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Critiques de Georges Bernanos (309)
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Dialogues des Carmélites

La dernière et non pas la moindre des œuvres de Bernanos. Devant sa propre mort, il nous livre une méditation profonde du martyre, et peint des carmélites aux âmes différentes mais unies face à une France funeste. Des dialogues profonds et puissants.
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Scandale de la vérité

Je ne peux que vous encourager à lire ce cours essai, ou plutôt pamphlet!



Bernanos met ici l’Honneur à l’honneur, dénonce les hypocrisies de toutes sortes, de tout bords. La critique est sévère, mon son espoir reste intact et flamboyant pour une nouvelle génération de français à venir. Des jeunes qui auront pour mot d’ordre et ambition ultime de ne pas mentir, sous aucune circonstance que ce soit.



Il vilipende allègrement et à juste titre ceux qui sont aussi tolérant pour eux qu’ils sont sévères avec autrui. Il voit clairement et dénonce autant qu’il annonce les régimes totalitaires qui montaient alors et que nous connaissons dorénavant par l’histoire.



Ce cours écrit à le mérite de balayer nos illusions, de nous ramener à l’essentiel de la vie politique, sociale et philosophique.



Établir la justice, rétablir l’honneur, et la vérité; voilà tout le programme de ce scandale!



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Madame Dargent

Dans cette brève nouvelle de Georges Bernanos, le drame se déroule autour de Madame Dargent, l'épouse d'un écrivain célèbre, sur son lit de mort. Lorsqu'elle révèle à son mari qu'elle a toujours su qu'il le trompait, elle laisse planer un mystère: « Ce que tu as rêvé, je l'ai vécu. » Cette déclaration énigmatique annonce des révélations déchirantes et entraîne le récit dans sa cynique fin.



Bernanos nous montre ce qu'est la corruption humaine, de l'agonie tout en dénonçant cet écrivain. Malgré la brièveté du récit, l'auteur parvient à intensifier la tension de manière remarquable. le personnage de Madame Dargent se donne de la profondeur, gagne en épaisseur, captivant l'attention du lecteur. Quelque part, une fois que l'on aperçoit le for intérieur de Madame Dargent, l'inéluctable développement s'exécute devant le lecteur impuissant.
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Sous le soleil de Satan

Quelques années après avoir lu le fameux journal et quelques jours après la conférence de Notre-Dame consacrée à Bernanos, je me plonge dans ce roman où trois personnages se partagent la célébrité : Mouchette bien sûr, le curé des Lumbres et Satan. Ce dernier apparaît à plusieurs reprises et hante tout le roman. L’académicien qui apparaît à la fin du roman m’a beaucoup intrigué : serait-ce Anatole France que j’ai prévu de lire dans quelques temps ?
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Dialogues des Carmélites

Quel magnifique pièce de théâtre, sur un sujet qui va si bien à la tragédie!



Je ne sais pas comment exprimer ce que j'ai ressenti, c'est une œuvre qui envahie le cœur comme l'air pur remplit les poumons. Rafraichissant, puissant et émouvant. J'aurais tant aimé que cette œuvre ai une paternité, mais peut-être était-elle d'un temps qui n'était déjà plus le sien?



Confiance, Espérance, Soumission, Consentement et Abnégation, ce sont les ultimes remparts de l'Homme face au désordre et à la terreur. Dernière leçon que Bernanos nous offre, leçon brillante et flamboyante. "Il faut savoir risquer la peur comme on risque la mort, le vrai courage est dans ce risque."



J'en conseille très vivement la lecture, et également regardez l'opéra tout aussi incroyable qu'en a donné Poulenc!
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L'Imposture

L’imposture / Georges Bernanos

L’abbé Cénabre reçoit M. Pernichon , un habitué, en confession. Ce dernier rédige régulièrement la chronique religieuse d’une feuille radicale, subventionnée par un financier conservateur, à des fins socialistes, et ce qu’il a d’âme s’épanouit dans cette triple équivoque ; il en épuise la honte substantielle avec la patience et l’industrie d’un insecte. Il avait en son temps cru en une vocation sacerdotale et jusqu’au bout il a joué la comédie de façon à demi-consciente.

L’abbé Cénabre consacre beaucoup de temps à un modeste travail d’historien et annonce à Pernichon que désormais, il lui faudra recourir, pour la matière du sacrement, à un autre prêtre, se réservant toutefois la faveur de lui prodiguer des conseils à sa demande.

