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Critiques de Giuliano da Empoli (547)
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Le mage du Kremlin

Abandon et déception ! mais comment est-ce possible de donner un "grand prix" du roman de l'académie française à un roman si mal écrit ? D'Ormesson se retournerait dans sa tombe si je pouvais lui en télégraphier deux mots et heureusement que je ne suis pas la seule à penser cela.
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Le mage du Kremlin

Ce roman nous fait entrer dans les coulisses du Kremlin. Nous assistons à l'intronisation de Poutine. Le narrateur Baranov a participé à cette prise de pouvoir silencieuse. On sent la froideur, le règne de la peur, l'absence d'empathie. Meme ce Baranov qui raconte ce récit semble être dépourvu de sentiment. Il a participé au événements malheureux de tchétchénie. Il aider à fomenter la guerre d'Ukraine. Il a répondu à chaque ordre de Poutine sans hésiter... fidèle compagnon
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Le mage du Kremlin

le roman, car il s'agit bien d'un roman et non d'une description crédible de la réalité de la vie au Kremlin, commence comme un SAS: un rv avec deux gardes du corps et un trajet dans une Mercedes noire jusqu'à une datcha isolée... Le seul mérite que j'ai trouvé à ce livre finalement est de m'avoir fait lire NOUS de Evgueni Zamiatine, un livre formidable, lui, un chef d'oeuvre, qui n'attendait que ça (d'être lu) sur une de mes étagères. Pour le reste ? Moins bon qu'un vrai SAS ce mage...
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Le mage du Kremlin

Le Mage du Kremlin, Roman de Giuliano Da Empoli, Gallimard, mars 2022...



J'ai repris ici que les citations du livre



« Là bas on devait démontrer qu'on était un peu plus fou que les autres si on voulait que les brutes n'aient pas le dessus. La politique de haut niveau c'est un peu la même chose.

Il a suffit que le labrador montre le chemin et ils n'attendaient que ça.

Tout ce qui fait croire à la force l'augmente véritablement.

La Russie et l'Ukraine ne sont pas seulement voisines.... Nous sommes un seul peuple! Kiev est la mère de la nation russe... Nous ne pouvons pas vivre les uns sans les autres.p 242.

Le Labrador est le seul conseillé en lequel Poutine a entièrement confiance. P266.

En occident vos gouvernements sont comme des ados ils ne peuvent rester seuls.P 266.

Comme Dieu le tsar peut être objet d'enthousiasme, mais sa nature est indifférente. Son visage a acquis la pâleur de l'immortalité. P 267.



Les jeunes patriotes de notre pays pourront commencer la lutte contre le véritable ennemi la décadence de l'occident, ses fausses valeurs....p 188 »



Qui a écrit ce livre ? Quelle est la bonne question ?

Pour quelles motivations le mage l'a édité....

Ce livre distille habilement une gangrène comme une subtile haine à l'encontre de l'Occident et qui ne demandera qu'une chose être protégée, p 272.



L'Europe est effacée, inexistante ; Merkel ridiculisée face au Labrador....



Isidoreinthedark a-t-il réussi à dénouer le vrai du faux



La destinée unique de Baranov nous offre aussi et surtout une plongée au coeur de l'âme russe. le refus du communisme d'un grand-père réfractaire, le courage d'un père à l'approche de la fin d'une vie servile, la beauté irradiante et le caractère impétueux de Ksenia, le détachement fataliste et la lucidité absolue qui habitent Baranov, sont autant de manières d'approcher l'essence de l'âme slave qui mêle la folie, le courage, le fatalisme, et l'amour aussi

Signé Isidoreinthedark





JOUR SOMBRE JEUDI NOIR.



Les radios annonçaient le jeudi 25 novembre 2021 que le Mémorial Russe déclaré ennemi de la Russie allait être interdit.



