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Critiques de Giorgio Agamben (29)
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Bartleby ou la création

Ouvrage philosophique centré sur la grande interrogation posée lors de la lecture de Bartleby. Quel est le sens de la tournure particulière de cette phrase si souvent répétée par le copiste de Melville : Je préfèrerais ne pas.

Plusieurs prismes d'étude sont donc à envisager :

le prisme logique : ne pas préférer c'est finalement ne pas choisir, c'est considérer que moi sujet je ne puis décider s'il faut ou s'il ne faut pas.

C'est ensuite annihiler le libre arbitre, c'est décréter que le sujet n'a finalement pas d'incidence sur l'action.

C'est déclarer que de toute façon comme le démontre Aristote la proposition peut ou ne pas être n'infirme pas le principe de non contradiction et demeure nécessairement vrai. De fait le non choix laisse possible toute alternative.

C'est signifier comme le démontre Leibniz dans sa théodicée que ce n'est pas lorsqu'un choix est à faire que l'événement e produit, la choix est déjà fait.



D'un point de vue philosophique à la fois sceptique et stoïcienne et existentialiste.

Sceptique car ne pas choisir c'est décider que rien ne doit advenir de son choix et donc en nier la validité et la pertinence.

Cela conduit même au nihilisme si on en nie le sens.

Stoïcienne car finalement, le refus du choix pour constater l'absence de rôle décisionnaire du sujet face à l'ordre des choses laisse penser que seule la vision du monde importe.

Existentialiste car Bartleby copiste qui ne créé pas, disparait refuse sa place dans le monde allant même jusqu'à se nier en tant que sujet au long du récit.



Analyse courte mais riche et assez complexe, Agamben dresse une argumentation complète du récit de Melville dans un style soutenu et agréable.

Porte d'entrée de l'oeuvre d'Agamben c'est aussi une étude nécessaire de celle de Melville.
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Ce qui reste d'Auschwitz

La guerre finie oui, mais dans les tetes est-ce qu'il est normale que certaines personnes sont plus libres, plus ecoutet, plus importantes que d'autres? Surtout quand on "soigne" parait-il certaines personnes, mais sont-ce vraiment des soins?
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De la très haute pauvreté

Et saint François éleva sur les plus hauts sommets de la perfection (év)angélique la très haute pauvreté, la vie nue car dépouillée de ses droits.
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De la très haute pauvreté

Critique de Maxime Rovere pour le Magazine Littéraire



Voici quelques années que le philosophe Giorgio Agamben s’interroge sur les normes et c’est souvent en étudiant la haute Antiquité qu’il trouve comment articuler les concepts qui éclairent notre temps. Son nouveau livre, De la très haute pauvreté, principalement tourné vers les XIIe et XIIIe siècles, plonge au coeur des différentes règles monastiques. À quelle fin ? Penseur des profondeurs, Agamben ne se propose pas seulement de faire l’exégèse des normes par lesquelles les moines ont cherché à donner forme à leur vie ; il tente surtout de définir ce que serait une communauté en deçà du droit - une société dont la structure serait consubstantielle à ses normes plutôt que mise en forme par elles.

La situation des moines offre un cas exemplaire. En se retirant du monde, ils optent pour une forme de solitude qui fonde... une communauté. Dès le début, la normativité monastique connaît une extension maximale : elle investit les moindres détails et transforme ainsi toute la vie en un office divin. Si des peines sont prévues en cas d’infraction aux règles, celles-ci évitent de s’instituer en règles de droit en se posant comme des thérapies. L’étude de ces époques reculées crée avec l’actualité la plus contemporaine des échos troublants : en touchant à ses fondements les plus lointains, le penseur italien fait vaciller tout l’édifice du néocapitalisme. La vie monacale en est-elle le parangon ou l’antidote ? «Ce qui est décisif, en tout cas, c’est que la forme de vie en question dans les règles soit un koinos bios, une vie commune.» Autrement dit, une manière d’envisager l’existence qui diffère de la politique, mais qu’on peut ressaisir comme une manière de concevoir une vie constituante, seul fondement véritable de la règle constituée.

Entre la règle écrite et la lecture orale, Agamben découvre alors un jeu de bascule porteur d’ambiguïté : la règle prend vie lorsque la vie se fait la règle. Avec François d’Assise, l’interrogation posée initialement trouve sa solution : «Comment penser une forme-de-vie, c’est-à-dire une vie humaine totalement soustraite à l’emprise du droit [...], ou encore : comment penser une vie qui ne peut jamais être objet de propriété, mais seulement d’usage commun ?» François d’Assise invente l’idée géniale de «très haute pauvreté», qui arrache la communauté à toute propriété. Consacrée à Dieu, la vie elle-même n’appartient plus à personne : on ne peut qu’en faire usage - et toujours pour le bien de tous. Certes, la récupération du mouvement de repli monastique par le fondement d’une nouvelle communauté est un peu trop ambivalente pour signifier l’espoir, mais elle montre en tout cas que le refus du monde peut révéler un fondamental être-ensemble.



