Citations de Georg Trakl (93)
Traum des Bösen
Verhallend eines Sterbeglöckchens Klänge –
Ein Liebender erwacht in schwarzen Zimmern,
Die Wang' an Sternen, die im Fenster flimmern.
Am Strome blitzen Segel, Masten, Stränge.
Ein Mönch, ein schwangres Weib dort im Gedränge.
Guitarren klimpern, rote Kittel schimmern.
Kastanien schwül in goldnem Glanz verkümmern;
Schwarz ragt der Kirchen trauriges Gepränge.
Aus bleichen Masken schaut der Geist des Bösen.
Ein Platz verdämmert grauenvoll und düster;
Am Abend regt auf Inseln sich Geflüster.
Des Vogelfluges wirre Zeichen lesen
Aussätzige, die zur Nacht vielleicht verwesen.
Im Park erblicken zitternd sich Geschwister.
Muse du soir
L'ombre
et l'or de la tour de l'église reviennent à la fenêtre fleurie . Le front chaud brûle dans le calme et le silence.
Une fontaine tombe dans l'obscurité des branches de châtaignier -
Là vous vous sentez: c'est bon! dans un épuisement douloureux.
Le marché est vide de fruits d'été et de fils.
Les portes sont harmonieusement noirâtres.
Dans un jardin, les sons du jeu doux peuvent être entendus,
où les amis se réunissent après le dîner.
L'âme aime écouter les contes de fées du magicien blanc.
Le grain que la tondeuse a coupé l'après-midi siffle.
La dure vie dans les huttes est patiemment silencieuse;
La lanterne de l'écurie éclaire les vaches pendant qu'elles dorment.
Ivres par l'air, les paupières s'enfoncent rapidement
et s'ouvrent tranquillement à d'étranges signes astrologiques.
Endymion émerge de l'obscurité des vieux chênes
et se penche sur des eaux lugubres.
Sur la lande
Marcheur dans le vent noir; la pipe sèche chuchote doucement
Dans le calme de la lande. Dans le ciel gris
Suit une procession d'oiseaux sauvages;
Traversez les eaux sombres.
Révolte. Dans une hutte délabrée, la
pourriture flottait avec des ailes noires;
Des bouleaux paralysés soupirent dans le vent.
Soirée dans une taverne abandonnée. Le chemin du retour est enveloppé par
la douce mélancolie des troupeaux au pâturage,
apparition de la nuit: les crapauds émergent des eaux argentées.
paysage
Soir de septembre; Les cris sombres des bergers sonnent tristes à
travers le crépuscule du village; Le feu jaillit dans la forge.
Un cheval noir se cabre puissamment; les boucles de jacinthe de la bonne
Haschen après la ferveur de ses narines violettes.
Tranquillement figés à l'orée de la forêt, le cri de la biche
et les fleurs jaunes d'automne
s'inclinent sans voix sur la face bleue de l'étang.
Un arbre brûlé dans une flamme rouge; les chauves-souris voltigent avec des visages sombres.
Chanson de l'heure
Les amoureux se regardent les yeux noirs, les
blonds, les radieux.
Les bras désireux s'affaiblissent dans l'obscurité .
La bouche bénie a brisé le violet. Les yeux ronds
reflètent l'or sombre de l'
après - midi de printemps, la frange et la noirceur de la forêt, les craintes du soir dans le vert;
Peut-être un vol d'oiseaux indicible, le
chemin de l'enfant à naître dans des villages sombres, des étés solitaires,
Et d'un bleu pourri vient parfois quelque chose de mort.
Le grain jaune bruit doucement dans le champ.
La vie est dure, et le fermier balance la faux avec de l'acier,
le charpentier ajoute d'énormes poutres.
Le feuillage vire au violet en automne; l'esprit du moine
erre à travers des jours sereins; Le raisin est mûr
Et l'air des grandes cours est festif.