Memorial International est une ONG russe fondée en 1989, au moment de la perestroïka, pour perpétuer la mémoire des répressions soviétiques, la mémoire des Goulags et œuvrer à la défense des droits de l'homme en Russie.



C'est un nouveau recul pour les libertés publiques en Russie. La Cour suprême a ordonné,

mardi 28 décembre, la dissolution de l'ONG Mémorial, pièce maîtresse de la défense de la lutte contre les répressions dans la Russie contemporaine et gardienne de la mémoire des victimes du Goulag. Cette décision intervient en conclusion d'une année marquée par la répression croissante des personnes, ONG et médias perçus comme des critiques du président Vladimir Poutine, au pouvoir depuis bientôt 22 ans.
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Le mage du Kremlin

Laborieuse lecture. La tentation a été grande d'abandonner. Mais je n'aime pas ça. Et si j'allais rater ce qui a fait le succès de ce livre ? Alors voilà comment une lecture peut s'étaler sur presque 5 mois. Il reste sur la table de chevet, j'intercale d'autres lectures plus légères, j'y reviens, et finalement je le termine. Fière de ma persévérance ;-)

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Le mage du Kremlin

Un ouvrage abordant un sujet d'actualité de manière particulièrement éloquente. Ce qui me séduit particulièrement, c'est qu'il ne se limite pas à une perspective occidentale, offrant ainsi une compréhension plus éclairée du conflit actuel, particulièrement crucial en ce moment. Si vous recherchez des éclaircissements sur la situation en Ukraine, ce livre fournit des éléments essentiels.
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Le mage du Kremlin

Roman sur la philosophie et la mise en place des stratégies pour conquérir le pouvoir.L'histoire du rôle de Vadim BARANOV de ses actions pour faire de POUTINE prenne et maintienne sont pouvoir. On aborde la stratégie du chaos comment lutiner et la cultiver. Les relations des hommes du premier cercle de POUTINE. La différence entre les amis de long date et ses conseilers. Un roman très intéressant. A lire.
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Le mage du Kremlin

Intéressant, en dépit d'une narration un peu banale et "classique".

Un livre visiblement porté par le contexte de l'époque!

Et du coup, peut-être un peu de déception au vu du poids des louanges ...Il est vrai que l'actualité littéraire est un peu ...maigre (pas en quantité).

Que reste-t-il après quelque temps de cette lecture? C'est un exercice que j'aime faire personnellement et que je recommande.

Dans mon cas! l'épisode de l'intronisation du ...tsar.

Et son corollaire: la qualité de la "source" si on utilise le langage des journalistes d'investigation.

J'ai préféré du même auteur les ingénieurs du chaos.
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Le mage du Kremlin

Cela faisait longtemps que je n’étais pas tombé sur un livre aussi captivant. En effet, Giuliano da Empoli nous emmène, lecteurs, dans le monde du pouvoir russe. Les coulisses de l’émergence de l’autocrate, animé par le rêve d’une Russie impériale, est judicieusement mis en lumière et l’on comprend parfaitement les origines de la guerre qui ruine le sol européen aujourd’hui . A lire !
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Le mage du Kremlin

Une plongée au cœur du pouvoir russe.



J'attendais de lire ce livre depuis fort longtemps !



Vous l'aurez compris au titre : nous sommes ici plongés au cœur du pouvoir russe.

Nous découvrons le bras droit du pouvoir, celui qui orchestre (ou croit orchestrer) au côté de Valdimir Poutine.



Par ce roman, l'auteur, par ailleurs conseiller politique, nous offre accès à l' ambiance des coulisses d'un pouvoir qui nous echappe plus qu'aucun autre pour nos yeux d'occidentaux : le pouvoir russe.

Un monde à part avec ses codes et sa culture. Un monde si différent du nôtre.



L'auteur offre également en fin de roman une réflexion sur l'avenir du pouvoir en général. Son point de vue est glacial et glaçant mais néanmoins fort intéressant et pertinent.



