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Critiques de George Eliot (196)
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Middlemarch

Roman classique par excellence, sans doute le plus connu de l'auteur, et considéré par les Britanniques comme son plus grand succès, "Middlemarch" se définit d'abord comme un roman social. Sous-titré "Etude de la vie de province", le roman entremêle plusieurs trames de vies particulières, issues de l'aristocratie, de la bourgeoisie, de la "middle class" et de la plèbe, jusqu'à constituer une toile serrée, unie, résistante, imperméable, inusable, bref, une oeuvre de grande qualité.



A travers les parcours et relations de Dorothée et Will, de Célia et James, de Mary et Fred, et de Rosemonde et Tertius, c'est tout un pan de la société anglaise de la première moitié du XIXème siècle qui s'offre au lecteur, dans ses contrastes moraux et sociaux. C'est une période charnière dans la politique, les mentalités et les progrès et qui bouscule un schéma profondément ancré dans un sol où poussent néanmoins, irrésistibles, de jeunes et modernes aspirations, celles d'une génération mal à l'aise dans le terreau de ses aïeux.



George Eliot est une femme de lettres qui eut une vie peu commune ; tout d'abord elle se consacra à la presse et à l'écriture - domaines dans lesquels les femmes ont eu bien de la peine à se ménager une place à la force des coudes -, ensuite par ses choix privés - elle vécut notamment hors mariage avec un homme marié pendant de longues années -, enfin par la modernité de sa pensée. Ainsi, je vois dans "Middlemarch" une ode à la femme. Si pour moi Rosemonde est directement inspirée d'Emma Bovary, et Célia et Mary des soeurs Bennett, il n'en va pas de même de Dorothée, l'héroïne principale, dont la forte personnalité, les idées neuves, les projets d'entreprises, le libre-arbitre, les cas de conscience forcent véritablement l'admiration.



"Middlemarch" se veut également un hommage à toutes ces forces invisibles et individuelles qui, à un moment donné et sur des enjeux sans importance nationale, se sont positionnées à contre-courant et ont permis que "les choses bougent".



"Sa nature, débordante comme cette rivière dont Cyrus brisa la force, se répandit en canaux qui n'eurent pas de grands noms sur cette terre. Mais l'influence des vertus de son être agit profondément sur ceux qui l'entouraient : car le bien croissant de la terre dépend en partie d'actes non historiques ; et si les choses ne vont pas aussi mal pour vous et pour moi qu'elles eussent pu aller, remercions-en pour une grande part ceux qui vécurent fidèlement une vie cachée et qui reposent dans des tombes que personne ne visite plus."



Oui, "Middlemarch" est sans conteste un chef-d'oeuvre qu'il est permis à chaque lecteur de découvrir s'il parvient à franchir l'écueil des cent premières pages, particulièrement ardues et rédigées dans un style peu accessible mais qui heureusement s'allège par la suite. Pour cette raison, je comprends très bien les lecteurs qui abandonnent leur lecture - j'ai moi-même parfois renoncé à comprendre certaines phrases au sens desquelles je restais hermétique malgré plusieurs relectures. Mais mon conseil est de persévérer et de découvrir l'oeuvre de cet auteur qui n'a rien à envier à Jane Austen, à Charlotte Brontë et à Elizabeth Gaskell.



"Middlemarch" restera dans ma mémoire comme un grand roman foisonnant, une chronique riche en caractères et en personnalités ; enfin, magistralement construit, de telle sorte qu'on ne peut s'étonner de lui voir accoler l'étiquette d'archétype du roman classique.





Challenge PAVES 2016 - 2017

Challenge Petit Bac 2016 - 2017

Challenge BBC

Challenge ABC 2016 - 2017

Challenge 19ème siècle 2016
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Middlemarch

Je suis gâtée en ce moment avec mes découvertes littéraires !! Je me suis encore une fois régalée avec Middlemarch de George Eliot, pavé de plus de 1000 pages, fantastique histoire d'un petit village d'Angleterre où les destins de plusieurs habitants vont se croiser et où, dès les premières pages, nous nous embarquons dans une formidable aventure !

Le roman se focalise entre autres sur plusieurs couples : celui de Dorothea Brooke et de M.Casaubon, ecclésiastique ennuyeux, puis celui de Dorothea et Will Ladislaw que l'on suit durant toute l'histoire ; le mariage malheureux de Tertius Lydgate, médecin ambitieux mais touchant, avec Rosamond Vincy, vulgaire jeune femme désirant susciter l'admiration de tous ses voisins ; enfin, le couple Fred Vincy / Mary Garth, que j'ai le plus apprécié...

En outre, les personnages sont tous plus intéressants les uns que les autres, offrant une diversité de caractères parmi les individus que le lecteur a la chance de rencontrer...Personnellement, j'ai préféré le personnage de Dorothea Brooke, tellement attachante à travers ses choix, les moments difficiles de son existence, sa générosité envers le médecin Lydgate par exemple, et enfin, l'accès au bonheur à la fin du roman...J'ai également beaucoup aimé l'ensemble des personnages masculins, notamment M.Lydgate, Will Ladislaw ou encore Fred Vincy.



Enfin, George Eliot nous dépeint la société de son époque jusque dans le moindre détail, ce qui nous permet de participer à certaines discussions animées, ou encore de prendre part aux scandales bouleversant le village et ses environs...



Ainsi, j'ai adoré ce merveilleux roman de George Eliot, qui, malgré quelques imperfections (cependant très rares) est bien évidemment l'un des plus grands de la littérature anglaise. J'aimerai conclure ma critique par une citation de Viriginia Woolf au sujet de l'auteure qui figure dans la préface du livre, simplement pour vous donner une avant-goût du talent de cette romancière d'exception : «L'issue fut triomphale pour elle, quel qu'ait pu être le destin de ses créatures ; et quand nous nous rappelons tout ce qu'elle a osé, tout ce qu'elle a accompli, la façon dont, malgré tous les obstacles qui jouaient contre elle (le sexe, la santé, les conventions), elle a cherché toujours plus de savoir, toujours plus de liberté jusqu'au jour où le corps, accablé par son double fardeau, s'effondra, épuisé, nous devons poser sur sa tombe toutes les brassées de lauriers et de roses que nous possédons.»



