Les 15 et 16 juin 2019 auront lieu la 11ème édition du salon international du livre de poche Place des Marronniers à Saint-Maur-des-Fossés organisée par la librairie La Griffe Noire et la ville.
Le libraire Jean-Edgar Casel vous présente quelques informations de l'édition 2019...
Qui a tué Heidi ? de Marc Volternauer aux éditions Pocket
https://www.lagriffenoire.com/144562-nouveautes-polar-qui-a-tue-heidi-.html
L'Eté circulaire de Marion Brunet aux éditions Livre de Poche
https://www.lagriffenoire.com/146912-nouveautes-polar-l-ete-circulaire.html
Sept jours avant la Nuit de Guy-Philippe Goldstein aux éditions Gallimard
https://www.lagriffenoire.com/99565-divers-polar-sept-jours-avant-la-nuit.html
Babel Minute Zéro de Guy-Philippe Goldstein aux éditions Folio
https://www.lagriffenoire.com/?fond=produit&id_produit=1004654&id_rubrique=1
Horrora borealis de Nicolas Feuz aux éditions Nicolas Feuz
9782970098454
Les Limbes de Olivier Bal aux éditions de Saxus
https://www.lagriffenoire.com/108057-divers-polar-les-limbes.html
Dans la maison de Philipp le Roy aux éditions Rageot
https://www.lagriffenoire.com/144390-romans-pour-enfants-dans-la-maison.html
Pour adultes seulement de Philipp le roy aux éditions Points
https://www.lagriffenoire.com/9965-poche-pour-adultes-seulement.html
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@Gérard Collard @Jean-Edgar Casel
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Si un groupe terroriste qui n’a ni territoire ni population sous son contrôle, est aussi puissant qu’un Etat, cela ne veut plus dire
qu’une chose : nous entrons dans un moment d’anarchie et de barbarie encore plus grave que lorsque l’Empire romain s’est effondré…"
Je n'avais jamais connu la guerre.
En quelques jours à peine, j'allais perdre cette virginité.
Longtemps, j'ai été cette femme innocente et naïve qui croyait à la géométrie du progrès. Une simple ligne droite, montante, parallèle à la flèche du temps. Le passé était forcément derrière nous. Il ne peut pas y avoir de guerre quand l'on trouve du steak de soja ou des yoghourts au bifidus dans son supermarché. Ou quand on peut payer sa place de parking avec une carte de crédit. La guerre, c'était dans les musées qu'elle se déclarait. Pas sur le pavé de nos rues tranquilles. Il y avait bien cette rumeur qui n'avait jamais cessé de bruire, là-bas, aux confins du monde connu. Ces images télévisées de pays de soleil éclaboussés de sang. Mais pour moi, elle demeurait une grande dame de l'ancien temps. Pour moi, elle se résumait à cette contemplation de vieilles photos sépia remplies de regards innocents, capturés avant la mort. Aujourd'hui, l'ordre régnait. Elle n'avait plus sa place parmi nous. Elle avait fait retraite.
Zéro
Inde
Quartier résidentiel Central New Delhi – Appartements privés
L’instant d’avant, le Swami1 égrenait encore lentement son chapelet de cent huit perles tout en récitant les yeux fermés les mantras du matin à même le sol, le corps encalminé dans son dhoti safran, les épaules, le bras et le buste recouverts des cendres sacrées, le front marqué à la craie blanche et au kumkum qui d’un trait rouge vif marque la présence de Lakshmi, l’âme sœur de Vishnou, au point du sixième chakra, à la base du cerveau, là d’où l’esprit du prêtre accède directement à la lumière de la connaissance divine.
Et puis, brutalement, les flammes jaillissent de tout l’espace, bondissant de nulle part, et retombent en le foudroyant dans un vacarme d’enfer. La fournaise crache sur lui une lame de chaleur toujours plus tranchante qui le cisaille jusqu’à l’étourdir. 14Le mur de feu recouvre désormais tout – sa vue lui brûle les pupilles à peine ouvertes, les yeux se consument et se carbonisent sur l’instant et pourtant même l’obscurité nouvelle qui s’est abattue sur lui scintille encore du flash initial. Voilà sa chair mangée par les flammes – elles viennent de percer sa peau et dévorent maintenant son corps, dévalant jusqu’au plus profond de ses entrailles. Voilà son esprit lui-même brisé net sous le choc. Il n’a même pas eu le temps de surmonter sa surprise. Il n’est déjà plus.
Journal de Julia — Washington D.C., 29 juin
Le premier signe est venu au creux de ces heures incertaines
qui démarquent avec peine la nuit du petit matin. Je suis toujours
au bureau, abrutie de fatigue, seule depuis des heures.
Dehors, Washington D.C. demeure encore muette. Mais dans
le ciel, les ténèbres se déchirent sous la force de vagues immobiles.
Le moment approche.
C'est là, sur le coin droit de mon écran d'ordinateur — une
icône d'alerte. Nouvelle « flash » — source ouverte.
