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Critiques de Giuliano da Empoli (554)
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Le mage du Kremlin

Pour la première fois et c’est terrible que je sèche sur ma critique. Depuis plusieurs jours je tente de me faire une idée de ce que j’ai lu, ni roman, ni essai, ni émotion, ni découvertes. Je ne peux définir un livre par des « ni » (quoique le « si » et le « où » sont très à la mode). Alors c’est bien écrit, c’est clair, ça reprend les phases historiques de la grande Russie, puis les faits événementiels comme le sous-marin, Merkel et sa phobie des chiens, les oligarques, etc. Mais bon, on avait dit qu’avec ce livre on rentrait dans le cerveau de Poutine, hélas je ne suis pas plus avancée. Je me tiens au courant des actualités quotidiennes et voilà, ça c’est Poutine ! Alors honteuse, pour la première fois aussi, je lis les critiques avec 5 étoiles puis décrescendo pour enfin me sentir plus proche des déçus que des enthousiastes. Les déçus ne sont pas nombreux mais je les comprends. Les dithyrambiques expliquent à la perfection le roman, ils y trouvent de l’humour, du sexe là où j’éprouvais de l’ennui et des doutes sur une romance peu crédible. Fallait-il la naissance d’un enfant pour ressentir tous les risques pris par le héros et mesurer toute la cruauté d’un dirigeant qui à mes yeux laisse libre cours à sa folie destructrice. Alors je n’attendais pas de l’espoir, je voulais juste avoir des éléments nouveaux, il me reste la description physique de Poutine qui est si bien écrite, la folie des richissimes, la confiance aveugle des russes et l’envie de lire un vrai roman de cet écrivain.
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Le mage du Kremlin

Ancien conseiller politique en Italie, Guiliano Da Empoli met sa plume au service d’un roman envoutant qui nous plonge au cœur du pouvoir russe, et plus particulièrement dans le système Poutine, rebaptisé le Tsar.

L’auteur nous fait découvrir la machine politique russe par l’intermédiaire de Vadim Baranov, qui nous livre ses mémoires, un personnage fictif mais grandement inspiré par Vladislav Surkov.

Les traits d’esprit, d’humour sont multiples, on y apprend un nombre incroyable d’anecdotes savoureuses (par exemple, l’épisode pendant lequel Poutine ayant connaissance de la peur bleue des chiens d’Angela Markel, n’hésite pas à faire participer son imposante chienne noire labrador Koni à une réunion diplomatique sous le regard terrorisé de l’ex-chancelière allemande.)

On apprend sur la mentalité russe, les jeux de pouvoir, les manipulations, et le livre se déguste un sourire aux lèvres, teinté souvent de dégoût et de révolte.

C’est fort bien documenté, cependant, avec un petit gout d’inachevé. J’ai regretté ce long monologue du personnage, peu crédible déjà en soi. J’aurais aimé avoir un autre point de vue que celui de ce mage qui ne regrette rien, un œil critique afin que s’instaure un dialogue avec Baranov dans le but de le mettre face à ses manques, ses contradictions, aux manipulations, à la terreur insidieuse inspirée par le pouvoir en place sur son propre peuple et le monde.

J’ai trouvé au seul personnage féminin de l’histoire, Ksenia, une femme vénale, manipulatrice, prompte à retourner sa veste, assez peu d’intérêt, qui ne m’a pas semblé dénoter chez l’auteur d’une grande estime des femmes. Si son évocation permet de très beaux passages sur les sentiments amoureux de Baranov à son égard, Ksenia n’occupe qu’un rôle subalterne, un peu comme s’il fallait bien un peu d’amour et de sexe au milieu de tous portraits masculins bourrés de testostérone.

Une lecture intéressante et instructive, pas très réussie sur le plan romanesque, et trop linéaire d’un point de vue narratif. Le mélange des genres entre fiction et réalité m’a un peu dérangé, car des anecdotes réjouissantes ont perdu de leur saveur, puisqu’on ne sait discerner de quelle catégorie elles relèvent.

J’aurais apprécié une critique plus franche et acérée du système. La fascination face au machiavélisme m’a semblé parfois rejoindre une certaine complaisance.

