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Citations de Georges-Emmanuel Clancier (105)


d'atroces feux de Saint Jean
déchirèrent les villages.
pas de vin mais du sang
pas d'herbe mais des corps
pas de blé mais la mort.
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Hier soir tu pensais comme ça, ce matin autrement et maintenant autrement encore.
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Ma vie, que serait ma vie, si morts et vivants n'y foulaient
à pas légers
leur plus familier domaine.
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Quelques jours après, une lettre du quincailler nous criait que Franco assassinait ce qu'il y a de plus beau au monde, la poésie,que ce Lorca tué à Grenade était l'un des plus grands, peut-être le plus grand poète actuel de l'Espagne. Ses amis lui avaient passé quelques mots de ce poète martyr, il en inscrivait un à la fin de sa lettre:

Verde, que te quiero, verde
Vert, que je t'aime vert.
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La croisée des chemins
fut-elle un jour inscrite

où nous aurions choisi
quelque autre vie plus vive?

Ou si nos pas glissaient

comme glisse à la glace
par déroute ou par jeu

éprise de l’espace
une âme vagabonde.
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Georges-Emmanuel Clancier
Ces poètes qui n'étaient pas du goût de l'institution mais de celui de notre professeur - et du nôtre- s'appelaient Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, Mallarmé... La découverte de cette poésie, à l'âge où l'on quitte l'enfance pour entrer dans ce qui n'est pas encore le temps des adultes et se nomme "adolescence", m'a ouvert les portes d'un monde que j'ignorais jusqu'alors et dont je ne soupçonnais même pas l'existence. J'ai découvert que ces poètes-là, ces poètes disparus au siècle précédent, parvenaient à nous faire accéder à un univers autre que celui qui était le nôtre au quotidien au moyen de mots de tous les jours. Peu à peu, cette poésie devint pour moi aussi véridique, aussi proche, aussi réelle, dans son irréalité matérielle, que la vie quotidienne. Je pourrais dire que je suis tombé amoureux. Un coup de foudre pour la poésie, oui !
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Georges-Emmanuel Clancier
L’espoir



L’espoir est cette jeune fougère qui m’envahit.
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Souvent, Catherine avait pu entendre les parents évoquer les calamités dont, à les en croire, la vie du paysan était sans cesse menacée.
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Ma pauvre femme, disait-elle à la métayère, avec un air de profonde commisération, ma pauvre femme, je vous plains de garder une telle toison. Si encore vous étiez une dame, vous auriez des servantes pour vous aider à vous peigner, mais avec tous vos travaux, ah ! oui, vraiment je vous plains.
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L'été rayonne sur les blés. Pas de ciel. Lever les yeux vers lui serait les aveugler tant le soleil doit flamber en ce début d'après-midi. D'ailleurs, il incendie d'un or pâle le champ qui s'élève en pente douce, où la moisson a déjà ménagé des angles, des percées, même une sorte de clairière. Là, les moissonneurs font la sieste un moment avant de reprendre le travail.
Sur une gerbe, la jeune femme s'est assise. Sa jupe verte s'évase au niveau des chevilles. Dégrafé, le corsage d'un blanc bleuté laisse à nu le sein droit. Un marmot s'abreuve au beau fruit doré cependant que sa menotte pétrir l'autre téton encore voilé.
De ses yeux bleus, elle me regarde - semble me regarder. Une coiffe orangée ne laisse apercevoir qu'une ou deux mèches de ses cheveux châtains. Au pied de la mère-enfant, l'époux est à demi couché à même l'éteule où repose sa faucille près d'un panier d'osier - tout à l'heure, la jeune paysanne a dû l'apporter de la ferme empli de quelques vivres.
(...)
Un peu au-delà, les autres moissonneurs émergent lentement de la somnolence, où chaleur, fatigue, peut-être aussi les quelques bouchées et goulées avalées les ont plongés. Ces deux femmes d'abord : la blonde en jupe orange, chemisier rosé ; la brune, ou plutôt celle aux cheveux noirs et raides, au visage anguleux et qui tient une faucille contre sa jupe mauve. Et puis, affalée de tout son long sur le sol, la grand paysanne endormie. Un groupe, encore : un couple, elle - enlaçant d'un bras le cou et l'épaule de son compagnon - deux paysannes tâches grises, bleues, violines, marron devant la muraille drue des blés.
Enfin, la-bas, en une brèche que le travail matinal des moissonneurs a déjà creusé dans la masse blonde du froment, deux petits ânes gris, un sombre, un clair, endurent, résignés, la fournaise dont un couple, un peu au-delà, se protège, allongé lui aussi à l'abri d'un grand riflard blanchâtre.
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Tel fut
dans le dédale
d’une ville où le temps se fit miroir
l’égarement de tes pas
somnambules.
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Tant et tant de chemins
affrontés, caressés, épousés,

mais le pas toujours premier,
la découverte,

jusqu’en la nuit le trait
matinal.
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Loin si loin s’en est allée la mer,
L’horizon en fut l’intense nostalgie
et sous le ciel les longues laisses de sable
en dessinèrent le souvenir.

Qu’une oblique vigie se dresse
jusqu’à l,espoir d’en surprendre l’annonce
avant même que l’écume initiale
ne scintille à la cambrure du globe.
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AUTRES ÉQUIVALENCES

II


Non, faux magicien des vocables,
L'alezan ne s'enracinera
Pas plus que l'érable ne détale,
De pierre demeurera la roche,
Et l'odeur, sur l'océan, des roses
Ne laissera qu'illisible sillage
Où ni l'écuyer n'éperonnera les vagues
Ni le monstre marin la cavale écumante.