6.GIORGIO AGAMBEN.A PARIS 8.LE 8 AVRIL 11 par soukaz
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Enfance et histoire

Le livre est très intéressant mais assez difficile d'accès.
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Homo Sacer : Tome 5, Opus Dei - Archéologie d..

Généalogie brève mais intense du paradigme ontologique et pratique aporétique qui pourtant nous gouverne : l’office.
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Homo sacer t.1

J'invite à lire ce livre, dont je n'ai pas fini d’analyser toutes les implications, avec attention, même s'il est ardu. Cela nous permet de comprendre qu'à l'origine de la politique moderne, la biopolitique, il y a eu un sacré bémol à partir du moment où la vie même (et non plus les territoires, etc.) est devenue l'enjeu stratégique. Les processus de subjectivation en sont le limon et nous conduisent paradoxalement à la soumission et à des aberrations.

Foucault affirmait déjà que « l'État occidental moderne a intégré une quantité sans précédent de techniques d'individuation subjectives et de procédures de totalisation objectives. » Il parlait alors d'un véritable « double lien politique, constitué par l'individuation et la totalisation simultanée des structures du pouvoir moderne ». Mais il n'a pas eu le temps d'en déduire toutes les implications notamment la logique qui a conduit aux camps de concentration et aux états totalitaires. Cela constitue le projet de la présente recherche d'Agamben.

« L'homo sacer » (« sacer » est un terme sémantiquement ambigu qui recouvre autant ce qui est saint que maudit), en deçà et au-delà de toute signification religieuse, c'est l'homme à la vie nue où s'applique le pouvoir souverain à la fois tuable et insacrifiable, mis au ban de la société dans une exclusion-inclusion.

Car le souverain est avant tout le dépositaire de l'état d'exception et, grâce à cette structure implicite paradoxale qui remonte aux origines du pouvoir et qui présuppose une zone vide —une zone d'indifférenciation où se niche la puissance conjuguant violence et arbitraire, une sorte d'impensé dont la présence est voilée — et il peut décider à tout moment ce que bon lui semble, et surtout faire en sorte que cette vie d'homme soit réduite à la vie nue. À contrario, toute revendication, légitime ou pas, se mortifie en norme, car elle fait l’objet d’une récupération qui ne vise que notre assujettissement.

« Est sacrée à l'origine, c’est-à-dire exposée au meurtre et insacrifiable, la vie dans le ban souverain. Et la production de la vie nue devient, en ce sens, la prestation originaire de la souveraineté. »

« L'homo sacer », c'est l'Aleph de la politique, le principe premier, là d'où partent tous les possibles et où nos démocraties s'enlisent et c'est déjà ce qui a permis aux totalitarismes de tout bord de prendre leur essor...

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Image et mémoire

J'ai choisi ici de ne mentionner que le premier article de l'ouvrage de Giorgio Agamben. Il s'agit du texte intitulé "Aby Warburg et la science sans nom". Ce livre a été publié en Italie en 1984 et traduit par les édition Hoëbeke en 1998. On retrouve ce texte d'une part dans "Image et mémoire, écrit sur l'image, la danse et le cinéma" édité en 2004 (Desclée et Brouwer ) mais aussi, je crois car non consulté, avec une autre traduction dans "La puissance de la pensée" (Rivages 2006).

J'ai découvert "Image et Mémoire" et le texte sur Aby Warburg en 1998. Peu de textes de ou sur Aby Warburg existaient en français. On peut noter toutefois, la parution, la même année, du livre de Yves-Alain Michaud "Aby Warburg et l'image en mouvement" (Macula, 1998). Mais le texte de Giorgio Agamben, en quelques dizaines de pages, montraient la "puissance de pensée", l'épaisseur, la capacité d'invention de cet immense historien de l'art qui bouleverse l'approche formelle et traditionnelle de cette discipline.

En quoi ce texte qui reste fondateur pour moi est-il si important?

Giorgio Agamben présente non seulement la recherche inouïe de Aby Warburg mais il l'associe également à l'âme et la personnalité de son auteur. L'une et les autres sont intrinsèquement liées. Il n'y a pas séparation.

Pourrait-on dire que Aby Warburg, dans son interrogation quasi vitale sur l'image aurait été un des tous premiers historiens de l'art à introduire, avec son concept de "pathosformel" la dimension de l'affect que peut contenir l'image? Je l'ignore. Mais, en rendant impossible la séparation de la forme avec le contenu, "il désigne l'indissoluble intrication d'une charge émotive et d'une formule iconographique" (G.A., p.11).

