Citations de Gustave Flaubert (2963)
Le palais s 'éclaira d 'un seul coup à sa plus haute terrasse,la porte du milieu
s 'ouvrit,et une femme,la fille d 'Hamilcar elle-même,couvertede vêtements noirs ,
apparut sur le seuil .
Flaubert nous propose un livre passion
Il y a un instant, dans le départ où, par anticipation de tristesse, la personne aimée n'est déjà plus avec vous.
Gentilhomme.- Il n'y en a plus.
chirurgiens.- Ont le coeur dur: les appeler bouchers.
Achille.- Ajouter "aux pieds légers"; cela donne à croire qu'on a lu Homère.
La vieille critique les dégoûtant, ils voulurent connaître la nouvelle, et firent venir les comptes rendus de pièces, dans les journaux. Quel aplomb ! Quel entêtement ! Quelle improbité ! Des outrages à des chefs-d’œuvre, des révérences faites à des platitudes – et les âneries de ceux qui passent pour savants et la bêtise des autres que l’on proclame spirituels ! C’est peut-être au Public qu’il faut s’en rapporter ? Mais des œuvres applaudies parfois leur déplaisaient, et dans les sifflées quelque chose leur agréait. Ainsi, l’opinion des gens de goût est trompeuse et le jugement de la foule inconcevable.
" Un infini de passions peut tenir dans une minute "
Il faut mettre son coeur dans l'art, son esprit dans le commun du monde, son corps où il se trouve bien, sa bourse dans sa poche, son espoir nulle part.
Il était encore plus lâche qu’autrefois. Chaque matin, il se jurait d’être hardi. Une
invincible pudeur l’en empêchait.
Un infini de passion peut tenir dans une minute, comme une foule dans un petit espace.
La clef tourna dans la serrure, et elle alla droit vers la troisième tablette, tant son souvenir la guidait bien, saisit le bocal bleu, en arracha le bouchon, y fourra sa main, et, la retirant pleine d'une poudre blanche, elle se mit à manger à même.
CACHET : Toujours suivi de « tout particulier ».
Ex : « Le soleil imprimait à ce paysage un cachet tout particulier » ; cette métaphore devrait être exclusivement réservée aux employés de la Poste chargés du timbrage des lettres.
Elle se répétait : "J'ai un amant ! un amant !", se délectant à cette idée comme à celle d'une autre puberté qui lui serait survenue. Elle allait donc posséder enfin ces joies de l'amour, cette fièvre de bonheur dont elle avait désespéré. Elle entrait dans quelque chose de merveilleux où tout serait passion, extase, délire ; une immensité bleuâtre l'entourait, les sommets du sentiment étincelaient sous sa pensée, et l'existence ordinaire n'apparaissait qu'au loin, tout en bas, dans l'ombre, entre les intervalles de ces hauteurs.
Alors les appétits de la chair, les convoitises d'argent et les mélancolies de la passion, tout se confondit dans une même souffrance ; – et, au lieu d'en détourner sa pensée, elle l'y attachait davantage, s'excitant à la douleur et en cherchant partout les occasions. Elle s'irritait d'un plat mal servi ou d'une porte entrebâillée, gémissait du velours qu'elle n'avait pas, du bonheur qui lui manquait, de ses rêves trop hauts, de sa maison trop étroite.
Ce qui l'exaspérait, c'est que Charles n'avait pas l'air de se douter de son supplice. La conviction où il était de la rendre heureuse lui semblait une insulte imbécile, et sa sécurité là-dessus de l'ingratitude. Pour qui donc était-elle sage ? N'était-il pas, lui, l'obstacle à toute félicité, la cause de toute misère, et comme l'ardillon pointu de cette courroie complexe que la bouclait de tous côtés ?
Donc, elle reporta sur lui seul la haine nombreuse qui résultait de ses ennuis, et chaque effort pour l'amoindrir ne servait qu'à l'augmenter ; car cette peine inutile s'ajoutait aux autres motifs de désespoir et contribuait encore plus à l'écartement. Sa propre douceur à elle-même lui donnait des rébellions. La médiocrité domestique la poussait à des fantaisies luxueuses, la tendresse matrimoniale en des désirs adultères. Elle aurait voulu que Charles la battît, pour pouvoir plus justement le détester, s'en venger. Elle s'étonnait parfois des conjectures atroces qui lui arrivaient à la pensée; et il fallait continuer à sourire, s'entendre répéter qu'elle était heureuse, faire semblant de l'être, le laisser croire !
Un homme, au moins, est libre ; il peut parcourir les passions et les pays, traverser les obstacles, mordre aux bonheurs les plus lointains. Mais une femme est empêchée continuellement. Inerte et flexible à la fois, elle a contre elle les mollesses de la chair avec les dépendances de la loi. Sa volonté, comme le voile de son chapeau retenu par un cordon, palpite à tous les vents, il y a toujours quelque désir qui entraîne, quelque convenance qui retient.
Les Dieux doivent finir. Uranus fut mutilé par Saturne, Saturne par Jupiter. Il sera lui-même anéanti. Chacun son tour ; c'est le destin !
Quelquefois, Taanach, il s'exhale de fond de mon être comme de chaudes bouffées, plus lourdes que les vapeurs d'un volcan. Des voix m'appellent, un globe de feu roule et monte dans ma poitrine, il m'étouffe, je vais mourir; et puis, quelque chose de suave, coulant de mon front jusqu'à mes pieds, passe dans ma chair... c'est une caresse qui m'enveloppe, et je me sens écrasée comme si un dieu s'étendait sur moi. Oh! je voudrais me perdre dans la brume des nuits, dans le flot des fontaines, dans la sève des arbres, sortir de mon corps, n'être qu'un souffle, qu'un rayon, et glisser, monter jusqu'à toi, ô Mère!
Ah ! quelles richesses ! et les hommes qui les possèdent n'ont même pas de fer pour les défendre !