A lire absolument !!
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Middlemarch

Middlemarch, c’est un roman victorien de 1100 pages, écrit assez petit avec des chapitres denses et de belles phrases bien travaillées, pleines de finesse, d’intelligence et d’ironie et surtout des mots qui ont nécessité plus d’une fois le recours au dictionnaire (vous connaissiez l’adjectif « étique » qui signifie « très maigre » ou la « morbidesse » qui désigne une personne gracieuse et molle à la fois ? bah moi, j’ai appris plein de mots nouveaux !).



Mais Middlemarch, c’est avant tout une description fouillée de la société anglaise du 19 ème siècle, avec ses codes, ses luttes de pouvoir au sein d’un village et ses histoires de cœur.



L’auteur décortique ses personnages minutieusement, elle nous parle de leurs rêves, de leurs espoirs, de leurs envies, de leurs choix de vie, et elle nous montre à quel point chacun s’illusionne au sujet de l’amour, de la vie conjugale et de sa place dans la société.

Nous allons ainsi suivre le quotidien de Dorothea Brook, une noble jeune femme qui aspire à se marier avec un homme qu’elle puisse admirer, quel que soit son âge ou son aspect physique… Cette demoiselle semble sincère mais elle se révèle en réalité assez fatigante avec ses prétentions et sa fausse modestie.

Il y a aussi le nouveau docteur, Tertius Lydgate, qui lui, va tomber amoureux d’une jeune beauté, qu’il trouve délicate, réservée, bref, la quintessence de la future épouse…mais que les hommes sont bêtes parfois !

Et puis, il y a aussi le maire, le banquier Bulstrode, le pasteur Farebrother, des parents désireux de trouver des époux pour leurs filles et toute une ribambelle d’hommes et de femmes honorables et plus ou moins bienveillants, honnêtes, avides de pouvoir, d’amour, de reconnaissance…



L’auteur s’amuse visiblement beaucoup à l’idée de voir ses personnages tomber de haut, se perdre, se rendre compte de leurs erreurs et s’en mordre les doigts et même le bras tout entier pour certains.

J’ai adoré l’écriture de George Eliot, mais il faut du temps et beaucoup de concentration pour lire ce roman social et psychologique qui ne se laisse pas apprivoiser facilement.

Mais franchement, ça valait le coup !
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Le Moulin sur la Floss

Voici un roman qui nous en offre deux en un !



La première moitié évoquant l'adolescence de Maggie et de Tom, son frère ainé, au sein d'une famille menacée par la ruine, et l'impossible amitié entre Maggie et le fils de l'adversaire de son père … plonge le lecteur dans une idylle à la Roméo Juliette, localisée dans l'Angleterre Victorienne rurale.



La seconde partie, quelques années plus tard, voit Maggie devenue adulte et fort séduisante, capter l'attention des hommes et briser les coeurs « à l'insu de son plein grè ». Riche analyse psychologique, nourrie par la vie de son auteur Mary Ann Evans, obligée de se cacher sous le pseudonyme de George Eliot, pour échapper à l'opprobre dans lequel sa liaison avec George Lewes l'avait jetée.



Les pages décrivant l'exécration familiale et publique blessant Maggie, et par ricochet le pasteur, sont d'une saisissante actualité et font du Moulin sur la Floss un chef d'oeuvre à relire de toute urgence en notre époque de délation virale, de rumeurs et de fake news.



Le dénouement, particulièrement triste, de ces sept cents pages contribue au souvenir inoubliable que laisse ce livre apprécié de Proust et de l'impératrice Victoria.



PS : mon regard sur : Une passion pour George Eliot
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Middlemarch

Middlemarch a beau n'être qu'une petite ville de province, elle devient le monde entier sous la plume de George Eliott. En effet, il y a tout dans ce livre : amour sincère et illusion d'amour; honneur et orgueil; ambitions, soucis d'argent et compromissions; secrets de famille et petits arrangements qu'on fait avec sa conscience; mariages heureux et malheureux; grandes âmes un peu ridicules à force d'intransigeance, mais aussi benêts se donnant de grands airs, coquettes superficielles, bigots hypocrites, et heureusement quelques personnages juste sympathiques ! Tout cela sans grande histoire hors du commun, juste le récit de vies quotidiennes, mais avec une finesse dans l'analyse psychologique des caractères et des motivations et une ironie mordante, joyeuse et remarquablement moderne qui rendent la lecture incroyablement plaisante.



Certes, c'est très long, parfois abscons tant il y a de destins entremêlés et de personnages secondaires, et écrit dans un style un peu ampoulé. Donc on peut, comme moi, passer 4 mois à cette lecture, pauses et reprises comprises, et encore 3 semaines pour la critique. Mais franchement c'est très bon ! Ça vaut donc le coup de s'accrocher, ne serait-ce que pour reconnaître ensuite toutes les Rosamond, Casaubon et autres ... qu'on a autour de nous, ainsi heureusement que les Celia, les Garth et les Farebrother. En fait, George Eliott réussit à fustiger les travers humains, petits ou grands, sans verser dans le pessimisme ou le cynisme. Ainsi sa façon d'égratigner les relations de couple, des raisons parfois aberrantes du choix d'un compagnon jusqu'à la grande facilité pour un mari de rendre sa femme malheureuse, et réciproquement, avec lucidité, mais surtout humour et tendresse.



Étant données la pléthore de personnages et les analyses en apparté du narrateur, le lecteur est plus dans l'observation que dans l'émotion. Mais quelle jubilation nait de cette observation, tantôt amusée, tantôt intéressée ou admirative ! Middlemarch m'a donné l'impression que George Eliott était quelqu'un d'étonnant, impression confirmée à la lecture du dossier qui raconte sa vie mouvementée avec un homme marié ou explique son choix de ne pas présenter les couples les mieux assortis par souci de ressemblance avec la vraie vie... Je pourrais écrire une critique enthousiaste presque aussi longue que le livre (1100 pages, tout de même) mais vais m'arrêter en disant simplement que je suis prête à retourner à Middlemarch quand vous voulez.
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Le Moulin sur la Floss

Nous entrons dans la famille Tulliver en 1860 . Le père exploite un moulin sur la Floss, une rivière bien capricieuse mais nécessaire pour le moulin.