Dans sa thèse sur "Le Printemps et La Naissance de Vénus" Aby Warburg met le doigt sur le profond conflit spirituel dans la culture de la Renaissance qui devait concilier les contenus orgiaques des "pathosformeln" de l'antiquité classique d'une part et le christianisme d'autre part. Quelque chose d'inconciliable. Son étude approfondie de la nymphe devient "la marque d'une polarité pérenne de la culture occidentale, scindée par une schizophrénie tragique". Cette schizophrénie est fixée par Warburg dans une des notes les plus denses de son journal : "il me semble parfois qu'en historien de la psyché, j'ai essayé de faire la diagnostic de la schizophrénie de la civilisation occidentale à travers son reflet autobiographique : la nymphe extatique (maniaque) d'un côté et le mélancolique dieu fluvial (dépressif) de l'autre..."" (G.A. p. 30). Bien sûr, nous sommes là sur les traces de Nietszche et tout particulièrement de "La Naissance de la Tragédie".

Ce qui m'intéresse plus encore est l'Etude de Aby Warburg sur les fresque du Palais Schifanoia à Ferrare où il découvre (dans l'intérêt des détails) la présence de figures astrologiques et donc, à nouveau, de l'ambiguïté de la culture de la Renaissance. Lors d'un congrès en 1926 où il présente des images astrologiques, Warburg dit que ces images montraient" au-delà de toute contestation que la culture européenne est le résultat de tendances conflictuelles, un procès dans lequel, en ce qui concerne ces tentatives astrologiques d'orientation, nous devons chercher ni des amis ni des ennemis, mais à la rigueur, des symptômes d'un mouvement d'oscillation pendulaire entre deux pôles distants, celui de la pratique magico-religieuse et celui de la contemplation mathématique" (cit. G.A.p.31).

La science sans nom comme diagnostic de l'homme occidental.

Et aujourd'hui ?

Le diagnostic me semble garder toute son actualité. Pouvons nous parler d'une "oscillation entre deux pôles" ? entre rationalité et irrationalité, entre poésie et philosophie, art et science? certainement encore... Même si.

Pourtant, en ces années 2020 je vis cette ambiguïté. Très curieuse et intéressée d'une part par les connaissances parallèles aux savoirs officiels, de tous ces écrits et images qui ont largement nourries poètes, écrivains et artistes et d'autre part, attirée par une connaissance qui occupe un terrain plus balisé, officiel et institutionnalisé : Une grande intelligence parfois, une sécurité certaine.

Dans ces "oscillations pendulaires"entre ces pôles qui nous sont quasiment consubstantiels, les "vies posthumes" ou survivances, païennes (Nachleben) ou non, semblent réclamer leur part d'existence.

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Karman Court traité sur l'action, la faute et..

Dans une nouvelle enquête « archéologique », le philosophe retrace l’évolution qui aurait logé l’idée de « faute » au cœur de nos manières de vivre et cherche dans l’Antiquité la piste de l’innocence.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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L'amitié

Quel est la différence entre un semblant et un semblable ? La différence entre un possible et un improbable ? Entre l'ami et celui qui ne peut être « appelé » comme tel.

Appelé et non désigné. Car un ami n'est pas objet, ni contenu, ni somme, ni volume.

Il est. Et son « être » est à lui seul la seule tentative de définition que l'on peut tenter de lui donner.



L'essai de synthèse d'Agamben nous rappelle que le souci d'amitié a toujours préoccupé la philosophie. Considérant qu'on ne peut philosopher, penser, exercer sa raison qu'en bonne compagnie le questionnement philosophique à son égard est logique. Philosopher sans ami serait un non sens puisqu'une pensée ne peut être qu'adresser. Tout écrit philosophique est un discours qui offre à la communauté un débat. Point de politique alors sans amitié. Point de politicus sans amicus.

On politise ou on guerroie. Peut être pas d'autre choix...



Quel est la base de l'amitié , son origine? Je sais que tu es mon ami sans qu'il y a besoin que je te reconnaisse au dehors de moi-même...Nul besoin que je te reconnaisse puisque je te connais en moi même.... Miroir ? Reflet ?..

Qu'est ce que l'amitié ? Un vivre ensemble ? Une commune douceur sentie et pensée dans le plaisir, le désir d'exister ?

Un partage du vivant, de l'existentiel ? Un même ? « Un devenir autre du même » ?

En relecture d'Aristote, Agemben pose et reformule la question : « QUI est le nom de l'amitié ? »....



Astrid Shriqui Garain
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L'amitié

Un grand sujet. Un petit livre.

Cela me laissait espérer soit une synthèse puissante, soit une focalisation sur une approche, une définition singulière et/ ou novatrice.