Si je suis très heureuse d'avoir lu ce "roman" je dois avouer qu'il a été en deçà de mes attentes.



L'entrée en matière du roman est assez étrangement amenée et peut donner envie de s'arrêter à la page 30.



C'est domage car la suite est nettement plus captivante et le style agréable, notemment pour plusieurs formules et passages sur le pouvoir et la manipulation qui sont à retenir.



Pour faire simple, on découvre de manière sommaire la manière dont Poutine arrive au pouvoir jusqu'à son invasion de l'Ukraine par le biais du récit de celui qui fut son bras droit pendant un temps. Une forme de Raspoutine Poutinien.



Séduite par la plume et l'ambiance du roman, je n'ai en revanche pas eu le sentiment d'apprendre quelque chose de nouveau.



Ce roman sera parfait pour quelqu'un qui souhaite aborder le sujet "Poutine" mais si vous avez déjà quelques notions du fonctionnement du pouvoir en Russie et de la manière d'agir de Poutine vous resterez sur votre faim.

A cet égard, pour bien comprendre ce qui se joue actuellement et depuis plusieurs années, je vous recommande l'excellent essai " Dans la tête de Vladimir Poutine" de Michel Eltchanninoff.



Pour en revenir au Mage du Kremlin et pour conclure je dirais : agreable découverte mais sans révolution pour ma part.

J'ai découvert une plume et un style plutôt agréables mais sur le fond rien de fondamentalement nouveau.

Je n'ai pas eu le sentiment que j'en attendais : être une petite souris dans le bureau de Poutine au Kremlin.
Lien : https://lespetiteslecturesde..
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Le mage du Kremlin

Il est très difficile d'écrire une critique sur un livre tel que celui-ci. Impossible pour moi de dire si les faits sont réels (cependant d'autres m'ont fait) mais finalement, ça n'est pas important. A travers l'histoire d'un des grands conseillés de Poutine, l'auteur va surtout analyser les rouages du pouvoirs, que ce soit ceux qui permettent d'y accéder ou ceux qui permettent d'y rester. J'ai dévoré ce roman extrêmement bien écrit avec parfois une sensation de malaise tant on se met dans ses bottes et par la façon dont il justifie ses actes.

Dictature ou pas, la recette et les interactions qui mènent au pouvoir sont les mêmes partout. Un très bon livre qui fait réfléchir sans abrutir.
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Le mage du Kremlin

Enfin terminé! Quoi en penser, tellement de critiques élogieuses. Un sujet actuel, une écriture recherchée, érudite. Par l’entremise du conseiller de Poutine, on entre dans l’univers politique russe, de ses intrigues, de l’entourage de Poutine, de Poutine lui-même et de ce Baranov dit le mage de Kremlin. Vraiment très intéressant, mais tellement verbeux, bavard, au ¾ du livre je l’ai trouvé ennuyeux, j’ai tout de même persévérer. L’auteur a tellement bien décrit Poutine ce qu’il lui vaut ses excellentes critiques. Bon je l’aurai lu et constaté encore une fois que les grands prix ne couronnent pas nécessairement des livres excellents. Surestimé!
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Le mage du Kremlin

Magistralement terrifiant

En février 2022, quand l’Ukraine a été envahie, j’ai visionné le film documentaire français de Jean-Michel Carré et Jill Emery « le Système Poutine » (réalisé en 2007 …) sur l’ascension de Poutine au pouvoir de la fédération de Russie. J’étais K.O debout. Cette guerre était donc prévisible et elle allait durer, avec l’Europe en ligne de mire.

Il y a dix jours (le 7 octobre 2023), le Hamas a attaqué la population civile de Israël. Nouvel uppercut à la Paix mondiale. Entre conflit permanent, terrorisme et guerre, trop de vocabulaire nomme la haine qui s’enrage.

Alors oui, le Moyen-Orient n’est pas la grande Russie, c’est une autre Histoire d’autres civilisations. Et pourtant, une partie de moi ne peut s’empêcher de penser que, quelque part, Poutine a ouvert les vannes d’un pouvoir littéralement décomplexé.

Et voilà qu’aujourd’hui (18 octobre 2023), je referme à l’instant « Le mage du Kremlin » de Giuliano da Empoli. Sidérée, je ne ressens même plus les coups sur le ring. Le final de ce roman est magistral … et si terrifiant que je me confonds avec le cuir de mon fauteuil, je suis incapable de bouger et j’ai très très froid.

L’avenir que le narrateur nous propose glace les os, l’Actualité donne de l’ampleur à cette perspective désespérante. Je ne suis pas sûre d’être soulagée d’avoir fini la lecture de cette « fiction ». J’ai lu lentement ce roman. Une petite vingtaine de pages par soir tout au plus, tant la tension est palpable … comme si le Tsar vous regardait lire, et il est terrifiant.

C’est l’énigmatique Vadim Baranov (personnage fictionnel mais largement inspiré du bien réel Vladislav Sourkov, l’éminence grise de Poutine, qui disparaît de la scène politique en 2020) qui nous livre les coulisses du Kremlin et nous raconte le destin (effroyable) de ceux qui ont côtoyé / côtoient le Tsar.

La plume de Giuliano da Empoli est extraordinairement « russe », ce mélange improbable de sensibilité et de beauté pour décrire la crudité et la cruauté.

« Le Mage du Kremlin », dont la parution fut reportée à avril 2022 à cause de la Covid, a remporté la même année le Grand prix du roman de l'Académie française et figurait en finale du prix Goncourt (finalement attribué au quatorzième tour, à 5 voix contre 5, à Vivre vite de Brigitte Giraud).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Mage_du_Kremlin
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Le mage du Kremlin

J'aimerais avoir des réactions sur la question posée à la fin de ce résumé 😉



Le mage du Kremlin de Giuliano Da Empoli Editions Gallimard 2021



POUTINE – POUVOIR – DEMOCRATIE SOUVERAINE



&&&



Auteur



Giuliano Da Empoli est né à Neuilly en 1973, Franco-Italo-Suisse il est diplômé de droit et de sciences politiques. Il débute en politique puis il enseigne à Sciences Po Paris. Il écrit des articles et il publie de nombreux essais. Le mage du Kremlin est son premier roman, et il a obtenu le prix de l’Académie Française 2022.



Résumé



Vadim Baranov se confie au narrateur. Originaire d’une famille proche du Tsar Nicolas II, il se dirige vers le théâtre et bénéficie de l’embellie de la chute de l’union soviétique et de sa relation avec les nouveaux oligarques pour devenir producteur à la TV. Puis, Il devient conseiller de Vladimir Poutine et s’impose comme l’initiateur d’un nouveau parti, ni de gauche, ni de droite qui va porter la victoire de Poutine, Un parti de l’unité qui redonnera la grandeur à la Russie. Nous suivons l’ascension de celui qui est nommé dans le livre « le Tsar » et la place de Baranov dans le concept de la « Démocratie souveraine » et toutes ses conséquences.



Avis



L’auteur s’est inspiré d’un des hommes de l’ombre de Vladimir Poutine, Vladislav Sourkov, pour le personnage de Vadim Baranov. L’écriture est agréable et fluide. On se retrouve dans la tête d’un Russe qui explique qui ils sont et comment ils pensent. L’attitude de l’occident et en particulier des USA est un élément déterminant. La plupart des personnages existent et c’est là que je suis gênée car la frontière entre le réel et l’imaginaire n’est pas visible. On comprend le point de vue de Baranov et même de Vladimir Poutine face à la surpuissance Américaine et cela est encore plus gênant avec les événements actuels. Le narrateur à aucun moment n’intervient et n’émet une opinion. Nous sommes donc face à un seul avis.



J’ai beaucoup aimé la narration qui est excellente. La qualité du roman aurait mérité le Goncourt 2022, MAIS le point de vue mis en avant dans le roman ôte cette possibilité, selon moi, compte tenu des évènements internationaux. Et ma question finale « peut-on écrire sur des situations contemporaines sous la forme d’un roman ? »





#lemagedukremlin #edutionsgallimard #Giulianodaempoli

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Le mage du Kremlin

Ce roman qui plonge le lecteur au coeur du Kremlin et donne la parole au conseiller (fictif) de Poutine est instructif et hyperréaliste. Certaines phrases sont joliment formulées et parfois assez justes, mais on a parfois plus l'impression de lire un essai qu'un roman, et c'est justement selon moi l'aspect négatif de cet ouvrage : il manque le souffle romanesque d'une histoire que l'on conte. L'intérêt d'introduire un universitaire pour trois pages au début et deux pages à la fin est douteux. On a l'impression que l'auteur ne savait pas comment mettre en scène le conseiller, son personnage principal (et presque le seul finalement avec Poutine), qui se plonge dans un monologue, certes souvent intéressant mais un peu long sur la forme. Ce monologue renforce l'impression de lire un essai plus qu'un roman. Sinon, c'est impressionnant de voir comme l'auteur a réussi à se mettre dans la "tête" de Poutine et de ces "serviteurs". Je pense malgré tout que ce livre n'aurait pas eu autant de succès s'il n'était pas sorti juste avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
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Le mage du Kremlin

Succès mérité pour ce best seller, qui réussit avec style à nous faire entrer dans la tête du croquemitaine Poutine, sans oublier d'appuyer sur ce qui fait mal dans notre mentalité d'occidentaux repus, persuadés de l'universalité de leur modèle tout en passant leur temps à se plaindre de la vie que leur offre ce même modèle. Heureusement que les Ukrainiens démontrent, contraints et forcés, que l'on est encore capable de se battre pour ces valeurs tant décriées…Un seul bémol, la vie privée du mage, dont l'auteur confesse en exergue qu'il l'a imaginée, n'ajoute vraiment rien à l'ensemble.
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Le mage du Kremlin





Ce récit a remporté un succès phénoménal lié sûrement à son actualité et à sa richesse documentaire. Les critiques abondent en ligne, aussi vais-je plutôt proposer cet abécédaire



A L’apothéose de cette équivoque se produisit un soir d’hiver au cours duquel la masse compacte des berlines d’apparat, avec leur cortège de sirènes et de gardes du corps, se déversa sur le petit théâtre d’avant-garde où l’on donnait une pièce en un acte dont l’auteur se nommait Nicolas Brandeis. On vit alors des banquiers, des magnats du pétrole, des ministres et des généraux du FSB faire la queue, avec leurs maîtresses couvertes de saphirs et de rubis, pour s’installer sur les fauteuils défoncés d’une salle dont ils ne soupçonnaient jusque-là même pas l’existence, afin d’assister à un spectacle qui, d’un bout à l’autre, se moquait des tics et des prétentions culturelles des banquiers, des magnats du pétrole, des ministres et des généraux du FSB. «



B Baranov avançait dans la vie entouré d’énigmes. La seule chose plus ou moins certaine était son influence sur le Tsar. Durant les quinze années qu’il avait passées à son service, il avait contribué de façon décisive à l’édification de son pouvoir. On l’appelait le « mage du Kremlin », le « nouveau Raspoutine ». À l’époque il n’avait pas un rôle bien défini



C Chostakovitch : Quand Zamiatine convainc son ami Chostakovitch de composer la Lady Macbeth de Mtsensk, poursuivit-il, c’est parce qu’il sait que l’avenir de l’URSS dépend de cette représentation. Que la seule façon d’écarter les procès politiques et les purges est de réintroduire la singularité de l’individu qui se rebelle contre l’ordre planifié.



