Citations de Gustave Le Bon (167)
L’histoire des révolutions populaires est presque incompréhensible si l’on méconnaît les instincts profondément conservateurs des foules.
Réfléchir est utile, mais agir sans trop réfléchir est parfois nécessaire. Les grands héroïsmes sont généralement dus à des hommes ayant peu réfléchi.
La valeur attribuée à une doctrine dépend beaucoup moins de la justesse de cette doctrine que du prestige possédé par celui qui l’énonce.
L'erreur a peut-être rendu plus de services au monde que la vérité.
L'homme ne possède que deux certitudes absolues : le plaisir et la douleur. Elles orientent toute sa vie individuelle et sociale.
La croyance générale à la stabilité de la matière est confirmée d'ailleurs par l'observation, puisque, pour faire subir à un corps des modifications considérables, comme de le fondre ou de le réduire en vapeur, il faut des moyens très puissants.
Le rôle de l'éther est devenu capital et n'a cessé de grandir avec les progrès de la physique. La plupart des phénomènes seraient inexplicables sans lui. Sans éther, il n'y aurait ni pesanteur, ni lumière, ni électricité, ni chaleur, rien, en un mot, de tout ce que nous connaissons. L'univers serait silencieux et mort, ou se révélerait sous une forme impossible même à pressentir. Si l'on pouvait construire une chambre de verre de laquelle on aurait retiré entièrement l'éther, la chaleur et la lumière ne pourraient la traverser. Elle serait d'un noir absolu et probablement la gravitation n'agirait plus sur les corps placés dans son intérieur. Ils auraient donc perdu leur poids.
Quelles que soient les causes de son défaut de prestige, l'universitaire est peu considéré par le public, et il en souffre vivement. Sa profession est tenue comme honorable assurément, mais faiblement cotée. A peine au-dessus du vétérinaire et assez au-dessous du pharmacien. Bien qu'il soit très convenablement rétribué, les familles voient toujours en lui le monsieur légèrement râpé, besoigneux et courant le cachet. Si par hasard on le reçoit au moment des examens, il passe toujours après l'ingénieur, l'officier, le magistrat et le notaire. C'est l'invité sans importance qu'on met au bout de la table, qu'on n'écoute guère et que les héritières ne regardent pas. Un peu gauche^ un peu emprunté, d'aspect assez fruste, il se sent mal à son aise dans le monde, et redoute de s'y montrer.
On n’est pas maître de ses désirs, on l’est souvent de sa volonté.
L'intelligence et la volonté inconscientes, étant parfois supérieures à l'intelligence et à la volonté conscientes, des hommes raisonnant fort mal peuvent très bien agir.
Pour connaître un peuple il faut l’étudier pendant ses grandes crises, les révolutions: notamment. Alors seulement se révèlent ses diverses possibilités de caractère.
L'anarchie est partout quand la responsabilité n'est nulle part.
Il ne faut pas trop éduquer les gens. Si les miséreux en savent trop, ils se retourneront contre ceux qui les gouvernent. L'ignorance est ce qui sied le mieux à la populace.
Qu'est-ce qu'une foule ? Une foule est une agglomération d'hommes dont les sentiments sont orientés dans une même direction. La personnalité consciente des membres d'une foule s'évanouit, et ceux-ci ne forment plus qu'un seul et même automate.
Le second des dangers mentionnés plus haut, la
restriction forcée des libertés par les assemblées parlementaires, moins visible en apparence, est cependant fort réel. Il resulte des innombrables lois, toujours restrictives, dont les parlements, avec leur esprit simpliste, voient mal les conséquences, et qu'ils se croient obligée de voter.
[...]
Victimes de cette illusion qu'en multipliant les lois, l'égalité et la liberté se trouvent mieux assurées, les peuples acceptent chaque jour de plus pesantes entraves.
Ce n'est pas impunément qu'ils les acceptent. Habitués à supporter tous les jougs, ils finissent bientôt par les rechercher, et perdre toute spontanéité et toute énergie. Ce ne sont plus que des ombres vaines, des automates passifs, sans volonté, sans résistance et sans force.
Les foules n'ont jamais eu soif de vérités. Devant les évidences qui leur déplaisent, elles se détournent, préférant déifier l'erreur, si l'erreur les séduit. Qui sait les illusionner est aisément leur maître; qui tente de les désillusionner est toujours leur victime.
Les peuples sont gouvernés par leur caractère, et toutes les institutions qui ne sont pas intimement moulées sur ce caractère ne représentent qu'un vêtement d'emprunt, un déguisement transitoire.
Le caractère des peuples et non les gouvernements conduit leurs destinées.
Si le socialisme exerce aujourd’hui tant d’action sur les multitudes c’est justement parce qu’il constitue une religion avec son évangile, ses prêtres et aussi ses martyrs L’Évangile de Karl Marx contient autant d’illusions que tous les évangiles antérieurs, mais ses fidèles ne les perçoivent pas. Un des plus merveilleux privilèges de la foi est de ne pouvoir être influencée ni par l’expérience, ni par la raison Les adeptes de la foi nouvelle la propagent avec l’ardeur des premiers Chrétiens pour lesquels les dieux qu’ils voulaient renverser n’étaient que d’impurs démons fils maudits de la nuit.
L’humanité commençait à oublier ces heures sombres où le faible était écrasé sans pitié, où l’être devenu inutile se voyait violemment rejeté, où l’idéal des peuples était la conquête, le meurtre et le pillage.