Les parents Tulliver ont deux enfants, Tom et Maggie.

Mr Tulliver veut absolument que Tom reçoive une bonne instruction.

Tom et Maggie se chamaillent déjà beaucoup dans l'enfance et se brouilleront pour une très longue période par la suite.

Maggie est une passionnée qui se verra rejetée par la société et par sa famille. Elle sera dans les critiques, comparée à George Eliot elle-même qui menait une existence décriée pour l'époque.

Tom lui, devra abandonner sa belle instruction pour venir en aide à son père, ruiné par un procès qui voulait le priver de l'irrigation par l'eau de la Floss.

Le livre est découpé en sept parties qui constituent des livres à eux seuls.

L'écriture est magnifique mais surtout, George Eliot a de l'humour, dépeint merveilleusement la campagne et le milieu humble de la famille Tulliver, leurs habitudes de vie.

En lisant le livre, j'ai ressenti le même plaisir qu'en observant un tableau de maîtres flamands mais cette fois du XVIIème siècle où on observe les habitants et leurs traditions.

Un très beau roman, très imposant. C'est pour cela que je l'ai lu en plusieurs parties car il me restait encore un exemplaire tout jauni du lycée et je tenais à redécouvrir le roman de façon plus approfondie

Celui-ci, tout neuf, je l'ai reçu des éditions Archipel : Archipoche, envoyé par Mylène que je remercie beaucoup.

Il paraîtra un peu en retard le 4 juin, je crois.



Challenge 19ème siècle

Challenge pavés

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Middlemarch

J'ai noté ce livre depuis longtemps, très longtemps, trop longtemps..... Les 1100 pages du livre m'ont fait hésiter.

Maintenant que je l'ai lu, je me demande pourquoi j'ai autant traîné à le lire. C'est simple : j'ai adoré ce livre, c'est vraiment à ce jour l'un de mes coups de coeur de l'année.

De ce fait j'aimerais trouver les mots pour vous encourager à affronter ce monument de la littérature anglaise du 19e.

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D'abord un style magnifique. Comme c'est joliment écrit ! J'ai savouré chaque phrase. En dépit de l'épaisseur du roman, je n'ai ressenti aucune longueur.

Quant à l'histoire.... Ce roman est sous-titré "Etude de la vie de province". On va s'installer à Middlemarch, ville inventée, petite ville rurale où nous allons croiser différents personnages de différents niveaux sociaux. On va suivre la vie de plusieurs personnages, leurs amours, leurs ambitions, leurs déceptions.... Si vous aimez les études fines, psychologiques, ce livre est fait pour vous. Il prend le temps d'installer plusieurs personnages et les observe dans leur vie, leur quotidien.

L'histoire prend son temps et observe les conséquences de décisions parfois désastreuses. On s'attache aux personnages, on prend le temps de les voir évoluer, aimer, se décourager, réussir ou tout perdre....

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Une mention particulière pour le jeune médecin, un personnage particulièrement attachant. Mais étonnamment c'est sans doute le banquier dont je me souviendrai le plus : il est tout sauf lisse et vraiment intéressant, ou comment le passé peut avoir des conséquences longtemps après....

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C'était le premier roman de George Eliot que je lisais. C'est sûr ce ne sera pas le dernier !
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Middlemarch

Je ne connaissais pas l'écrivaine anglaise George Eliot avant d'en entendre parler par Mona Ozouf, historienne et philosophe, à l'occasion d'une émission sur France Culture cet été.

Celle-ci en a reparlé lors de sa venue à la médiathèque de ma commune il y a quelques mois. Elle m'a définitivement convaincu de me jeter dans les pages de cet énorme roman, Middlemarch, 1152 pages avec les notes.

George Eliot, oui c'est une femme, tout comme George Sand. J'ai découvert que c'était une manière pour elle d'exister dans ce milieu culturel très masculin de la société victorienne. Tout comme George Sand, George Eliot avait en effet pris un pseudonyme masculin pour échapper à la condescendance avec laquelle on traitait à l'époque les ouvrages d'auteurs féminins.

J'ai adoré ce roman, je l'ai trouvé prodigieux, ample forcément par le nombre de pages, mais surtout par l'intelligence qui s'en dégage, traversant les personnages, leurs sentiments, leurs chemins...

Middlemarch est une ville anglaise, inventée par l'auteure, mais qui se situerait dans les Midlands, le récit se déroule de 1829 à 1832, avec pour toile de fond la société anglaise de cette de la première moitié du dix-neuvième siècle, de l'aristocratie aux classes les plus populaires en passant par la bourgeoisie et la classe moyenne. C'est une fresque complète qui nous donne à voir l'ensemble des pans de cette société victorienne.

Ce sont plusieurs histoires qui se croisent, en particulier les intrigues sentimentales tourmentées autour de trois couples... Le décor social et moral tient compte de l'époque, y compris dans l'expression de ces contrastes : la religion, la politique, l'argent, la médecine et puis le mariage...

Middlemarch, c'est un texte habité par l'ambiance conventionnelle de l'époque, et pourtant il s'en dégage quelque chose de moderne qui m'a séduit tout au long de ce récit.

Le mariage et la vie conjugale sont visités par le statut des femmes.

Mais surtout c'est un roman que ne cesse de parler d'amour, avec beaucoup de mélancolie.

J'ai adoré ce foisonnement de personnages à la fois merveilleux et tourmentés, tiraillés par leurs destins. Chaque personnage porte sa singularité.

Parmi ceux-ci, nous découvrons l'héroïne de ce roman, Dorothea Brooke, magnifique personnage féminin empli d'idéalisme et de générosité. Très jeune femme épris de lettres, elle va se marier avec un pasteur bien plus âgé qu'elle, Edward Casaubon, elle est éblouie par son érudition. le mariage sera un désastre. Elle s'éprend alors d'amitié pour un jeune homme qui lui apporte un rayon de soleil dans la grisaille de sa vie, Will Ladislaw. Or, Edward Casaubon en est jaloux et va inscrire un codicille infamant dans son testament, prévoyant que sa femme héritera bien de sa fortune sauf si elle décide d'épouser Will Ladislaw...