L’abbé Cénabre en vérité perd la foi et ne reste fidèle que par orgueil à sa foi d’antan dont il semble parfois avoir perdu jusqu’au souvenir. Son ambition ne va pas plus loin que séduire et sa vie a une clef infaillible : une hypocrisie presque absolue.

M. Pernichon est un petit homme dont la vie intérieure est trouble, équivoque et malsaine, vouant une haine féroce à l’opprimé et un ignoble amour pour le vainqueur. Chrétien médiocre, folliculaire ambitieux, il admire inconditionnellement le chanoine Cénabre qu’il considère comme un être supérieur sur le plan de l’intelligence.

Après avoir écouté le pénitent en silence, l’abbé manifeste une certaine raideur impitoyable jusqu’au moment où Pernichon s’enfuit.

L’abbé, en vérité, ne croit plus depuis longtemps et en pleine nuit, il appelle l’humble abbé Chevance, ancien curé de la paroisse de Costerel sur Meuse, aujourd’hui destitué. Il dit vouloir se confesser, mais son véritable but, inavouable, est de se moquer de la naïveté de l’abbé Chevance qui finit par s’en aller refusant de confesser le chanoine car en désaccord avec lui sur des points essentiels.

Alors débute pour l’abbé Cénabre un délire introspectif plein de fièvre allant jusqu’à l’idée de suicide au cours d’une crise mystique et au terme d’un profond désordre intérieur lui faisant rencontrer Satan.

Il faut bien reconnaître que cette première partie du roman est d’un abord assez difficile, dénuée de véritable intrigue, se présentant comme une longue réflexion sur la sincérité de la foi, mettant en opposition des personnages très différents, principalement Cénabre et Chevance.

J’ai eu bien du mal à aller au terme de cette lecture, surtout de la deuxième partie qui n’est qu’une longue conversation entre divers protagonistes rencontrés dans la première partie pour une part et de nouvelles têtes pour une autre part, et c’est seulement pour la grande qualité de l’écriture que j’ai persisté.

La troisième partie nous fait rejoindre l’abbé Cénabre de retour d’un voyage en Allemagne et qui, finalement, ne voit pas le péril de la dissimulation de la perte de sa foi ; il n’en sent pas la honte non plus et comme si de rien n’était continue de célébrer la messe, renouant ainsi avec les habitudes anciennes tout en se livrant à une introspection permanente.

« L’abbé Cénabre goûtait une certaine espèce de honte, et il n’en éprouvait aucune peine, il s’y délivrait doucement. Il la goûtait sans arrière-pensée, tout à la joie d’échapper pour un moment à son perpétuel tête-à-tête, la silencieuse et tragique confrontation ; »

Dans une ultime partie, on retrouve l’abbé Chevance qui, en pleine tourmente, réfléchit au devenir de l’abbé Cénabre avant que les deux prêtres ne s’affrontent parfois violemment, une dernière fois pour régler leurs comptes comme dit ce dernier.

Ce roman est une œuvre qui invite à réfléchir sur certaines futilités de l’existence se plaisant dans un matérialisme rudimentaire où les apparences jouent un rôle de premier plan. Le péché, le combat du Bien et du Mal, la rédemption et le salut sont au cœur du livre qui ressemble plus à un essai qu’à un roman.

Une œuvre sombre, riche de longues réflexions parfois difficiles à suivre. En bref, je pense que c’est un livre d’une autre époque et qui parle difficilement à nos vies d’aujourd’hui.

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Un crime

Mégère, bourgade alpine dont la rudesse du climat n'a d'égale que l'austérité de ses habitants.

Un soir d'hiver, Céleste attend la venue du nouveau et tout jeune prêtre dont elle sera au service. Elle ignore encore que son arrivée tardive sera annonciatrice d'un drame survenu à quelques encablures du presbytère : une châtelaine est retrouvée morte dans sa chambre tandis que son meurtrier présumé gît agonisant dans le jardin.



S'ouvre alors une enquête menée par un inspecteur dont la perspicacité ne semble pas être la première des qualités, et le juge d'instruction Frescheville, personnage loufoque mais non moins intuitif. Une enquête au cours de laquelle surviendra une autre mort mystérieuse, laissant ressurgir les fantômes d'un passé entaché par de terribles secrets.