Plusieurs pages sont consacrées en début de livre à une longue digression (savante) sur l'interprétation par Derrida et Nietzsche d'une phrase grecque attribuée à Diogène Laërce en revenant au texte grec. Certes l'enjeu est d'importance: suivant la traduction l'amitié existe... ou non! Mais en dehors des subtilités de traduction, aucun argument des uns ou des autres ne nous est proposé. 

Cela ne doit cependant pas masquer le thème central repris sous plusieurs formes. Ne cherchez pas une définition de l'amitié: celle ci ne peut être conceptualisée, parce qu'il s'agit d'une expérience, d'une sensation. L'amitié est la partage qui précède tout partage.

En résumé , je n'ai finalement pas regretté que ce livre soit si court....
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L'Ouvert : De l'homme et de l'animal

bien
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La guerre civile : Pour une théorie politique..

De la "guerre civile" comme concept central de la politique occidentale, occulté par le voile théologique de la politique moderne avant de faire retour avec fracas.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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La puissance de la pensée

Critique de Maxime Rovere pour le Magazine Littéraire



Dans un petit volume, de grandes perspectives. En rassemblant trente ans d’essais et de conférences, les éditions Rivages offrent de Giorgio Agamben un portrait en philo sophe majeur du « contemporain », comme il a baptisé lui-même l’ère du post-postmodernisme que ses méditations ont ouverte. Organisés de manière thématique, les premiers articles portent sur le langage : analysant Platon, Valéry, saint Jean, Benjamin mais aussi les thèses du linguiste Jean-Claude Milner et l’usage du jeu chez le poète Furio Jesi, Agamben propose de situer les pensées et les choses dans le langage, qui est le lieu même de l’être. La seconde partie, consacrée à l’histoire, s’ouvre naturellement par une méditation sur l’art selon Aby Warburg : le penseur allemand a en effet cherché à articuler les signes et leur évolution en quelque chose d’autre qu’une histoire de l’art. Dès lors, méditant à plusieurs reprises sur le thème de la mémoire, Agamben offre des variations sur Segalen ou sur Benjamin (encore !) qui, au fond, donnent avant tout la mesure de ce que l’intelligence peut faire de la culture. Dans la troisième partie enfin, le concept de « puissance », sur lequel Agamben a construit une grande partie de sa pensée, se trouve patiemment reconfiguré : il le ramène ainsi à son ambivalence fondamentale, suscitant la politique comme la littérature.
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Le feu et le récit

Les textes réunis ici permettent de mieux saisir le sens du rapport que la philosophie, liée à la métaphysique, à l’éthique et à la politique, entretient avec l’art.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
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Moyens sans Fins

Actualiser Debord pour traquer le retour du camp et de Carl Schmitt dans la politique contemporaine.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/07/19/note-de-lecture-moyens-sans-fins-notes-sur-la-politique-giorgio-agamben/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Penser l'image, tome 3 : Comment lire les i..

Comment appréhender les images ? Quelle lecture en faire ? Penser l’image disserte de la question de la lisibilité ou de l’illisibilité des images, en s’attardant notamment sur la validité des approches sémiotique et iconique.
Lien : http://www.laviedesidees.fr/..
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Penser l'image, tome 3 : Comment lire les i..

Un recueil de textes de plumes prestigieuses pour donner à penser les manières d’approcher l’image.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Polichinelle ou divertissement pour les jeu..

En méditant sur Tiepolo, Agamben opère un retournement joyeux de sa philosophie.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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Profanations

La profanation consiste à ramener à un usage possible ce qui a été préalablement consacré, c'est-à-dire séparé de la société profane dans une sphère où la chose est devenue hors d'usage. Le malheur de notre monde est que le capitalisme, nouvelle religion qui ne peut avoir d'autre but que la destruction du monde par sa mystique négative, désactive la profanation. Non seulement nous ne connaissons plus le sens du sacré (et de fait le sens du profane) du fait que tout devient consommable, utilisable, mais de plus, nous ne pouvons plus rien placer dans la sphère du sacré :

tout rite ou tout comportement qui irait dans ce sens est automatiquement désactivé par la mise en scène de notre société qui expose les objets (sous vitrine, dans les musées) et met en scène (les comportements). Cette fausse distanciation qui en réalité nous ramène à nous-mêmes, frustre et empêche la séparation entre profane et sacré, en empêchant la profanation d'être mise en oeuvre. C'est nous qui sommes séparés en deux, en qui profane et sacré se mélangent dans un gloubi-boulga indigeste.

Continûment mis à l'épreuve de ne pouvoir jouir de ce qui nous entoure, nous sommes de plus incapables de jouer, en ce sens que le jeu a justement pour fonction de profaner le sacré en mimant des rites qui tournent à vide. C'est pourquoi il est urgent de retrouver la capacité de profaner afin que nous retrouvions une mystique positive et non pessimiste, comme le capitalisme, actuellement dans sa dernière phase, nous offre la sienne.
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