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Le mage du Kremlin

Je ne suis pas une spécialiste de la Russie, je le reconnais, donc quand le livre est sorti j'y ai vu une occasion de combler certaines lacunes !



Puis, dans un second temps, j'ai eu peur de me lancer dans cette lecture : après tout c'est un essai politique donc sûrement compliqué et chiant 😅



Mais une fois que j'ai lu les premières pages, je ne l'ai plus lâché !



Contrairement à ce que j'ai cru, le style est facile d'accès et fluide, l'histoire est prenante.



J'ai aimé découvrir les différences de la société russe avec la société française, son rapport au pouvoir et à l'argent mais surtout l'évolution de ce fonctionnaire, un certain Vladimir Poutine, choisi au départ pour n'être qu'une marionnette ...



J'émettrai un bémol : une grande partie des faits relatés ont eu lieu avant ma naissance ou lors de mon enfance donc je n'ai que peu de recul sur la véracité des faits ou le parti pris de l'auteur.
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Le mage du Kremlin

Le Mage du Kremlin, Roman de Giuliano Da Empoli, Gallimard, mars 2022...



J'ai repris ici que les citations du livre



« Là bas on devait démontrer qu'on était un peu plus fou que les autres si on voulait que les brutes n'aient pas le dessus. La politique de haut niveau c'est un peu la même chose.

Il a suffit que le labrador montre le chemin et ils n'attendaient que ça.

Tout ce qui fait croire à la force l'augmente véritablement.

La Russie et l'Ukraine ne sont pas seulement voisines.... Nous sommes un seul peuple! Kiev est la mère de la nation russe... Nous ne pouvons pas vivre les uns sans les autres.p 242.

Le Labrador est le seul conseillé en lequel Poutine a entièrement confiance. P266.

En occident vos gouvernements sont comme des ados ils ne peuvent rester seuls.P 266.

Comme Dieu le tsar peut être objet d'enthousiasme, mais sa nature est indifférente. Son visage a acquis la pâleur de l'immortalité. P 267.



Les jeunes patriotes de notre pays pourront commencer la lutte contre le véritable ennemi la décadence de l'occident, ses fausses valeurs....p 188 »



Qui a écrit ce livre ? Quelle est la bonne question ?

Pour quelles motivations le mage l'a édité....

Ce livre distille habilement une gangrène comme une subtile haine à l'encontre de l'Occident et qui ne demandera qu'une chose être protégée, p 272.



L'Europe est effacée, inexistante ; Merkel ridiculisée face au Labrador....



Isidoreinthedark a-t-il réussi à dénouer le vrai du faux



La destinée unique de Baranov nous offre aussi et surtout une plongée au coeur de l'âme russe. le refus du communisme d'un grand-père réfractaire, le courage d'un père à l'approche de la fin d'une vie servile, la beauté irradiante et le caractère impétueux de Ksenia, le détachement fataliste et la lucidité absolue qui habitent Baranov, sont autant de manières d'approcher l'essence de l'âme slave qui mêle la folie, le courage, le fatalisme, et l'amour aussi

Signé Isidoreinthedark





JOUR SOMBRE JEUDI NOIR.



Les radios annonçaient le jeudi 25 novembre 2021 que le Mémorial Russe déclaré ennemi de la Russie allait être interdit.



Memorial International est une ONG russe fondée en 1989, au moment de la perestroïka, pour perpétuer la mémoire des répressions soviétiques, la mémoire des Goulags et œuvrer à la défense des droits de l'homme en Russie.



C'est un nouveau recul pour les libertés publiques en Russie. La Cour suprême a ordonné,

mardi 28 décembre, la dissolution de l'ONG Mémorial, pièce maîtresse de la défense de la lutte contre les répressions dans la Russie contemporaine et gardienne de la mémoire des victimes du Goulag. Cette décision intervient en conclusion d'une année marquée par la répression croissante des personnes, ONG et médias perçus comme des critiques du président Vladimir Poutine, au pouvoir depuis bientôt 22 ans.
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Le mage du Kremlin

Un livre dont j'avais beaucoup entendu parlé. Je l'avais donc mis sur ma liste de Noël en 2022.