Et le curé dans tout ça ? Eh bien, laissez-moi vous dire qu'il n'est pas là par hasard



"Un crime" : un roman policier où règne une atmosphère lugubre et mystérieuse, dans lequel on se perd parfois, et qui réserve un dénouement pour le moins troublant. Le tout servi par une écriture ciselée et un style exigeant. Une  belle manière d'entrer dans l'univers intense et complexe de Georges Bernanos.



Nota : il m'a quand même fallu relire le dernier chapitre pour saisir la clé de l'histoire
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Journal d'un curé de campagne

Ce journal aura été ma lecture la plus singulière de l'année.

Typiquement le roman qui sera difficile de se voir à nouveau publier de manière "grand public" à notre époque si matérialiste...si "rationnelle".

Le curé et la campagne...le siècle, le millénaire dernier. Cette France pas si lointaine en terme de période mais absolument éloignée en termes culturels.

Même si par moments difficiles à comprendre, j'ai beaucoup aimé les interrogations existentielles, philosophiques, religieuses, ses doutes de ce jeune abbé d'un petit village. Ses savoureuses interactions avec un aîné dans ce ministère, avec les taiseux du village, les autorités locales. Ses confrontations avec les petites turbulentes et la petite aristocratie locale. Ému par cette conversation houleuse avec une autre qui débouchera sur la mise à nu de douleurs enfouies de drames épouvantables.
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Sous le soleil de Satan

C'est le premier roman de Bernanos, un jet flamboyant.



J'ai été profondément frappé par le style de l'auteur, très directe et qui mêle subtilement le réalisme et le fantastique. On ne ressort pas indemne de cette lecture. C'est une réflexion sur la vie des Saints, leur existence et leur reconnaissance dans la société.



Vous l'aurez compris par le titre, l'auteur met en exergue l'omniprésence du Mal et notre impuissance face à sa ruse. Le mysticisme catholique et une folie vraisemblablement diabolique s'entremêlent et nous montre la (très) faible capacité de l'Homme à discerner l'un et l'autre. C'est un combat intérieur dont l'issue n'est que trop certaine..



Je conseille pour bien comprendre la perspective de l'auteur, d'être familier avec la vie des martyres (moi j'avais lu Alphonse de Liguori à ce sujet mais il y en a une infinité), peut-être aussi d'être bien imprégné de l'ancien testament (la Torah, quelques livres historiques, Isaïe Ezéchiel etc.) et les évangiles. C'est un roman eschatologique donc on passe complétement à côté du livre sans ça.



Voilà en tout cas je le recommande c'était pour moi la première lecture de cet auteur, elle m'a transformé et je vais certainement continuer dans cette lancée



Bonne lecture à tous,



Clément
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Nouvelle histoire de Mouchette

Terrible histoire que celle de Mouchette, décrite dans le langage tortueux et torturé de Georges Bernanos, dont je n'ai jamais pu déterminer si le style me plaisait : c'est le meilleur pour décrire la souffrance intérieure, l'absence d'espoir, mais il reste obscur, ambigu, terrible. Quel espoir demeure après la Nouvelle histoire de Mouchette ; Monsieur Ouine ou encore la Joie ? Monsieur Ouine reste le sommet de l'art de Georges Bernanos, mais la Nouvelle histoire de Mouchette n'est pas très loin.
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Un crime

Un sympathique roman policier bien ficelé, qui délivre une caractérisation assez fine soutenue par un style tout aussi fin. Il ne faut guère s'attendre à quelque chose quant à la déduction ou à la conduite de l'enquête ; néanmoins, le dénouement - bien que légèrement tiré par les cheveux - se tient bien et était prévenu par des indices au long du récit.



Il me reste à lire d'autres livres de M. Bernanos, bien entendu, celui-ci n'étant jamais décrit comme un de ses meilleurs. J'aborde tout de même ma découverte de son œuvre avec une relativement bonne impression.
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Les grands cimetières sous la lune

Un pamphlet contre une épuration commise au nom du Christ, et qui refuse l’embrigadement simplement politique.
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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Les grands cimetières sous la lune

Dans cet essai, Georges Bernanos revient sur la situation en Espagne et en Europe dans les années 1930 et les années de guerres. Il a une écriture magnifique avec un style à la fois élégant mais aussi proche des gens. J'ai beaucoup aimé la façon dont il s'interpelle lui-même par la voix de possibles opposants à sa pensée. Cette façon d'écrire donne l'impression de se détacher un peu du sujet abordé, dur, un peu comme si on parlait avec lui dans un contexte amical.

