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Citations de Gérard Chaliand (154)


DERNIÈRES ÉTREINTES

À Maréva

Le ressac de la mer
ramène à la grève le passé,
ses fragments de rêves, ses souvenirs d'aubes légères,
qui habitent mon sommeil,
et le fil de mes veilles désormais.
J'ai perdu plus d'amis qu'il ne m'en reste peut-être,
il faut toujours plus de courage,
pour les dernières étreintes où le souffle s'épuise,
toujours plus de courage,
pour rester ouvert au monde, tant qu'on dure,
fidèle au code du savoir mourir, en faisant face.
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Ma vie.
Il m'a fallu longtemps pour te rejoindre
au cœur du plaisir mûr, silencieuse découverte.
Maintenant je te connais, tu es douce-amère
Peut-on consoler l'arbre vert qui se dessèche ?
Je glisse vers une mer sans soleil,
perdu au milieu d'oies sauvages et de roseaux.
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Les mongols, au début de leur splendeur impériale, restent fidèles à leurs croyances et font preuve d'une exceptionnelle tolérance à l'égard des religions qu'ils rencontrent.
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À Sophie M.
Pour le collier de vingt perles


Par toi, à cause de toi,
voici à nouveau le premier matin du monde.
Des gestes anciens, chargés d'une fraîcheur nouvelle,
des mots répétés et pourtant lisses comme si la mer et le temps les avaient longuement roulés.
L'endormir ensemble, toucher tiède d'une peau contre une peau, étreinte qui n'est pas encore plaisir vif,
bien-être enfoui et retrouvé
comme une brume se levant sur ce qui fut égaré,
sans même le savoir.
Tout soudain retrouve sa place
et il importe désormais de ne plus se perdre.
Pourquoi soudain cette plénitude rassurée sur elle-même ?
Ce bonheur d'apporter à la fois le trouble et la paix,
le plaisir enfin consenti, le port où tu rêvais d'aborder?
Digue rompue dont coule le plus cristallin des élans.
Ton regard attentif cherche à me lire
avant de s'abandonner.

Mon Eurydice ramenée au jour.

1995
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Sur tes cheveux de mer et de soleil
mes mains cherchent tous tes reflets
souvenirs de roches mouillées, lointain où je m'enfonce
tes yeux si profonds que je n' y vois que toi.
Ton corps calme parmi les coquillages,
le monde retient son souffle pour durer encore. (...)
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AU VENT DU RISQUE

Les eaux grises se sont figées cette nuit en glace aveugle.
Le paysage est muet, gorge serrée dans le brouillard.
Les lauriers sont coupés, nous n'irons plus au bois.
Le temps bat, sans hâte, comme un cœur fatigué.
C'est une longue fin d'hiver, sans promesse de printemps.
Les mots ne s'entendent plus quand ils sont
chuchotés.
Comme des pierres chargées d'oubli,
La sève, l'élan, le bond glissent du rebord de la
mémoire.
Ne restent que les derniers compagnons,
le vivre, le savoir mourir
et le souffle quittant sur la pointe des pieds
un corps désormais étranger.

Précaire a toujours été la vie.
J'ai marché droit au vent du risque.
Tout se gagne en consentant à perdre.


À Claude Burgelin,
(extrait de "Cavalier seul") - pp. 121-122
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Je suis présent
depuis les premières bêtes conjurées dans les grottes.
Comment saisir ta charge, taureau,
afin que je l’emporte ?
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La première croisade modifie les données militaires régionales. La poussée turque vers l'ouest est stoppée.
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J’ai parcouru maints pays étrangers…


J’ai parcouru maints pays étrangers,
je n’ai pas trouvé de chemin menant au monde.
Des roses, j’en ai vu par milliers dans les jardins,
aucune ne ressemblait à ma bien aimée.

Je me suis lassé du langage amer des hommes
des longues années pleines de tristesse.
En espérant de l’aide des torrents qui coulent
je n’ai pu trouver d’aussi ruisselants que moi-même.

Je me suis consumé à toutes les flammes
je me suis cloué à un poignard
le cœur percé je suis tombé
et je n’ai pas trouvé de main pour me relever.