Les fruits jaunis ont une odeur plus sucrée; le calme est le rire des
joyeux, la musique et la danse dans les caves ombragées;
Pas et silence du garçon décédé dans le jardin crépusculaire.
enfance
Plein de fruits de l'ancien; l'enfance vivait tranquillement
dans la grotte bleue. À travers le chemin passé,
Où l'herbe sauvage se
précipite maintenant brunâtre, Les branches silencieuses méditent; le bruissement des feuilles
C'est la même chose quand l'eau bleue est teintée dans la roche.
La complainte du merle est douce. Un berger,
sans voix, suit le soleil qui descend la colline d'automne.
Un moment bleu n'est qu'une âme.
A l'orée de la forêt, gibier timide et
repos paisible au fond, les vieilles cloches et les hameaux sombres.
Plus pieux vous connaissez la signification des années sombres, de la
fraîcheur et de l'automne dans les pièces solitaires;
Et des pas brillants continuent de sonner d'un bleu sacré.
Une fenêtre ouverte vibre doucement;
La vue du cimetière délabré sur la colline émeut aux larmes ,
souvenirs de légendes racontés; mais parfois l'âme
s'illumine Quand elle pense des gens heureux, des jours de printemps dorés et sombres.
Psaume
Il est une lumière que le vent a éteinte.
Il est une cruche de bruyère, qu’une après-midi un homme ivre délaisse
Il est une vigne, calcinée et noire des trous pleins d’araignées.
Il est un lieu, qu’ils ont badigeonné de lait
Le fou est mort. Il est une île des mers du Sud,
pour capturer le dieu Soleil. On bat les tambours.
Les hommes représentent des danses guerrières.
Les femmes balancent leurs hanches dans des lianes tordues et des fleurs de feu,
quand chante la mer. O notre paradis perdu.
Les nymphes ont quitté les forêts d’ors.
On enterre l’étranger. Alors se lève une pluie d’étincelles.
Le fils de Pan apparaît sous la silhouette d’un terrassier,
qui dort à midi sur l’asphalte brûlant.
Il est des petites filles dans une cour avec des petites robes pleines d’une déchirante pauvreté !
Il est des chambres, emplies d’accords et de sonates.
Il est des ombres qui se prennent dans les bras devant un miroir aveugle.
À la fenêtre de l’hôpital se réchauffent des convalescents.
Un vapeur blanc sur le canal apporte des épidémies sanglantes.
La sœur étrangère apparaît à nouveau dans les mauvais rêves de quelqu’un.
Reposant dans le bosquet de noisetiers elle joue avec ses ombres.
L’étudiant, peut-être un double, la regarde longtemps de la fenêtre.
Derrière lui se tient son frère mort, ou bien il dévale le vieil escalier en colimaçon.
Dans le sombre des bruns châtaigniers s’estompe la forme du jeune novice.
Le jardin est dans le soir. Dans le cloître, volettent les chauves-souris tout autour.
Les enfants du concierge cessent leurs jeux et cherchent l’or du ciel.
Derniers accords d’un quatuor. La petite aveugle court tremblante par les allées.
Et plus tard son ombre tâte les murs froids, cernés de contes et de légendes
sacrées.
Il est un bateau vide, qui le soir descend le canal noir.
Dans les ténèbres du vieil asile déclinent des ruines humaines.
Les orphelins morts sont couchés contre le mur du jardin.
Des chambres grises sortent des anges aux ailes tachées d’excréments.
Des vers gouttent de leurs paupières jaunies.
La place devant l’église est sombre et silencieuse, comme aux jours de l’enfance.
Sur des semelles d’argent glissent des vies antérieures
Et les ombres des damnés descendent vers les eaux qui soupirent.
Dans sa tombe le magicien blanc joue avec ses serpents.
Silencieusement dessus l’ossuaire s’ouvrent les yeux d’or de Dieu.
