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Citations de Georges-Emmanuel Clancier (105)


Toute passion…


Toute passion serait-elle même
Une allégresse d’âme, elle tremble
Car la brise a soif d’aventure,
Elle se passe son envie
Et le charme devient défaut.
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Ensevelie la parole…


Ensevelie la parole qui nous sommait de vivre
Hanche nue au bord de la nuit d’été,
Si perdue sous les ronces folles des mots
Que plus jamais le chant n’en pourra retentir.

Qui voudrait arracher ce poids de nos fautes ?
Quel enfant soudain retrouvé hors de tout espoir
Viendrait sous son regard désigner ô mes frères
La source enfouie où s’abreuvèrent nos premiers songes ?
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Poèmes du pain noir/IV


Extrait 2

Des mots hélas pour retrouver honte et misère,
Pour creuser à nouveau ta souffrance et la faim !
Ainsi fumait le village au crépuscule,
Ainsi la servante enfantine gardait ses larmes
Au bord de l'abandon, de la peur, de la nuit.
Des mots pour ces matins de labour,
Des mots pour ces matins où la rosée parlait d'espérance,
Des mots pour ces matins où le cœur défaille,
Des mots, seulement des mots
Pour effacer la mort qui les efface.


p.121-122
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Poèmes du pain noir/IV


Extrait 1

Pages, des pages, des mots, des mots,
Chaque page est un jour,
Chaque mot un instant.
Des pages, des mots pour t’arracher à la mort :
Ainsi le ciel était, ainsi l'herbe,
Les iris, leur jet au bord du canal,
L'enfance, et la force et la joie du père
Depuis toujours, pour toujours.
Mon enfant lointaine au temps des diligences,
Au temps des loups et des bergères,
Toi et les tiens, innocentes merveilles,
Puis déchirés, bafoués par les maîtres,
Privés de pain, privés de sens.


p.121
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Et parfois j'aurai cru
Qu'à travers ma voix,
Mon sang, mon regard,
Ce monde en sa vraie
Lumière se changeait.
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MÉMOIRE


Dans un village vieux où nulle route ne conduit, au pied d'une tour où pèse le temps,

Dans un village serré au fond de son creux d'herbe où s'entredéchiraient les Rois,

Dans un pays aveugle où la folie paysanne par les ruelles égare ses cris, ses yeux,

Dans une terre enceinte de trésors, d'or, de labyrinthes oubliés et de pluies, de pluies,

Dans un cimetière de porphyre et de tôle, un ivrogne fossoyeur rôdant sous les os,

Dans un coin de champ sans oiseaux, sans horizon, sans sillon, champs de seigle gris,

Dans l'ombre d'un brouillard, la cassure d'un granit, l'univers d'une épine,

Dans ce hameau perclus de désespoir, meurtri par quelque jaune sort de sorcier,

Dans cette trace de misère faite par les nuits de lune salie, gît l'œil mort de ma mémoire.
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Amis le soir au bord des villages
Voix d'ombre dormeuse
Ou cascade solaire,
C'est toujours avec vous une longue jeunesse
Malgré les deuils, malgré la vie.
Au cœur de vos paroles
Le monde reste clairière,
Saison promise
Au fil du silence.
Mes amis de campagne,
C'est toujours juin pour notre souvenir,
Les chemins d'herbe et de jacinthes,
Les foins qu'on fane dans l'odeur de la joie,
La rue devient forêt, devient rivière,
Les hommes sur leur poussière
Sont dignes de l'amour,
Mes amis au soir de la longue journée.

p.199
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II. D'une terre
LE JOUR
pour Max-Pol Fouchet

Pourtant le sel saura poindre des pleurs.

À vivre rien, à chanter moins encore,
Et le vent peut fouiller les corridors,
Travailler la haute boue de la mort
Sans que monte à lui, bras levés, un corps.

Pourtant le sel s’ouvrira : chaude fleur.

À vivre rien, pour l’alphabet de chair.
Que balbutieraient les feux de la terre
Lorsque le poids d’une femme est l’amer
Reproche de ne pas croire au désert ?

Pourtant le sel poussera de ses fleurs
L’avènement de soleil et de vent.
Pourtant, par ses lames d’un rouge élan
Le sel ensevelira le désert.

Nul ne saura fuir ni rompre la fête
Simple, ne voudra dire nos défaites,
Ni de quel monstre parlaient nos péchés.

Le sel aura sanctifié de ses heures
Nos défrichements : cette veille à mort
Enivrant de poussière les meilleurs.
Le sel ensevelira le désert.

Février 1940
p.77-78
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ÉQUIVALENCES

L'initiale est la courbe, l'accueil :
Bras de la tendresse blonde,
Souvenirs de mère ou d'amours,
Toute la part féminine du monde :
Un chant, la halte d'été
À la fois fraîche et soleilleuse
(« Ils sont partis à la fraîche »),
Lenteur douce de la route qui tourne.

Et des colonnes, des panaches, des chevelures de feuilles,
Corps dressés, alignés, chair juvénile et nue,
Pour une parade familière,
Pour marquer l'air de paroi verte,
Pour l'esquisse d'un seuil familier,
(Ô parade onirique des alezans dans la mémoire),
Légère muraille taillée au bord de la prairie,
Sage escorte de sève et d'écorce
Que donnent au voyage les peupliers.

Enfin, naissance du lieu (les reflets, la profondeur),
Œil lisse où le regard sur lui-même se love,
Où, future, l'étincelle et l'ombre ancienne
Échangent leurs horizons inverses,
Accalmie ou menace dormeuse,
Double immobile dans le silence et l'éternel
Du trouble et des rumeurs de chaque instant,
Espace trop fragile, enclos trompeur et vain.

