Citations de Gilbert Cesbron (715)
Tous ces gens qui n’ont pas de talent, que deviendraient-ils sans tous ces gens qui n’ont pas de goût ?
Peur de mourir, peur de s'engager, peur d'aimer, [...] n'est, au fond, que la peur panique de ne pas être aimé en retour [...]. En vérité, nous devrions seulement être hantés par la peur de mal aimer.
On n'est jamais si bien asservi que par soi-même.
" Vivre l'instant, c'est donc si difficile ? Ils voudraient tous vivre déjà demain ; mais demain, dans deux jours, sera hier ! Il n'y a qu'aujourd'hui qui soit intéressant. Ils perdent un jour chaque jour. "
Vivre l'instant, c'est donc si difficile ?
Ils voudraient tous vivre déjà demain ; mais demain, dans deux jours, sera hier !
Il n'y a qu'aujourd'hui qui soit intéressant.
Ils perdent un jour chaque jour.
Ce qu’il y a de meilleur dans le dimanche, c’est encore le samedi soir.
Certains héros ne se démodent pas. Guynemer, Mermoz et Saint-Exupéry ont le même âge comme ils partagent le même tombeau : l'espace.
La Démocratie est un luxe. S'il n'est pas exceptionnellement vertueux, un pays pauvre qui "se paye" la Démocratie vit, comme la France, au-dessus de ses moyens.
(1955)
« Voici un livre qui risque de déplaire un peu partout. Mais la prudence est-elle encore une vertu ?
Dans un monde où des hommes de même langage ne peuvent plus se comprendre sans interprète ; dans un temps où l’on assassine les médiateurs, et où l’honneur commande d’être écartelé : dans ce siècle où règne la croix sans le Christ, je veux n’être d’aucun parti. J’ai trop vu de partisans pour rester capable d’un autre choix. Ainsi je ne quitterai pas la main des hommes au milieu desquels j’ai grandi, parce que je tends la main à mes amis de Sagny.
Ceux-ci ne reconnaîtront peut-être pas leur visage dans ce livre ; et les autres ne reconnaîtront pas le mien. Chacun me traitera d’agent double. Mais l’honneur d’aujourd’hui commande encore de perdre sur les deux tableaux.
On chercherait en vain Sagny sur une carte ; mais, ce que j’en raconte, on le trouvera dans presque toute la banlieue de Paris à la condition d’y porter un œil pur et un cœur exempt de parti pris.
Je serais bien honteux de blesser quiconque avec ce livre ; et je n’espère y convaincre personne : chacun ne convainc que soi-même. Mais si j’ébranle quelques esprits libres, c’est assez.
A mes amis de Sagny, j’offre cette histoire que je n’avais pas le droit d’écrire, car je n’ai jamais été pauvre, ni prêtre, ni ouvrier.
A vous J., B., A., G., qui refusez que je vous cite, je donne ce livre où tout ce qui est pur vient de vous et, de moi, ce qui est besogneux.
J., B., A., G… Vous ai-je jamais appelés par vos noms de famille ?
Des saints aussi, on ne connaît que le prénom. »
Gilbert Cesbron
J'ai connu un temps où la principale pollution venait de ce que les gens secouaient leur tapis par la fenêtre.
Il est souvent nécessaire d'entreprendre pour espérer et de persévérer pour réussir.
Tous ces gens qui n’ont pas de talent, que deviendraient-ils sans tous ces gens qui n’ont pas de goût ?
On est jeune tant qu'on souhaite que chaque jour diffère de la veille ; vieux quand on espère que chaque année ressemblera à la précédente.
J'ai connu un temps où la principale pollution venait de ce que les gens secouaient leur tapis par la fenêtre.
Les frelons ne sucent pas le sang des aigles mais pillent les ruches des abeilles.
Ce qui attire la première mouche sur le papier tue-mouches, c'est bien le produit ; mais ce qui attire la seconde, c'est de voir ce qui est arrivé à l'autre:)
Tiens, voilà le petit con, dit le bistrot sans méchanceté, et l'un des consommateurs ouvre grand la bouche, en imitant Yann, pour faire rigoler les autres. Ils rigolent, sans méchanceté eux non plus. Les gens ne sont pas méchants, vous savez : ils n'aiment pas aimer, voilà tout.
Pareils à la poule qui n'ose pas franchir un cercle tracé à la craie autour d'elle, nous nous hypnotisons sur nos propres limites : nous sommes fascinés par ce que nous n'osons pas faire.
- En fin de compte, tous ces enfants menteurs, fugueurs, voleurs ou mêmes assassins ont, à Terneray, des conditions de vie beaucoup plus agréables que les enfants normaux. C'est une prime à la délinquance.
- Vous avez raison, dit M. Lamy : ils ont tout ! Tout sauf une petite chose essentielle. Au fond de la mer aussi, il paraît qu'il existe tout ce qu'il faut pour que nous puissions y subsister. il n'y manque que l'air, malheureusement !
- Et que leur manque-t-il d'essentiel à Terneray ?
- A Terneray et, par définition, dans tous nos centres : l'amour de leur famille.
- Vous voulez dire les coups, l'humiliation, l'abandon, les sévices ?
- Oui, reprit M. Lamy avec une sorte de tendresse, tout cela dont ils ne peuvent pas savoir que, justement, ce n'est pas le lot de toutes les familles... Tout cela qui, par contraste, fait un éblouissement de joie de la moindre attention, d'un regard plus doux, d'un sourire. L'amour... On peut les priver de n'importe quoi, ajouta-t-il en apercevant la grille d'entrée. Mais le seul crime, Doublet, serait de pénétrer à Terneray sans apporter avec soi tout l'amour dont on est capable.
Seules les larmes nous gardent le regard assez clair pour reconnaître ceux qui vivent hors du temps.