Révélation et naufrage (extraits)
…
Et il parla une voix sombre venant de moi
De mon cheval j’ai rompu le cou
au fond de la forêt la plus noire,
quand la folie jaillit de ses yeux pourpres
tombèrent sur moi les ombres des ormes,
le rire bleu de la source
et le froid noir de la nuit
quand je débusquais, chasseur sauvage,
un gibier de neige dans un enfer de pierre.
Mon visage mourut.
…
Mais comme je descendais la sente rocheuse,
la folie me terrassa et je criais,
haut dans la nuit,
et comme je me couchais
avec des doigts d’argent sur les eaux muettes,
je vis que mon visage m’avait abandonné.
Et la voix blanche me dit : Tue-toi !
Gémissante une voix d’enfant se leva en moi
et me regarda, rayonnante,
de ses yeux cristal, au point que je m’abattis
pleurant sous les arbres,
la voûte puissante des étoiles
…
Avec des semelles d’argent,
je descendis les degrés d’épine
et j’entrais dans la chambre blanchie
à la chaux
Calmement, un chandelier y brûlait
et je cachai ma tête
en silence dans les toiles pourpres.
Et la terre rejeta un cadavre d’enfant,
une forme lunaire
qui sortit lentement de mon ombre,
plongea bras cassés
des pierrailles, neige en flocons.
.
Dans l'eau stagnante sombrent les étoiles,
Les tournesols fanés
Tournent vers la terre leur unique oeil noir,
Des larmes d'or
S'accrochent à leur splendeur déchue...
De vieilles places se taisent au soleil.
Absorbées dans le bleu et l'or
Se hâtent, rêveuses, de douces nonnes.
Sous le silence de hêtres lourds.
Ich werde endlich doch immer ein armer Kasper Hauser bleiben.
Gott, nur einen kleinen Funken reiner Freude- und man wäre gerettet; Liebe-und man wäre erslöst.
Psalm
(Karl Kraus zugeeignet)
Es ist ein Licht, das der Wind ausgelöscht hat.
Es ist ein Heidekrug, den am Nachmittag ein Betrunkener verläßt.
Es ist ein Weinberg, verbrannt und schwarz mit Löchern voll Spinnen.
Es ist ein Raum, den sie mit Milch getüncht haben.
Der Wahnsinnige ist gestorben. Es ist eine Insel der Südsee,
Den Sonnengott zu empfangen. Man rührt die Trommeln.
Die Männer führen kriegerische Tänze auf.
Die Frauen wiegen die Hüften in Schlinggewächsen und Feuerblumen,
Wenn das Meer singt. O unser verlorenes Paradies
Triff mich Schmerz! Die Wunde glüht.
Dieser Qual hab' ich nicht acht!
Sieh aus meinen Wunden blüht
Rätselvoll ein Stern zur Nacht!
Triff mich Tod! Ich bin vollbracht.
O, wie lange bist, Elis, du verstorben.
Ton corps est devenu jacinthe,
Un moine y plonge ses doigts de cire
Notre silence est un trou noir
D'où sort de temps en temps une bête très douce
Qui laisse lourdement retomber ses paupières.
Ses tes tempes tombe une rosée noire,
Le dernier or d'étoiles abîmées.
Tremblant sous les étoiles d'automne
Chaque année la tête penche d'avantage.
Tous les chemins du monde mènent à des charognes.
Ein Brunnen singt. Die Wolken stehn
Im klaren Blau...
MÉLUSINE
À ma fenêtre pleure la nuit —
La nuit est muette, c’est le vent qui pleure,
Le vent, comme un enfant perdu —
Pourquoi pleure-t-il ainsi ?
Ô pauvre Mélusine !
Comme du feu sa chevelure flotte dans la tourmente,
Comme du feu passant sur les nuages, et se lamente —
Alors pour toi, pauvre fille,
Mon cœur dit en silence une prière nocturne !
Ô pauvre Mélusine !
/ Traduction de l’allemand par Marc Petit et Jean-Claude Schneider