J'ai aimé cette manière de l'auteure de tenter, par la voie romanesque, de revisiter le thème de l'amour, ses zones insoupçonnées, au travers de l'étroitesse des vies des personnages, de leurs tourments, de leurs soucis. J'ai aimé sa manière de nous inviter avec délicatesse à entrer dans l'intériorité des personnages de son roman, faire entendre leur coeur battre, tenter de leur apporter un peu de cette lumière nécessaire à éclairer leurs questions, leurs attentes, parfois leurs désillusions.

La vie conjugale est un enfermement, nous dit George Eliot. Son écriture tente de délivrer les héros de leurs tourments, de leurs soucis. Elle y réussit si l'on accepte de penser qu'une vie sans éclat peut cependant être éprise d'essentiel. Parfois, des vies qui ne font pas de bruit, presque invisibles, ignorées aux yeux des autres, peuvent être fécondes... C'est la petite musique de Middlemarch.

Cette fresque est marquée du sceau de la beauté, beauté intellectuelle, beauté morale, beauté esthétique aussi. Ici, les personnages principaux sont beaux, touchés par des destins singuliers, mais ils ne restent jamais enfermés dans leurs points de départs. Cette beauté morale est mise en relief face au caractère vil de certains être croisés. Il y a des conversions, de belles métamorphoses et parfois Dorothea y contribue. C'est un livre qui parle aussi d'amitié, d'empathie et de paroles bienfaisantes, même si parfois l'ironie et la cruauté s'invitent dans les pages... Ce qui est beau ici, c'est la générosité contagieuse de Dorothea.

C'est aussi un livre profondément féministe.

Je referme ce livre ample, ou plutôt cette odyssée dans l'âme humaine, à la façon anglaise, à la manière de George Eliot, à la manière qu'a Dorothea d'aimer les autres avec confiance et humilité. Ah, j'oubliais de vous signaler la très belle préface de Virginia Woolf, c'est déjà le signe d'une magnifique invitation...

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Middlemarch

Olala ! j’ai mis plus d’un mois à terminer ce roman de plus 1000 pages que j’ai trouvé par moments interminable…

C’est à l’occasion du challenge BBC que je me suis mise à la lecture de ce livre. Même si je connaissais le nom de George Elliot, je n’avais cependant jamais envisagé de me lancer dans la découverte de son œuvre, je ne sais d’ailleurs pas trop pourquoi.

Oserais-je le dire ? Je me suis ennuyée par moments lors de la lecture de ce qu’il faut bien qualifier de pavé, je dirais même plus, de très gros pavé…. Peut-être que ce n’était pas le bon moment pour moi d’entamer cette lecture, étant encore sous le charme de la Foire aux vanités de Thackeray et cherchant peut-être inconsciemment une analogie de style et surtout de l’ironie assez féroce de auteur… Donc, oui, je le reconnais, j’ai avancé dans ma lecture à la vitesse d’une limace sous neuroleptiques, ce qui n’est pas peu dire pour ma part, lisant habituellement assez vite, je dois le reconnaitre…

Cependant, difficile de ne pas être intéressée par les destins de certains des personnages de cette histoire. Il faut d’ailleurs dire qu’il en foisonne des personnages et j’ai plus particulièrement été attirée par le destin de Dorothée, jeune femme résolument moderne et celui de Tertius Lydgate, jeune médecin dont la vie et l’avenir seront clairement en lien avec ses choix matrimoniaux. Ce ne sont certes pas les seuls personnages qui méritent que l’on s’attarde sur leur histoire.

Une lecture en demi-teinte donc pour ma part, même si je reconnais clairement à l’auteur une très belle plume….







Challenge BBC

Challenge Pavés 2023

Challenge ABC 2022/2023

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Le Moulin sur la Floss

Grand roman, beaux personnages...Pourtant, à la relecture, je me demande où George Eliot a exactement voulu en venir et quel est le thème réel de son texte.

Tout part de l'opposition de caractère entre Tom et Maggie Tulliver, sa soeur. L'un incarne la raison, la justice, le devoir (d'ailleurs, il ne tombe pas amoureux) et l'autre la passion, l'émotion, l'empathie (elle n'arrête pas de tomber amoureuse de tout et n'importe qui, surtout ceux qu'il lui est interdit d'aimer : le fils bossu du notaire qui a ruiné son père, le fiancé ténébreux de sa cousine Lucy, une des seules personnes qui l'aime et la soutient comme une soeur. C'était à prévoir : pendant son enfance, Maggie avait fait exprès de faire tomber Lucy dans la boue, parce que Tom la punissait en ne lui adressant pas la parole et en ne s'adressant qu'à la douce Lucy. On le voit, les deux frères et soeurs sont coriaces à fréquenter.

Ils ont un moulin sur la Floss...Mais les vicissitudes de la fortune et le caractère emporté de Mr. Tulliver les ruine. A me lire, on dirait que les deux zouaves sont des petits démons, mais ce n'est pas du tout ainsi qu'ils sont présentés. Maggie est une héroïne très tourmentée, torturée, consciente de son "devoir", mais emportée par des passions qui la dépassent et qu'elle n'assume pas (à la différence de la Cathy d'Emily Brontë, dans une certaine mesure). Tom est rigide, droit, mais c'est lui qui détient la force dans la famille...Tout cela est embrouillé, car je ne trouve toujours pas le centre magnétique de tout cela. George Eliot aborde la condition des femmes, les préjugés envers elles, qu'elle démonte à force d'ironie, la bassesse et la mesquinerie de la société à travers le microcosme où évoluent les personnages principaux, soumis aux commérages des voisins, à l'avarice et à la stupidité de leurs proches, tous sexes confondus...Elle aborde la nostalgie de l'enfance, la force des passions, la force du devoir...Mais il y a quelque chose qui m'échappe, qui tient à Tom et Maggie, que je ne comprends pas, et qui ne m'avait pas frappée la première fois. Il faudra donc que je le relise, ce qui sera un grand plaisir.
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Silas Marner

Silas Marner est un modeste et honnête tisserand du Nord de l'Angleterre. Injustement accusé dans sa jeunesse du crime de vol, il quitte sa ville natale, ses amis et sa fiancée, et installe son métier à tisser dans les carrières de Raveloe, bourgade où on le marginalise assez vite puisque étranger mais sans pour autant le rejeter. Silas est un homme solitaire et avare qui ne se mêle pas à la communauté, échaudé par ses déboires passés. Le jour où son magot lui est dérobé, il croit que sa vie n'a plus de sens. C'est alors que la rédemption se présente à lui sous la figure d'une petite orpheline blonde de deux ans qui pourrait bien devenir un trésor plus précieux que son or disparu.