Après avoir fini Proust, Tokarczuk et leurs romans fleuves, j'ai eu envie d'une écriture plus directe et moins érudite. Effectivement je ne peux pas parler de légèreté quand ce roman évoque la montée de Vladimir Puttin.



Ce livre écrit en 2021 et publié en 2022 (covid oblige) juste avant la guerre en Ukraine permet de mieux comprendre ce qui s'est passé en Russie depuis Eltsine.



Il y a des analyses très fortes sur les mouvements populaires et comment certains arrivent à surfer sur ces mouvements.



La fin et ce mage qui a une sorte de rédemption avec sa fille n'est pas ce qui est le plus intéressant mais tout le reste est vraiment un livre qui peut aider à comprendre la situation russe.



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Le mage du Kremlin

Ce roman nous fait entrer dans les coulisses du Kremlin. Nous assistons à l'intronisation de Poutine. Le narrateur Baranov a participé à cette prise de pouvoir silencieuse. On sent la froideur, le règne de la peur, l'absence d'empathie. Meme ce Baranov qui raconte ce récit semble être dépourvu de sentiment. Il a participé au événements malheureux de tchétchénie. Il aider à fomenter la guerre d'Ukraine. Il a répondu à chaque ordre de Poutine sans hésiter... fidèle compagnon
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Le mage du Kremlin

Inspiré d'un personnage réel, cet ouvrage est un vrai coup de coeur.



Ce roman, puisqu'il s'agit de cela, alors que nous pourrions nous croire dans un récit autobiographique, nous entraine avec lui dans les affres du pouvoir poutinien. De la guerre en Tchétchénie à la crise ukrainienne, en passant par les Jeux olympiques de Sotchi, Le mage du Kremlin est le grand roman de la Russie contemporaine.

Ce récit nous fait tant réfléchir sur le pouvoir au coeur des États, que la vision du pouvoir Russe bien plus idéologique que capitaliste, si loin des pensées étatiques contemporaines occidentales.
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Le mage du Kremlin

Dans ce brillant récit politique, Giuliano Da Empoli nous ouvre les portes du Kremlin.



Le héros de ce roman, Vadim Baranov est un personnage inspiré de Vladislav Sourkov un des hommes clés dans l'ascension de Vladimir Poutine. Ce conseiller n'était pas prédestiné à une telle collaboration. Issu d'un milieu aisé, il devient producteur à la télévision après des études d'art dramatique. Cette carrière tournée vers le milieu artistique est éloignée du projet politique de Vladimir Poutine.



Pourtant, le narrateur est approché par un homme d'affaire qui lui propose d'accéder aux arcanes du pouvoir. Ils décident ensemble de contribuer à l'ascension de Vladimir Poutine, chef du KGB. La personnalité et les aspirations du chef du Kremlin conduisent Vadim à une toute autre destinée...



Ce roman mêlant dimension politique et historique nous emporte littéralement au côté de Poutine et nous dévoile avec une grande acuité le fonctionnement du pouvoir en Russie. Un livre saisissant qui nous donne un nouvel éclairage sur l'actualité.
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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Le mage du Kremlin

Ce livre explique et dévoile beaucoup des événements et aide comprendre la situation actuelle.



J’ai mis 4 étoiles sur 5, parce que la fin m’a parue pas très convaincant. En effet, le début parait nous expliquer et montrer les vrais événements. Tandis que la fin donne l’impression que l’auteur se moque du lecteur, qu’on est en train de lire un récit d’un fou.
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Le mage du Kremlin

