Citations de Georges Bernanos (989)
Veux-tu que je te dise ? Je vous baise tous, veillants ou endormis, morts ou vivants. Voilà la vérité. Mes délices sont d’être avec vous, petits hommes-dieux, singulières, singulières, si singulières créatures ! A parler franc, je vous quitte peu. Vous me portez dans votre chair obscure, moi dont la lumière fut l’essence –dans le triple recès de vos tripes –moi, Lucifer…
A seize ans, Germaine savait aimer (non point rêver d’amour, qui n’est qu’un jeu de société)… Germaine savait aimer, c’est-à-dire qu’elle nourrissait en elle, comme un beau fruit mûrissant, la curiosité du plaisir et du risque, la confiance intrépide de celles qui jouent toute leur chance en un coup, affrontent un monde inconnu, recommencent à chaque génération l’histoire du vieil univers.
Ma pauvre enfant, un poisson ne saurait vivre hors de l'eau, mais un chrétien peut très bien vivre hors la Loi. Que nous garantissait la Loi ? Nos bien et nos vies. Des bien auxquels nous avons renoncé, une vie qui n'appartient plus qu'à Dieu... Autant dire que la loi ne nous servait pas à grand-chose.
A' partir d'un certain age , la gloire s'appelle revanche .
En juillet 1937 , parut la lettre collective de l'épiscopat espagnol en soutien au franquisme . Cette lettre était signée par la quasi totalité des évêques et archevêques qui exprimaient leur approbation plébiscitaire à la dictature franquiste et leur volonté d'engager les forces de dieu pour lutter contre les forces du mal ( le camp républicain ) par tous les moyens possibles .
Les signataires étaient :
- Isidoro , cardinal Goma y Tomas ................archevêque de Tolède .
- Eustaquio , cardinal Iliundain y Esteban .... " " de Séville .
- Prudencio , ..................................................... " " de Valence .
- Manuel , ......................................................... " " de Burgos .
- Rigoberto , ...................................................... " " de Saragosse
- Tomas , ........................................................... " " de Santiago
- Agustin , .......................................................... " " de Grenade ,
Alméria , guadix et Jaen .
- José , ................................................................ " " de Majorque
- Adolfo , ......................................................Évêque de Cordoue et Ciudad Real
- Antonio , .................................................... " " d' Astorga
- Léopoldo , .................................................. " " de Madrid et Alcala
- Manuel , ..................................................... " " de Palencia
- Enrique , .................................................... " " de Salamanca
- Justino , ...................................................... " " d'Urgel
- Miguel de los Santos , .............................. " " de Carthagène
- Fidel , .......................................................... " " de Calahorra
- Florencio , .................................................. " " d'Orense
- Rafael , ...................................................... " " de Lugo
- Félix , .......................................................... " " de Tortosa
- Albino , ....................................................... " " de Ténériffe
- Juan , .......................................................... " " de Jaca
- Juan , .......................................................... " " de Vich
- Nicanor , .................................................... " " de Tarazona et Tudela
- José , ........................................................... " " de Santander
- Feliciano , ................................................... " " de Plasencia
- Antonio de Chersonèse , .......................... " " de Crète et d'Ivice
- Luciano , ..................................................... " " de Ségovie
- Manuel , ...................................................... " " de Zamora
- Manuel , ...................................................... " " de Curio et de Ciudad-
Rodrigo
- Lino , ............................................................ " " de Huesca
- Antonio , ...................................................... " " de Tuy
- José Maria , ................................................. " " de Badajoz
- José , ............................................................ " " de Gérone
- Justo , ........................................................... " " d'Oviedo
- Francisco , ................................................... " " de Coria
- Benjamin , ................................................... " " de Mondoñedo
- Tomas , ........................................................ " " d'Osma
- Anselmo , .................................................... " " de Teruel- Albarracin
- Santos , ....................................................... " " d'Avila
- Balbino , ...................................................... " " de Malaga
- Marcelino , .................................................. " " de Pampelune
- Antonio , ..................................................... " " des Canaries
- Ylario Yaben , vicaire de Siguenza
- Eugenio Domaica , vicaire de Cadix
- Emilio F Garcia , vicaire de Ceuta
- Fernando Alvarez , vicaire de Leon
- José Zurita , vicaire de Valladolid
- Tous les prêtres d'Espagne , pour la plupart modestes , pour la plupart éloignés du pouvoir et pour la plupart proches du peuple , se plièrent de gré ou de force aux principes promus par cette lettre de soutien inconditionnel au général Franco et durent mettre leur soutane par-dessus leur conscience . Nombreux furent ceux qui le payèrent de leur mort .
A présent, tu sais ce qu'elles valent, les promesses des hommes ? Tous des menteurs, (...).