L’inspecteur général Vijay Singh est à la parade. Offerte à lui, la petite souris se cache sous les plis de sa cape bleu turquoise, comme si elle pouvait s’y dissimuler. Singh ne dit toujours rien. Chaque seconde de silence qu’il impose rend la pièce close un peu plus suffocante. Il redresse le torse. Il joue avec le bracelet de sa montre Titan plaqué or, cadeau de ses subalternes après une opération réussie contre une cellule islamiste. Il fixe les aiguilles. Il les dirige. Il suspend le temps, selon son désir souverain. Il va croquer la proie, une patte après l’autre. Jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. Jusqu’à ce qu’il en ait retiré tout le suc – et les informations qu’il cherchait dans les entrailles de l’animal. Il prend sa respiration, caressant du doigt sa large moustache noire, l’accolade broussailleuse couvrant les lèvres avec la même épaisse virilité que celle de lanciers de l’Empire, eux-mêmes inspirés des coutumes hindoues. Sa mâchoire se serre.
60« Regarde-moi quand je te parle. »
Mon nom est Julia. Il y a longtemps maintenant — peut-être vingt-cinq ans —, j'ai fait, par amour et par fidélité, le choix de servir plutôt que de disposer. J'ai décidé de participer au jeu secret que se livrent tous les États entre eux, depuis toujours, alliés du jour ou ennemis ancestraux — cela ne fait aucune différence. J'ai pour commerce de traquer l'information. De démonter les certitudes les plus fermement établies — car c'est là, précisément, que l'adversaire, ami ou ennemi, nous attend. Et cette main qui vous caresse, c'est peut-être celle qui vous étranglera. Et cet ami d'enfance qui vous sourit n'est là que sur demande d'un puissant dont il est l'intermédiaire. Et cet ennemi implacable qui a consumé vos enfants jusqu'à la dernière cendre veut devenir votre plus fidèle allié.
Sur la tablette numérique apparaît un cliché noir et blanc du cousin Rohit, les yeux mi-clos, la bouche entrouverte, l’expression figée. La tête repose sur le sol. Un petit trou noir est visible sur le front. Un petit trou immobile qui interroge le regard de Saanvi tel un troisième œil. Le temps s’y fige. Le temps de voir. De comprendre. Les yeux grands ouverts de Saanvi, plus larges que cette minuscule orbite interpellant les vivants, se gonflent de larmes.
« Ton cousin Rohit a voulu échapper à mes hommes de l’Anti-Terrorist Squad. Tu peux voir où son arrogance l’a conduit… Mais il te reste encore ton frère Rakesh. Tu peux le sauver et le faire revenir à la maison. Cela ne dépend que de toi. »
Le premier signe est venu au creux de ces heures incertaines qui démarquent avec peine la nuit du petit matin. Je suis toujours au bureau, abrutie de fatigue, seule depuis des heures. Dehors, Washington D.C. demeure encore muette. Mais dans le ciel, les ténèbres se déchirent sous la force de vagues immobiles. Le moment approche.
C'est là, sur le coin droit de mon écran d'ordinateur — une icône d'alerte. Nouvelle « flash » — source ouverte. Je clique. Un fil personnalisé de l'édition électronique du New York Times. L'écran dans l'écran avale lui aussi tout l'espace. Et marque la fin de la nuit. Mais je ne le sais pas encore.
« L'affaire du meurtre de Zhu Tianshun nous oblige à être très fermes par rapport aux désordres étudiants. Il existe aujourd'hui, d'après le camarade Gucheng, des ferments encore plus dangereux qu'au printemps 1989 et je propose que les autorités du Guangdong décrètent immédiatement l'interdiction de toute manifestation dans la province, ainsi que l'instauration du Caiqu jieyou cuoshi — la déclaration de mesures partielles et de court terme de la loi martiale sur toutes les grandes villes de la province. Prenant effet dès demain soir minuit. Nous agirons avec la plus grande sévérité contre les contrevenants. Tout en gardant à l'esprit la sagesse du camarade Yang Shangkun, le regretté compagnon de route du camarade Deng Xiaoping, qui, au moment de la fermeté, insista avec raison sur les mots d'ordre suivants : “Pas de vies sacrifiées. Pas de sang versé.” Camarades, telle est bien la sagesse qui doit conduire notre action. » Et il conclut en joignant les paumes de ses mains en un signe de pieuse résolution.
La référence à Yang Shangkun n'était pas passée inaperçue. En 1989, lors des événements de Tienanmen, il avait été le dernier Aîné à soutenir le secrétaire général Zhao Ziyang quand celui-ci tentait encore de maintenir le dialogue avec les étudiants. Un clin d'œil pour faire passer la pilule. Qiao Yi avait monté la barre. Il devait avoir l'appui de certains vieillards de Zhongnanhai. Hu Ronglian sentit qu'il ne pourrait résister. Il était sur la touche.
Le comité approuva.
Le Parti central déclenchait l'épreuve de force.
Le noir peut être blanc, le blanc gris et le gris la seule couleur restant à notre arc-en-ciel quotidien, tellement prégnante que l'on en oublie jusqu'à l'existence.