Ce roman est aussi beaucoup plus qu’un roman ! En tant que tel, il est bien mené ; l’histoire est simple : il s’agit de la vie du plus proche conseiller de Vladimir Poutine depuis sa jeunesse – il a vingt ans dans les années 90 – jusqu’à sa récente démission. La narration est limpide et s’offre une construction en poupées russes, même s’il n’y en a que deux : un narrateur rencontre celui qu’on a appelé le mage du Kremlin tant son rôle fut important, qui très vite devient le narrateur de sa propre histoire, le récit cadre ne servant que d’introduction et de conclusion au récit enchâssé. Vadim Baranov est-il pour autant au centre du roman ? Oui et non. Oui parce que tout ce qui est raconté passe par le prisme de sa subjectivité, et qu’il est encore malgré son éloignement subjugué par la pensée du Tsar, non car tout ici tourne autour de la façon dont Vladimir Poutine a tissé sa toile pour atteindre le pouvoir au moment de la succession de Boris Eltsine avant d’en faire sa chose exclusive, avec pour tout bagage sa formation d’espion au KGB et pour toute force, une haine viscérale de l’Occident, l’obsession de rétablir la grandeur impériale de La Russie, à moins que cela soit celle de L’URSS on ne sait trop, un mépris absolu de la vie humaine tant que c’est celle des autres, y compris de ses proches collaborateurs ; s’y ajoutent la capacité de « saisir les circonstances » pour augmenter toujours son pouvoir, une détermination sans faille et un cynisme à tout épreuve qui lui donne l’idée d’organiser le chaos pour voir le peuple, pétri de peur, réclamer toujours plus de sécurité…

Si le roman est passionnant, ce n’est pas grâce à la sympathie que les personnages peuvent inspirer : ivres de pouvoir, d’ambition, de richesse, de gloire à n’importe quel prix, ils sont avant tout repoussants et inquiétants quelque soit leur intelligence. Même l’histoire d’amour entre Vadim et Ksénia fait froid dans le dos. Mais parce que le lecteur est invité à plonger dans l’histoire de la Russie au XXe siècle, dans les luttes qui y ont été menées. Ainsi (re-)découvre-t-il l’existence de Zamiatine et de son livre Nous, son conflit avec Staline. Plus près dans le temps, on rencontre des personnages comme Limonov et quelques autres moins connus mais tous hauts en couleurs… Enfin ce qui le rend agréable à lire, c’est la qualité de l’écriture souvent sobre parfois métaphorique et toujours émaillée d’un humour très fin.

Roman intéressant, Le Mage du Kremlin constitue en même temps une leçon de science politique et un cri d’alarme…

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Le mage du Kremlin

Roman vaguement biographique sur Vladislav Sourkov - renommé ici Vadim Baranov, car "les faits sont réels, mais les dialogues et la vie privée imaginaires".



L'ascension et la décadence de l'éminence propagandiste du gouvernement Poutine, ses relations, ses choix. Intéressant à lire, parfois un peu maladroit, les parties de vie personnelle étaient rébarbatives. Quelques phrases marquantes.
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Le mage du Kremlin

Bien mais un peu comme " pfouuu " " roh c'est bon on a compris " " allez ça avance un peu là " - Peinture assez subtile et nuancée de la Russie. Mais bon la Russie ça restera pour moi celle de Dosto, Gogol et tous ces cracks -

Bon pour résumer c'est l'histoire un prod de téloch russe qui bras droit de Poutine - Il a l'air super sympa ( c'est lui qui parle tout le long ) mais en fait, on apprend peu ou prou que c'est lui qui envoie les angels of devils, des motards made in moscou foutre le zbeule en Ukraine. Donc pas si glop le gars en fait. Donc beeeh on apprend, ou pas d'ailleurs, que la Russie déteste l'Occident et prône des valeurs militaristes, patriotes et sportives légèrement teintées de vodka.

Chouette - Bon Romain Gary, j'arrive, j'préfère ton luv avec la France petit polak'

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Le mage du Kremlin

Baranov, conseiller de Poutine, le tsar, a démissionné. On croit le voir partout mais ce Raspoutine, surnommé le Mage du Kemlin n'est nulle part.

Jusqu'au jour où le narrateur , à la suite d'un écrivain apprécié, rencontre Baranov qui va lui confier son histoire. On se trouve alors au coeur du pouvoir russe contemporain. Emergence timide de Poutine, prévu comme homme de paille puis qui s'empare du pouvoir absolu...

Quelques anecdotes sur Eltsine et Gorbachov.

La toute fin m'a étonnée et touchée.
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Le mage du Kremlin

J'ai quand même quelques doutes quant à l'appellation "roman" en sous-titre de ce livre.