Et puis quoi ? Que voulez-vous dire? interroge le vieil homme avec colère .
Comptez-vous sur moi pour vous enlevez aux votres ? Ai -je l 'air d 'un ravisseur
d 'enfants ? Hélas ! vous vous ressemblez tous ; pas un de mes élèves ,jadis,
qui n ' fait le projet de me suivre , comme vous dites ,au bout du monde .IL n ' y a
pas de bout de monde ,cher garçon,
En France, vous ne savez plus guère ce que c’est qu’une race, vous avez trop d’esprit, vous vous en tirez avec un éclat de rire – et c’est vrai que le rire délivre, le vôtre, le rire à la française. Je n’ai jamais pu rire comme vous. Je ne pourrais pas. Une race comme la nôtre, quel fardeau !
" Les petites choses n'ont l'air de rien, mais elles donnent la paix "
C'est une folle imprudence d'avoir déraciné les imbéciles, vérité qu'entrevoyait M. Maurice Barrès. Telle colonie d'imbéciles solidement fixée à son terroir natal, ainsi qu'un banc de moules au rocher, peut passer pour inoffensive et même fournir à l’État, à l'industrie un matériel précieux. L'imbécile est d'abord un être d'habitude du parti pris. Arraché à son milieu il garde, entre ses deux valves étroitement closes, l'eau du lagon qui l'a nourri. Mais la vie moderne ne transporte pas seulement des imbéciles d'un lieu à l'autre, elle les brasse avec une sorte de fureur. La gigantesque machine, tournant à pleine puissance, les engouffre par milliers, les sème à travers le monde, au gré de ses énormes caprices. Aucune autre société que la nôtre n'a fait une si prodigieuse consommation de ces malheureux. Ainsi que Napoléon les "Marie-Louise" de la campagne de France, elle les dévore alors que leur coquille est encore molle, elle ne les laisse même pas mûrir. Elle sait parfaitement que, avec l'âge et le degré d'expérience dont il est capable, l'imbécile se fait une sagesse imbécile qui le rendrait coriace.
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La parole du futur curé de Lumbres est difficile ; parfois même elle choppe sur chaque mot, bégaie. C’est qu’il ignore le jeu commode du synonyme et de l’à peu près, les détours d’une pensée qui suit le rythme verbal et se modèle sur lui comme une cire. Il a souffert longtemps de l’impuissance à exprimer ce qu’il sent, de cette gaucherie qui faisait rire. Il ne se dérobe plus, il va quand même. Il n’esquive plus l’humiliant silence, lorsque la phrase commencée arrive à bout de course, tombe dans le vide.
Béni soit celui qui a préservé du désespoir un coeur d'enfant.
Si le propos n'était très audacieux, je dirais que les plus beaux poèmes ne valent pas, pour un être vraiment épris, le balbutiement d'un aveu maladroit.
Ce vieux cœur, qu'habite l'incompréhensible ennemi des âmes, l'ennemi puissant et vil, magnifique et vil. L'étoile reniée du matin : Lucifer ou la fausse Aurore...
Il sait tant de choses, pauvre curé de Lumbres ! que la Sorbonne ne sait pas. Tant de choses qui ne s'écrivent pas, qui se disent à peine, dont on s'arrache l'aveu comme d'une plaie refermée - tant de choses ! Et il sait aussi ce qu'est l'homme : un grand enfant plein de vices et d'ennui.
Comme il tirait sa montre, il entendit sonner minuit à Saint-Thomas-d’Aquin. Alors il fit un pas vers sa chambre à coucher, et deux pas vers la chambre de l’agonisante... Ces deux pas le portèrent, d’un coup, bien plus loin qu’il n’avait jamais rêvé d’aller. Un seul petit détour décide ainsi d’un long avenir.
(Madame Dargent)
J’ignore pour qui j’écris, mais je sais pourquoi j’écris, j’écris pour me justifier. Aux yeux de qui ? Je vous ai déjà dit, je brave le ridicule de vous le redire. Aux yeux de l’enfant que je fus…
Je me dis aussi que la jeunesse est un don de Dieu, et comme tous les dons de Dieu, il est sans repentance
L’homme est naturellement résigné. L’homme moderne plus que les autres en raison de l’extrême solitude où le laisse une société qui ne connaît plus guère entre les êtres que les rapports d’argent. Mais nous aurions tort de croire que cette résignation en fait un animal inoffensif. Elle concentre en lui des poisons qui le rendent disponible le moment venu pour toute espèce de violence.
Il faut beaucoup d'indisciplinés pour faire un peuple libre.
Pour beaucoup de niais vaniteux que la vie déçoit, la famille reste une institution nécessaire, puisqu'elle met à leur disposition, et comme à portée de la main, un petit nombre d'êtres faibles que le plus lâche peut effrayer. Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui.