AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Gil Courtemanche (100)


Nous pouvons tous nous transformer en assassins, avait toujours soutenu Valcourt, même l'être le plus pacifique et le plus généreux. Il suffit de quelques circonstances, d'un déclic, d'une faillite, d'un patient conditionnement, d'une colère, d'une déception. Le prédateur préhistorique, le guerrier primitif vivent encore sous les vernis successifs que la civilisation a appliqué sur l'humain. Chacun possède dans ses gènes tous le Bien et tout le Mal de l'humanité. L'un et l'autre peuvent toujours surgir comme une tornade apparait et détruit tout, là où quelques minutes auparavant ne soufflaient que des brises chaudes et douces.
Commenter  J’apprécie          310
Tutsis et juifs, même destin. Le monde avait connu l'Holocauste scientifique, froid, technologique, chef d'oeuvre terrifiant d'efficacité et d'organisation. Monstre de la civilisation occidentale. Péché originel des Blancs. Ici, ce serait l'Holocauste barbare, le cataclysme des pauvres, le triomphe de la machette et de la massue.
Commenter  J’apprécie          270
- Pour un jeune homme, une belle mort, ça n'existe pas. Ni une mort utile. Toutes les morts d'enfants sont laides et inutiles.
Commenter  J’apprécie          250
L'agonisant ne choisit pas de mourir. Il cherche des lambeaux de vie auxquels se raccrocher comme un naufragé agrippe un morceau d'épave. Ce n'est pas tellement l'envie de vivre, c'est plutôt la peur de mourir. La crainte du rien absolu, l'angoisse de ne pas exister. Car cette existence, ce qu'on est, on imagine l'avoir construit, et si cette existence passe par l'amour qui transfigure, elle dépasse tout ce qu'on était avant l'amour. L'amour multiplie.
Commenter  J’apprécie          230
Les gens possèdent un peu l'âme de leur paysage et de leur climat. Ceux de la mer sont comme les courants et les marées. Ils vont et viennent, découvrent de multiples rivages. Leurs paroles et leurs amours imitent l'eau qui glisse entre les doigts et ne se fixent jamais. Les gens de la montagne se sont battus contre elle pour s'y installer. Une fois qu'ils l'ont conquise, ils la protègent, et celui qu'ils voient venir de loin dans la vallée risque bien d'être l'ennemi. Les gens de la colline s'observent longuement avant de se saluer. Ils s'étudient puis s'apprivoisent lentement, mais une fois la garde baissée ou la parole donnée, ils demeurent solides comme leur montagne dans leur engagement.
Commenter  J’apprécie          230
Nous pouvons tous nous transformer en assassins, avait toujours soutenu Valcourt, même l’être le plus pacifique et le plus généreux. Il suffit de quelques circonstances, d’un déclic, d’une faillite, d’un patient conditionnement, d’une colère, d’une déception. Le prédateur préhistorique, le guerrier primitif vivent encore sous les vernis successifs que la civilisation a appliqués sur l’humain.
Commenter  J’apprécie          220
Gil Courtemanche
Car dans la vallée qui sépare Sodoma, le quartier des putes, du cimetière, fumait et puait le parc des camionneurs. Symbolique résumé de la vie dans cette ville. Tu gares ton camion, tu gravis la colline de Sodoma pour boire quelques Primus et tirer un coup, et quelque temps plus tard tu te retrouves dans un trou dans la colline d’en face.

Commenter  J’apprécie          204
Un fils n'a pas le droit de mourir avant sa mère.
Commenter  J’apprécie          190
[...] le développement, mot magique qui habille noblement les meilleurs et les plus inutiles intentions.
Commenter  J’apprécie          170
La mort, ici, commençait-il à comprendre, n'était rien d'autre qu'un geste quotidien.
Commenter  J’apprécie          150
On naît plusieurs fois, Les premiers pas, le premier caca sans aide de maman, la première bicyclette, le premier baiser, la première baise, le premier mariage, le premier enfant. Chaque fois, une nouvelle vie s'annonce, pleine de promesses. Une nouvelle naissance. Mais il y a aussi la dernière vie, celle à laquelle on a renoncé parce que les premières vies n'ont pas respecté leurs promesses.
Commenter  J’apprécie          140
Je viens de passer trois saisons sans toi. Je ne les ai pas vues naître ni mourir. Tout m'est familier, mais je navigue lourdement en pays étranger, passager d'une sorte de vaisseau fantôme qui revient sur un océan qu'il avait déjà traversé. Tout m'est familier, mais je ne suis pas chez moi. Tu es mon pays, ma ville, mon quartier, ma rue et ma maison. Je suis un habitant de toi.
Commenter  J’apprécie          130
Il avait toujours cru que l’absolue liberté est une prison. Jamais il n’avait autant craint les actes qu’il allait faire, car il les pressentait déjà. Il mesurait la profondeur des bonheurs qui s’annonçaient et l’abime des douleurs dans lequel il se précipitait volontairement, consciemment.
Commenter  J’apprécie          92
Gentille lui avait dit en entrant dans la chambre : "Fais-moi encore jouir avec des mots." Il avait pris son exemplaire des Oeuvres complètes de Paul Éluard et l'avait menée sous le ficus.
Commenter  J’apprécie          90
Régulièrement, il faut qu'ils s'entre-tuent. C'est comme le cycle menstruel, de grandes coulées de sang, puis tout revient à la normale.
Commenter  J’apprécie          80
Accepter, passer à autre chose, refaire sa vie. Ce sont des formules de survivants, de résilients.
Commenter  J’apprécie          80
Le fonctionnaire lui expliqua que le Canada, pays sans importance dans le concert des nations, exerçait néanmoins dans certaines régions du monde une influence qui pouvait en déterminer l'avenir et surtout l'accès à la démocratie. C'était le cas du Rwanda. Le gouvernement canadien avait accepté d'y financer avec quelques autres partenaires l'établissement d'une télévision dont la première mission serait éducative, en particulier dans les domaines de la santé communautaire et du sida.
- On commence par les besoins hygiéniques, par des émissions sur la prévention, sur les régimes alimentaires, puis l'information circule, et l'information, c'est le début de la démocratie et de la tolérance.
Commenter  J’apprécie          70
Considere-t-on avec la même circonspection juridique le massacre de 800 000 pers et un règlement de comptes dans une bande de motards? Le droit me disait que oui, la justice l'affirmait que non. Et plus j'étudiais le droit,plus je me demandais s'il n'était pas souvent le premier ennemi de la justice.
Commenter  J’apprécie          60
- Gentille, comment peux-tu rire aussi facilement?
- Parce qu'ils sont drôles. Parce qu'ils rient. Parce que maintenant il fait chaud et bon. Parce que tu es là. Parce que la bière me chatouille le dedans des joues et que j'aime bien Cyprien et Georgina... Tu veux que je continue? Alors je continue : parce que les oiseaux, la mer que je ne vois pas et que je n'ai jamais vu, parce que le Canada que je verrai peut-être un jour. Parce que maintenant je vis, parce que les enfants vivent et parce que maintenant nous sommes bien. Tu veux que je continue?
Il secoua la tête. Gentille avait raison.
Commenter  J’apprécie          60
Autour de la piscine, on discute de deux sujets importants.
Les Blancs consultent la liste des fromages et inscrivent
leur nom sur le feuillet de réservation. On viendra
même du parc des Gorilles à la frontière du Zaïre pour
déguster le traditionnel buffet de fromages français, dont
la première pointe sera coupée par l’ambassadeur luimême.
Aux tables occupées par des Rwandais, en majorité
des Tutsis ou des Hutus de l’opposition, on a baissé le ton.
On parle de la maladie du président considérée déjà
comme un fait avéré, et de la date probable de sa mort et
de sa succession. André, qui distribue des capotes pour
une ONG canadienne et qui à ce titre est un expert en
matière de sida, calcule fébrilement. D’après la rumeur, il
baiserait depuis trois ans avec sa secrétaire. S’il a été assidu
et que le mari de sa secrétaire ait déjà le sida et que les
dieux soient avec nous, le président Juvénal en a pour au
plus un an. On applaudit à tout rompre. Seul Léo, un Hutu
qui se dit modéré pour pouvoir baiser la soeur de Raphaël,
seul Léo n’applaudit pas. Léo est journaliste à la télévision
qui n’existe toujours pas et que Valcourt devait mettre sur
pied. Léo n’est pas modéré, c’est seulement qu’il bande
pour Immaculée. Léo, même s’il vient du Nord, la région
natale du président, est devenu récemment membre du
PSD, le parti du Sud. Au bar de la piscine, ce geste courageux
en a impressionné plus d’un et Léo pavoise. Il faut
préciser que la seule pensée de pouvoir dévêtir Immaculée
donnerait des convictions à plus d’un pleutre. Mais Léo est
aussi tutsi par sa mère. Léo, dans la tourmente naissante,
cherche le camp qui sauvera sa petite personne et lui permettra
de réaliser son rêve: devenir journaliste au Canada.
Les Rwandais sont gens de façade. Ils manient la dissimulation
et l’ambiguïté avec une habileté redoutable. Léo est
une caricature de tout cela. Il est absolument double. Père
hutu, mère tutsie. Corps tutsi, coeur hutu. Carte du PSD et
rédacteur des discours de Léon, l’idéologue extrémiste
hutu, dit l’Épurateur, ou le Lion Vengeur. Discours de colline,
vêtements du 6e arrondissement. Peau de Noir, rêves
de Blanc. Heureusement, pense Valcourt, Immaculée
n’entretient que mépris et dédain pour Léo qui s’escrime
en fleurs et en chocolats.
Commenter  J’apprécie          60



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Gil Courtemanche (444)Voir plus

Quiz Voir plus

Où sont-ils nés ?

Albert Camus est né .....

en Tunisie
en Algérie
au Maroc

12 questions
14 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}