Alors peut-être que l'auteur a pris quelques libertés, mais bon, ça reste un récit politique qui, je trouve, n'a pas grand-chose de romanesque.



Un début qui peine à se mettre en place, pour finalement un récit que j'ai trouvé très long et ennuyeux (faut dire que le sujet ne m'intéressait que moyennement à l'origine).



Ah ça, on apprend pas mal de choses sur la politique russe, et comment Poutine est arrivé au pouvoir, mais voilà ce qu'il faut chercher : un témoignage, voire une biographie, politique, et pas grand-chose de plus.
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Le mage du Kremlin

Une pépite ! J'ai beaucoup apprécié la lecture de ce livre qui montre une position intéressante et intriguante au sein du pouvoir, celui du conseiller stratégique.



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Le mage du Kremlin

Le mage du Kremlin est une formidable porte d'entrée pour comprendre la Russie contemporaine, ses fantasmes et ses névroses.



Prenant prétexte d'une rencontre entre son narrateur et l'énigmatique Vadim Baranov, ancien conseiller du Tsar, Giuliano da Empoli nous entraîne dans un passionnant récit qui retrace la trajectoire de la Russie moderne depuis l'effondrement de l'URSS.



J'avoue être particulièrement sensible à la forme - mi confession, mi testament - de ce roman qui, mieux qu'aucun essai, peut-être au détriment de l'exactitude historique à certains moments, nous plonge dans la psyché du peuple russe, de ses élites, et de son chef incontesté depuis le débute du XXIème siècle, Vladimir Poutine. Le contexte présent de guerre en Ukraine n'est sans doute pas pour rien dans le succès que connaît ce livre auprès du public. Pourtant, rien ne serait moins vrai que de réduire le Mage du Kremlin à un roman situationnel. Ce que propose Da Empoli, c'est rien moins que d'entrer dans la tête du Tsar, obnubilé par le déclassement de son pays, par l'effondrement de l'empire soviétique et marqué par une haine, un mépris profond de l'Occident et de ce qu'il représente. Ce livre est précieux pour qui veut comprendre la Russie contemporaine, au delà des clichés ou des analyses géopolitiques convenues. C'est une œuvre de fiction, certes, mais qui caresse de tellement près la vérité des cœurs et des sentiments qu'il serait dommage de passer à côté, que l'on soit passionné par la Russie, la géopolitique contemporaine, ou tout simplement sensible au caractère tragique de l'Histoire.
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Le mage du Kremlin

Roman divertissant délivrant une facon d´interpréter la Russie et son évolution sous Poutine tout à fait plausible même si forcément simpliste. J´y ai retrouvé le cynisme qui avait cours pendant le stalinisme. J´ai trouvé la fin faible mais pas suffisamment pour me gâcher ce bon moment de lecture.
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Le mage du Kremlin

Giuliano Da Empoli est un écrivain et conseiller politique italo-suisse, auteur d’essais écrits dans sa langue natale mais également en français. « Le mage du Kremlin », écrit en français, est son premier roman. L’auteur insère habilement des personnages romanesques au sein de la réalité crue du pouvoir russe de la fin des années 90 au milieu des années 2010, marquées par la prise du pouvoir par un tsar d’un genre nouveau, un certain Vladimir Poutine.



Le personnage de Vadim Baranov, qui incarne le mage du Kremlin, est inspiré de Vladislav Sourkov, ancien conseiller de Poutine, dont la vie évoque un roman.



Le narrateur est un universitaire qui se trouve à Moscou pour travailler sur une possible réédition de « Nous », le chef d’oeuvre dystopique d’Eugène Zamiatine, ainsi que sur un documentaire consacré au génial écrivain russe du début du XXème siècle. C’est en publiant des tweets évoquant l’auteur dissident qu’il va se faire repérer par Vadim Baranov, alors tombé en disgrâce depuis plusieurs années. Ce dernier le convoque dans sa datcha pour lui narrer son histoire.