Par contre, il livre sa réflexion sur la société, la politique, la place de l'Église à une certaine époque et pour cela, il fait référence à de nombreuses personnes, lieux, faits, médias qui ne sont pas forcément restés dans la mémoire actuelle, ce qui rend ce texte très difficile à suivre pour quelqu'un qui n'aurait pas une extrême érudition sur ces périodes. C'est pourquoi je ne suis pas allée au bout de ce livre, mais je l'ai quand même poursuivis un bon moment (2/3 du livre lu) pour le plaisir de la langue et du style.
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Sous le soleil de Satan

J'ai eu du mal avec ce roman – le roman d'un écrivain catholique conservateur sur un prêtre qui atteint la sainteté, ce n'est pas ce que j'apprécie lire, je le savais. Il me manque de nombreux éléments sur la doctrine de la prédestination, la conception du Bien et du Mal selon Augustin, le jansénisme... J'ai cependant lu des aspects critiques sur l’œuvre, j'ai écouté une émission de France Culture, les « Romans qui ont changé le monde » qui m'a apporté certains éclairages, mais je suis passée à côté. Je n'étais ainsi pas bien sûre d'avoir bien interprété la charge anticléricale contre certains prêtres vivant dans une forme de confortable mollesse, ou rapportant des ragots de séminaires, voire ne croyant pas à la sainteté. J'ai me suis plusieurs fois posé la question de la parodie ou du pastiche, ou, du moins, de l'excès dans l'écriture si mélodramatique qu'elle pouvait en devenir comique.

J'ai d'abord eu un problème avec la construction romanesque. Mouchette, seule personnage féminin si on excepte la bonne du curé qui n'a que quelques phrases, est une jeune fille révoltée contre les conventions, contre son milieu, contre certains hommes. C'est intéressant, c'est fort, oui. Elle pourrait se rapprocher des « diaboliques » de Barbey d'Aurevilly, autre écrivain catholique, sauf que sa force de vivre est très vite assimilée à de la folie, elle-même accepte de se voir comme une folle. Et, surtout, le prologue qui l'évoque n'est relié qu'indirectement aux parties suivantes.

J'ai eu du mal aussi avec l'irruption du fantastique dans le récit avec l'incarnation du diable. Le curé est seul, de nuit, il se perd dans les chemins brumeux. Ce passage instaure une ambiance de malaise, on ne distingue plus trop le réel de la réalité, jusqu'à la représentation triviale du diable comme un vendeur de chevaux. Ce n'est plus la figure du diable inquiétant et tentateur de Milton ou de la Fin de Satan de Hugo, ce n'est qu'un maquignon sympathique et beau parleur, un homme du terroir. Je n'ai pas compris enfin l'intérêt du personnage de l'écrivain, un portrait en creux d'Anatole France semble-t-il, mais qui n'apporte que peu sur le plan purement romanesque.

J'apprécie l'excès, la folie, la destruction et la violence de Barbey d'Aurevilly, pas ce portrait hagiographique d'un homme si éloigné de moi.
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Sous le soleil de Satan

Texte délicieusement sombre comme une fausse aurore, marqué du sceau du péché à chaque page ou presque, du crime du dedans et du dehors, ce livre est une messe noire ... Explorant l'angoisse sans cesse (ce Satan trismégiste), la vie complexe des confins infinis du dedans des âmes, la mystique de "Sous le soleil de Satan" (l'anti soleil platonicien ...) étonne.

L'abbé Donissan, ce futur Saint de Lumbres, occupe un espace narratif et dramatique puissant, tragique, et qu'un style enlevé (phrases plutôt courtes, rythme dynamique, bascules fréquentes dans le présent de narration ...) tisse.