L'entrée dans la lecture n'est pas facile et j'ai eu un peu de mal à situer les personnages dans un premier temps car Silas Marner vit au sein d'une secte religieuse donc les codes m'ont échappé. Et puis, une fois qu'il s'installe à Raveloe et qu'entrent en scène des personnages plus "traditionnels" du roman rural victorien, tout devient plus fluide et j'ai apprécié ma découverte. J'ai même eu la surprise et le plaisir de trouver dans ce roman de George Eliot les mêmes accents que dans certains romans de Thomas Hardy, l'un de mes auteurs fétiches. Nul doute que celui-ci a lu George Eliot et j'aime à croire qu'elle fut pour lui une source d'inspiration. La même douceur et la même précision se dégagent de leurs narrations.



J'ai aimé l'histoire de Silas Marner, la simplicité de sa personne, son humanité ; son parcours m'a touchée. La plume de George Eliot m'a procuré ce plaisir ineffable si caractéristique de la période. L'auteure fouille davantage ses personnages que ses descriptions ; il en résulte un roman court et rythmé, à l'opposé de son célèbre et tout aussi talentueux "Middlemarch".





Challenge XIXème siècle 2018

Challenge MULTI-DÉFIS 2018

Challenge PLUMES FÉMININES 2018

Challenge ABC 017 - 2018
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Middlemarch

"Ayez pitié de l'être accablé; cette souffrance vagabonde

Peut nous rendre visite, à vous et à moi."

Parmi les nombreuses épigraphes qui jalonnent cette vaste fresque provinciale, en voici une que chacun des habitants de Middlemarch mis en avant dans le roman pourrait prendre à son compte, aussi vrai que tous subissent tour à tour coup du sort ou du destin : qui pour un mariage malheureux, qui pour une filiation difficile, qui pour un passé qui le rattrape.

Et pourtant les êtres forts ne manquent pas dans ce petit village aux mœurs corsetés de Middlemarch, à commencer par la pure Dorothea, mal mariée au poussiéreux et pervers savant Casaubon, et dont la beauté lumineuse éclaire en creux celle de la sombre et égotiste Rosamond, qui elle-même fera le malheur du fougueux Lysgate, médecin hors normes que le corps social conservateur de Middlemarch n'aura de cesse de chercher à rejeter. Entre ces eux femmes, Ladislaw le mal-né cristallisera toutes leurs espérances décues, avant de parvenir à sortir par le haut.

Ajoutons un banquier véreux, des aristocrates accrochés à leurs conservatismes, une ridicule tentative de carrière politique lamentablement avortée par l'un d'eux : George Eliot se fait plaisir à croquer avec une ironie mordante ce petit monde étroit où les grandes âmes peinent à se déployer, tout en couvant ses personnages d'une plume pleine de verve, d'empathie et de hauteur de vue, avec une tendresse particulière pour la famille Garth qui, positionnée moins haut dans l'échelle sociale du village, échappe aux carcans moraux qui régissent la vie des autres.

J'ai pris un immense plaisir à dévorer en trois jours, canicule aidant, ce gros roman à l'intrigue simple mais palpitante et à plonger dans l'analyse ciselée comme une dentelle de l'évolution de chaque personnage en prise avec son époque et ses sentiments. Magnifique classique!

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Middlemarch

Se déroulant dans les années 1831 à 1832, dans la petite ville fictive de Middlemarch, le roman met en scène plusieurs intrigues sentimentales autour de deux personnages phares, Dorothea, une belle jeune fille pétrie d'intellect et d'idéalisme, qui aspire à se rendre utile aux autres, et Lydgate, un jeune médecin cherchant à imposer ses idées progressistes, qui tous deux vont se fourvoyer dans leurs choix amoureux. Autour d'eux gravitent de nombreux personnages secondaires qui représentent toute la société que l'on peut trouver dans une petite ville de province de l'époque : forte représentation des ecclésiastiques avec pasteurs et vicaires, métayers, régisseurs, banquier, maire, institutrice, jeunes filles à marier et vieilles filles charitables etc. Leur évolution est passionnante et l'intrication de leurs destins nous tient en haleine jusqu'à la fin du roman.



J'ai aussi beaucoup aimé la profondeur et la justesse des analyses psychologiques menées par la romancière pour expliquer le cheminement intime des pensées qui guident les actes de ses personnages. On ne trouve plus dans la littérature d'aujourd'hui une telle richesse d'analyse dans les portraits et cette exploration que George Eliot fait de la psyché est réellement impressionnante.



Outre les intrigues sentimentales et déboires financiers ou professionnels de tout ce microcosme, le roman contient une forte dimension historique puisqu'il se déroule à une période charnière de l'histoire de l'Angleterre, à un moment où de nombreuses réformes se mettent en place : révolution industrielle qui s'applique même dans les provinces avec l'arrivée du rail, progrès scientifiques que l'on perçoit avec le personnage de Lydgate, qui entend bien appliquer une médecine débarrassée de tout charlatanisme et secouer les mentalités en modernisant l'hôpital, réforme politique qui voit s'affronter whigs et tories...



Middlemarch est dense, riche de thématiques diverses et l'on comprend sans peine qu'il soit considéré comme le chef d'œuvre de George Eliot. Pourtant, même si je l'ai beaucoup aimé, je lui préfère Le Moulin sur la Floss, sans doute moins ambitieux et plus mélodramatique mais dont les personnages m'ont bien plus touchée.



Challenges multi-défis 2022

Challenge plumes féminines 2022

Challenge XIXème siècle 2022
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Middlemarch

Dorothéa et Celia sont orphelines. Elles vivent à Middlemarch chez leur oncle, l'étourdi M. Brooke.

Dorothéa entière, généreuse, pleine d'idéaux, pense trouver en M. Casaubon, le mari parfait pour elle, même si le triste sire, de près de 30 ans son ainé, n'a rien pour plaire.