La structure du récit de Baranov m’a rappelé les romans de mon enfance. Si quelques souvenirs épars parsèment le roman, celui-ci reste fidèle à une narration linéaire classique, qui débute par l’enfance et l’entrée dans la vie d’adulte du héros, puis se concentre sur son rôle de conseiller auprès de Vladimir Poutine. Le livre évite également la multiplication des points de vue en se focalisant sur le ressenti de Baranov. Ce retour à une forme de simplicité romanesque s’éloigne de la virtuosité kaléidoscopique prisée par nombreux auteurs contemporains, et offre au lecteur une expérience de lecture rafraîchissante.



L’idée-force de l’auteur est simple : profiter de la puissance narrative inégalée de la forme romanesque pour mieux nous plonger au coeur des ténèbres du pouvoir russe. En immergeant Baranov, un héros fictif bien qu’inspiré d’un personnage réel, dans la « réalité » d’une Russie contemporaine en pleine mutation, Giuliano Da Empoli, dresse un tableau au réalisme saisissant, et décrypte avec un plaisir non feint le dessous des cartes.



Le retour sur l’enfance du héros permet à l’auteur de nous dessiner les contours d’une Russie qui vit la fin de soixante-dix longues années de communisme. Il s’attarde également sur la figure tutélaire d’un grand-père amoureux de la culture qui refuse les codes du communisme tout en réussissant à éviter le goulag, et d’un père qui a choisi une carrière de fonctionnaire au service du régime. L’entrée dans l’âge adulte du héros coïncide avec ce moment d’effervescence unique qu’a représenté la chute du communisme. Tandis que la génération de ses parents est désarçonnée par la libéralisation de tout un empire, les compères de Baranov, qui n’ont pas renié leur âme slave, vivent cette période dorée, comme une bouteille de champagne qui explose au milieu d’une fête sans fin.



« Au centre, il avait la télévision. Le coeur névralgique du nouveau monde qui, avec son poids magique, courbait le temps et projetait partout le reflet phosphorescent du désir ».



Après une jeunesse bohème et une histoire d’amour avortée avec la magnifique Ksenia, le héros dévient rapidement metteur en scène puis producteur d’émissions de télé-réalité. Cette notoriété aussi soudaine que fulgurante lui vaut d’être présenté à celui qui n’est encore que le chef du FSB et s’apprête à prendre la succession d’un Boris Eltsine vacillant. Le très beau titre du premier roman de Giuliano Da Empoli nous laisse deviner la suite : Baranov va devenir le mage du Kremlin. Trop jeune pour jouer les éminences grises, il sera le conseiller politique atypique de Poutine et l’accompagnera dans son accession au pouvoir puis dans l’exercice de celui-ci.



Trop cultivé, trop désinvolte, trop lucide aussi, le héros ne se glissera jamais dans des habits de courtisan qui ne sont pas taillés pour lui. Cette singularité lui confère une place à part dans la cour qui entoure le nouveau tsar. Si elle constitue un avantage sur les sbires un peu tristes du pouvoir, elle pourrait également précipiter sa déchéance.



« Le mage du Kremlin » est un traité de géopolitique déguisé en roman. La forme romanesque enlevée et maitrisée à la perfection par l’auteur, lui permet d’aborder, sans avoir l’air d’y toucher, ces moments clés qui ébranlèrent le plus grand pays du monde. De la prise de pouvoir de Poutine à la crise ukrainienne, en passant par la guerre en Tchétchénie et les jeux olympiques de Sotchi, le roman parcourt la vie politique russe sur une période de vingt-cinq ans, allant du début des années 90 au milieu des années 2010.



Toute l’originalité de l’ouvrage consiste à nous proposer un point de vue que nous avons peu l’habitude d’examiner : celui des Russes. L’auteur s’affranchit de la lecture occidentale que nous connaissons tous pour nous proposer une lecture qui nous est étrangère. Ce renversement de paradigme nous permet d’ouvrir les yeux sur la manière dont les Russes appréhendèrent la chute du communisme, la fin chancelante de Boris Eltsine, la prise de pouvoir de Poutine, la guerre de Tchétchénie ainsi que d’autres événements marquants.