Pourtant, par l'apparence et l'appareil
Banal de ton attente où se répète la vie,
Ce miroir et ses mots comme le lieu sont nés
Aux rives véritables qui corrodaient l'image.

p.143-144
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Le fils

à Claude Roy

Viendra-t-il celui clair comme feuille au printemps
Qui gardera toute la vie les mots de passe de l’enfance ?
Il portera le monde, appel en son cœur jamais épuisé,
La chevelure emmêlée des chemins et des fleuves
L’immobile émeute des fleurs des pierres des étoiles
Le silence où guettaient les aveux de nos jours.

Sans regrets, sans ombre, ange aux ailes de vent
Mais qui frôlent la rude fresque de la terre,
Sa chair ornée des balafres de l’amour, de la mort
Qui nous ont déchirés songes bien trop fragiles,
Il chantera cet hymne d’aube à pleine voix à pleins regards,
Qu’obscurément, tassés sous notre nuit, nous aurons balbutié.

p129
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VŒUX
pour Anne

I

Comme le soleil tombait l’une est partie.
Douce elle m’avait suivi au premier arbre des forêts.

Des filles d’enfance, et des neiges, elle avait le premier visage,
Il se fondait au feu de son corps et lentement devenait une fleur.

Elle est partie, seule, et je suis resté devant la nuit, seul,
A la rêver sans regards, à l’attendre sans le signe de la chair,

Dans la pauvreté de celle, tout inconnue et timide,
Qui saura m’attendre un jour aux sources rouges des forêts.

II

Pourquoi m’avoir donné les aurores perdues et les cris ?
Les matins des souvenirs paresseux
Et tous les points de lumière
Qui piquaient des larmes et des cris
Sous ta chair ?

M’avoir donné ces paysages fous et ces gestes vains
Qui s’en allèrent au premier vent de la vie
Et me laissèrent soudain le poids immense de mes bras,
De mes regards, et la féroce cadence tonnante
De mon cœur.

III

Que s’abaisse la colline et que s’élève la vallée,
Que l’océan soit une molle plaine d’algues
Et les milliers de fleuves un seul chemin blanc,
Que lune et nuit à la terre se confondent
Alors je la verrai,
Ma douce ennemie d’avant les étoiles,
Celle que j’aime.

p64-65-66
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Celui qui pourrait être

Vieil homme du futur,
Voix de la vie,
Bouche de lumière.
Sous l'étincelle campagnarde
De tes yeux, de tes mots
Te voici,
Père apaisé
Des caves er des granges
Anciennes,
Et fils
De l'usine univers.
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Georges-Emmanuel Clancier
Plus que jamais je pense que la mémoire et l'imagination sont indissociables : la mémoire nourrit l'imagination et l'imagination redonne à la mémoire l'apparence de la vie.
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Georges-Emmanuel Clancier
On fait silence sur cette capacité qu'a l'être humain d'aller vers la bonté et la beauté. Poésie et résistance sont comme deux synonymes. La poésie implique forcément l'attitude et l'acte de résistance. La poésie est résistance à l'usure quotidienne, au laisser-aller, au laisser-faire, à l'habitude, à l'acceptation de la médiocrité et de la mesquinerie. La poésie est pour moi l'acte suprême de civilisation. Elle est un antidote à la barbarie.
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Georges-Emmanuel Clancier
Il m'a semblé, d'une certaine manière, que si le roman faisait appel à l'imaginaire, l'imaginaire rendait plus authentique et plus vrai le récit. Plus authentique et plus vrai qu'un simple document. Je suis convaincu que l'imaginaire fait partie du réel et que le roman permet d'atteindre et de faire vivre quelque chose qui serait beaucoup moins proche de nous si on le consignait simplement comme un rapport.
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Georges-Emmanuel Clancier
Avoir chez soi un rayon de livres de poésie devrait être préconisé comme de l'hygiène mentale. Combien de fois ai-je remarqué, dans mon existence de travailleur, avoir perdu ma journée en travaillant ? Eh bien, il suffit de sortir au hasard un livre de poésie et de lire un vers, une strophe, et c'est comme si une bouffée d'air frais s'était introduite dans votre vie.
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- Ma vie, qu'est ce c'est ma vie ? Je ne sais plus... Est- ce qu'on la connaît jamais sa vie ? Peut-être que toi dans ton livre tu la connais mieux que moi, peut-être que je la comprendrais mieux en lisant ton livre.
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Chanson de la femme verte

La lune se perd
La lune se noie
Dans l'eau noire
Clame le vent.

"Je désespère"
Hurle le vent .La nuit de fer
S'est refermée
Et j'espère,
Mais quelle voix
Quelle fumée
Me nommera
La fée verte,
Nue et verte,
Qui m'aimera.
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Cavale d'or vert
Enfantine amazone
Fleur et licorne
Aussi blanche qu'altière

Vol immobile
D'après l'amour
D'après le secret
D'après le feu
De chair et de songe.

Si loin ,si proche,
Partie pour un soleil seul,
Pour l'orgueil muet
Du sang qui s'apaise,

Et mon regard sur ton sillage,
Sur ton silence de profil,
Sur ta gorge et ta jambe
Appelle.
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Georges-Emmanuel Clancier
Un dur labeur le souffle…



Pas un soleil l’oiseau
Pas une femme l’amour
pas une plage le jour
Pas une voile la vie.
Que des mots les mots,

Le ciel pas un palais
Pas un songe les yeux
Ni l’ami un bonheur
Ni l’enfant un royaume.

Un dur labeur le souffle.
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