Très vite elle s'aperçoit qu'elle s'est trompée, que son mari ne fait rien pour l'impliquer dans sa grande tâche, un recueil qui synthétiserait toutes les mythologie. D'ailleurs, s'avouera-t-elle que la grande tâche en question n'aboutira jamais, qu'elle est vaine ?

Celia, quant à elle, accepte d'épouser Sir James Chattam que Dorothéa avait repoussé. Elle vit heureuse et s'inquiète beaucoup du sort de sa soeur qu'elle voit vite s'étioler aux côtés du triste bonhomme Casaubon.

Au même moment, s'installe à Middlemarch, le Dc Lydgate. Ambitieux, moderne, il s'attire très vite des rancunes par ses principes, ses méthodes qui vont à l'encontre des habitudes de soins traditionnelles.

Quand il tombe amoureux de la belle mais superficielle Rosamund on devine qu'il va souffrir. Son épouse ne pense qu'aux fanfreluches, aux diners, à s'élever dans la société et très vite le ménage adopte un train de vie bien au-dessus de ses moyens.

Il reste un couple à suivre.

Fred Vincy, le frère de Rosamund, est amoureux de Mary Garth. Si la jeune femme est qualifiée de « pas très jolie » elle a indéniablement de la séduction car Fred après des paris risqués, gagés par le bon M. Garth, craint de l'avoir perdue à jamais et voit d'un mauvais oeil le révérend Farebrother sous son charme.

Comment vont se dénouer toutes ces histoires auxquelles il faut ajouter la présence si gênante aux yeux du sinistre Casaubon de son jeune cousin, le beau Will Ladislaw, subjugué par la beauté de Dorothéa ?

Les langues vont bon train à Middlemarch. Tout le monde commente les évènements, le mode de vie adopté par les uns, les choix fait par les autres. Chacun prend parti.

Voici un roman que je voulais lire depuis un temps certain.

Je dois bien admettre que j'ai eu bien du mal à entrer dans cette petite société middlemarchienne. L'intrigue est très longue à être posée. Certains passages du début sont bien longs.

Lu dans la cadre d'une lecture commune, je dois avouer que les encouragements et l'enthousiasme de certaines, et oui que des femmes, m'ont motivé à poursuivre… et grand bien m'en a pris car ce roman est d'une grande richesse de style, de psychologie des personnages. Tous sont fouillés à l'extrême.

Certains sont détestables à souhait. Les égoïstes d'abord avec Casaubon bien sûr mais aussi l'inconstante Rosamund et son aplomb à n'en faire qu'à sa tête.

Le banquier Bulstrode m'a particulièrement répugné. Que la religion soit son pilier, grand bien lui fasse. Qu'il passe son temps à faire la morale et à juger leurs moeurs de ses voisins : voilà qui est fréquent. Mais les révélations sur les origines de sa fortune m'ont fait apprécier son déshonneur.

D'autres sont très attachants. Si Dorothéa m'a semblé un peu trop « sainte » pour me plaire vraiment, Lydgate un peu trop rigide, j'ai eu un attachement particulier pour Fred et Mary, pour Will, mais en fait ce sont surtout des personnages « secondaires » qui ont eu ma faveur. M. Brooke et ses tics de langage, ses résumés à l'emporte-pièce, la bonté et la modestie de M. Garth, le couple Cadwallader…

Une oeuvre séduisante par son côté so british, suranné.

Merci à @Gaphanie à @Thrinecis à @Qu_est_ce_je_lis à @Bidule62 à @Ptitmousse et à @Pas-chacha de m'avoir accompagnée dans cette lecture.

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Middlemarch

Étude de la vie de province, tel est le sous-titre de ce roman qui se situe au moment de la mort de George IV en 1830. Et c’est bien à la participation à la vie d’une petite ville pendant quelques années que nous convie George Eliot. A ceci près tout de même qu’il y est surtout question de personnes bien nées, les villageois n’y sont que des figurants.

Mr Brooke et ses deux nièces Dorothée et Célia, les Vincy et leurs deux grands enfants Fred et Rosemonde, Mr Casaubon, un clergyman érudit et son jeune cousin Will Ladislaw, le jeune médecin ambitieux Lydgate et le landlord James Chatham, les Garth, d’un rang inférieur et parmi leurs enfants, Maria d’âge nuptial. Tous ces jeunes gens (ou moins jeunes) se courtisent, s’aiment, se marient pour le meilleur ou pour le pire.

Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi la vie politique et sociale de cette petite ville avec la campagne pour les élections du Bill de réforme sur le système électoral, le souci de Dorothée d’assurer aux paysans des demeures plus salubres, l’arrivée du chemin de fer et la méfiance qu’il engendre auprès des fermiers, la gestion d’un nouvel hôpital et la concurrence entre les médecins « vieille école » et les nouvelles méthodes que Lydgate essaie d’instaurer. Et toujours la place de la femme, sa soumission obligée au mari, l’impossibilité pour elle de se réaliser par des actions sauf éventuellement par le biais de la charité. Et puis outre les cinq mariages, deux enterrements.

Plus de mille pages pour décrire cet univers. Je ne peux pas dire que je me suis ennuyée, mais je n’ai pas non plus été transportée. Je ne saurai dire exactement pourquoi, je n’ai pas vraiment de reproche à formuler. J’ai parfois trouvé qu’il y avait trop de choses dans ce roman, mais c’est justement la volonté de l’écrivaine, ce n’est donc pas un défaut. Peut-être est-ce la difficulté à entrer dans certaines préoccupations et façons de penser de l’époque.

Tous les personnages cités plus haut et quelques autres, le vieil oncle à héritage Featherstone, le banquier Bulstrode sont décrits en détails dans leurs actions et leurs sentiments, le révérend Farebrother et sa famille. Ils ne sont pas manichéens mais complexes. Beaucoup sont très attachants, Dorothée un peu ridicule à mon avis au début devient remarquable par sa droiture, Lydgate et son idéalisme de médecin mais surtout pour moi Caleb Garth ainsi que son épouse et sa fille Marie.

L’aspect féministe de ce roman prend d’autant plus de sens quand l’on sait que Mary Ann Evans, vrai nom de George Eliot, a eu une vie en dehors des conventions, non seulement elle était auteur à une époque où c’était difficile pour une femme, mais elle a vécu ouvertement avec un homme en dehors du mariage, ledit homme étant encore marié.