« Poutine est tchékiste, Vadia : de la race la plus féroce, celle qui ne fume ni ne boit. Ce sont les pires parce qu’ils cultivent les vices les plus cachés. Il mettra la Russie aux fers. »



Le double coup de génie de Giuliano Da Empoli est simple : utiliser la forme romanesque pour mieux développer son obsession pour la géopolitique et appréhender le réel du point de vue du pouvoir russe. Au travers du récit de Baranov, on suit évidemment la destinée d’un officier du FSB, patriote et austère, que l’exercice du pouvoir va enfermer dans une forme de solitude terrifiante, et qui ne trouvera bientôt plus personne pour oser discuter des certitudes trop ancrées.



« Le mage du Kremlin » nous propose de découvrir le regard « indigène » sur la géopolitique russe, au travers d’un roman au charme magnétique. Et pourtant. Comme tout magicien qui se respecte, l’auteur a peut-être dissimulé l’aspect le plus troublant de son projet romanesque. La destinée unique de Baranov nous offre aussi et surtout une plongée au coeur de l’âme russe. Le refus du communisme d’un grand-père réfractaire, le courage d’un père à l’approche de la fin d’une vie servile, la beauté irradiante et le caractère impétueux de Ksenia, le détachement fataliste et la lucidité absolue qui habitent Baranov, sont autant de manières d’approcher l’essence de l’âme slave qui mêle la folie, le courage, le fatalisme, et l’amour aussi. Une âme qui pourrait sauver une civilisation qui ne s’est pas encore toute entière prosternée devant le dieu Mammon.

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Le mage du Kremlin

Un livre étonnant. Le mage du Kremlin est une fiction romanesque qu’on pourrait qualifier d’hyperréaliste. Publié en avril 2022, il a été écrit bien avant la guerre d’invasion de l’Ukraine, déclenchée en février dernier sur ordre de Vladimir Poutine. L’actualité politique internationale l’assaisonne d’un sel particulièrement savoureux et je l’ai dévoré avec délectation.



A quoi donner la priorité, à la littérature ou à la politique ? Compte tenu de la vocation de mes chroniques, commençons par la littérature et faisons connaissance avec le personnage détenant le rôle-titre de l’ouvrage, un dénommé Vadim Baranov.



Vadim Baranov est issu d’une vieille famille aristocratique russe. Soumis par le système soviétique, son père a mené la vie privilégiée d’un haut fonctionnaire du régime. Dans la frénésie libérale moscovite qui fait suite à la chute de l’URSS, le jeune Vadim, formé à l’art théâtral et féru de création d’avant-garde, s’ouvre aux perspectives de la télévision. L’occasion d'approcher Boris Berezovsky, l’un des oligarques les plus fantasques des années 90, devenu grâce au président Eltsine patron des télévisions nationales et par là même, grand ordonnateur des campagnes électorales. Alors que l’an 2000 se profile, quel sera le futur de la Russie ? Berezovsky cherche un successeur à Eltsine et croit avoir trouvé un homme à sa botte en un « blond pâle aux traits décolorés, portant un costume en acrylique beige et arborant une mine d’employé » : Vladimir Poutine, directeur du FSB (l’ex-KGB). Il introduit Baranov auprès de lui. Les deux hommes ne se quitteront pas pendant quinze ans… Exit Berezovsky.



Vadim Baranov n’existe pas. Librement inspiré d’un authentique conseiller de Poutine, il est le produit de l’imagination créatrice de Giuliano da Empoli, un journaliste et écrivain italien, commentateur politique en Italie et en France, fin observateur des mouvements populistes en Europe. Le roman est constitué de deux récits enchâssés. Le premier est celui d’un universitaire en mission culturelle à Moscou, où il rencontre Baranov, qui le remplace dès lors dans le rôle de narrateur, racontant son parcours auprès de celui que tous les Russes – à commencer par lui-même ! – considèrent comme le nouveau Tsar. Une construction littéraire subtile, qui permet à l’auteur de se transposer dans son personnage et de s’imaginer dialoguer en tête-à-tête avec Poutine, à l’occasion d’événements qui se sont réellement produits.



