jeter en l'air.

Mais quand l'illusion confuse de la nuit s'enfonce comme une ombre conjurée - tout pénètre à nouveau le silence de l'abandon.
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Abandon

Plus rien ne brise le silence de l'abandon. Les nuages ​​se déplacent sur les cimes sombres et anciennes des arbres et se reflètent dans les eaux bleu verdâtre de l'étang, qui semblent profondes. Et immobile, comme plongée dans une dévotion douloureuse, la surface se repose - jour après jour.

Au milieu de l'étang silencieux, le château s'élève jusqu'aux nuages ​​avec des tours et des toits pointus et en lambeaux. Les mauvaises herbes poussent sur les murs noirs et brisés, et la lumière du soleil rebondit sur les fenêtres rondes et aveugles. Dans les cours sombres et lugubres, les pigeons volent et cherchent une cachette dans les fissures des murs.

Ils semblent toujours craindre quelque chose, car ils volent timidement et précipitamment aux fenêtres. Au fond de la cour, la fontaine éclabousse doucement et délicatement. De temps en temps, les pigeons assoiffés boivent dans un bol de fontaine en bronze.

Un sourd souffle de fièvre souffle parfois dans les couloirs étroits et poussiéreux du château, si bien que les chauves-souris s'envolent d'effroi. Sinon rien ne vient troubler le calme profond.

Mais les appartements sont couverts de poussière noire ! Grand et nu et givré et plein d'objets morts. Parfois, une petite lueur minuscule traverse la fenêtre aveugle, que l'obscurité absorbe à nouveau. Ici, le passé est mort.

Ici, un jour, elle a été gelée dans une seule rose déformée. Le temps passe négligemment à cause de son manque d'essence.

Et tout imprègne le silence de l'abandon.

Personne ne peut plus entrer dans le parc. Les branches des arbres sont mille fois entrelacées, tout le parc n'est qu'un gigantesque être vivant.

Et la nuit éternelle se repose sous l'immense canopée des feuilles. Et un silence profond ! Et l'air est trempé de fumées d'extermination !

Mais parfois, le parc se réveille de rêves lourds. Puis il émane un souvenir de nuits étoilées fraîches, de lieux secrets profondément cachés, puisqu'il a surpris des baisers et des câlins fiévreux, des nuits d'été, pleines de splendeur et de gloire rougeoyantes, depuis que la lune évoquait des images confuses sur le fond noir, de personnes qui étaient gracieusement galants pleins de mouvements rythmés erraient sous son dais de feuilles, se chuchotant des mots doux et fous, avec de beaux sourires prometteurs.

Et puis le parc replonge dans son sommeil de mort.

Les ombres des hêtres cuivrés et des sapins se balancent sur l'eau et un murmure sourd et triste vient du fond de l'étang.

Les cygnes se déplacent dans les eaux miroitantes, lentement, immobiles, dressant rigidement leurs cous minces. Vous déménagez là-bas ! Autour du château mort ! Jour après jour!

Des lis pâles se dressent au bord de l'étang au milieu d'une herbe aux couleurs vives. Et leurs ombres dans l'eau sont plus pâles qu'elles ne le sont.

Et quand certains meurent, d'autres viennent d'en bas. Et elles sont comme de petites mains de femme morte.

De gros poissons nagent curieusement autour des fleurs pâles avec des yeux fixes et vitreux, puis replongent dans les profondeurs - en silence !

Et tout imprègne le silence de l'abandon.
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Untergang
An Karl Borromaeus Heinrich

Über den weißen Weiher
Sind die wilden Vögel fortgezogen.
Am Abend weht von unseren Sternen ein
eisiger Wind.
Über unsere Gräber
Beugt sich die zerbrochene Stirne der Nacht.
Unter Eichen schaukeln wir auf einem
silbernen Kahn.
Immer klingen die weißen Mauern der Stadt.
Unter Dornenbogen
O mein Bruder klimmen wir blinde Zeiger
gen Mitternacht.
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Déclin
à Karl Borromaeus Heinrich

Au-dessus de l’étang blanc
Les oiseaux sauvages se sont enfuis.
Dans le soir souffle de nos étoiles une brise glaciale.
Au-dessus de nos tombes
S’incline la face brisée de la nuit.
Sous les chênes nous balançons dans une barque
d’argent.
Toujours tintent les murs blancs de la ville.
Sous des arcs de ronces
Ô mon frère nous grimpons guides aveugles vers
minuit.
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