E Les étrangers pensent que les nouveaux Russes sont obsédés par l’argent. Mais ce n’est pas ça. Les Russes jouent avec l’argent. Ils le jettent en l’air comme des confettis. Il est arrivé si vite et si abondamment. Hier il n’y en avait pas. Demain, qui sait ?



F ce n’est pas de la barbarie : ce sont les règles du jeu. La première règle du pouvoir est de persévérer dans les erreurs, de ne pas montrer la plus petite fissure dans le mur de l’autorité.



G Voyez-vous, pour comprendre que Gorbatchev allait détruire l’Union soviétique, on n’avait pas besoin de l’écouter ; il suffisait de le regarder. Il montait à la tribune et on lui apportait immédiatement son verre de lait.



H Mikhaïl était passé en peu de temps des vestons sans forme des magasins soviétiques aux costumes violet foncé d’Hugo Boss, puis aux vêtements faits sur mesure de Savile Row, et son visage de brave garçon à lunettes avait commencé à apparaître dans les pages des nouveaux magazines consacrés à l’élite rapace de la capitale.



I « Le problème n’est pas que l’homme soit mortel, mais qu’il soit mortel à l’improviste.



J Deux jours après notre rencontre, Berezovsky a été retrouvé mort dans la salle de bains de sa résidence d’Ascot, pendu à son écharpe en cachemire préférée



K Kiev est la mère de la nation russe. L’ancienne Rus’ est notre source commune et nous ne pouvons pas vivre les uns sans les autres.



L Dans leurs mains, tout ce que l’histoire russe avait de tragique et de merveilleux se présentait sous un éclairage livide, comme une succession ininterrompue d’abus et de sacrifices.



M Pendant ce temps, deux gigantesques mains mécaniques, peintes aux couleurs du drapeau américain, soulevaient un modèle de l’Ukraine en flammes



N C’est alors qu’une phalange de patriotes russes a fait irruption dans l’arène et a commencé à se battre contre les nazis et les militaires ukrainiens.



O On peut inventer tout ce qu’on voudra, la révolution prolétaire, le libéralisme effréné, le résultat est toujours le même : au sommet il y a les opritchniki, les chiens de garde du tsar.



P Notre génération avait assisté à l’humiliation des pères. Des gens sérieux, consciencieux, qui avaient travaillé dur toute leur vie et qui s’étaient retrouvés, les dernières années, perdus comme un Aborigène australien qui essaye de traverser l’autoroute.



Q Que sont quelques milliers d’années de souffrance, sur l’échelle de l’histoire de l’univers – ou même seulement de la planète Terre ? Non, ce n’est pas Dieu qui crée, c’est Dieu qui est créé. Chaque jour, comme d’humbles ouvriers dans les vignes du Seigneur, nous créons les conditions de son arrivée. Aujourd’hui déjà, nous avons transféré à la machine la plus grande partie des attributs que les anciens assignaient au Seigneur.



R Le mage du Kremlin est le grand roman de la Russie contemporaine.



S Voyez-vous, l’élite soviétique, au fond, ressemblait beaucoup à la vieille noblesse tsariste. Un peu moins élégante, un peu plus instruite, mais avec le même mépris aristocratique pour l’argent, la même distance sidérale du peuple, la même propension à l’arrogance et à la violence. On n’échappe pas à son propre destin et celui des Russes est d’être gouvernés par les descendants d’Ivan le Terrible.



T C’est pourquoi je me suis inscrit à l’académie d’art dramatique de Moscou et j’ai commencé à vivre la vie désordonnée des théâtreux.



U À la fin des années quatre-vingt, le seul type d’entreprise autorisé en Union soviétique était la coopérative d’étudiants et ce fut la business school du capitalisme russe. C’est là que s’est formée la majorité des oligarques.