Les premiers objectifs du Tsar sont de rétablir l’ordre en Russie et d’effacer l’humiliante parenthèse mi-libérale, mi-mafieuse orchestrée pendant dix ans par des oligarques, dont il juge les richesses indécentes et illégitimes. (Mais Baranov ne dit rien sur les processus qui feront plus tard de Poutine l’une des plus grandes fortunes de la planète.) Poutine et son conseiller spécial sont convaincus de la nécessité d’une verticalité du pouvoir : « L’ordre à l’intérieur, la puissance à l’extérieur ». Quelques phrases font froid dans le dos : « La première règle du pouvoir est de persévérer dans les erreurs, de ne pas montrer la plus petite fissure dans le mur de l’autorité, » ou encore : « Le sabotage est une explication beaucoup plus convaincante que l’inefficacité. Le coupable peut être puni… et l’ordre est rétabli », d’autant plus que « Rien n’inspire un plus grand effroi parmi les sujets qu’une punition aléatoire ».



Vladimir Poutine reste une énigme ? Rien d’étonnant ! En parfaite harmonie avec son conseiller spécial, il a tout fait pour susciter l’incompréhension et la crainte. Baranov conçoit la mise en scène du Tsar, Poutine joue d’autant mieux le rôle, qu’il s’identifie à lui. Dans le théâtre d’avant-garde, les audaces les plus chaotiques sont permises. Il est un moment où imposer la ligne du pouvoir ne suffit plus, il faut aussi prendre la main sur les idées adverses, les tordre jusqu’à les rompre, tout embrouiller et tant qu’à faire, « démontrer qu’on est un peu plus fou que les autres ».



Reste l’accoutumance à la drogue du pouvoir, ou plus encore, la peur de le perdre, qui conduira un jour, à en croire Baranov, à supprimer toute possibilité de contestation, tout risque de défoulement de rage du peuple, en multipliant les contrôles et les barrières technologiques, à l’instar des mondes dystopiques imaginés par Aldous Huxley, George Orwell et leur précurseur russe Evgueni Zamiatine… Une vision pessimiste. Tâchons pour l’heure de préserver notre imparfaite humanité.


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Le mage du Kremlin

J'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce roman, dont le début est à l'image qu’on se fait de la vie du peuple russe : assez austère. Mais à partir du moment où son personnage principal, Vadim Baranov, rencontre Vladimir Poutine, le livre devient fascinant. Car si Poutine (surnommé le "Tsar") est un être humain peu recommandable, il est un personnage de fiction passionnant ! L'essayiste italo-suisse Giuliano da Empoli a abordé son nouveau sujet par le biais de la fiction, s'inspirant de Vladislav Sourkov, éminence grise de Poutine, pour créer Baranov, petit-fils de noble déchu, homme de théâtre et producteur à la télévision avant d'être bombardé chef de la propagande par le "Tsar" au début de son "règne". De la Guerre de Tchétchénie à celle d'Ukraine, en passant par les Jeux Olympiques de Sotchi, Baranov raconte son expérience du pouvoir à un narrateur prétexte (qui ouvre et clôt le roman), et à travers lui s'adresse aux Occidentaux, leur permettant de mieux comprendre l'état d'esprit des Russes, leur besoin d'être gouverné par un leader autoritaire, leur rapport au patriotisme (G. da Empoli semble avoir si bien saisi la nature de l'âme russe qu'on a du mal à croire qu'il ne le soit pas lui-même !)... et permet aussi de s'approcher au plus près de l'insaisissable Poutine, pour en essayer d'en dévoiler, sans manichéisme, les motivations, lui qui semble se croire investi d'une "mission" : reconstruire et préserver la Grande Russie. Si le livre se réclame de la fiction, l'auteur est très bien documenté et tout y est vraisemblable (certains traits de caractère machiavéliques de Poutine, comme l'ascendant psychologique qu'il a voulu marquer sur la Chancelière allemande Angela Merkel en lui imposant la présence de sa chienne, alors qu'elle a une peur bleue des chiens, sont véridiques !). C'est enfin une réflexion cynique sur l'exercice du pouvoir. Pas le genre de livres qui vous redonne confiance en l’humanité, mais néanmoins intéressant !
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