Gonzague Saint Bris

Budé est, avec Erasme, un de ces hommes essentiels en qui luit l'esprit de la Renaissance. (...)
Guillaume Budé est si fin, érudit, ouvert, intelligent, ferme dans sa pensée et si souple dans ses raisonnements, qu'on ne peut jamais se brouiller avec lui. Même Erasme, après une querelle littéraire l'opposant à ce chasseur de sens et à cet excellent veneur, s'est exprimé ainsi : " Je ne suis point réconcilié avec Budé : je n'ai jamais cessé de l'aimer. "

Chapitre 5. Portrait de groupe.
Guillaume Budé galope avec le Roi dans la forêt de savoirs

Guillaume Budé, (...) est issu d'une grande famille d'une grande famille de fonctionnaires royaux anoblie par Charles VI. Son père Jean Budé, conseiller du Roi, est un remarquable lettré, propriétaire d'une riche bibliothèque. ce n'est qu'à vingt-quatre ans que Guillaume se décide à des études sérieuses. Après s'être penché sur le droit civil, il assume les charges de notaire et de secrétaire du roi. la cour de François Ier, il plaide la cause des belles-lettres et de la philologie. Il acquiert une si vaste science qu'Erasme l'appelait le Prodige de la France. C'est à la requête de ce dernier que Guillaume Budé, connu comme un grand helléniste, entreprend une compilation de notre lexicographie d'origine grecque. Sa conversation est éblouissante, et quel regard de feu quand il vous parle de sciences, de théologie, de jurisprudence ou de mathématiques ! Il est lié avec toute l'Europe des cultures, de Thomas More à Pietro Bembo et d'Etienne Dolet à François Rabelais.

Chapitre 5. Portrait de groupe.
Guillaume Budé galope avec le Roi dans la forêt de savoirs

La connaissance du reste du monde sera l'une des avancées majeures de la civilisation de la Rennaissance, mais elle ne fait que commencer. C'est pourquoi les trois principaux souverains d'Europe, François de Valois, roi de France, Charles de Hasbourg, bientôt empereur d' Allemagne, et Henri Tudor, roi d'Angleterre, se considèrent comme les plus puissants personnages de leur temps, unique protagonistes d'une subtile et complexe partie d'échecs à six mains, dans laquelle tous les coups sont permis, les meilleurs comme les pires.

Chapitre IV. Un Roi de vingt ans

François Ier ressemble peut-être davantage (le cynisme en moins) au troisième protagoniste de cette saga : Henri VIII d'Angleterre, fils du roi Henri VII, et son aîné, puisqu'il est âgé de vingt-quatre ans. Aussi extraverti que le précédent est introverti, celui qui ne règne que parce que son frère aîné, Arthur, est mort prématurément est, lui, aussi, un grand sportif, un amateur de femmes, un lettré passionné par les arts, la musique en particulier. Henri VIII est un homme cultivé : il parle latin, français, espagnol et italien. Il aime les lettres et la philosophie : il prend " plus de plaisir à lire de bons livres qu'aucn prince de son âge." Il joue divinement du luth et de l'épinette. (...) Il sait distinguer les plus beaux esprits, les traite avec beaucoup d'égards et leur donne des charges honorables : il confie à Erasme, le père de l' Eloge de la folie, une chaire à Cambridge et nomme John Colet prédicateur de la cour. Mais il est d'un naturel fourbe, toujours prêt à trahir pour préserver ses intérêts et assouvir son inextinguible orgueil et son désir de faire de l'Angleterre une grande puissance sur la scène du monde.

Chapitre IV. Un Roi de vingt ans

François Ier reçoit l'éducation dont rêve François Rabelais ; " Qu'il n'y ait ni mer, ni rivière, ni fontaine dont tu ne reconnaisses les poissons, que tous les oiseaux de l'air, tous les arbres, arbustes et buissons des forêts, toutes les herbes de la terre, tous les métaux cachés au ventre des abîmes, les pierreries de tout l'Orient et le Midi, rien ne te soit inconnu. "

Chapitre IV. Un Roi de vingt ans

En 1515, François Ier monte, à vingt ans, sur le plus beau des trônes. Après huit Charles et douze Louis, sans parler de six Philippe, un François est pour la première fois roi des Lys. Il apporte des idées nouvelles, une éducation nouvelle, un nom nouveau.

Chapitre IV. Un Roi de vingt ans

(...) grâce à la pluridisciplinarité de l'enseignement pendant la Renaissance, la formation musicale fait partie de l'éducation des peintres : Verrocchio, Bramante, Giorgione sont aussi musiciens.

Chapitre IV. Un Roi de vingt ans

(...) gens de sagesse et d'expérience : Robert Stuart d' Aubigny, Louis de La Trémoille, Gian Jacopo Trivulzio, Jacques de Genouillac ou Florimont Robertet.