V Les vertushkas existent encore, vous savez ? Ce sont les lignes terrestres sécurisées du FSB. Quiconque veut communiquer avec le Tsar doit en posséder une. L



W Si l’on veut goûter à quelque chose de doux, il faut manger les bonbons, pas l’emballage. Pour conquérir la liberté, il faut en assimiler la substance, pas la forme. Vous répétez les slogans que vous avez appris à Washington et à Berlin, et entre-temps vous remplissez nos rues d’emballages de bonbons.



Z Zamiatine : Cher Iossif Vissarionovitch, L’auteur de la présente, condamné à la peine capitale, se tourne vers toi pour te demander de commuer sa peine. Mon nom t’est probablement connu. Pour moi, en tant qu’auteur, être privé de la faculté d’écrire équivaut à une condamnation à mort. — C’est l’original de la lettre de Zamiatine à Staline, dit-il


Lien : http://www.lirelire.net/2023..
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Le mage du Kremlin

Une fois passée les deux premiers chapitres qui s'avèrent un peu déstabilisants, j'ai été totalement captivée par ce récit qui livre une analyse très intéressante et très riche sur l'accès au pouvoir de Poutine et sur son approche de la politique. Les différences entre l'Europe et la Russie sont très bien documentées, et offrent un éclairage très pertinent, et très actuel, sur les rouages du pouvoir au Kremlin.
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Le mage du Kremlin

Il s’appelle Vadim Baranov. Sous les traits du narrateur, Giuliano Da Empoli s’intéresse à lui alors que l’homme après quinze années de bons et loyaux services dans l’ombre de Poutine a finalement renoncé à en être l’éminence grise, anticipant ainsi une disgrâce annoncée.

Baranov continue à alimenter des interrogations sans fin,dans les milieux moscovites bien informés mais il devient invisible. Notre narrateur se met donc sur sa trace et les réseaux sociaux vont bientôt lui permettre une prise de contact digne des débuts de la mort aux trousses ou de tout autre thriller, p 28 le voilà en face de Baranov, dans une résidence au luxe assumé, discret, de bon goût, loin du bling -bling des oligarques. Outre cette mise en scène plutôt convenue de l’apparition de Baranov dans la narration, nous entrons avec lui à partir de là dans un long monologue.

« Mon grand-père était un formidable chasseur » ainsi commence-t-il le récit de ces années, passées dans les sphères du pouvoir, le seul endroit qui vaille dans ce pays, où le statut d’un homme définit sa place et son rôle plus que l’argent même, un pays d’appareil et de structure étatique qui emprisonne et enserre une société qui étouffe. En dehors de quelques réflexions sur le pouvoir, lancées par Baranov dans son salon face au narrateur, la suite du récit est décevante sur la manière dont le pouvoir s’exerce et écrase en Russie. L’histoire de ce pays depuis l’implosion de l’URSS est brossée à grand traits, plus à la manière d’une revue de presse que d’une véritable analyse. On assiste à l’émergence de Poutine, sorti presque par hasard du KGB, se succèdent ensuite les épisodes les plus connus de son magistère pour ne pas reprendre la terminologie tsariste, facile, dont le récit est inondé. L’épisode de la Tchétchénie, l’obsession de la grandeur impériale, la volonté du paraître, qui trouve son paroxysme dans les jeux olympiques de Sotchi…Beaucoup de discrétion par contre sur les crimes dont le pouvoir est responsable…Le portrait de Baranov lui aussi est bien décevant, une histoire d’amour peu convaincante, des talents pour la mise en scène fastueuse, le sens du spectacle… Le type de narration choisi par l’auteur : Baranov déroule ses souvenirs dans un monologue à sens unique, un procédé qui enlève toute profondeur au personnage, sans dialogues véritables, sans confrontation, sans véritable situation, il est bien pâle. Il cite dans son récit le personnage sulfureux que fut Limonov, cela m’a rappelé le roman d’Emmanuel Carrère, autrement plus réussi pour donner vie à ce personnage.