Malgré ma petite réserve je lui attribue 5 étoiles, car il est indéniable qu'il s'agit d'un chef d'œuvre, c'est plutôt moi qui n'ai pas su totalement l'apprécier.



Challenge ABC 2015-2016

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Le Moulin sur la Floss

Comment ne pas s'attacher à Maggie, cette héroïne romantique - et tragique- du 19ème siècle anglais? Le pays est en pleine transformation industrielle, enrichissant ceux qui ont le nez creux et laissant sur le chemin les autres. Le père et la famille de son père sont de ceux-là, tandis que les soeurs de sa mère, bien mariées, se voient évoluer dans le confort et l'opulence.

Maggie, notre héroïne, a depuis sa plus tendre enfance un caractère émotif, intense et impulsif qui lui apporte beaucoup de malheurs et une mauvaise opinion de la part de ses tantes; Rien pourtant ne la fera céder au conformisme. Particulièrement intelligente et douée, elle souffre de son statut de fille en ce siècle où les femmes se destinent à servir l'homme et le foyer. Sa rencontre avec le fils de l'ennemi numéro un de son père, Philip Wakem, va lui apporter un peu de cette élévation intellectuelle et artistique dont elle a tant besoin, mais aussi de la tendresse et de l'affection. Malheureusement, l'amour qu'elle porte pour son frère Tom, opposé à cette relation au nom de leur père, l'obligera à y renoncer.

On est au coeur d'un drame social et romantique tout au long de ce roman qui déroule inexorablement sa trame tragique. La faute aux convenances, au puritanisme de cette époque? Les personnages de ce roman en sont finalement, tous, plus victimes que coupables d'intolérance.

George Elliot dépeint avec beaucoup de subtilité et de sensibilité ces convictions propres à chacun d'eux qui les poussent à agir; Quant à Maggie, son intégrité, son attachement aux valeurs développées dans son enfance l'entraîneront malheureusement à sa perte.



Malgré quelques interventions empruntées au cours du récit de la narratrice que j'ai trouvées un peu passéistes et maladroites, , j'ai été happée par ce roman social mais aussi profondément romantique.

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Romola

L'auteure anglaise George Eliot est connue pour sa poésie et quelques romans, principalement Adam Bede, le moulin sur la Floss, Silas et Middlemarch. Pourtant, elle en a écrit un autre qui lui tenait particulièrement à coeur. Pour reprendre ses propres paroles : « There is no book of mine about which I more thoroughly feel that I could swear by every sentence as having been written with my best blood. » Pourtant, le sujet ne saurait être plus loin de la réalité de l'auteure. En effet, Romola se déroule à Florence à la fin du XVe siècle. Je ne le savais pas quand j'ai emprunté ce bouquin à la bibliothèque. Ici, je dois admettre qu'il s'agit d'une de mes destinations préférées. La dernière fois que j'y suis allée, c'était il y a deux ans à peine et, récemment, j'ai regardé la série télévisée I Medici. Quelle coïncidence!



Ceci étant dit, George Eliot a passé des mois à faire des recherches sur Florence, les lieux, leur histoire mais aussi sur la Renaissance et des personnages historiques comme Savonarole, Machiavel, Charles VII de France, le pape Alexandre VI et plusieurs autres. Je suppose que, en 1862-1863, ce n'était pas si facile. Quoiqu'il en soit, ces recherches fructueuses furent très utiles et, surtout, bien employées. J'avais l'impression d'y être.



L'intrigue tourne autour de la jeune et ravissante Romola, fille d'un bourgeois de la ville. Très rapidement, elle tombe sous le charme d'un aventurier grec et l'épouse. Toutefois, le vrai caractère se Tito Melema se révèle mauvais et la Florentine se tourne vers la religion pour le réconfort. Au même moment, soit en 1492, Laurent de Médicis est mort, son fils et successeur Pierre n'est pas à la hauteur, les Français envahissent l'Italie. Profitant de la situation et du vide politique, le père Savonarole encourage les gens à se détourner des vanités. Ses prêches rencontrent un succès fulgurant auprès de la population mais elles inquiètent l'élite et les artistes.



Le début de ce roman m'a captivé, je retrouvais l'atmosphère de Florence, de cette ville unique, avec ses ruelles, ses monuments. Les protagonistes (l'ingénue et le profiteur) n'étaient pas les plus originaux mais ils ont réussi à m'intéresser à leur sort. Ironiquement, c'est le contexte qui joue autant en leur faveur qu'en leur défaveur. L'univers de la Renaissance était merveilleux mais l'intrigue de Romola me paraissait diluée dans celle des bouleversements de l'époque. Un peu trop? On perd la jeune femme des chapitres entiers pendant que la narration s'attarde sur les événements touchant la région et les personnages historiques. Et ce, à plusieurs reprises.



Bref, la formule de Romola me rappelle celle des romans fleuves du siècle dernier. Je veux dire, l'autre avant. Vous savez, ces romans aux longs passages descriptifs, aux chapitres qui arrêtaient l'action en brossant des tableaux interminables. (Ici, j'ai un horrible flashback à la description de Paris à vol d'oiseau que Hugo a étiré sur 75 pages!). C'est peut-être pour cela que Romola est peu connu. Je serai bien en mal de trouver des endroits en particulier où couper dans ce roman mais cette impression de longueur ne me quittait pas pendant ma lecture. Ceci étant dit, je ne regrette pas cette lecture, j'ai aimé plonger dans la Renaissance florentine.
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Middlemarch

Quelle dégustation! Malgré étoffé en nombre de pages, on se presse toujours à retrouver ce livre sublime, exonéré d'une délicatesse pondérée. Le plaisir est plus qu'enthousiaste de retrouver ses personnages épurés avec brio qui, interviennent avec parcimonie chacun dans son univers, et l'auteure perpétue avec aisance les instants quant à façonner leurs caractères. Leur allégresse et leurs déboires nous atteignent profondément. C'est avec remord qu'on les abandonne après une longue route jalonnée d'aventures qui dépeignent la vie provinciale de cette vieille société du XIXe Siècle. Dans ce monde champêtre, tout le monde connait tout le monde, et regarder ce qui se trame dans la maison de l'autre s'apparente à un devoir civique. Une sonnette d'alarme ne tarde pas à carillonner une fois que les lois du bon sens semblent enfreints par un individu, l'abandon est immédiat et total. Et ça devient plus irrémissible quand il s'agit d'un homme aussi influent, zélé que M. Bulstrode, un banquier dont la fortune s'avère incontournable pour la réalisation de certaines activités communautaires. La décrépitude vient frapper l'honneur du banquier. Une fois que ses adversaires aient donné l'alerte, comme des moutons de panurge, tous les habitants de Middlemarch l'abandonnent sur son sort. On lui pardonne d'être riche mais on ne lui pardonne pas l'origine douteuse de cette fortune extorquée par des activités frauduleuses.