Chapitre IV. Un Roi de vingt ans

Au mois de janvier 1514, au terme d'une énième grossesse conclue par un enfant mort-nè, la reine Anne rend son âme à Dieu et s'en va reposer pour l'éternité dans le sépulcre de Saint-Denis où Jean Juste lui sculptera bientôt un somptueux tombeau.

Chapitre 3. Le dauphin de France

Rarement éducation princière fut poussée à ce point. François lit attentivement les écrits des anciens comme de ses contemporains, en particulier L'Institution d'un prince de Guillaume Budé, que ce dernier écrit à son intention, et sait en parler, ce que remarquent les ambassadeurs étrangers. On sait par les observateurs de la petite cour d'Amboise qu'il aime les romans de chevalerie, comme Amadis de Gaule ou L'Histoire des quatre fils d'Aymon, sans compter le cycle arthurien.

Chapitre 2. Le petit prince d'Amboise

Un beau programme, en vérité, que complètent les commandes, passées par Louise de Savoie, la première à l'humaniste lyonnais Symphorien Champier, d'un ouvrage destiné à inculquer à son fils l'héroïcité des vertus, Le Régime et Doctrinal d'un jeune prince, la seconde à Desmoulins d'une série de Dialogues entre un confesseur et son pénitent.

Chapitre 2. Le petit prince d'Amboise

Si le cadet des fils de Charles d'Angoulême, Philippe, comte de Vertus, ne marqua guère l'histoire, le benjamin Jean, comte d'Angoulême -au reste surnommé par ses sujets "le bon comte"- fut lui aussi un grand lettré. Dans son château de Cognac, il fit construire une bibliothèque parmi les plus riches de France, (...).

Prologue

Louise de Savoie, car c'est elle, est à la fois belle, impérieuse, avide de pouvoir, sensuelle, impatiente et gourmande. Jeune veuve, toujours sobrement vêtue de sombre, elle est la mère de deux enfants : Marguerite et François. elle a foi dans les prédictions de son devin et médecin Cornélius Agrippa qui vient de quitter la pièce, laissant flotter dans l'air comme une promesse embaumée, c'est son astrologue italien. Encore une fois, il l'a félicitée de sa longue patience, encouragée à la prudence et à l'attente. Encore une fois, il lui a assuré que Saturne à son ascendant lui serait favorable ; la planète du temps lui donnerait, le moment voulu -c'était les doigt du destin qui l'indiquait-, la plus complète des victoires. Toujours la magie, le surnaturel et cette suite de hasards qui semblent se placer en bon ordre avec des airs de défilé pour la satisfaire et n'ont eu de cesse de la combler.

Prologue

C'est une femme au charme singulier, au visage volontaire, aux yeux marine, au teint de lait, à la bouche charnue Extrêmement lettrée, immensément riche, désirée pour épouse par tous les princes d'Europe, elle est fine, vêtue de marte et de zibeline, couverte de diamants, de perles, de rubis et d'émeraudes. A trente-cinq ans, elle est déjà deux fois reine de France. Au coeur de la nuit, penchée sur son prie-Dieu, ses épaules sont secouées de sanglots. de ses yeux jaillissent tout droit comme les larmes de son chagrin l'eau du coeur et le sel de Bretagne. La reine Anne, épouse de Louis XII, en son oratoire du château de Blois, sous les trois petits tableaux d'or émaillé et auprès de son bénitier d'argent massif, pleure sur son livre d'heures tant est fort le sort qui s'acharne sur l'oeuvre de son ventre. Six enfants perdus tour à tour sans souci de la cadence de ses prières. Parfois ses filles survivent...mais les mâles, jamais !

Prologue

Les docteurs Flaubert et Proust, parmi bien d'autres, ne penseront pas autrement que lui, pour ne pas parler du sieur Descartes, jadis, petit gentilhomme poitevin ayant appris que son rejeton venait de publier un Discours de la méthode et s'écriant : « Allez donc faire un fils pour qu'il aille se faire relier dans du veau ! »

Il est en histoire des moments rares, des moments privilégiés, des moments d'intensité par lesquels les hommes et les événements se métamorphosent d'un coup et prennent irrémédiablement un chemin quelquefois inattendue dont seul l'exceptionnel reste maître du cours. La rencontre de Desaix avec Bonaparte est un de ces moments.

Non sans panache, Desaix peut conclure "je battrai les ennemis tant que je serai aimé de mes soldats".

La noblesse (la vraie s'entend) ne se conserve qu'une épée à la main sans quoi, en province du moins, on penserait perdre la face. Le service du roi prime avant tout et il est tout !

Charles Quint est l'auteur de ces mots magnifiques : "Si j'étais dieu et que j'avais deux fils, je donnerai à l'ainé le ciel et au cadet la France".

En accord avec cette phrase d'Alexandre DUMAS "le problème de l'histoire, c'est qu'on garde les livres de comptes et qu'on brûle les lettres d'amour"...