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Citations de Guy Sorman (32)


Nous croyons être d'un lieu, nous sommes d'une époque.
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Je préfère Proust a Sorman.
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L'État d'Israël est une erreur historique. [Il] annonce la fin du peuple juif en tant que nation singulière, parce qu'il n'existe pas plusieurs manières de gouverner ni d'être soldat : un politicien israélien ou un soldat israélien ne sont plus que des Israéliens d'État. En quoi sont-ils encore juifs ?
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Face aux entrepreneurs en xénophobie, les militants de l’antiracisme, du multiculturalisme et des droits de l’homme ne sont-ils pas, à leur tour, devenus des entrepreneurs en politique-spectacle, exploitant l’angélisme et la grandeur d’âme ? « Les mouvements antiracistes sont dangereux, observait à leur sujet Claude Lévi-Strauss, mais ils ne sont pas que cela. » Aphorisme typiquement lévi-straussien qi mérite d’être bien compris.

Les mouvements antiracistes sont dangereux parce qu’ils occultent le fait que le sentiment xénophobe est « naturel ». L’évitement de l’étranger apparaît dans toutes les sociétés où des groupes différents coexistent ; les « sauvages », qui le savaient bien, adoptaient pour stratégie de s’éloigner les uns des autres. Aussi l’antiracisme militant condamne-t-il par ignorance ou inadvertance un sentiment qui est répandu chez le plus grand nombre : il invente une culpabilité.

Le « mais ils ne sont pas que cela » exprime par ailleurs le refus absolu d’une équivalence morale entre racisme et antiracisme : le premier conduit à la violence, l’autre non. Le refus de violence n’est pas équivalent à l’appel à la violence.