Une expérience de lecture singulière que je recommande donc, si on aime Huysmans par exemple (moins l'humour) et aussi, pour tout dire, étonnamment, Homère. Mais oui !
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Un crime

Incursion de Bernanos dans l'univers du policier : un crime dans une campagne dont le personnage central est un curé ! Au début, j'ai vraiment adhéré : un policier avec du style, un meurtre bien mystérieux, un personnage central dont on comprend tout de suite qu'il cache quelque chose... mais cela n'a pas duré.. d'abord parce que je me suis dit que j'espérais que le coupable qui me paraissait évident n'était pas le bon et qu'on allait assister à un retournement spectaculaire. Sinon ce serait trop simple .. Et ensuite parce que, parvenue au terme de ma lecture, je me suis dit que je n'avais à peu près rien compris. J'ai d'ailleurs dû lire des commentaires et des explications d'autres lecteurs pour être sûre notamment du mobile et des circonstances. J'ai eu le sentiment qu'il nous mettait un dénouement que rien dans la présentation des personnages et de leur passé, dans les discussions, les descriptions ne permettaient vraiment d'imaginer, surtout si on s'attache à une certaine cohérence psychologique. Enfin le déroulement de l'enquête est assez peu convaincant et le personnage du petit juge est plutôt déroutant. Quelques scènes frisent même le ridicule.

Pour autant la lecture n'est pas désagréable par les qualités du style et l'univers de l'auteur.
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Journal d'un curé de campagne

Le prêtre Bernanos se désole du catholicisme passif de ses contemporains (heureusement qu'il n'a pas vécu au XXIe siècle) dans un style littéraire élégant mais répétitif. Sans doute marquant à son époque, le roman est quelque peu dépassé aujourd'hui. On retrouve la même verve déconnectée du réel que dans "La France contre les robots" (Les Français de 1789 étaient des insoumis, le dernier vrai chrétien était Jeanne d'Arc...) qui font plus office de phrases toutes faites que de réflexions pertinentes. En définitive, c'est bien beau mais c'est bien triste...
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Nouvelle histoire de Mouchette

Nouvelle histoire de Mouchette

Georges Bernanos (1888-1948)

Académie française

L’innocence violée.

« Le grand vent noir qui vient de l’ouest éparpille les voix dans la nuit. Il joue avec elles un moment, puis les ramasse toutes ensemble et les jette on ne sait où, en ronflant de colère. »

Mouchette, quatorze ans, a fui l’école et les mercuriales de Madame la directrice une fois de plus, et courant par les chemins, puis errant à travers les taillis dans la grande colère du vent et le flagellement de la pluie, elle rencontre Arsène, un jeune braconnier ivrogne à ses heures. Mouchette retarde le moment de rentrer au logis où son père alcoolique invétéré et sa mère gravement malade ne l’attendent que pour lui mettre une raclée de plus.

Arsène parle et parle et ce flot de paroles empêche Mouchette de penser, mais tous ses sens sont à l’affût et guettent elle ne sait quoi encore en épiant un péril prochain. Mouchette est hors d’état de se défendre au cas où, autrement que par l’immobilité et le silence. Arsène en vient au fait et lui confie qu’il a sans doute tué le garde champêtre Mathieu en le frappant violemment au crâne avec un piège métallique. Il veut se servir de Mouchette comme alibi et la met en garde.

Plongée dans sa solitude, Mouchette après la mort de sa mère n’a personne a qui se confier après une enfance sans repère tel un paysage de brume…Elle n’est pas aimée, malmenée par ses camarades de classe, meurtrie dans son âme : l’expression sournoise de son visage et son regard insolent et craintif n’attirant guère la sympathie. Elle n’a jamais connu la douceur d’une caresse, d’une vraie caresse. Une fois pourtant… Et puis elle a été salie dans son intimité dans une nuit de tempête…

Ce bref et beau roman tout empreint de violence enfouie mais aussi de morale chrétienne nous emmène aux confins sombres de la détresse d’une âme blessée qu’aucune lueur d’espoir ne vient effleurer. Bernanos évoque à chaque page la vie de misère et le douloureux destin de Mouchette avec tendresse et ce dans un style d’une beauté absolue dans sa précision et sa retenue.

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La France contre les robots

Georges Bernanos (1888-1948) est un écrivain français. Il obtient le succès avec ses romans Sous le soleil de Satan (1926) et Journal d'un curé de campagne (1936). Dans un premier temps proche des mouvements monarchistes d'avant-guerre, engagé un temps dans l’Action Française et proche de l’antisémite Edouard Drumont, il rompt avec ces derniers et leurs représentants à l'occasion de la guerre d'Espagne, prenant le parti du peuple opprimé contre Franco. Ecrivain biface, il y a bien entendu le romancier catholique explorant les combats spirituels entre le Bien et le Mal mais il y a aussi le pamphlétaire, intellectuel engagé dans les combats de son temps comme le prouve ce petit ouvrage, La France contre les robots (1947) qui vient d’être réédité.