Middlemarch, c'est beaucoup plus une fresque de la vie amoureuse. On assiste à des amours qui se créent sur des apparences insidieuses et qui conduisent à des mariages plus ou moins flottants. George Eliot nous le dénote à travers la vie de quatre couples qu'on côtoie depuis leur genèse, passant par leur extension, jusqu'à leur éclatement. Il se mêle des natures difficiles à appréhender dans une vie à deux. Un savant obsédé par ses recherches n'a d'yeux que pour ses livres que d'admirer la beauté de sa femme, une fille frivole dont le seul souci est le paraitre ne saura regarder dans la même direction avec un mari dont l'honneur chavire du jour au jour...mais entre toutes ces natures, celle qui nous marque est celle de Dorothée, une femme sobre, austère et serviable, une femme qui renonce à la fortune au profit de la pureté...

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Middlemarch

C'est d'un pas léger que l'on pénètre dans Middlemarch. La vie suit son cours dans la rurale province des Midlands de 1829 à 1832.

Les lendemains se présentent sous les meilleurs auspices pour les jeunes personnes aspirant au mariage. L'exigence intellectuelle et spirituelle de Dorothée convaincra facilement son oncle d'épouser le sévère recteur M. Casaubon, futur auteur des ambitieuses « Clés de toutes les mythologies » et la belle Rosamond séduira rapidement le savant Dr Lydgate. Toutefois tout n'est pas si rose et dès le début on sent bien que ces mariages sont assez mal assortis.

Le roman alterne intrigues amoureuses et chronique villageoise entremêlant subtilement les deux.

Nombreux sont les lieux d'observations où l'on rencontre cupidité et étroitesse d'esprit. Mariages, enterrements, héritages, vente aux enchères, réceptions, réunions politiques véhémentes, querelles religieuses en sourdine, sans oublier l'arrivée du chemin de fer qui va traverser les terres middlemarchiennes. Des joutes oratoires, des réparties et des passages savoureux.

George Eliot s'en donne à cœur joie, à l'aise dans tous les registres de l'ironie au sérieux, de la poésie bucolique à la cocasserie, des considérations philosophiques aux détails triviaux.

Pas de zones d'ombre, l'auteur est omnisciente et dévoile le « for intérieur » de chacun. Le lecteur a une longueur d'avance sur les acteurs du récit. Mais si le déroulement des événements devient prévisible, il n'en est pas de même de l'évolution des personnages. Les méandres de leur conscience ne laissent pas de nous surprendre . Les réactions des personnages clés ne sont pas celles qu'on attend. Elles obéissent à de fortes injonctions de noblesse d'âme ou de générosité. Et puis George Eliot se plaît à nous égarer et sème incidemment des indices laissant prévoir un retournement de situation. Dorothea et le Dr Lydgate vont-ils finir par se trouver ? Le choléra qui arrive à Londres va-t-il atteindre Middlemarch et sauver opportunément le prévoyant Dr Lydgate d'une situation financière et sociale désespérée ?

Un roman d'une érudition certaine qui n'évite pas non plus les développements cérébraux. Il résiste à une lecture facile. Un roman qui se prête aux exégèses. L'immersion dans ce long roman envoûtant laisse un goût amer à mon âme de midinette. Les destinées des personnages ne seront pas vraiment à la hauteur de leur aspiration. Leur vie semble faite de compromis nécessaires

« La croissance du bien dans le monde dépend en partie d'actes qui n'ont rien d'historique...on [la] doit un peu au nombre d'êtres qui mènent fidèlement une vie cachée avant de reposer en des tombes délaissées ».
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Le Moulin sur la Floss

Plus connue pour son roman "Middlemarch", George Eliot signe toutefois ici un roman tout aussi complet et fascinant. Difficile de garder à l'esprit qu'il s'agit seulement de son second roman tant le style est affirmé et la construction romanesque sans lacune.



George Eliot est une femme de lettres anglaise plutôt mal connue des lecteurs français mais adulée par les lecteurs britanniques et on ne saurait leur tenir rigueur de ce favoritisme tant la vie et la carrière de George Eliot sont riches de rebondissements et de productions, ces dernières d'une profondeur psychologique louée à la fois par les critiques et les lecteurs.



Le réalisme tant vanté de ses descriptions imprègne ses romans d'une couleur très particulière et l'humour plein de mordant - qui n'est pas sans rappeler Jane Austen - rend ses personnages extrêmement attachants.



Dans "Le moulin sur la Floss", le lecteur suit l'enfance puis la jeunesse de Maggie, enfant mal dans sa peau et incomprise, très dépendante de l'affection de son frère Tom, facétieux et plutôt égoïste. Au fil de leurs deux jeunes existences, les rencontres, les rancœurs et les événements vont leur tisser un avenir complexe qui ne sera pas simplifié par leurs affections sentimentales.



Le personnage de Maggie m'a irrésistiblement fait penser à celui de Bathsheba Everdene ("Loin de la foule déchaînée", Thomas Hardy) dans son besoin d'indépendance coriace. Une figure féminine superbe et d'une modernité époustouflante pour l'époque, rappelons que "Le moulin sur la Floss" est paru en 1860. D'ailleurs, pour moi il ne fait pas l'ombre d'un doute que George Eliot a inspiré un très grand nombre d'écrivains, à commencer par mon bien-aimé Thomas Hardy.



Je recommande très vivement ce roman, un classique à l'envergure universelle et intemporelle.





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Ce roman a été adapté par la BBC en 1991 avec Iain Glen, Susannah Harker et Patsy Kensit :

Middlemarch
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