La méthode « antiraciste » est également peu productive, parce qu’elle suit les entrepreneurs xénophobes sur le terrain du « tout culturel » et de l’ « identité » qui ne se prête bien qu’à des discours contradictoires. Au total, l’antiracisme militant se révèle aussi inutile que son adversaire pour définir une organisation de la société qui n’éliminerait pas la xénophobie dans les têtes, mais permettrait de vivre en paix malgré la xénophobie. (pp. 177-178)
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Le voyage est à l'essayiste ce que l'imagination est au romancier.
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Les Américains donnent plus qu'ils ne votent, les donataires sont deux fois plus nombreux que les électeurs, comme si la citoyenneté s'exprimait par le don plus volontiers que dans les urnes. Ceux qui ont eu énormément de chance- les super-riches restituent en argent et ceux qui en ont eu moins restituent en temps libre, pour aménager un jardin public, entretenir le voisinage, se faire guide de musée, assister des enfants en difficulté....
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Mes concessions à l'économie ayant des limites, dès 1970 , j'ai cessé d'enseigner l' "économie soviétique "bien qu'elle figurât au programme officiel de Sciences Po , considérant que cette économie n'existait pas réellement. Seul de mon espèce, j'enseignai la théorie monétaire de Milton Friedman en un temps où la doctrine de l'Etat attribuait la hausse des prix aux commerçants et non pas aux dépenses publiques excessives. Il est aujourd'hui admis que les Etats, et pas les commerçants, provoquent l'inflation, une mise en cause qui est restée taboue jusque dans les années 1980, puisque les enseignants de Sciences Po , gérant l'Etat, étaient par essence infaillibles; de surcroit, la théorie monétaire était perçue comme américaine.
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Les lunettes que je propose au lecteur de partager seront en forme de paradigme contemporain. Celui-ci tendra à ramener les tensions du monde à une course entre deux tendances contradictoires : l'individualisation des êtres et le repli communautaire des groupes. La première tendance s'inscrit dans un mouvement plus large que l'on appelle mondialisation ; la seconde concourt au renouveau de ce que l'on appelle tribalisme.
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Paradoxe contemporain : les frontières n'ont jamais été plus faciles à franchir et, dans le même temps, jamais aussi nombreuses. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, le monde entier nous est accessible. L'effondrement de l'Union soviétique a balayé les derniers interdits, le coin le plus reculé n'est jamais qu'à vingt-quatre heures d'avion de Paris ; nous sommes entrés dans un « village global » où tout frémissement local est immédiatement perceptible partout, quoique à des degrés variables. Ne convient-il pas, pour un observateur des affaires publiques – un publiciste, ainsi qu'on l'appelait au XIXe siècle –, de se faire mondiologue, c'est-à-dire d'y aller voir?
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À six ans, je franchis ma première frontière. Il ne s'agissait que de prendre le train pour la Belgique, mais quelle aventure c'était en 1950 ! Le tout-Sartrouville m'en semblait informé, je regardais mes camarades de banlieue avec un air de supériorité. L'idée reçue sur la Belgique d'alors en faisait un pays fort propre, par contraste avec notre cité où nous n'avions pas encore découvert les commodités du tout-à-l'égout. La propreté belge, m'expliqua mon instituteur qui ne s'y était jamais rendu, s'exprimait dans le geste de fortes Flamandes lavant les trottoirs à grande eau; la scène se révéla exacte, mais l'eût été autant si nous avions visité les Flandres françaises.
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Plaisante justice qu'une rivière borne ! Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà.
Blaise Pascal
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…une privatisation en Chine n’est jamais intégrale, elle est seulement un droit à l’enrichissement concédé à une personne privée sous le contrôle permanent d’un tuteur public. Le marché privé restant surveillé et la propriété n’étant que concédée, le Parti s’assure que ses concessionnaires lui en resteront « reconnaissants ». (…) la corruption est indispensable au Parti des origines à nos jours.
(p. 225)
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…la montée du mécontentement des huit cents millions de paysans. Ceux-ci font vivre l’armée d’apparatchiks qui campent dans leur village ; on compte en moyenne un apparatchik du Parti pour vingt habitants ruraux, une proportion qui progresse. De manière discrétionnaire, ces « cadres » infligent aux paysans des taxes, des amandes et des corvées. Les paysans se révoltent : les mutineries, certaines notoires et révélées par la presse, et beaucoup d’autres qui resteront à tout jamais ignorées, témoignent d’une véritable haine du Parti.
(p. 191)
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Mais une banque, si elle devient rationnelle, n’obéira plus aux exigences des chefs locaux du Parti qui obtiennent actuellement des crédits qu’on ne peut leur refuser ; ces crédits soutiennent des entreprises locales improductives mais pourvoyeuses d’emplois et de prébendes.
(p. 164)
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Bien des productions sont inutiles, ne trouvent pas d’acheteurs, soit parce qu’il n’y a pas de marché, soit parce que la qualité est nulle. C’est particulièrement le fait des entreprises publiques. La Chine en compte encore cent mille qui fonctionnent toujours selon l’ancien modèle maoïste. Elles produisent pour produire, de manière à justifier leur existence et à atteindre les objectifs de croissance justifiés par le Parti ; peu importe ce qu’il en advient dès l’instant où les objectifs sont atteints ou dépassés. (p. 160-161)
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La base du Parti communiste qui n’est pas une base populaire, mais une classe de cadres civils et militaires, accepterait-elle une baisse de ses revenus au nom de l’harmonie ? C’est improbable, sans doute impossible. Le Parti est prisonnier de sa base, du système politique et économique qu’il a crée ; le changement serait pour lui suicidaire.
(p. 135)
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Que ces paysans puissent s’exprimer, avoir leur opinion, être représentés, dialoguer avec les cadres communistes, ce n’est pas envisagé : il n’existe pas dans l’Etat-Parti un seul lieu pour le dialogue et la recherche de consensus. Le centre sait ce qui est bon pour la périphérie, et le haut pour le bas : de bons fonctionnaires du bon Parti feront un bon gouvernement.
(p. 131)
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… Mao Zedong ; lui-même ne rêvait pas la Chine sous la forme d’une utopie rurale, mais en puissance industrielle et militaire. En 1959, en pleine famine provoquée par le Grand Bond en avant, son gouvernement exportait des céréales pour investir dans la construction d’armes nucléaires et distillait le grain en alcool pour faire décoller des fusées. (…)
Le développement maoïste échoua parce qu’il se fondait sur des entreprises nationalisées, une économie planifiée et des frontières fermées ;
(p. 125)
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Les immigrés agricoles n’ont pas accès à la plupart des services publics réservés au citadins ; le logement social, l’enseignement primaire, les soins médicaux, subventionnés par les villes ou les entreprises, sont interdits aux ruraux sous prétexte qu’ils ne sont pas contribuables ou ne cotisent pas à ces services. (p. 122)
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… dans les années 1960, quand les paysans en étaient réduits à manger de l’herbe et des écorces parce que le Parti confisquait leurs récoltes. (p. 116)
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