Branchu, feuillu, danseur et murmurant,
Jet d'ombre et de soleil vert sera l'arbre,
Geste somptueux et calme de la vie,
Cependant que du col, des naseaux et des flancs,
De ce grand œil de sultane languide,
De ce panache sur la croupe volant,
Telle encore te séduit ta conquête
Que le mors non les mots à domptée.

Par étincelle ou par éclat cueillerais-tu le roc
Que tu n'y capterais cette sève d'énigme
Qui passe aux couleurs, à la chair des pétales ;
Quant à l'arôme plus aérien que l'air,
Plus vagabond que les saisons,
Et qui porte loin vers sa jeunesse enfuie
Ou son enfance heureuse le voyageur,
Tu ne sus le changer en plus léger que l'eau,
En beau navire voguant sur la mémoire.

Alors pour chaque son, chaque signe enlacés
Ainsi soit-il ! Et que pèsent les noms
De leur poids juste en tes regards
Comme aux balances de ton sang.
Que les chevaux foulent les fleurs au fond du songe !
Enfourche-les, chevalier sans royaume,
Pour humer l'odeur éphémère du monde,
Et sens l'arbre épouser la croisée de tes bras
Ou la houle soulever d'une terrible joie
Ton corps, ta vie jusqu'à l'étreinte des origines !
Accueille en toi, humblement, et partage
En l'hostie des syllabes le dieu vrai des choses.

p.147-148

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Femme

Ton regard était une route blanche
Qui toucha mon front.
Puis je me détachai
D’elle, comme on délaisse les vrais chemins trop beaux
Tendus au fond des heures et de la forêt.

Ta voix venait de l’ombre la plus charnelle,
Ton regard :
La plus grave des ombres autour du sang.

Parler t’ouvrait plus loin que l’amour,
Plus loin qu’un fruit dévoré.
Ton regard était par delà
Plaisir
Ou pensée.
Même on sentait glisser et fuir et reculer
Tes souvenirs,
Reculer ton destin.
Chaque mot de lumière m’arrachait à une halte
Pour m’engloutir.

Ta voix venait ainsi,
Ton regard,
Me dénuder jusqu’à la douleur.

Il faut finir ce jour sans rien à finir.
J’ai choisi le silence.
Mes matelots sourds ont ramé,
Mes matelots aveugles,
Sans le savoir, au rythme de ta voix.

p62/63
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La violette,
L'aubépine,
Cette douceur têtue, timide,
Dans l'air qui sent encore la neige,
Et la rumeur menue des oiseaux
Te ressemblent.

Regarde par mes yeux
Le dessin de la terre.
Elle monte vers le ciel, un village
Où le temps veille d'une vie immobile.

Tu l'aimerais au seuil du printemps !

Regarde le pelage de blé,
La promesse bourrue,
Écoute au fond de moi
L'alléluia dans le soleil,
Dans la brume et le vent,
De l'alouette !

p193
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Georges-Emmanuel Clancier
A chaque fois que l'on me pose la question suivante: mais à quoi sert la poésie? Je réponds invariablement: et à quoi sert la vie?
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Georges-Emmanuel Clancier
Les visages sauvés

{à la mémoire du peintre espagnol
Modesto Cadenas, fusillé}

*
À vivre leur ombre et leur soleil
Tes hommes sont là,
Aux visages purs
Comme si toute chose les baignait
D'une eau plus vive que le vent

Sans sourire, sans un mouvement des lèvres,
Justes dans la chair de leur pensée,
Dans leur chair,
Ils sont là, penchés entre la moisson et la tendresse,
Leurs bras à peine levés,
Entre leur femme et la mer.
Je sens leur force attentive
Caressée d'enfants, d'amour, et portée de souvenirs.

Tous ces paysages de la campagne,
De la maternité,
Toutes les couleurs où se crée la nuit
Fraternelle,
Et la nuit de toute étreinte.
Tous ces paysages sont là
Comme autant de naissances perdues.

Ton cœur n'est plus pour les pousser vers la vie
Actes éblouis avant l'élan,
Chemins devinés suivis sous les herbes ;
Il n'est plus d'herbe ni de chemin,
Plus de joie pour t'y faire rouler
Nu, et battant l'air de tes mains ouvertes,
Plus de mains pour lancer les lumières
Que charriait ton sang,
Plus de sang.
Il t'a fui par le grand cri
Rouge
De tes os de tes muscles de ton sexe, de ta voix et de tes
yeux,
De tes oreilles,
De ton amour,

De ta fatigue aussi où s'étaient perdues haine et peur,
De ton cœur.

Terres d'Espagne sont là-bas autour de ta mort À vivre leur ombre et leur soleil, À mourir de tous leurs hommes.

Mais tu as sauvé ces plages
Chaudes, et rondes comme un chant.
Avec leur plus légère présence
D'événements :
Une femme, une femme qui dit adieu,
L'enfant pâle,
Et tous les hommes,
Tous leurs visages, graves,
D'où se délivre ton visage.
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Un jeune hiver se levait sur Paris



Un jeune hiver se levait sur Paris
Adolescent de rire dur qui brille,
Les filles frileuses de l’air doré
Se faisaient des forêts une fourrure,

La ville ressemblait à la vie
Lorsque de sa malingre misère
Resurgit on ne sait quelle gloire.
Et nos pleurs se firent larmes d’orgueil.
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Elle appréhendait d'avoir à paraître devant le curé Ladurantie, dont elle avait été la meilleure cathéchumène du temps où, gardant les moutons, elle croyait voir, dans les nuages du crépuscule, la Vierge, Dieu et tous leurs saints.
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