J’attendais beaucoup de ce roman, je suis restée sur ma faim, ni la narration, ni l’écriture ne m’ont convaincue, peu goncourable à mon humble avis.

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Le mage du Kremlin

L’auteur a été parfaitement bien inspiré de choisir le président russe Vladimir Poutine comme personnage central de son premier roman, dont l’intérêt a été accru par l’actualité de la guerre en Ukraine. Succédant à une œuvre déjà fournie d’essais écrits tant en italien qu’en français, cet ouvrage de fiction est censé présenter les confessions d’un certain Vadim Baranov (inspiré, dit-on, par un personnage réel), un imaginaire conseiller occulte proche de Poutine, confiées à un narrateur témoin lors d’une soirée confidentielle dans un manoir retiré non loin de Moscou.



Ce récit prolixe à la 1ère personne retrace non seulement la vie et le passé de Vadim Baranov, mais aussi l’histoire de la Fédération de Russie depuis la chute de l’URSS, et l’arrivée au pouvoir puis l’emprise progressive sur le pays et sur l’État de celui qui est nommé à dessein le Tsar dans le roman pour marquer sa filiation par rapport aux autocrates qui ont gouverné la Russie.



Les faits sont connus et rien de ce qui est narré ou révélé sur la personnalité et le projet de Poutine, sur les défaillances d’Eltsine ou la chute des oligarques qui s’étaient prodigieusement enrichis des dépouilles de l’URSS dans son sillage, rien n’est nouveau car tous ces éléments appartiennent au domaine public et ont été maintes fois analysés : l’auteur ne fait que s’appuyer sur cette abondante documentation.



Mais en se plaçant du côté des initiés et du conseiller qui a l’oreille du président tout puissant, l’auteur fait le choix d’analyser l’histoire et la politique comme faites essentiellement par des grands hommes ou en l’espèce des hommes « forts » (l’adjectif est utilisé sans modération), Ivan le Terrible, Pierre le Grand, Staline, et… Poutine, impitoyables, inflexibles, redoutables et éventuellement sous l’influence de conseillers imaginatifs et cyniques. Et d’ailleurs bien bavards lors de cette confession improbable… Tout cela ne va pas sans le culte du pouvoir et de l’argent, l’ostentation, la gloriole, le goût du luxe effréné ou éclectique, mais toujours prétentieux, que les protagonistes dénoncent d’un ton blasé pour mieux marquer leur supériorité.



Surtout cette conception de l’histoire uniquement fondée sur la personnalité décisive de quelques dirigeants ou potentats, et sur le mépris cynique des foules dont il faut entretenir la rage aveugle pour mieux les manipuler, les dominer et en tirer profit, suppose une étrange méconnaissance ou négation des fondements de la science historique moderne, ne citons pour mémoire que l’école des Annales, reposant sur des données démographiques, économiques, financières, monétaires, climatiques, etc. pour analyser les différents facteurs à l’œuvre dans l’évolution d’un pays, d’une société. On a envie de dire « It’s the economy, stupid ! » à l’auteur, dont on est atterré d’apprendre qu’il enseigne ces conceptions historiques passéistes aux étudiants de Sciences Po.



À cette vision superficielle et datée de l’histoire russe contemporaine correspond un style qui se veut digne des moralistes du XVIIème siècle – les La Rochefoucauld ou La Bruyère – écriture prodigue en maximes destinées à faire date mais dont le cynisme blasé masque à peine la prétention à tout savoir, à tout expliquer par les secrets des puissants, en oubliant l’essentiel, les données sociales brutes, pour se focaliser sur le mythe du grand homme et les arcanes de sa personnalité. Rien d’étonnant à ce que ce roman ait été couronné par la très conservatrice Académie Française.



Un ouvrage qui aurait pu être séduisant mais qui ne provoque que déception et agacement au fil de la lecture.

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