Avec ce brûlot particulièrement virulent, Bernanos s’attaque à la société industrielle et au monde de la Machine qui s’apprête non seulement à changer le monde et mais pire encore à modifier le mode de pensée des humains en les assujétissant et par là-même en les privant de leurs libertés. Ce monde où tout sera régi par la performance, l'efficacité et la rentabilité va droit dans le mur, totalement déshumanisé.

La liberté est en grand danger prédit l’écrivain, mais de quelle liberté s’agit-il ? car « lorsqu’un homme crie : « Vive la liberté ! » il pense évidemment à la sienne. Mais il est extrêmement important de savoir s’il pense à celle des autres. » (…) « Qui ne défend la liberté de penser que pour soi-même, en effet, est déjà disposé à la trahir. »

Puissante charge contre la montée en puissance du capitalisme industriel et son corollaire le progrès technique porteurs de tous les maux, Georges Bernanos taille à grands coups de machette la pensée envahissante des « imbéciles », terme maintes fois répétés dans ce bouquin.

On n’est pas obligé d’être d’accord avec tout ce qu’écrit ici Bernanos malgré de réelles prémonitions, par contre le lecteur s’en prend plein les oreilles tant le texte nous hurle que le danger est là.

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La liberté, pour quoi faire ?

C’est un écrit divisé en cinq parties que nous propose Bernanos. La forme est particulière puisque ce sont des textes écrits pour des conférences. Ce qui explique une certaine redondance au sein des parties. On oublie plus facilement ce qui est prononcé à l’oral puisque nous n’avons pas de support c’est pourquoi Bernanos martèle certaines thématiques.



Quelles sont-elles ? Il reprend une large partie de ce qu’il traitait dans La France contre les robots, il critique la liberté que la société des machines nous enlève. Cette société, anti-civilisation qui pousse l’humanité dans la jouissance, la fuite en avant et les loisirs. Cette anti-civilisation qui détruit notre vie intérieure, que Bernanos assimile à la liberté, celle de pensée notamment. L’homme moderne n’a plus le temps, en plus de cela la nourriture spirituelle qu’on lui donne ne peut le rassasier. Pour contrevenir à cette déspiritualisation, il se jette dans la modernité.



Bernanos esquinte ceux qui croient au dogme du progrès et voit dans l’Histoire une locomotive sur ses rails. Il préfère comparer l’Histoire à une toile que l’on recompose sans cesse. À propos de locomotive, la machine et les spéculateurs qui les contrôlent l’inquiètent. Ces personnes usent de propagande pour tuer la vie intérieure et ainsi rendre acceptable le mélange de mensonge et de vérité qu’elles propagent. Il met dos à dos marxistes et libéraux qui ne pensent qu’aux lois économiques et veulent dicter la marche du monde sous celles-ci.



Il s’inquiète, de la bombe atomique tout d’abord. Celle-ci le hante durant ces cinq conférences, c’est quelque chose qui l’a profondément marqué. C’est la machine des machines, celle qui pourra détruire le monde et l’humanité avec. Il souhaite que la jeunesse, nos « boomers », ne se laisse pas avoir et n’attend pas de la génération qui a laissé faire cette guerre un quelconque salut. Cette génération, dont Bernanos fait partie, laisse la propagande s’implanter en temps de paix et se comporte comme si l’on rentrait de vacance. Alors que nous rentrons d’une guerre terrible, destructrice.

Et c’est aussi un écrivain catholique, il nous expose sa foi et ses croyances. Il en veut aux nouveaux convertis d’être un peu trop ostentatoires dans la démonstration de leur foi. Mais, il en veut aussi à ceux qui croient qu’utiliser les mythes de la Bible pourra convertir les masses. Car il s’en remet à Dieu, qui est amour, et qui nous a laissé le libre arbitre pour que nous le rejoignions de plein cœur.



La lecture est très facile, même si les redondances peuvent être fatigantes à la longue. Néanmoins Bernanos donne un message d’espérance, et non d’optimisme, face à la société des machines. Il souhaite de plein cœur que la France reprenne son rôle de libératrice — référence à 1789 — et combatte ce monde anglo-saxon et allemand, mené par les lois économiques.
Lien : https://aviscontraires.wordp..
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