Le monde reste sourd à mes appels,
désormais je n’attends plus rien du destin,
toi seule, mon âme, tu connais mon état
je n’ai pas trouvé de mots pour dire ma peine.

Je suis le rossignol qui gémit en détresse
j’ai beau crier, ma rose ne m’entends pas.
Mort secourable, dit Karadja-Oghlan
je n’ai trouvé d’autre issue que la tombe.


//Karadja-Oghlan (17ème siècle)
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C'est ainsi que se terminèrent le règne de Totila et sa vie. Il avait régné sur les Goths pendant onze ans. Sa mort ne fut pas digne de ses réalisations antérieures, car précédemment, il avait connu le succès et sa fin ne fut pas à la mesure de ses actes. Là encore, la fortune a montré qu'elle se joue des affaires humaines comme le chat joue avec la souris, faisant la preuve de son absurdité et de sa nature inexplicable. Spontanément, sans raisons, elle accorda pendant un temps la chance à Totila peut eut le caprice de lui infliger une mort misérable, bien indigne de ce qu'il méritait. Mais je soupçonne cela de n'avoir jamais été compréhensible à l'homme, et je pense que cela ne le sera jamais. Les hommes en parlent et les opinions vont et viennent sans cesse pour s'adapter aux goûts de l'un et de l'autre, chacun tentant de compenser son ignorance par l'explication qui lui semble la plus raisonnable.
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Gérard Chaliand
Aucune société n'a le monopole de la cruauté ou de la justice.
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À l’heure où la Chine cherche à s’affranchir de la tutelle du dollar, Daech en est encore à couper des têtes en prétendant restaurer un califat.
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En dehors de l'Anabase d'Alexandre, trois conquêtes militaires anciennes me paraissent, pour des raisons différentes, exceptionnelles : l'expansion foudroyante de l'Islam entre le VIIe et le VIIIe siècle, de l'Espagne aux confins sino-indiens ; la conquête mongole du plus vaste empire jamais constitué par la volonté organisatrice d'un nomade de génie ; enfin, la conquête de l'Amérique par une poignée d'Espagnols.
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La machinerie nomade avant d'être prédatrice du monde sédentaire est autodestructrice avec une impitoyable férocité.
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Les chinois disaient des nomades :"ils suivent l'herbe et l'eau". Parfaite définition du monde pastorale des steppes d'Asie centrale.
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Nomade vient de nomos : qui fait paître.
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Tout scythe qui a abattu son premier ennemi doit boire de son sang.
Hérodote.
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Je t’aime la gorge nouée aux fibres de l’été
chaque aube m’éveille tes yeux au fond de mon regard
ma femme heureuse jusqu’au bord des paupières.
Nos rires feront trembler des miroirs d’eau légère.
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Pourquoi donc ma belle aux yeux noirs…



Pourquoi donc ma belle aux yeux noirs
pourquoi ces nuits où je ne puis dormir ?
on dit que la peine d’être séparés est dure
pourquoi n’ai-je pu encore me rassasier de cette peine ?

Les étrangers ont envahi le jardin de l’Amie
en cueillant sa rose, ils en ont brisé la branche
elle est entré ici, dans la couche d’un vaurien
celle que je n’osais aimer.

Ma belle aux yeux noirs je t ‘ai aimée et m’en suis caché
je suis descendu dans ton jardin, j’y ai cueilli des roses
j’ignore en quel endroit j’ai bien pu te blesser
pourquoi n’ai-je pas même reçu de tes nouvelles ?

Je meurs brûlé de ton amour dit Karadja-Oghlan
toutes les folies je me les suis trouvées
après avoir erré je suis venu au lieu du rendez-vous
pourquoi ne t’y ai-je pas trouvée ?


// Karadja-Oghlan (17ème siècle)

/ Traduit du turc par Gérard Chaliand
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Terre ma terre
je coule ton sable dans ma main
et comme les doigts
je chante tes cinq continents
De ma bouche à mes yeux je vous donne tous mes sens
rives des Amériques
tous mes jours pour l’Europe mes nuits pour l’Afrique
mon enfance à l’Asie.
Terre ma terre
d’être souvent tombé sans relever la tête
je sens battre ton pouls et ton cœur est unique
il n’a pas de couleur
il bat.
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